9 mars 2017

[Abbé P. de La Rocque, fsspx - Le Chardonnet] Eh, François!

SOURCE - Abbé P. de La Rocque, fsspx - Le Chardonnet - mars 2017

Ce 4 février, le quartier du Vatican se réveillait tapissé d’affiches interpellant le pape : « Eh, François ! tu as mis sous tutelle des Congrégations, limogé des prêtres, décapité l’Ordre de Malte et les Franciscains de l’Immaculée, tu as ignoré des cardinaux… Mais où est ta miséricorde ? » 
          
Un vent de révolte se lève donc contre le pape François. C’est que son ultra progressisme quasi dictatorial n’en est pas à sa première victime. Du jeune ordre des Franciscains de l’Immaculée, pourtant florissant, il ne reste plus rien, de par la volonté personnelle du pape. En cause, la remise en question du concile Vatican II par lesdits francis- cains. Un évêque philippin vient-il à recueillir quelques-uns d’entre eux ? Il est aussitôt relevé de sa charge par le pape François.
          
Autre exemple, celui du cardinal Burke. Après avoir été démis de la Signature apostolique et relégué comme aumônier de l’Ordre de Malte, le voici à nouveau relevé de facto de cette fonction. En cause, l’opposition du cardinal à Amoris lætitia, ouvrant aux divorcés remariés l’accès à la communion eucharistique. Quant à l’Ordre de Malte, lui aussi jugé trop conservateur, le pape a nommé le très progressiste Mgr Becciu pour assurer son « renouveau spirituel ».
          
Tandis qu’en ses décisions disciplinaires il anéantit toute opposition, le pape François continue sa révolution doctrinale. Après la communion aux divorcés remariés, c’est maintenant l’ordination des femmes que la subversive revue jésuite Civilta Cattolica avance, avec les applaudissements du pape. 
          
Ce même pape, dit-on, voudrait du bien à la Tradition – entendez la FSSPX et les communautés amies. Son amour des périphéries le disposerait à accorder une prélature personnelle. Certains, en mal de reconnaissance, se réjouissent de l’aubaine tandis que d’autres s’in- quiètent, à raison même du peu de confiance que l’on peut accorder à ce pape. Et si la question était mal posée?
          
Ainsi que le rappelle Aristote, si les hommes s’unissent, c’est en vue d’unir leurs efforts pour l’obtention d’une fin commune. D’un point de vue surnaturel, la première question est donc de savoir si, oui ou non, nous poursuivons avec la Rome d’aujourd’hui la même fin, si nous avons la même foi en Notre Seigneur Jésus-Christ unique rédempteur, si nous avons la même foi en l’Église catholique, hors de laquelle il ne peut y avoir de salut. Il est hélas à craindre que non.
          
Aussi, loin de toute pasquinade, il serait indispensable d’interpeller le pape François sur le contenu de sa foi, avant même de s’interroger sur l’opportunité prudentielle d’une reconnaissance canonique. Car il ne peut relever de la volonté divine de mettre son salut éternel dans la dépendance de quelqu’un qui ne professe pas la foi catholique. Établir une unité légale sans unité réelle serait d’ailleurs un contresens. Sans doute était-ce cela que Mgr Lefebvre avait en vue lorsqu’après les sacres, il s’exprimait dans la revue Fideliter : « Si je vis encore un peu et en sup- posant que d’ici à un certain temps Rome fasse un appel […] Je pose- rais la question au plan doctrinal : “Est-ce que vous êtes d’accord avec les grandes encycliques de tous les papes qui vous ont précédés ? Est-ce que vous êtes d’accord avec Quanta Cura de Pie IX, Immortale Dei, et Libertas de Léon XIII, Pascendi de Pie X, Quas Primas de Pie XI, Humani generis de Pie XII ? Est-ce que vous êtes en pleine communion avec ces papes et avec leurs affirmations ? […] Les positions seraient ainsi plus claires. » 
          
Abbé P. de LA ROCQUE