SOURCE - FSSPX Actualités - 12 novembre 2018
La pénurie de prêtres en Suisse, comme ailleurs en Europe, ne laisse pas de faire sentir ses funestes conséquences : après les paroisses, ce sont les communautés religieuses qui sont de plus en plus privées de messe.
La pénurie de prêtres en Suisse, comme ailleurs en Europe, ne laisse pas de faire sentir ses funestes conséquences : après les paroisses, ce sont les communautés religieuses qui sont de plus en plus privées de messe.
« Dans un avenir prévisible, nous n’aurons plus de messe quotidienne », se lamente auprès de l’agence Cath.ch une religieuse ursuline de Brigue, dans le Valais.
L’heure ne semble malheureusement pas être à celle de la remise en cause des errements liturgiques des cinquante dernières années : depuis 2014, plusieurs communautés de sœurs ont préféré faire appel aux services de « spécialistes en liturgie » proposant des cours afin de pallier le manque de messes quotidiennes.
Ces solutions bien peu liturgiques consistent en « l’expérience d’autres formes de culte, comme la célébration de la Parole, pour laquelle un prêtre n’est pas nécessaire », explique l’experte Gunda Brüske.
L’expérience n’est guère concluante, reconnaît sœur Ursula Maria Niedermann, membre de la direction provinciale des Sœurs de Menzingen – non pas les oblates de la Maison générale, que le lecteur se rassure, mais les Sœurs de la Sainte-Croix de Menzingen, une congrégation fondée au XIXe siècle. Elle ne cache pas le rejet de ces célébrations sans communion : un « sujet de grandes tensions entre les sœurs », surtout chez les plus âgées.
Gunda Brüske, quant à elle, ne veut pas en démordre : « la rencontre avec le Christ est aussi possible à travers l’Ecriture », explique-t-elle. Et puis, continue-t-elle, la communion fréquente ne date, après tout, que de 1905 et d’un décret de saint Pie X ; c’est donc une pratique récente dont on peut fort bien se passer. Le chant du cygne n’en a pas fini de résonner dans les Alpes...
Entre expérience et aveuglement
Pour sœur Mattia Fähndrich, tout est une question d’attitude. Cette théologienne responsable de la formation de moniales bénédictines explique doctement que « le fait que l’Eglise catholique ait eu tendance, pendant des siècles, à mettre la Parole de Dieu à l’arrière-plan a entraîné un certain appauvrissement » – sa prétendue revalorisation impulsée par le concile Vatican II n’aurait toujours pas été reconnue, si bien que les religieuses sont encore trop dépendantes de la messe et de la présence du prêtre !
Derrière cette lente agonie se cache un tragique aveuglement. On veut ignorer la réalité d’un rite protestantisé devenu terriblement bavard et vide de ce qui fait l’essentiel de la messe et de l’action liturgique : le sacrifice rédempteur du Christ. Rien ne remplace le prêtre. C’est par la restauration du sacerdoce catholique et de la sainte messe que se renouvèlera l’Eglise.
Le saint Curé d’Ars l’avait bien compris, lui : « C’est le prêtre qui continue l’œuvre de Rédemption sur la terre ».