8 mai 2018

[FSSPX Actualités] «Établissez-vous même le consensus», déclare le pape aux évêques allemands

SOURCE - FSSPX Actualités - 8 mai 2018

Le pape François refuse de trancher par voie d’autorité la question de l’accès à la communion sacramentelle de protestants mariés à des catholiques. Il demande aux évêques d’outre-Rhin de s'entendre eux-mêmes sur la meilleure décision à prendre.
   
Le 3 mai 2018, les principaux protagonistes de la querelle sur l’accès à la communion sacramentelle de protestants mariés à des catholiques - les cardinaux Reinhard Marx et Rainer Maria Woelki - se sont retrouvés au palais du Saint-Office autour de Mgr Luis Ladaria, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
    
A l’issue de la réunion, la salle de presse du Saint-Siège a publié un communiqué en italien et en allemand. On peut notamment y lire que «le pape François apprécie l’engagement œcuménique des évêques allemands et leur demande de trouver, dans un esprit de communion ecclésiale, un résultat possiblement unanime.» Ce qui revient à refuser de trancher cette question disciplinaire touchant ô combien la doctrine.
    
En février 2018, les trois quarts de la hiérarchie allemande avaient voté en faveur d'une charte pastorale proposant l’accès à la communion des protestants mariés à des catholiques. Mais sept évêques, dont le cardinal Rainer Woelki, archevêque de Cologne, avaient demandé au Saint-Père d’intervenir. D'où la réunion du 3 mai au palais du Saint-Office.
    
Le problème de l'intercommunion et la non-décision du souverain pontife mettent en relief, outre la question doctrinale, la question de la «décentralisation» voulue dans l’Eglise, et celle de l'autorité des conférences épiscopales. En effet, depuis le début de son pontificat, le pape François s'est engagé à déléguer le plus de pouvoir possible aux Eglises locales, au risque d’une dilution et d’un affaiblissement de l’autorité suprême dans l’Eglise et au profit d'une forme de synodalité.
    
Les règles actuellement en vigueur ont été établies par Jean-Paul II dans le Motu proprio du 21 mai 1998 Apostolos Suos. Elles prévoient que les déclarations doctrinales des conférences épiscopales doivent être approuvées à l'unanimité pour pouvoir prétendre à une quelconque autorité magistérielle. Dans le cas contraire, une reconnaissance est nécessaire de la part du Saint-Siège. Le fait de la refuser pour l'instant manifeste sans doute l'embarras du Saint-Siège, mais aussi la volonté d'obtenir un consensus. Car cette reconnaissance (recognitio) intervient lorsque « la réponse doctrinale favorise la communion, qu'elle ne porte pas préjudice à des interventions du magistère universel, mais plutôt qu'elle les prépare » (n°22). Cela signifie-t-il qu'en cas d'unanimité, la décision de la Conférence allemande pourrait préparer une décision romaine de portée universelle?
    
Pour sa part, il y a un peu plus d’un an, le 18 avril 2017, le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, mettait en garde: «Sans une foi commune, l'Eglise est menacée par la confusion, puis, progressivement, elle peut se laisser aller à la dispersion et glisser dans le schisme». - Tel est bien le problème présent de la crise de l'Eglise, qui entretient un état de schisme latent; il s'agit d'une carence dans la foi, qui affecte la liturgie, l'enseignement doctrinal et le gouvernement même de l'Eglise.