1er au 6 mars 2017
Le Carême est un temps d’examen. Au sein du district de Suisse, la règle en vigueur prévoit que tous les catéchumènes désirant recevoir le baptême lors de la vigile pascale doivent passer un examen auprès du supérieur de district. Le supérieur examine si le candidat fait preuve des connaissances religieuses nécessaires pour recevoir le baptême. L’anxiété du catéchumène est bien visible avant de passer cette épreuve. Mais c’est également un moment de vérité pour le prêtre qui, pendant de nombreux mois, voire des années, a préparé le candidat en lui enseignant la foi catholique. Le résultat de l’examen est aussi une évaluation de son travail personnel.
Au cours de ma visite canonique à Genève j’ai le privilège de présider à deux de ces examens. Il s’agit de deux jeunes gens qui attendent avec impatience leur entrée dans l’Église catholique et qui ont préparé sérieusement cette étape. En tant que prêtre de la Fraternité il nous arrive de temps en temps d’entrer en contact avec des personnes ayant vécu ce que nous appelons une « conversion ». C’est chaque fois une histoire différente, mais elle est toujours poignante, surtout à l’époque où nous vivons.
Durant mon séjour à Genève, deux évêques sont passés au Prieuré. « Il n’y a rien de spécial à cela », me dit calmement le prieur. Les confrères de Genève sont habitués à la présence des évêques. D’ailleurs Mgr Alfonso de Galarreta – en voyage en ce moment – réside ici. Ce sont Mgr Bernard Fellay puis Mgr Bernard Tissier de Mallerais qui passent par là. Pour moi, une heureuse surprise.
Le prieur profite également de l’occasion pour me faire visiter une dépendance extérieure, la chapelle des Rousses, une petite ville touristique sur sol français, près de la frontière suisse. Une maison est attenante à la chapelle. Le complexe – à la lisière des forêts idylliques du Jura – se trouve au-dessus d’un lac, à 1’100 mètres d’altitude. C’est accompagné des abbés Mouroux et Herrbach que j’ai le plaisir de visiter cette maison. Ici, le temps semble s’être arrêté dans les années 50. Le point culminant de la chasse au trésor est la découverte d’un authentique « grenier-fort » du XVIIIe siècle1. Il faut deux grandes et lourdes clés pour ouvrir les portes “blindées” de la petite maisonnette, dans laquelle on peut tenir debout, qui contient plusieurs documents bien conservés dont le contrat d’achat manuscrit de la maison, daté de 1725.
12 mars 2017
Ce n’est de loin pas la première fois que je me rends, un dimanche de carême, à Masevaux. Un petit groupe de la communauté de Rickenbach m’accompagne. Depuis plusieurs décennies, une représentation de la Passion est jouée en allemand dans cette petite ville de Haute-Alsace. Cette œuvre, écrite par un prêtre, l’abbé Auguste Schmidlin (1878-1943), fait revivre au public le grand drame de la Rédemption du début à la fin, c’est à dire de l’adieu à Béthanie jusqu’à la Résurrection.
Tout est composé pour laisser une profonde impression au public : le caractère traditionnel de l’œuvre demeuré inchangé, le grand nombre d’acteurs (environ 200 personnes), le magnifique décor, une représentation de quatre heures et demie, un langage poétique mais facile à comprendre. Le texte qui s’appuie sur les Saintes Écritures regorge de citations bibliques.
Malheureusement cette année, lors de la première représentation, plusieurs travées sont demeurées vides. Cela n’est pas surprenant, sachant que de nos jours, les souffrances et la mort de notre Sauveur ne préoccupent plus beaucoup l’individu et la société. Pendant combien de temps ce jeu de la Passion sera-t-il encore présenté ? Les organisateurs seront-ils encore motivés lorsqu’il y aura davantage de monde sur la scène que dans les tribunes ?
J’encourage vivement les fidèles suisses à se rendre à Masevaux l’année prochaine. Mise à part une représentation moderne de la Sainte Cène, le magnifique spectacle enchante le cœur et incite à la méditation.
20 au 22 mars 2017
Grâce aux locaux disponibles, le prieuré d’Oberriet accueille un stage de formation continue pour les prieurs et recteurs germanophones des districts d’Allemagne et de Suisse. Les 15 participants se penchent sur des thèmes de gestion et profitent de l’occasion pour échanger points de vue et expériences. Prières communes et rencontres chaleureuses marquent également cette fructueuse rencontre.
25 au 31 mars 2017
Saint François de Sales disait qu’une seule âme valait un diocèse. C’est sur la base de cette célèbre citation que je prêche une retraite d’une semaine pour trois diocèses ! Il s’agit de la retraite préparatoire à l’ordination au sous-diaconat de trois séminaristes d’Écône.
Ce premier ordre majeur implique le don total de soi à Dieu par le vœu de chasteté et l’obligation de réciter le bréviaire au nom de l’Église. Cette importante étape nécessite donc une sérieuse préparation. Comme je l’ai dit plus haut, nous sommes un petit groupe et nous mangeons à la même table. Cela me rappelle que les membres de la Fraternité sont ordonnés au titre de la « table commune » (titulus mensæ communis). Au sujet de ce titre d’ordination il faut comprendre que l’assurance de la subsistance est donnée au clerc qui aspire aux ordres majeurs. La signification des divers titres a pratiquement disparu de nos jours. Mais c’est en connaissance de cause que Mgr Lefebvre a choisi jadis ce titre pour la Fraternité. Il voulait souligner la grande valeur de la vie de communauté, source de sanctification.
Les exercices spirituels se déroulent à Enney. Une magnifique semaine de beau temps. Une météo d’empereur – comme disent les Autrichiens – et la beauté du paysage invitent à la promenade pendant les temps libres. Certains sont d’avis que le sommet de la Vudalla est un lieu de contemplation idéal !
13 au 17 avril 2017
J’ai passé les cinq jours, du jeudi saint au lundi de Pâques, à cinq endroits différents ! Le point culminant fut la vigile pascale à Delémont avec le baptême de deux adultes : un homme dans la force de l’âge et une jeune écolière primaire reçoivent l’eau du baptême sur leur front et deviennent membres du Corps mystique du Christ. Deux baptêmes d’adulte et une moyenne de 80 fidèles à la messe du dimanche témoignent de la vitalité de la communauté.
Ces cinq journées intensives se terminent le lundi de Pâques par un mariage à Rheinhausen. Le cadre de la fête est restreint mais grand est le don de la grâce de Dieu. Je profite de mon voyage à Rheinhausen pour visiter la florissante école des Dominicaines. Quand sera créée la première école des Dominicaines dans le District de Suisse ?