Il y a quelques mois, j’étais
invité par un député à une table ronde sur la défense de la vie dans le cadre
de l’Assemblée nationale. Il m’était demandé de dire tout simplement aux
participants ce qu’il fallait faire selon mon expérience d’abbé bénédictin. Je
vous avoue que, sur le moment, je suis resté sans voix et que j’ai laissé un de
nos théologiens prendre la parole sur l’enseignement de l’Église en matière de
législation sur la vie. En écoutant les divers intervenants, je me suis rendu
compte qu’ils savaient tous beaucoup mieux que moi ce qu’il fallait faire. Et
devant tant de courage et de lucidité, je me suis réjoui de ces signes
d’espérance et aussi d’être entré au monastère car, là, je peux prier pour
cette armée pacifique qui, comme Gédéon, se bat à un contre mille.
Un moine me disait qu’il était certainement plus utile dans
le cloître à écrire la grande histoire du pays en chantant les psaumes de tout
son cœur, car jamais il n’aurait eu l’imagination et la science qui se sont
manifestées lors de cette rencontre. Je peux dire maintenant avec conviction
que la meilleure façon de sauver les âmes et de redonner vie à notre pays
euthanasié est de se consacrer à la prière par toute sa vie dans un monastère
et de remplir les séminaires de futurs prêtres. Et je suis sûr que les 3
millions de manifestants de la Manif pour Tous n’ont pas
tellement effrayé nos technocrates de mort, mais que si seulement 0,1 % étaient
entrés dans des monastères ou des séminaires, il y aurait eu alors un choc et
une grande inquiétude pour les méchants, et une grande espérance pour la vie.
Mais que peuvent donc faire les défenseurs de la vie contre
la culture de mort ? La réponse est contenue tout entière dans la personne et
l’exemple de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Tous ceux qui ont changé le cours de
l’histoire dans le sens de la vie ont imité Jésus-Christ : saint François
d’Assise, saint Louis, sainte Jeanne d’Arc. Et qu’a-t-il fait ? Il a prêché :
c’est ce que font de nombreuses personnes par l’éducation affective et des
sites Internet. Il a guéri des malades et ressuscité des morts : c’est ce que
font de nombreuses associations comme Mère de Miséricorde. Il a
subi les assauts des pharisiens, les docteurs de la Loi, et Il a essayé de les
convaincre : c’est ce que fait un député du Sud, un homme très courageux qui
n’hésite pas à faire des propositions de loi. Jésus a prié : c’est ce que font
les familles et les moines. Nous savons bien ce qu’il faut faire.
Mais nous oublions trop souvent que Jésus, dès le début de sa
vie publique, a commencé par grouper autour de lui des disciples, au début 5
puis jusqu’à 12. Il les a instruits, Il leur a montré l’exemple en vivant avec
eux, Il les a envoyés pour des missions ponctuelles. Après sa résurrection, Il
est encore resté avec eux 40 jours. Il s’est présenté comme un père pour ses
disciples : « Je ne vous laisse pas orphelins. » Il a désigné le chef des
apôtres en la personne de Pierre. Et Il leur a donné son Esprit.
Les personnes consacrées au combat contre la mort et pour la
vie ne doivent pas oublier de faire des disciples. Elles ne manquent pas de
collaborateurs, d’attachés de presse, d’attachés parlementaires, d’aides en
tout genre. Mais ont-elles des disciples ? Avoir des disciples, c’est être
père, c’est exercer la paternité morale, politique, spirituelle. La Révolution
française a tué le père, ressuscitons-le.