C’est tous les dimanches que le
noyau conséquent des fidèles attachés à la forme traditionnelle demeurant dans
la région d’Arcachon toute l’année souhaite obtenir l’application du motu
proprio Summorum Pontificum. En effet, depuis l’été 2010, une messe selon la
forme extraordinaire du rite romain est dite seulement quelques dimanches d’été
à Arcachon, le curé de l’époque, le Père Queyroy, ayant accepté de répondre à
la demande des estivants. Mais cela ne suffit plus à répondre aux besoins des
fidèles.
I – HISTORIQUE DE LA DEMANDE
D’ARCACHON
Constituée en août 2009, pour
soutenir « la forme extraordinaire du rite latin romain, sur le territoire
du Bassin d’Arcachon entre Biganos et Cazaux », l’association Sancte
Benedicte prend immédiatement contact avec le curé d’Arcachon de l’époque, le
Père Queyroy, pour lui demander l’application du motu proprio de Benoît XVI.
Le quotidien
local, Sud-Ouest, s’intéresse à cette demande et donne la parole, le 22 décembre 2009, aussi bien à la présidente de
l’association qu’au curé qui explique : « Je ne suis pas fermé. Mais
il faut que je connaisse ce groupe. Et s’il y a des messes en latin, je les
célébrerai. »
De fait, M. le curé décide
d’organiser une rencontre le samedi 16 janvier 2010. Comme le précise
l’invitation à cette réunion ouverte à tous et destinée à « étudier la
demande afin de statuer ensuite avec les équipes d’animation pastorale et les
conseils pastoraux », trois points sont à l’ordre du jour : « 1.
Présentation de quelques points de repère sur l’Église, et le motu proprio de
Benoit XVI par le curé d’Arcachon. 2. Écoute respectueuse des uns et des
autres : les demandeurs d’une messe en latin disent qui ils sont et
expriment leurs motivations ; les autres participants disent qui ils sont,
et expriment leur point de vue. 3. Dialogue en vue du discernement. »
À l’issue de cette rencontre, qui
montre que certains des laïcs engagés dans la pastorale locale sont fortement
opposés au retour de la liturgie traditionnelle dans la paroisse, les
demandeurs sont partagés sur l’issue de leur démarche. De fait, le temps passe
avant que ne parvienne la réponse du curé. Elle arrive à la fin du printemps et
est positive puisque le curé fait savoir qu’il accepte de répondre à la
demande, du moins entre juillet et août. Arcachon passe de 11 000
habitants l’hiver à près de 100 000 personnes l’été et cela justifie
amplement l’offre de la forme extraordinaire.
Le 11 juillet 2010, une première
messe est donc célébrée en la basilique Notre-Dame, sous l’objectif d’une
caméra de France 3 qui rend compte honnêtement de l’événement. Le
Père Queyroy, ordonné avant la réforme liturgique, célèbre lui-même, attaché,
comme il le confie à Sud-Ouest, qu’il « vaut mieux œuvrer pour l’unité de
l’Église que de s’affronter ».
En dépit de l’arrivée d’un
nouveau curé en 2011, peu ouvert au motu proprio, cette célébration estivale a
été renouvelée chaque année, en particulier grâce au Père Queyroy qui, bien
qu’en retraite, a accepté de continuer à l’assurer.
II – VERS UNE CÉLÉBRATION TOUTE
L’ANNÉE ?
Alors qu’à l’origine de la
demande il y avait moitié d’Arcachonnais et moitié d’estivants réguliers (ce
que n’avaient pas manqué de relever les opposants à la demande), le groupe
stable de fidèles est aujourd’hui composé aux 4/5 de personnes vivant toute
l’année à Arcachon. Arcachon est en effet une ville dont le cadre et le climat
attirent les retraités, y compris par conséquent ceux attachés à la forme
extraordinaire du rite romain. Du coup, des estivants de 2010 sont devenus en 2016
des résidents permanents. C’est cette croissance du noyau dur de fidèles qui
justifie aujourd’hui la formulation d’une demande d’application continue du
motu proprio dans la ville.
Toutes les familles intéressées
par cette demande peuvent prendre contact avec les demandeurs via courrier
électronique : summorumpontificumarcachon (at) gmail.com
III – LES RÉFLEXIONS DE PAIX
LITURGIQUE
1) De Guérande à
Bormes-les-Mimosas, de nombreuses célébrations estivales ont été accordées
depuis le motu proprio de 2007. Souvent, elles ont été permises par la présence
de prêtres en vacances ou par l’afflux de tribus de familles attachées à la
liturgie traditionnelle. Parfois, elles ont été le fait de curés désireux
d’enrichir la vie liturgique de leur paroisse. Toutes se renouvellent d’année
en année et certaines, comme aux Sables d’Olonne notamment, sont devenues de
vraies applications hebdomadaires du texte de Benoît XVI. Les messes
traditionnelles régulières les plus proches d’Arcachon étant celles de Bordeaux
– 65 km, 1 heure de route l’hiver et 2 heures l’été –, la demande des fidèles
d’Arcachon est donc parfaitement légitime.
2) Jusqu’à la fin des années 80,
le Moulleau, l’un des quartiers les plus prisés d’Arcachon, avait encore sa
paroisse. Celle-ci a été pendant près de 40 ans le fief de l’abbé Robert
Marcou, curé qui conserva jusqu’à la mort l’usage du latin et le port de la
soutane. Rappelé à Dieu en l’an 2000, à l’âge de 100 ans, l’abbé Marcou – à
l’origine de la construction de l’église Saint-Louis des Abatilles – fut pour
de nombreux fidèles un soutien précieux dans les années postconciliaires.
3) Il est possible que le nouveau
curé d’Arcachon, qui n’a pas de sympathie particulière pour l’enrichissement
mutuel des deux formes du rite romain, réponde aux demandeurs qu’il n’a pas de
solution à leur offrir. La paroisse ne compte pas de vicaire et, mis à part le
Père Queyroy, aucun autre prêtre retraité n’a montré de disposition pour la
forme extraordinaire. Conscients de cette situation, les demandeurs accepteraient
que, dans un premier temps, la célébration ne soit étendue qu’aux vacances
scolaires. Cela serait en effet un premier pas significatif vers une meilleure
intégration de la communauté Summorum Pontificum dans la vie paroissiale
arcachonnaise. Il existe néanmoins une autre option, qui ne dépend pas que
du curé, celle de faire appel, avec l’accord du cardinal Ricard, archevêque de
Bordeaux, particulièrement bienveillant, aux prêtres des instituts Ecclesia Dei
présents dans le diocèse : la Fraternité Saint-Pierre, l'Institut du
Christ-Roi et l’Institut du Bon Pasteur. Et bientôt, sans doute, de la
Prélature Saint-Pie-X...
4) Le pourcentage des catholiques
pratiquants qui parcourent chaque dimanche des kilomètres pour y assister ne
représente que 6% de l'ensemble des pratiquants. Toutefois, nos sondages ont
clairement montré (voir notre brochure Neuf sondages pour l’histoire, Les
dossiers d’Oremus – Paix liturgique, présentée cette semaine à Rome),
que si la forme extraordinaire était célébrée régulièrement dans les
paroisses, près de 20% des fidèles y assisteraient chaque semaine, soit 1 sur
5. Cette proportion double (2 fidèles sur 5) si l'on considère ceux qui se
déclarent prêts à y assister une fois par mois. Ces fidèles
« extraordinaires » représentent en outre une frange de pratiquants
peu touchée par le déclin continu qui affecte les assemblées paroissiales
ordinaires et de laquelle sort près d'une vocation sacerdotale sur 5 (voir nos
enquêtes annuelles sur les ordinations en France). Progressivement, l’argument
du manque de personnel ecclésiastique, opposé – souvent de bonne foi il est
vrai – aux demandeurs de messes extraordinaires, va donc immanquablement perdre
de sa pertinence. La messe traditionnelle, qu’on le veuille ou non, va devenir
un gage de survie et un signe visible de paix.