SOURCE - Mgr Lefebvre - 26 mars 1961
Vivre selon la Vérité
La lettre de Notre Saint-Père le pape Jean XXIII, adressée au monde à l’occasion de la fête de Noël, a eu cette année pour objet : « La Vérité. »
Aspiration à la Vérité
Nous voudrions faire écho dans notre diocèse à ce message si opportun de Notre Saint-Père le pape, et attirer votre attention, chers diocésains, sur la nécessité de fuir les erreurs et les sources de l’erreur pour vous attacher de toute votre âme à la vérité, telle qu’elle nous est transmise par l’Église.
Bien des motifs doivent susciter dans nos âmes la soif de la vérité. Nos âmes sont faites pour la vérité. Nos intelligences, reflets de l’Esprit divin, nous ont été données en vue de connaître la vérité, de nous en donner la lumière qui nous indiquera le but vers lequel doit s’orienter toute notre vie.
L’apôtre qui a exprimé ces réalités avec une profondeur de pensée et une éloquence poignante, est l’apôtre saint Jean. Son évangile, ses lettres impriment dans nos âmes un désir ardent de s’approcher de cette lumière, « qui illumine toute intelligence venant en ce monde » (Jn 1,9), comme Nicodème, comme la Samaritaine et bien d’autres après eux.
C’est lui aussi qui nous raconte l’épisode de l’aveugle-né et le commentaire de Notre Seigneur sur les aveugles. Notre Seigneur réprimande les scribes et les pharisiens qui prétendent voir la lumière, avoir la vérité, alors qu’ils sont aveugles. Il loue ceux qui viennent à lui comme des aveugles, ceux-là verront la Lumière (Jn 9,35 et 39).
Image de ceux qui viennent vers l’Église, maîtresse de la vérité, avec la prétention de lui imposer leurs idées, leurs propres conceptions, au lieu de venir à elle avec une intelligence toujours assoiffée de vérité et disposée à la recevoir et à la faire fructifier.
Heureux ceux qui s’abreuvent aux vraies sources de la lumière et qui évitent celles qui sont douteuses et déconseillées par l’Église.
Pourquoi ce désir si profond des âmes vis-à-vis de la vérité ? C’est que la vérité, comme le réaffirme Notre Saint-Père le pape, c’est la réalité. L’intelligence qui est dans le vrai, communie à la réalité de l’être divin ou de l’être créé.
L’erreur
Celui qui se forge sa propre vérité vit dans l’illusion, dans un monde imaginaire ; il crée dans son esprit un film de pensées n’ayant que les apparences de la réalité.Vivre dans l’irréel et surtout s’efforcer de mettre en pratique des conceptions créées de toutes pièces par un esprit imaginatif, c’est, hélas ! la source de tous les maux de l’humanité. La corruption des pensées est bien pire que celle des moeurs… Le scandale des moeurs est plus limité que le scandale des erreurs. Celles-ci se répandent beaucoup plus vite et corrompent des peuples entiers.
Devoir de dénoncer les erreurs
C’est pourquoi le devoir le plus pressant de vos pasteurs, qui doivent vous enseigner la vérité, est de vous diagnostiquer les maladies de l’esprit que sont les erreurs. L’Église ne cesse d’enseigner la vérité et de signaler par le fait même l’erreur. Mais, hélas ! il faut constater que bien des esprits, même parmi les fidèles, ou bien ne se soucient pas de s’instruire des vérités, ou encore ferment l’oreille aux avertissements. Et comment ne pas déplorer, comme le faisait déjà saint Paul, que certains de ceux qui ont reçu mission de prêcher la vérité n’ont plus le courage de la dire, ou la présentent d’une manière tellement équivoque qu’on ne sait plus où se trouve la limite entre la vérité et l’erreur.
Nous voudrions, dans les quelques considérations qui suivent, vous dire, chers fidèles, le danger de certaines tendances, afin que vous les évitiez soigneusement. Si vous reconnaissez qu’elles sont vôtres, ayez la vertu et le courage d’y renoncer en recherchant la vraie lumière là où elle est donnée dans toute sa pureté.
Langage équivoque
Avant de dénoncer certaines orientations de pensée, nous attirons votre attention sur la manière d’exprimer ces orientations par ceux qui les professent. On peut dire qu’il existe aujourd’hui une certaine littérature religieuse ou qui prétend s’occuper de religion, qui a le talent d’employer des mots équivoques ou de forger des néologismes, de telle manière qu’on ne sait plus au juste ce qu’ils veulent dire. Ceux qui écrivent ou parlent de cette manière espèrent garder l’approbation de l’Église, tout en donnant satisfaction à ceux qui sont hors de l’Église ou qui la persécutent.
C’est ainsi qu’avec les termes de liberté, d’humanisme, de civilisation, de socialisme, de paternalisme, de collectivisme, et on pourrait en ajouter beaucoup d’autres, on arrive à affirmer le contraire de ce que les mots signifient. On se garde de les définir, de donner les précisions nécessaires, ou encore on les définit d’une manière nouvelle et personnelle, de telle sorte qu’on est loin de la signification usuelle. Moyennant quoi, on satisfait ceux qui donnent à ces mots leur vrai sens et on se justifie en leur donnant un tout autre sens.
Cette conception du langage est le signe de la corruption des pensées et peut-être chez certains d’une réelle lâcheté. Elle est encore le signe des esprits faibles, qui craignent la lumière et la clarté.
Combien sont nombreux ceux qui emploient un langage auquel nous ont habitués les communistes, et qui se défendent d’épouser leur doctrine.
Danger de l’attitude ambiguë
Cette manière de s’exprimer et de penser provient peut-être d’un bon sentiment ; celui d’arriver à tout prix à une entente avec ceux qui sont éloignés de l’Église. Au lieu de rechercher les causes profondes de cet éloignement et de donner aux moyens voulus par Notre Seigneur leur pleine efficacité, ces esprits bien intentionnés, mais ignorants de la vraie doctrine de l’Église, s’efforcent d’atténuer les distances, aussi bien doctrinales que morales et sociales entre l’Église et ceux qui la méconnaissent ou même la combattent.
Afin d’approcher encore davantage ces éloignés, on estimera devoir affirmer et grossir avec eux tout ce qui dans l’Église leur paraît à tort ou à raison désuet, répréhensible. En cela, ils n’hésiteront pas à faire « chorus » avec les ennemis de l’Église. Ce faisant, ils s’illusionnent totalement sur le résultat de leur action ; ils ne font qu’affermir dans leur erreur ceux qui sont ignorants ou opposés à l’Église, et ils ne leur donnent pas la vraie lumière des âmes, Notre Seigneur Jésus-Christ et son oeuvre de prédilection, l’Église.
Or, ceux qui ne voient pas aspirent intimement à la lumière et sont eux-mêmes surpris de voir abonder dans leur sens ceux qui normalement devraient s’opposer à leurs conceptions.
Son efficacité illusoire…
…auprès des païens
Ainsi, les païens n’attendent pas de nous que nous justifiions toutes leurs coutumes. S’il en est quelques rares d’assimilables, ils savent parfaitement que la plupart comportent des actes immoraux ou injustes. Ils attendent de Notre Seigneur Jésus-Christ, sa grâce toute-puissante, son oeuvre de rédemption et de miséricorde apparaissant à travers nous.
…auprès des protestants
Les protestants n’attendent pas des catholiques qu’ils adoptent toutes leurs manières de penser et de juger. Ils connaissent leurs innombrables divisions tant doctrinales que pastorales. Eux non plus ne demandent pas que nous abandonnions notre foi et notre unité ; ce sont plus souvent aujourd’hui des raisons sociales, morales, une tradition séculaire qui les empêchent de venir à l’Église, que des raisons doctrinales, ou de soi-disant défauts de l’Église.
…auprès des musulmans
Il en est de même des musulmans, qui sont heureux de constater une certaine similitude de croyances entre eux et les catholiques, mais qui ne comprennent pas et se méfient à juste titre des catholiques qui feignent de ne voir que des similitudes entre l’islam et l’Église. Ceux-là sont considérés par les musulmans ou bien comme des gens faux et dangereux ou comme des catholiques peu convaincus de leur religion et, par conséquent, méprisables. Comment ne pas donner raison aux musulmans qui estiment le catholique convaincu, pratiquant, qui croit fermement à sa religion et s’efforce d’en manifester la vérité et les bienfaits. C’est à eux que va leur confiance de préférence aux autres.
…auprès des milieux déchristianisés
Il nous faut assimiler à ces attitudes celles qui sont adoptées par ces mêmes catholiques vis-à-vis des chrétiens devenus incroyants, ou vis-à-vis des milieux qui ont perdu la pratique religieuse. Ce n’est pas en s’assimilant à eux dans le langage, l’habit et le travail que nous les attirerons à nous, surtout lorsqu’il s’agit du prêtre. Le prêtre est homme de Dieu et doit se présenter comme tel. C’est à ce titre qu’il a le droit d’aborder ses ouailles et que la grâce de Notre Seigneur l’accompagne. Les âmes sont créées avec un besoin de Dieu et de Notre Seigneur et même lorsqu’elles rejettent ses messagers, elles manifestent leurs croyances intimes.
…auprès des communistes
Nous serions incomplets, si nous n’ajoutions pas la tendance de ces catholiques à une ouverture vis-à-vis du communisme. Là encore, c’est une grave erreur que de s’efforcer à tout prix de trouver dans le communisme ce qui serait, soi-disant, assimilable. On en vante le succès économique, scientifique, technique, etc. On ne veut pas admettre avec l’Église que ce communisme est une conception de l’humanité foncièrement antinaturelle et inhumaine. C’est une construction idéologique qui est fondée sur des principes politiques, sociaux, économiques totalement opposés à ceux de l’Église. Dire, comme l’affirment certains, que de même que l’Église a condamné la Révolution française et a fini aujourd’hui par l’agréer, de même le communisme, aujourd’hui répudié par l’Église, sera plus tard assimilé par elle, est une imposture. Car il est faux que l’Église ait entériné les erreurs de la Révolution qu’elle a dénoncées et dénonce toujours.
Ceux qui sont soumis à ces tendances et les expriment trahissent inconsciemment Notre Seigneur et son Église, trahissent également tous les chrétiens martyrs et les Églises martyres pour avoir affirmé leur foi et avoir rejeté les erreurs.
Et si les communistes profitent de cette ouverture de certains catholiques pour activer leur lutte mondiale contre l’Église, ils les méprisent profondément et ne les épargneront pas le jour où ils seront les maîtres. Ils ont plus d’estime pour ceux qui défendent courageusement leur foi.
Mais il nous semble utile de poursuivre les exemples de ces tendances, afin de bien les mettre en relief et vous aider, chers fidèles, à les reconnaître et éventuellement à vous en prémunir.
L’Église a maintes fois précisé sa pensée en matière de sociologie ou de politique, entendue dans le sens des principes fondamentaux de la société.
Danger de l’équivoque dans le socialisme
Il nous paraît bon d’examiner à cette lumière ce qu’aujourd’hui on appelle socialisme ; on peut évidemment donner au terme lui-même de socialisme une définition nouvelle, plus compatible avec les principes de l’Église. Mais dans cette manière de s’exprimer, il existe le danger de faire passer la doctrine socialiste dans les faits malgré soi, car la conception socialiste de la société forme un ensemble logique, dont il est en fait bien difficile de dissocier les éléments.
Dire que l’on est pour un socialisme croyant, ou pour un socialisme personnaliste, est aisé à exprimer et signifie qu’on s’efforce de répudier un aspect du socialisme. Cependant, si l’on veut appliquer logiquement sa croyance à la vie publique et civique, il faut reconnaître à Dieu des droits sur les personnes, les familles, la société ; reconnaître que ces réalités tirent de Lui leur origine et qu’en conséquence l’autorité des chefs de famille, des responsables de la société vient de Lui, qu’elle ne réside pas essentiellement dans le peuple – autant d’affirmations contraires à la théorie socialiste.
En fait, le socialisme n’est pas seulement areligieux, mais sa négation de Dieu lui fait remettre, soi-disant au peuple souverain, en fait à l’État, les attributs mêmes de Dieu. Les décisions de l’État deviennent le fondement du droit. Aucun principe de droit n’est supérieur à celui de l’État. C’est pourquoi il légiférera sur le droit des personnes, le droit de propriété en particulier, sur les droits des familles, l’éducation des enfants, le régime matrimonial, le divorce ; sur les associations civiques, culturelles, religieuses, absolument selon son bon plaisir.
On voit combien il est difficile de ne pas mépriser les droits de Dieu en légiférant sur ses créatures d’une manière arbitraire.
Certes, il faut être social dans le sens de la recherche du bien commun pour le progrès et le bien-être de tous les citoyens. Mais la contrainte dont souffrent les citoyens par les lois qui tendent à remettre à l’État toute initiative dans l’activité économique, sociale et culturelle des citoyens est absolument contraire à leur épanouissement et à leur progrès.
La bonne ordonnance et l’unité de l’État ne demandent pas la suppression des initiatives privées, mais l’État, par leur organisation, leur harmonisation dirigera leur concours et leur activité en vue d’un progrès rapide et spontané de la société entière, et cela avec des dépenses considérablement réduites. Le socialisme, qui remet tout dans les mains de l’État, étouffe la société de règlements et l’écrase d’impôts. Sa gestion, en effet, nécessite un fonctionnarisme monstrueux.
De même que Dieu a placé des richesses insoupçonnées dans la nature, ainsi il a placé des richesses d’intelligence, d’art, d’esprit d’entreprise, d’invention, de charité et de dévouement dans les esprits et les coeurs des hommes, des personnes ; richesses insondables qui, pour se développer et donner toute leur efficacité, doivent demeurer dans le cadre naturel voulu par Dieu. Si l’État a quelque droit sur l’emploi de ces richesses en vue du bien commun, à vouloir les approprier et les étatiser, il les tarit – comme si l’on voulait déplacer les sources de leur lieu d’origine ou sortir un arbre fruitier de sa bonne terre pour le mettre chez soi, afin de se l’approprier et d’en utiliser les fruits ! Dieu, dans sa sagesse, a donné à chacun son rôle, ses compétences, ses responsabilités. À vouloir remplacer Dieu, l’homme détruit tout.
Certes, il est encourageant de constater qu’un bon nombre de gouvernements africains, tout en affirmant s’inspirer du socialisme, aient publiquement renié son athéisme. Il reste à souhaiter que cette reconnaissance de Dieu ne se limite pas au droit d’honorer Dieu publiquement, mais s’étende aussi à la reconnaissance des fondements et principes du droit naturel déposé par Dieu lui-même dans la nature des personnes, des familles, des sociétés : principes que les responsables de la cité peuvent préciser par un droit positif, mais qu’ils ne peuvent ignorer sans détruire l’oeuvre de Dieu et, par le fait même, introduire des injustices, dont les victimes seront généralement ceux qui n’ont pas les moyens de faire valoir leurs droits.
Telles sont les considérations qu’il nous a paru opportun de soumettre à votre réflexion, chers diocésains, et cela en toute charité et sollicitude, afin de bien éclairer l’orientation de vos pensées, selon cet avertissement de Notre Saint-Père le pape Jean XXIII : « Est coupable non seulement celui qui défigure délibérément la vérité, mais l’est également celui qui, par peur de ne pas apparaître complet et moderne, la trahit par l’ambiguïté de son attitude. »
Véritable attitude du chrétien vis-à-vis de la vérité
Nous voudrions, pour complément nécessaire à ce que nous vous avons exprimé et pour éviter cette culpabilité dont nous parle le Saint-Père, mettre sous vos yeux quelques lignes du RP Daniélou (Cahiers du Cercle Saint-Jean-Baptiste, juin-juillet 1960), qui expriment parfaitement l’attitude du vrai chrétien vis-à-vis de la vérité. Elles seront pour nous un encouragement à aller de l’avant sur une route bien éclairée par la lumière de Notre Seigneur et son Église.
« Si nous ne disons pas la vérité aux autres, c’est peut-être parce que nous sentons qu’ils ne sont pas disposés à la recevoir, mais c’est aussi souvent par lâcheté, par égoïsme, parce que nous n’avons pas le courage d’affronter leur mécontentement. Parce que nous craignons de leur déplaire, nous n’osons pas les aimer vraiment et jusqu’au bout. Car aimer les autres, c’est vouloir leur bien, même contre eux-mêmes. Aimer les autres, c’est les aider à faire triompher en eux leur vérité sur leur pauvre réalité quotidienne. Aimer, c’est aider chaque homme à réaliser sur lui le dessein de Dieu. Il est certain que cette forme de charité empêche de concéder aux autres ce que l’on sait n’être pas leur bien. Le véritable aimant est celui qui, fidèlement, patiemment, avec réalisme, dans le silence (car l’amour est fidèle, patient, intelligent, plein de tact) essaie d’aider les autres à réaliser ce qu’ils portent de meilleur en eux. »
« Dans le monde d’aujourd’hui, des millions d’âmes sont privées du pain vivant de la vérité, et ceci, nous n’avons pas le droit de le supporter. Nous le supportons beaucoup trop facilement. En prendre son parti, ce n’est pas aimer. Il ne s’agit pas ici de combattre, il s’agit de sauver. On pense trop généralement qu’il n’y a pas d’espace entre le conflit et la complicité. Il y en a un, c’est l’amour, l’amour qui ne prend pas son parti de voir les hommes en dehors de ce qu’il sait être la vraie vie et qui cherche à les aider à réaliser entre eux cette vie-là, qui va à tous les hommes sans faiblesse. »
« Mais si la première des charités est de donner la vérité, cette vérité doit être donnée dans la charité. Il y a une façon de servir la vérité qui, précisément parce qu’on ne la sert pas assez dans la charité, finit par faire du mal à la vérité. Nous sentons très bien qu’il peut y avoir dans notre manière de servir la vérité quelque chose de très impur : la vérité devient notre affaire, son triomphe est notre triomphe. À partir de ce moment-là, ce n’est plus elle que nous servons, c’est nous. Et puis, nous sommes satisfaits de posséder la vérité, alors que d’autres ne la possèdent pas. Nous abordons l’autre dans une attitude de propriétaire. »
« La véritable attitude est bien différente. Moi, je suis aussi pauvre que l’autre, par moi-même je n’ai absolument rien. La vérité n’est pas ma vérité ; elle m’a été donnée et je devrais sentir combien je la reçois mal. C’est pourquoi je dois simplement lui rendre témoignage avec le sentiment que j’en suis très indigne. Loin de dire aux autres : “Faites comme moi”, je dois dire : “Imitez Jésus-Christ, Lui est la vraie vie. Je ne suis qu’un témoin imparfait qui s’est mis à sa suite. Ce dont je témoigne m’a été donné, me dépasse infiniment et c’est le bien commun de tous les hommes.” Ainsi, je peux servir la vérité dans l’humilité, sans humilier la vérité. Ceci est vrai aussi au niveau collectif. Si l’Occident a reçu le christianisme le premier, il n’en est nullement propriétaire, mais seulement dépositaire. »
« Une autre déformation dans la façon de présenter la vérité serait de rechercher avant tout des résultats apparents et rapides. Caritas patiens est, a dit saint Paul. Être patient ne signifie pas prendre son parti. La patience est une attitude éminemment active ; sans forcer le dessein de Dieu, on entre dans ses longs délais. C’est là une attitude respectueuse des personnes, intermédiaire entre un prosélytisme intempestif et une pseudo-tolérance qui mettrait tout sur le même plan. »
« Ainsi nous voyons donc que l’union de la charité et de la vérité est quelque chose d’intime.Mais il faut aller plus loin encore. Non seulement c’est une forme de la charité que de donner la vérité, mais la vérité elle-même est charité, car son objet c’est l’amour, la vérité, en effet, que le Christ seul nous révèle et qui nous dévoile le fond de la réalité, c’est que Dieu est charité, puisqu’en Lui l’amour existe éternellement dans le mystère trinitaire ; c’est que Dieu nous aime et qu’exister, c’est être aimé de Lui ; c’est que nous devons nous aimer les uns les autres comme le Christ nous a aimés. Et c’est cette vérité dont nous devons témoigner. »
Ce langage est clair et limpide et nous met dans la vraie pensée de l’Église, loin des compromissions, des confusions, des équivoques.
Soyons et demeurons toujours fidèles disciples de Notre Seigneur Jésus-Christ, fermement chrétiens, catholiques, attachés à son Église qui est notre Mère, toujours profondément respectueux des personnes, mais ardemment désireux de les voir partager notre bonheur, prêts à tout supporter et à tout souffrir pour le salut des âmes qui est en Notre Seigneur.
Puissent ces quelques pages vous faire mieux comprendre, bien chers diocésains, que le vrai et le plus sûr moyen d’être charitables et de faire du bien autour de vous, c’est que vous vous montriez chrétiens totalement, que le Christ se manifeste en vous et par vous, dans vos paroles, dans vos actions, dans toute votre vie.
Que la Vierge Marie vous aide en toutes circonstances à porter Jésus en vous et à le communiquer aux âmes. C’est notre voeu le plus ardent.