30 juin 2016

[Jean-Jacques Durré - cathobel] Les « lefebvristes » rompent le lien fraternel avec le pape

SOURCE - Jean-Jacques Durré - cathobel - 30 juin 2016

« Le pape encourage l’erreur. » Cette phrase terrible a été prononcée hier mercredi 29 juin, par Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint Pie X (FSSPX). Un pas de plus vers le rejet de la main tendue par le Vatican.

Du 25 au 28 juin, les recteurs des séminaires et les supérieurs de district de la FSSPX se sont réunis pour une série de discussions. A l’issue de cette recontre, la Fraternité a publié un communiqué qui n’est pas tendre pour le pape François. Ainsi, le texte stipule que « dans la grande et douloureuse confusion qui règne actuellement dans l’Eglise, la proclamation de la doctrine catholique exige la dénonciation des erreurs qui ont pénétré en son sein, malheureusement encouragées par un grand nombre de pasteurs, jusqu’au pape lui-même ». Une phrase « choc » prononcée – et ce n’est pas un hasard – en la fête des saints Pierre et Paul, jour de la remise du pallium aux archevêques métropolitains par François; pallium qui est le symbole de l’unité avec l’évêque de Rome.

En ce faisant, les « lefebvristes » semblent bel et bien vouloir signifier que tout rapprochement avec Rome s’éloigne, voire est exclu.

Pourtant, le pape François n’a cessé de vouloir poursuivre le dialogue avec la FSSPX, entamé par son prédécesseur le pape émérite Benoît XVI. La volonté est réelle de ne pas couper les ponts.

La FSSPX, qui rejette toujours le Concile Vatican II, fait donc volte-face, alors que depuis quelques mois, l’idée de faire de celle-ci une prélature personnelle faisait son chemin. Cela aurait permis aux traditionalistes de bénéficier d’une certaine autonomie. Mais, le communiqué de la FSSPX est clair à ce sujet puisqu’il précise que la Fraternité « ne recherche pas avant tout une reconnaissance canonique, à laquelle elle a droit en tant qu’œuvre catholique ». En clair: la prélature personnelle ne les intéresse plus. Et d’ajouter: « Elle n’a qu’un désir: porter fidèlement la lumière de la Tradition bimillénaire qui montre la seule route à suivre en cette époque de ténèbres où le culte de l’homme se substitue au culte de Dieu, dans la société comme dans l’Eglise. » Ce qui est plus grave, c’est que le texte de Mgr Fellay ajoute: « (…) La Fraternité Saint-Pie X prie et fait pénitence pour que le pape ait la force de proclamer intégralement la foi et la morale. » Ce qui sous-entend que le pape François ne le fait pas!

Ce communiqué marque sans doute un nouveau virage dans les relations avec Rome. Les discussions entamées vont sans doute prendre une autre tournure, même si elles ne devraient pas être rompues. En effet, interpellé par I.MEDIA ce 30 juin 2016, Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la Commission pontificale « Ecclesia Dei » juge que Mgr Bernard Fellay adopte simplement une attitude « attentiste».

A Rome, Mgr Guido Pozzo relève que les reproches d’Ecône sont « déjà connus » et il semble ne pas s’inquiéter outre mesure pour l’avenir des discussions avec les représentants de la FSSPX. « Certaines de ces déclarations sont prévisibles, dans le sens où ils ont toujours dit cela, et d’autres sont attentistes dans le sens où ils n’entrent pas dans le détail des questions qui font actuellement l’objet des discussions et dont nous devons encore parler ».
Rome minimise les propos
Après une première rencontre entre le pape François et Mgr Bernard Fellay le 1eravril dernier, Rome et Ecône travaillent notamment sur « déclaration doctrinale » à laquelle devra adhérer la FSSPX.

Le communiqué de la fraternité traditionaliste, juge encore avec prudence Mgr Pozzo,« n’est pas un acte négatif, mais il n’annonce pas non plus une solution imminente aux questions en cours ».

Concernant les « erreurs » encouragées par le pape, Mgr Pozzo assure qu’il est certainement fait référence à l’Exhortation apostolique « Amoris Laetitia » sur la famille et en particulier « au point sur les divorcés remariés, dont l’interprétation est d’ailleurs assez controversée ».

Selon l’agence I. Media, reprise par nos collègues suisses de cath.ch, les discussions entre Rome et Ecône devraient reprendre après l’été.

J.J.D.