SOURCE - Abbé de Tanouarn - Monde & Vie - 21 septembre 2016
Aujourd’hui le vote de conviction est le premier vote utile. C’est dans cette perspective que nous disons : il faut voter à la Primaire de droite.
Aujourd’hui le vote de conviction est le premier vote utile. C’est dans cette perspective que nous disons : il faut voter à la Primaire de droite.
La Primaire de droite est une première. Elle donne occasion à de nombreux candidats de se manifester tels qu’en eux-mêmes, avant que les sacro-saints parrainages politiques ne soient comptabilisés et les candidats qui ne font pas le poids, impitoyablement rejetés dans les ténèbres extérieures. Ainsi Jacques Myard – député de Maisons Laffitte se déclare-t-il fort heureux de sa campagne inutile, mais qui aura contribué à droitiser toujours plus le débat politique actuel. Car c’est de cela d’abord qu’il s’agit : il faut une parole libre. On en a assez des candidats du système, ces candidats dont Jacques Chirac, en 2002, fut l’archétype, élu à 82 % des suffrages sur un programme vide. Pour son discours d’intronisation, le grand Jacques évoqua (ce n’est pas une blague) la lutte contre le cancer et le code de la route. Temps perdu ! À l’époque, les idées ne pouvaient plus circuler, absorbées dès leur naissance par la correctness, sorte de glue universelle, qui exige l’universelle confusion des idées… En 2007, il y eut la présidence Sarkozy. Sur le personnage et son mandat d’hyperprésident, je serais un peu de l’avis de Fillon : ce Président-là aussi a eu peur de FAIRE, mais… et ce n’est pas rien dans notre théâtrocratie au suffrage universel, il n’a pas eu peur de DIRE certaines vérités emprisonnées depuis longtemps sous la glue universelle. Il a libéré la parole en parlant d’identité nationale, il a permis à des gens comme Zemmour ou Finkielkraut de sortir du bois. Je pense que c’est le premier rôle de la Primaire de droite d’agiter des idées nouvelles, de dire ce qui ne va pas, de proposer des remèdes auxquels apparemment personne n’avait pensé auparavant. La Primaire de droite est un merveilleux banc d’essais des idées de droite. À ce propos je donnerais volontiers la palme à un perdant : Frédéric Lefebvre, le premier dans la classe politique à défendre l’idée d’un salaire universel. Je vois deux avantages à cette mesure : elle permet de responsabiliser ceux auxquels, en lieu et place d’allocations diverses on donne un véritable petit salaire, hommes et femmes, employés ou chômeurs. Ce salaire universel serait aussi l’occasion d’une révision générale du sacro-saint système social français, qui remonte substantiellement à la Deuxième Guerre mondiale. Il serait peut-être temps de proposer VRAIMENT autre chose. Eh bien ! La Primaire aura été l’occasion d’introduire le salaire universel comme un thème social de droite !
Sans hésiter
Je parle d’idées, je ne parle pas de valeurs : hélas, les catholiques n’ont pas utilisé cette occasion pour réaffirmer le caractère fondamental des valeurs chrétiennes dans l’identité française. Les uns veulent jouer les arbitres, les autres votent pour François Fillon, l’homme qui dit que l’avortement est un droit des femmes… Mais où est le porte-drapeau ?La vérité oblige à dire que, malgré les hésitations coupables des états-majors cathos, de porte-drapeau il y en a un. Il n’est pas là seulement pour faire de la figuration. Il n’est pas non plus mono-discours, obsédé par les valeurs morales et ne sachant parler que de cela… Il a acquis une expérience politique à la Commission des lois de l’Assemblée nationale. Il a voyagé et sait d’instinct que la France ne se réduit pas à un hexagone. Il a la culture chrétienne de la concertation, sans le goût du martyre, qui est toujours malsain, mais alors surtout malsain en politique. Il croit dans le rôle stabilisateur d’un État régalien et ne donne pas dans le culte des Institutions européennes et internationales. Il ne voit pas l’islam en rose mais réclame un véritable contractualisme entre l’islam et la République. Il est un adversaire décidé du laïcisme et un adepte de la pure laïcité, qui suppose de reconnaître le christianisme au centre de la culture française. Bref, c’est un vrai candidat. Il n’est pas membre des Républicains mais président du Parti Chrétien Démocrate. Il s’agit, vous l’aurez deviné, de Jean-Frédéric Poisson, député des Yvelines, valeureux combattant contre le mariage pour tous, mais aussi contre la très inefficace loi Macron et contre la non moins dangereuse Loi El Khomry.Il est clair que voter Poisson au premier Tour de la Primaire (il vous en coûtera deux euros) c’est faire avancer le vote catholique en France, le vote de civilisation en Europe et tout ce que nous défendons à Monde&Vie.
Cela n’empêche pas de voter autrement à l’élection présidentielle. Mais il faut utiliser la Primaire, qui est une fantastique caisse médiatique de résonnance. Et pour une fois, nous pouvons faire un vote de conviction. C’est tellement rare qu’il me semble que quand cela devient possible (même s’il ne s’agit que de Primaires) c’est un devoir. Il n’y a aucun devoir à voter lorsque le choix qui nous est donné est celui de la peste ou du choléra. Mais lorsque les règles de la santé politique sont senties avec tant de mesure, lorsque la société chrétienne est défendue avec tant de talent… Alors oui : voter, voter Poisson est un devoir !
Abbé G. de Tanoüarn