SOURCE - Lettre des Dominicains d’Avrillé - juillet 2017
Il y a plus de 40 ans, une religieuse consciente de son devoir savait défendre les principes devant le laisser-aller qui commençait, tout en étahrnt bien loin de l’indécence actuelle. Nous offrons ces quelques lignes à tous les éducateurs pour qu’ils aient le même courage.
La conscience aiguë d’avoir à transmettre un enseignement intégralement catholique allait de pair avec l’attachement aux exigences morales pratiques qui découlaient de cette formation chrétienne. C’est pourquoi mère Anne-Marie fut, par exemple, si virulente sur les questions vestimentaires malgré la pression des parents d’élèves et même des évêques. À Montréjeau, par exemple, le vice-président des APEL, M. Vallet, lui adressa ces lignes :
Révérendissime Mère, Nous aimerions attirer tout particulièrement votre attention sur un problème qui prend de telles proportions que les membres de l’APEL de l’école Sainte-Germaine se voient dans l’obligation de le porter à votre connaissance.
En effet, l’interdiction qui est faite à nos enfants de porter des pantalons est désapprouvée par la quasi-totalité des parents. Certaines familles même envisagent très sérieusement de retirer leurs enfants de notre établissement si une dérogation n’est pas faite à cette interdiction, dans l’immédiat.
Il faut reconnaître que l’hiver est long et rigoureux dans nos régions ; que d’autre part, les collants sont très chers et peu solides, que certaines familles ne peuvent se permettre de les renouveler aussi souvent que nécessaire.
Sur le plan local s’est créée une atmosphère très désagréable dont nos filles font les frais et cette situation s’est aggravée depuis que l’on sait, de source sûre, que d’autres établissements de la Congrégation ont admis cette nouvelle tenue.
L’assemblée générale étant fixée au samedi 1er décembre 1973, nous vous serions très reconnaissants de bien vouloir nous faire parvenir votre réponse avant cette date, afin que nous puissions informer les familles du résultat de cette démarche.
Le 14 décembre 1973, la supérieure générale exposait donc les raisons de ses refus :
Je n’ignore aucun des arguments invoqués, un peu partout, en faveur du pantalon : économie ou prétendue économie (car on calcule moins pour suivre la mode), confort – pratique – facilité ... Et je comprends ce qu’ils peuvent avoir de séduisant pour des parents obligés de calculer ; mais toutes ces raisons ne me feront pas fléchir ...Suivent quelques considérations d’ordre disciplinaire, enfin esthétique. Puis la Mère reprend son argument de fond :
De même donc que nous refusons la mixité dans l’enseignement et dans l’éducation que nous voulons donner à vos filles, parce que nous pensons qu’il est impossible de former une intelligence et une sensibilité de fille de la même façon qu’une intelligence et une sensibilité de garçon, de même nous refusons de nous rendre complices des courants de décadence qui travaillent et sapent notre civilisation. Nous voulons traiter vos filles en filles, nous voulons qu’elles soient traitées en filles et s’habillent en conséquence en filles. Nous voulons les aider à approfondir le sens des valeurs proprement féminines, à vouloir et à cultiver les vertus plus spécialement confiées à la femme, qui la rendent plus particulièrement apte à donner et entretenir la vie naturelle comme la vie surnaturelle. Nous voudrions que vos filles soient pleinement femmes et fières de l’être, et qu’elles aiment à s’habiller en conséquence.
Pour toutes ces raisons d’ordre disciplinaire, esthétique et moral, nous exigeons donc de vos filles une tenue conforme à leur nature féminine ...Cité par sœur ALICE-MARIE, Rupture ou fidélité 1948/1975. Une congrégation religieuse dans l'Église ébranlée, Clovis, 2016, p. 222-224.