18 mai 2017

[Élisabeth Caillemer - Famille Chrétienne] Il lance un chapitre pour les personnes handicapées mentales au pèlerinage de Chartres

SOURCE - Élisabeth Caillemer - Famille Chrétienne -  18 mai 2017

Enguerrand Savy lance le chapitre Saint-Gilles dédié aux personnes handicapées mentales qui souhaitent participer au pèlerinage de Chartres.
      
Seize ou dix-sept. Enguerrand Savy ne sait plus exactement combien de fois il a fait le « pélé de Chartres ». À 24 ans, ce jeune homme responsable régional d’un site Internet d’annonces immobilières est un inconditionnel du pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté qui relie Paris à Chartres le week-end de la Pentecôte. Cent kilomètres. Une épreuve physique, certes, mais avant tout une démarche spirituelle dont il ressent les fruits tout au long de l’année. « J’y fais mon plein d’espérance, confie-t-il. C’est une joie de marcher et de se dépasser pour le Christ, et une grâce de se retrouver à l’unisson avec plusieurs milliers de personnes autour du Bon Dieu, surtout à l’heure où le christianisme est attaqué de toutes parts. »
     
Petit, il a crapahuté dans un « chapitre enfants », qui accueille les bambins de 6 à 12 ans, puis avec les « pastoureaux », réservés aux adolescents. « J’ai été élevé avec le pélé de Chartres », résume-t-il amusé. Il a rejoint ensuite le chapitre « Sainte-Élisabeth Bichier des Âges » monté par deux de ses oncles. Fondatrice des Filles de la Croix, cette religieuse poitevine, plus connue sous le nom de sainte Jeanne-Élisabeth, figure parmi ses ancêtres. Tous les membres de sa famille, ainsi que des amis proches « pas forcément tradis », se réunissent chaque année pour prier ensemble sous sa bannière.
     
Enfin, presque tous. Pas Athénaïs, sa petite sœur de 17 ans atteinte d’une déficience mentale qui rêvait pourtant de les accompagner. « Elle était triste de ne pas participer à cette aventure familiale, mais l’intégrer dans un chapitre classique est trop compliqué à gérer », justifie Enguerrand. La jeune fille se contentait donc de rejoindre le reste de la famille l’espace d’un pique-nique ou deux au cours du week-end, avant de rentrer chez elle avec sa mère.
     
Depuis plusieurs années déjà, Enguerrand et sa sœur Aliénor, élève infirmière, cherchaient une solution sur mesure pour permettre à Athénaïs de vivre pleinement ce pèlerinage. L’été dernier, ils sont passés à l’action. « Nous avions une idée précise de ce que nous voulions, explique-t-il. Une personne handicapée ne peut pas se débrouiller seule et elle est imprévisible. Il faut qu’elle soit accompagnée par quelqu’un qui la connaît bien. » Ils imaginent alors le système du « berger », un membre de la famille par exemple, qui veille sur elle en permanence pendant les trois jours de marche.
     
Aliénor soumet l’idée à l’abbé Alexis Garnier, l’aumônier général du pèlerinage. « Foncez ! », leur dit-il enthousiaste. Le chapitre Saint-Gilles (patron des personnes handicapées) est né. Un chapitre conçu comme une petite communauté fondée sur l’enrichissement mutuel de chacun de ses membres, à l’image de ce que Jean Vanier a institué dans la communauté de l’Arche.
     
Ces pèlerins, limités pour le moment à une dizaine de couples berger-brebis, bénéficieront d’un itinéraire allégé, sous la houlette d’Enguerrand, et seront suivis par une voiture-balai conduite par un de ses amis. Les méditations, elles aussi, seront adaptées. « Aliénor et moi avons eu la chance de travailler à plusieurs reprises avec l’association Foi et Lumière qui nous a enseigné une méthode pour parler de l’Évangile aux personnes handicapées, indique le chef de chapitre. Nous prévoyons aussi une récitation quotidienne du chapelet et une explication de la messe préparée spécialement par un séminariste affecté au chapitre. »
     
Enguerrand a vraiment pensé à tout. Excepté l’impatience d’Athénaïs qui lui demande tous les jours : « C’est aujourd’hui qu’on part pour Chartres ? » 
Élisabeth Caillemer