SOURCE - Maxime Perrotin - Sputnik - 29 juillet 2016
Islam: Cazeneuve veut-il enterrer la laïcité?
Bernard Cazeneuve réfléchirait à la mise en place d’un concordat entre l’État français et l’Islam afin d’endiguer le phénomène de radicalisation, une mesure qui irait à l’encontre de la loi de 1905 ainsi que des conclusions du rapport parlementaire sur la place de l’Islam en France.
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Pour Guillaume de Tanoüarn, prêtre catholique et philosophe, il est urgent de sortir de ce flou artistique.
"Ce qui est intéressant c'est qu'on se rend compte qu'il faut encadrer le culte musulman et qu'il n'y a moyen de l'encadrer véritablement — de sortir des belles phrases et des généralités — que si on propose cette forme juridique du concordat, qui redevient d'actualité pour toutes les religions de France par la même occasion."L'abbé de Tanoüarn, insiste sur le fait que la constitution d'un "Islam de France", au sens propre du terme et ce quoi qu'il en coûte, est une nécessité. Pour lui, c'est justement la possibilité de reconnaitre un Islam républicain, en lui permettant de se distinguer des autres. Le coût sera certes élevé, mais c'est un investissement à consentir si l'État veut continuer à assurer ses fonctions régaliennes, dont la protection des citoyens, dont il est le garant.
"Oui, mais alors le coût, c'est vraiment secondaire par rapport aux dangers de l'islam radical. Je vous rappelle que comme par hasard, à Saint-Etienne-du-Rouvray, où le père Hamel a été lâchement assassiné, il y a une mosquée salafiste et où le recteur a eu beau dire que le jeune Adel K. venait à la mosquée, mais ne venait pas écouter les prêches. Il est clair que cette mosquée n'en est pas à son coup d'essai: il y a eu Maxime Hauchard et d'autres convertis à l'Islam qui sont passés par cette mosquée… Si on faisait l'inventaire de toutes les mosquées, dans une perspective concordataire, je pense que même si cela signifie beaucoup de frais, cela n'est pas de trop pour empêcher que notre vie quotidienne soit sous la menace terroriste en permanence."Pour l'abbé de Tanoüarn, c'est une question à laquelle il faut réfléchir, paraphrasant le ministre de l'Intérieur. Il souligne par ailleurs que la proximité des échéances électorales pourrait bien mettre un terme au projet, sans même parler bien sûr de la remise en cause de la loi de 1905, ce qui est impensable pour les membres de la mission sénatoriale, comme nous le rappelait XXX.
"Mais cela signifierait que l'on remette en cause ces fameuses +colonnes du temple+, dont parlait un certain Jacques Chirac: ce sont les deux premiers articles de la loi de 1905. Comment est-il possible de les remettre en cause, comment est-il possible pour l'État de salarier, de subventionner le culte musulman en France, alors que depuis 1905 l'État ne subventionne et ne salarie aucun culte? Eh bien, à eux de nous trouver une construction juridique miracle, mais personnellement je n'y crois pas à brève échéance.[…] Idéologiquement, l'État français n'est pas prêt à faire ce geste: une remise en cause de lui-même, une mise en cause de cette fameuse laïcité à la française, soi-disant exemplaire et exceptionnelle."
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