SOURCE - FSSPX Actualités - 9 avril 2018
Telle est la prière adressée au Saint-Père par plusieurs hauts prélats et universitaires à l’issue d’un colloque qui s’est tenu le 7 avril 2018 à Rome et dont le titre était : Eglise, où vas-tu ? La confusion doctrinale régnant actuellement dans l’Eglise y a été dénoncée.
Telle est la prière adressée au Saint-Père par plusieurs hauts prélats et universitaires à l’issue d’un colloque qui s’est tenu le 7 avril 2018 à Rome et dont le titre était : Eglise, où vas-tu ? La confusion doctrinale régnant actuellement dans l’Eglise y a été dénoncée.
Plusieurs interventions ont eu lieu durant ce colloque. Ainsi les cardinaux Walter Brandmüller et Raymond Burke, Mgr Athanasius Schneider, le président émérite du Sénat italien Marcello Sera, le canoniste Valerio Gigliotti et le spécialiste en bioéthique Renzo Pucetti ont successivement pris la parole. Un entretien du défunt cardinal Carlo Caffarra défendant l’encyclique Humanae vitae a également été diffusé, ainsi qu'un message du cardinal Joseph Zen qui n'a pu participer à l'événement.
L'appel au sensus fidei
Le cardinal Brandmüller, signataire avec le cardinal Burke des Dubia adressés au pape François à la suite de l'Exhortation apostolique Amoris laetita, a exposé quel était le rôle des fidèles dans le témoignage de la foi. Il s'est étendu sur le sensus fidelium en s’appuyant sur un écrit du cardinal Henry Newman (1801-1890), On Consulting the Faithfuls in Matters of Doctrine. L'auteur y retrace les épisodes historiques durant lesquels l’orthodoxie de la foi avait été mise de côté par une grande partie des évêques, avant d’être réaffirmée par de simples baptisés. Le prélat anglais en déduisait qu’en matière de doctrine, la voix des fidèles – vérifiée et régulée par sa fidélité à la Tradition de l’Eglise – pouvait jouer un rôle indispensable.
Le cardinal Burke est ensuite intervenu pour expliquer que le pape devait « respecter le dépôt de la foi », car si le successeur de Pierre « a autorité pour exprimer le Credo de façon adéquate, il ne peut agir dans une direction contraire à la foi ».
Le rôle du Pontife romain
Mgr Schneider a mis en valeur le rôle providentiel joué par l'institution du pontife romain dans l'économie du salut. Il a tenu à rappeler qu'un pape ne saurait être tenu comme le « propriétaire » de la vérité qu'il a reçue en dépôt : « le charisme de dispensateur de la Vérité a été assuré par Dieu à saint Pierre et ses successeurs, les pontifes romains, dont le Siège est appelé pour cette raison la 'Chaire de Vérité' par excellence », a-t-il souligné.
L'évêque auxiliaire d'Astana a ensuite précisé qu'il y a plus de mille ans, les souverains pontifes prêtaient un serment avant d'entamer leur ministère, promettant de « ne rien changer à la Tradition qu'ils ont reçue » et de « s'excommunier » eux-mêmes en cas de parjure : « rétablir ce serment à notre époque est une urgence », a-t-il précisé.
Une déclaration sur les vérités immuables concernant le mariage
A l’issue du colloque, une déclaration a été publiée. Elle ne se présente ni sous la forme d'une correction ni sous celle de dubia implorant une réponse - et demeurés jusqu'ici sans effet. Il s'agit plutôt d’une confession de foi dans les vérités immuables sur le mariage. Son rôle est de lever les ambiguïtés et les interprétations contradictoires qui pullulent depuis la publication, le 8 avril 2016, de l’exhortation Amoris laetitia.
Une prière vient achever cette déclaration : « nous confessons notre foi devant le Pasteur et maître suprême de l'Eglise et devant les évêques, et nous les implorons de nous confirmer dans la foi ».
John Allen, dans une analyse parue le 8 avril 2018 sur le site d'informations Crux, se demande si le colloque n'a pas pour but de faire sortir les autorités romaines de la posture qui consiste à systématiquement passer sous silence les arguments formulés contre Amoris laetitia. En la matière, estime le journaliste, « rien n'est gagné d'avance ».
Le vaticaniste a relevé que, dans l'assistance qui rassemblait plusieurs centaines de personnes, de nombreux laïcs étaient issus des mouvements de protection de la vie italiens. Ils sont déçus par le pape François, estimant qu'il n'a pas suffisamment usé de son influence auprès des politiciens pour faire avancer la cause de la défense de la vie dans leur pays.
L'exigence d'une clarification venant d'en haut semble donc se faire toujours plus pressante. En tout cas, elle ne viendra pas des évêques lombards. En effet, hasard de calendrier sans doute, ils ont publié au lendemain du colloque romain une lettre dans laquelle ils adoptent comme critère d'interprétation d'Amoris laetitia la praxis la plus libérale, celle-là même que les évêques argentins avaient définie, avec la bénédiction du pape François.