15 septembre 2016

[Philippe Bartelet - Valeurs Actuelles] De la religion démocratique

SOURCE - Philippe Bartelet - Valeurs Actuelles - 15 septembre 2016

Rigoureux - Maxence Hecquard livre une exégèse de cette religion politique, sans transcendance mais aux forts relents de millénarisme.

On ne peut refermer ce livre sans s'accorder à l'intuition de son préfacier, Pierre Magnard: il faut plus que de la déconvenue, quelque chose comme de « l'amour trahi » pour mener à bien, avec cette précision, cette rigueur et pour tout dire cet acharnement, la critique des « fondements philosophiques de la démocratie moderne ». La démocratie dont il est ici question ne relève de la science politique que secondairement; telle qu'elle s'impose à nous, comme idéologie accomplie de la raison s'admirant elle-même, c'est de la théologie qu'elle relève et l'auteur, philosophe, politologue et économiste, ne se fait pas faute quand il se doit d'en appeler aux théologiens.
Cette démocratie se présente comme « le seul ordre véritable d'un monde nouveau », un monde qui s'explique par lui-même. « En ce sens, écrit l'auteur, elle est religion par excellence. » Religion politique, par là totalitaire puisqu'elle s'identifie au « cercle de raison », et que ceux qui la contestent s'excluent d'eux-mêmes du rationnel, c'est-à-dire de l'humain. 
Religion à double titre paradoxale, en ce qu'elle nie toute transcendance d'une part, et en ce qu'elle se présente aussi comme la fin du politique, résolu en économisme d'autre part: le dernier mot de la démocratie serait la gestion du grand marché planétaire, seul lien unissant encore une humanité réduite à un agrégat d'individus sans racines. Cette utopie en actes, c'est aux Pères de l'Église commentateurs de l'Apocalypse que l'auteur en demande la plus frappante, la plus étonnante des exégèses. 

Philippe Bartelet
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Les Fondements philosophiques de la démocratie moderne, de Maxence Hecquard, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 464 pages, 29,90 €.