SOURCE - Anne Le Pape - Présent - 28 avril 2017
De passage à Paris, l’abbé Michel Frament évoque son ministère à La Martinique.
De passage à Paris, l’abbé Michel Frament évoque son ministère à La Martinique.
— Monsieur l’abbé, quand avez-vous été nommé à Fort-de-France ?
— Je suis parti pour la Martinique en septembre 2016. Ordonné en 2005, je suis resté deux ans à l’école Saint-Joseph des Carmes, puis j’ai passé neuf ans m’occupant de l’économat à Suresnes. Et me voilà à l’autre bout du monde.
Nous sommes trois prêtres au prieuré, aidés par un jeune étudiant dynamique et généreux.
— Quelles sont les facilités et les difficultés que vous trouvez pour assurer votre ministère à Fort-de-France ?
— La plus grande facilité est la situation de la chapelle, en plein centre-ville, l’équivalent de Saint-Nicolas à Paris, si vous voulez. Nous sommes extrêmement bien placés. Nous pouvons y assurer une permanence tous les matins (de 7 h 30 à 10 h 30) après la messe de 6 h 30. Nous rencontrons ainsi les fidèles facilement, ou d’autres gens qui passent, viennent prendre de l’eau bénite, se confesser, parler au prêtre, etc.
Je constate que les catholiques là-bas ont moins de respect humain que les gens de la métropole : ils sont catholiques et fiers de l’être. Ils se montrent extrêmement serviables, nous avons une bonne quarantaine de bénévoles qui nous soutiennent. Les fidèles font preuve d’une grande dévotion envers la Vierge, récitent beaucoup le rosaire. Même en semaine, nous constatons que nous avons du monde aux messes, surtout le jeudi matin, car la cérémonie est suivie du chapelet devant le saint sacrement exposé.
— Avez-vous une école ?
— L’école est assez ancienne. Elle a fermé durant quelque temps mais a pu rouvrir grâce à l’abbé Chrissement. A sa réouverture, il y avait six élèves, l’an passé 16 et cette année 30, ce qui représente une belle croissance sur laquelle nous comptons pour l’avenir. L’école assure actuellement les classes de la maternelle au CM1.
Certaines familles viennent de métropole et choisissent notre école, d’autres parents la découvrent sur place. Les enfants sont de magnifiques petits apôtres ! Nous avons de beaux témoignages de parents, qui s’émerveillent de voir l’enthousiasme des enfants pour leur école. Nous en recueillons les fruits : certains, qui ne pratiquaient pas, viennent désormais à la messe.
— Quelles sont les autres religions représentées en Martinique ?
— Les musulmans sont très peu nombreux, en revanche, on rencontre de nombreuses sectes protestantes ou évangéliques. Je me trouvais l’autre jour dans le garage d’une zone industrielle. Allant faire un tour en attendant la réparation de mon véhicule, j’y ai repéré trois locaux abritant des sectes…
On trouve aussi quelques Indiens pratiquant l’hindouisme mais, parmi les Indiens, certains sont chrétiens.
— Quels sont les pays où le prieuré de la Martinique peut porter la bonne parole, avec des sortes de « missions extérieures » ?
— Nous desservons la chapelle de Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe. Chaque vendredi, l’un des prêtres prend l’avion, assure la messe le vendredi soir après un catéchisme pour adultes, le samedi matin (suivie d’une permanence) ainsi que le catéchisme pour les enfants l’après-midi, la messe du dimanche bien sûr et la messe du lundi matin (suivie d’une permanence).
Nous y avons un bel apostolat pour la jeunesse. Le père Mavel, notamment, a lancé des matchs de basket le dimanche après-midi. Beaucoup d’enfants ont ainsi commencé le catéchisme et persévèrent et, là aussi, par les enfants, on touche les parents. Certains enfants seront baptisés en mai prochain. Notre chapelle est devenue jolie, ce nous est une aide pour l’apostolat. Il y passe beaucoup de monde, nous avons doublé notre effectif en deux ans.
Nous nous rendons également tous les deux mois en Guyane et y restons huit jours. Nous y avons deux centres de messes : l’un à Kourou et l’autre à Cayenne. A Kourou, la paroisse nous prête une chapelle dans un quartier populaire, l’évêque est bien sûr au courant, je l’ai rencontré pour me présenter à lui. Mgr Lafont s’est montré très accueillant et cordial.
Nous avions autrefois une salle prêtée également à Cayenne, mais elle a été fermée pour des raisons de sécurité. Nous ne désespérons pas d’en obtenir une autre. Nos fidèles sont en partie des gens de Guyane et en partie des expatriés, des militaires par exemple.
— Quelles sont les différences qui vous frappent entre les Français de La Martinique et ceux de « l’hexagone » ?
— La plus grande différence qui me frappe entre ici et là-bas est la joie dans les rues en Martinique, la bonne humeur. Quel contraste avec le côté anonyme de la vie à Paris, par exemple ! Je pensais auparavant qu’il s’agissait d’un cliché, mais j’en constate la vérité. Autre différence : les liens sont forts avec les grands-parents, les familles plus unies. Bien sûr, on y trouve comme ici des familles éclatées, des femmes qui élèvent seules leurs enfants. Mais les liens entre les générations se sont sans doute mieux maintenus.
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Propos recueillis par Anne Le Pape
Pour aider l’école, merci d’envoyer vos dons (reçu fiscal sur demande) ou des timbres neufs à : école Saint-Dominique-Savio, 40 av. Martin-Luther-King, 97 200 Fort-de-France (les enfants prient chaque jour et une messe mensuelle est célébrée pour les bienfaiteurs).