SOURCE - FSSPX Actualités - 28 juin 2017
De façon impromptue, le pape François a annoncé, le 21 mai 2017, la tenue, ce mercredi 28 juin, d’un consistoire au cours duquel il créera cinq nouveaux cardinaux venus de quatre continents.
De façon impromptue, le pape François a annoncé, le 21 mai 2017, la tenue, ce mercredi 28 juin, d’un consistoire au cours duquel il créera cinq nouveaux cardinaux venus de quatre continents.
La grille de lecture de cette promotion au cardinalat nous est donnée par le Saint-Père lui-même : « Leur provenance de diverses parties du monde manifeste la catholicité de l’Eglise répandue sur toute la terre », a souligné François depuis la fenêtre des appartements pontificaux d’où il dirigeait la prière dominicale du Regina cæli.
Bien sûr, un premier constat vient à l’esprit : à travers ces nominations, le pape demeure fidèle à sa volonté de créer une Eglise moins centrée sur l’Europe sans pour autant mépriser cette dernière : trois des cinq « porporati » viennent d'au-delà des frontières du vieux continent. Mais il reste à élucider ce que les cinq profils des nouveaux venus dans le Sacré Collège nous disent de cette catholicité telle que l’entend François.
Pour François, l’Eglise est une société qui doit se confronter au défi du réel : celui d’assumer au XXIe siècle son statut de minorité religieuse. Ce n’est pas un hasard si dans le cas de trois d’entre eux, les nouveaux cardinaux viennent de pays où le catholicisme est ultra-minoritaire, à savoir la Suède, le Laos et le Mali. Dans ce dernier pays, les chrétiens ne représentent en effet que 2,4% des 17 millions d’habitants, musulmans à 94%.
Dans un entretien à La Repubblica de septembre 2016, évoquant l'avenir de l’Eglise catholique, François n’avait-il pas déclaré que « être une minorité, c’est une force » ? La « catholicité » au XXIe siècle passe pour François par ce travail lucide que l’Eglise doit accomplir sur elle-même : se reconnaitre comme minorité - que ce soit au niveau du nombre ou de l’écho du message chrétien dans les sociétés modernes - sans pour autant renoncer à témoigner de la force toujours actuelle de l’Evangile.
François a aussi clairement voulu mettre en avant des pans de la chrétienté qui illustrent la passion douloureuse que vit l’Eglise : en créant cardinal un évêque du Laos, Mgr Louis-Marie Ling Mangkhanekhoun, déjà âgé de 73 ans, le Saint-Père a voulu rendre hommage à un pays où les catholiques sont encore quotidiennement victimes de persécutions, et où le clergé ne ménage pas ses efforts pour que l’Eglise puisse tout simplement survivre.
De même, en promouvant au cardinalat Mgr Jean Zerbo, cet archevêque de Bamako confronté au défi de l’islamisme radical, le pape consacre un prélat qui n’avait pas hésité à déclarer que « les chrétiens du Mali traversent une épreuve comparable à celle vécue par la première communauté chrétienne ».
Le baptême de sang n’est pas la seule manière pour l’Eglise d’être persécutée : la guerre sourde qu’une société sécularisée mène contre l’idéal évangélique en est aussi une. C’est ce qui apparaît à travers la promotion au cardinalat de Mgr Andres Arborelius : ce carme de 67 ans est évêque de Stockholm, dans un monde scandinave qui compte moins de 2% de catholiques, et où la présence de l’Eglise est souvent regardée comme une « anomalie » au regard d’une société où confort et modernité demeurent les maîtres mots. Néanmoins, cette partie de la chrétienté ne s’est pas découragée et, ces dernières années, les conversions issues du Luthéranisme se multiplient. Malgré le faux œcuménisme dont est pétri l'évêque de Stockholm
Dans la pensée de François, la catholicité va de pair avec le souci des plus pauvres : c’est sûrement dans cette perspective qu’il faut comprendre la nomination de Mgr Gregorio Rosa Chavez, évêque auxiliaire de San Salvador. Très lié à la figure de Mgr Oscar Romero, l’archevêque assassiné en 1980, Mgr Chavez doit en partie sa vocation à la figure de proue de l’Eglise des pauvres en Amérique latine. La collusion avec le progressisme et la théologie de la libération n'est pas loin.
Avec la nomination de Mgr Juan José Omella, dix-huit mois à peine après avoir été fait archevêque de Barcelone, le pape François met en avant un pasteur connu pour sa proximité avec les fidèles et pour avoir un profil similaire au sien. Ordonné prêtre en 1970 pour le diocèse de Saragosse, il en devient l’évêque auxiliaire en 1996. Il est depuis vingt ans membre de la Congrégation des évêques.
En définitive, les portraits croisés des nouveaux cardinaux font écho à ce que déclarait François au Père Spadaro s.j au début de son pontificat : « je vois l’Eglise comme un hôpital de campagne après la bataille ».
Dans cet « hôpital », l’Eglise assumerait son statut de minorité, sans se faire d’illusion - selon le pape - sur un hypothétique retour à un temps de chrétienté : « si le chrétien est légaliste ou cherche la restauration, s’il veut que tout soit clair et sûr, alors il ne trouvera rien », ajoutait-il dans le même entretien.
La Fraternité Saint-Pie X reste quant à elle convaincue que la Tradition demeure un ancrage, et même davantage : ce nécessaire éclairage du passé sans lequel « l’hôpital de campagne » ne peut que travailler à l'aveugle.