SOURCE - Paix Liturgique - lettre 707 - 13 août 2019
Nous avons pensé intéressant d’achever notre copieux dossier sur la messe traditionnelle en Corée, constitué par nos lettres 691, 692, 694, 695 par la publication des réponses faites par un ensemble de fidèles coréens à une sorte d’enquête que nous avons réalisée auprès d’eux. On constatera qu’elles sont, pour un bon nombre d’entre elles, de grande valeur : les idées développées par nos frères coréens donneront par ailleurs à chacun de nous des thèmes d’arguments pour la défense de la messe que nous voulons faire vivre. Un intérêt puissant de ces réponses est qu’elles émanent – on le remarquera, au fil de cette « conversation » – de fidèles nouveaux, qui ont fait la découverte du rite ancien (voir nos précédentes lettres), et non pas de catholiques traditionnels anciens. Enfin, si ces Coréens parlent du point de vue très intéressant de leur sensibilité particulière, ils élargissent leur propos à l’Église universelle avec un sens catholique très roboratif.
João Silveira - Comment avez-vous découvert la liturgie traditionnelle ?
R – Paul 40 ans - Je m'intéressais depuis longtemps aux liturgies pré-conciliaires et aux anciennes prières des catholiques coréens. C’est ainsi que j’ai découvert l’existence de la messe traditionnelle en furetant sur Internet et j’ai été très heureux mais aussi surpris de voir qu’elle était encore célébrée presque partout dans le monde et même un peu en Corée !
R – Francesco 50 ans – Je suis moi-même le plus âgé d’entre vous car j’ai plus de 50 ans et j’ai donc eu la chance d’avoir un lien plus direct avec la liturgie traditionnelle, car ma mère dans ma jeunesse m'a parlé avec nostalgie de la messe et de l'église telles qu’elles étaient avant le Concile. Voilà pourquoi devenu étudiant je me suis intéressé à l’étude de la liturgie qui m’a fait bien connaitre la liturgie tridentine qui aujourd’hui est celle qui nourrit ma foi.
R – Clara 20 ans - Je suis parmi les plus jeunes et je ne connaissais rien à cela avant mon baptême, que j’ai reçu à 18 ans, mais mes études m’ont entraîné à étudier le latin et les anciennes civilisations et de là à découvrir via internet que le latin était encore vivant dans l’Église et qu’il subsistait des liturgies « en latin ». Dès que j’ai cherché à les mieux connaitre, j’ai senti que celles-ci étaient tout à fait en phase avec ma foi nouvelle.
R – Jean 20 ans - Bien que jeune chrétien, j’ignorais tout des anciennes liturgies mais depuis mon enfance j’aime fréquenter les églises et particulièrement notre cathédrale et c’est à ces occasions que je me suis demandé en voyant de nombreux petits autels qui se trouvent tout autour dans l’église : « Comment la messe a-t-elle été célébrée sur ces autels ? » Internet a répondu très vite à ma question en me faisant découvrir à la fois les célébrations ad Orientem et la messe traditionnelle.
R – Jacques 30 ans – Je suis pour ma part passionné par les musiques anciennes c’est ainsi que j’ai découvert le chant grégorien et – moi aussi via Internet – que celui-ci était encore vivant dans des abbayes. En poursuivant ma curiosité j’ai découvert qu’il existait un usus antiquior en phase avec le chant grégorien.
R – Maria 40 ans - J’ai eu la chance de connaitre la liturgie ancienne depuis toujours au sein de ma famille, même si je ne la pratiquais pas. Et puis un jour je suis tombé sur le site de la liturgie traditionnelle et j’ai rejoint le groupe qui essaye de la faire mieux connaitre.
João Silveira - Pourquoi avez-vous fait le choix de la messe traditionnelle ?
R – Francesco 50 ans - Lorsque j’ai assisté pour la première fois à la messe traditionnelle j’ai été immédiatement troublé comme si j’assistais au sacrifice du Calvaire. Je me suis trouvé dans une situation d’adoration que j’avais tout à fait ignorée auparavant et que je ne voulais plus perdre.
R – Jacques 30 ans – Je partage cette conviction : pour moi également la liturgie ancienne est une adoration des mystères de Dieu.
R – Paul 40 ans – Oui, tout à fait, la solennité et le mystère nous montrent l’insondable de Dieu, du Christ et de sa Passion d’une manière qui n’a rien à voir avec ce que j’ai connu lors des célébrations du Novus Ordo.
R – Pierre 30 ans – Pour ma part, J’y ressens un amour intense pour l’Eucharistie, que les prières et les signes d’adoration m’invitent à contempler.
R – Clara 20 ans – Dès que j’ai assisté pour la première fois à une liturgie traditionnelle j’y ai ressenti ce que signifiait la sainteté, et surtout la sainteté de Dieu et j’ai été immédiatement convaincue que j’avais trouvé un trésor très précieux de l’Église catholique.
R – Simon 30 ans – Ce fut pour moi comme un choc de participer humblement à genoux, de loin, au sacrifice du Christ sur la Croix. Aussi je peux me concentrer profondément sur notre Seigneur pendant la messe.
R – Jean 20 ans – Oui, dans une ambiance de sainteté et d’adoration.
R – Clement 20 ans – La liturgie traditionnelle est comme un nouveau monde spirituel pour moi. Du début à la fin de la messe, c'est le sacrifice de Jésus lui-même auquel je participe. Je peux y rencontrer Dieu de près dans le calme. Et mon âme en est ravie.
R – Kim 30 ans – Elle (la liturgie traditionnelle) m'a donné à contempler les mystères de la foi comme je ne les connaissais pas.
R – Maria 40 ans – Lors de la messe tridentine, il existe de nombreux gestes, des temps de silence qui malheureusement ne font plus partie de la messe d'aujourd'hui. Ce sont des éléments qui contiennent des significations sublimes et peuvent témoigner solennellement notre adoration devant Dieu. Et comme la messe tout entière est « construite » d’une manière belle et fixe, nous ne sommes pas dans une représentation théâtrale libre et souvent chaotique, où les risques de blasphèmes peuvent se produire. Ce qui est le plus attrayant dans la messe tridentine, c’est qu’il s’agit d’un rite riche et parfait, lissé par mille ans de pratique et d’expérience de saints de toutes les contrées du monde, qui est idéal pour nous aider à vivre et à nourrir notre foi.
João Silveira - Pensez-vous que cette liturgie puissent convenir aux catholiques coréens ?
R – Jacques 30 ans - C’est la messe célébrée par nos ancêtres catholiques pendant la période des persécutions. Alors, si elle leur a convenu et les a aidé à conserver leur foi, je suis sûr qu’elle convient parfaitement aux Coréens d' aujourd’hui et à ceux de demain.
R – Paul 40 ans – Oui c’est sa sainteté et son illustration vivante de la foi et de la doctrine catholique qui fait qu’elle convient aux Coréens.
R – Pierre 30 ans – Et c’est pour cela qu’elle peut aider à une renaissance spirituelle en Corée.
R – Simon 30 ans – Autrefois la Corée s'appelait « Choson », ce qui signifie « Matin calme ». Cela nous indique bien que le calme et le silence font partie de notre culture. Aussi une liturgie faite de silence et de contemplation correspond-elle bien à notre pays. C’est sans doute pour cela que nos ancêtres l’adoptèrent sans difficulté et y restèrent profondément attachés.
R – Kim 30 ans – Oui, et les Coréens pensent qu'il faut montrer le respect intérieur par des actes extérieurs, ce qu’illustre bien la forme extraordinaire, qui de ce fait leur convient parfaitement.
R – Jean 20 ans – Bien sûr. La Corée est une terre de martyrs. La messe célébrée jadis par les martyrs a beaucoup de signification pour nous. Et elle est très bonne pour les gens qui veulent rencontrer le Christ plus profondément.
R – Anna 50 ans – Si la liturgie traditionnelle convient aux Coréens c’est parce qu’elle convient aux catholiques de tous les pays.
R – Andrew 30 ans – Oui cette liturgie convient à tous, quelle que soit sa nationalité, pas seulement aux Coréens. Je crois que la liturgie traditionnelle est simplement tout à fait catholique.
R – Clement 20 ans - Je suis vraiment d'accord sur le fait que la liturgie traditionnelle est une très bonne liturgie, mais il y a un obstacle qui est le latin. Je pense donc que l’éducation latine de base est nécessaire pour que les fidèles catholiques coréens puissent l’adopter plus généralement.
R – Celia 30 ans – La langue et la grammaire coréennes étant très différentes du latin, ou d’ailleurs des autres langues occidentale, je pense que la liturgie traditionnelle peut difficilement remplacer le Novus Ordo, mais je suis convaincue que la liturgie traditionnelle qui a une valeur particulière pour les catholiques coréens doit pouvoir aider à rendre plus catholique la forme ordinaire.
R – Marc 40 ans - Oui vous avez raison pour le latin qui nous est très étranger mais pas plus que l’anglais, qu’utilisent désormais la totalité des Coréens qui font des études... Aussi les catholiques qui sont confrontés au latin peuvent très bien retrouver le sens des textes dans des missels. Or ces textes qui sont globalement toujours les mêmes ne seront pas un obstacle pour les Coréens qui sont très travailleurs ! Quant aux lectures, il est normal qu’elles soient lues en coréen.
R – Francesco 50 ans - Historiquement et éthiquement, les Coréens ont une passion pour la religion. Et traditionnellement nous sommes habitués aux rituels ou aux sacrifices puisque nous sommes aussi dans la culture confucéenne. Cela signifie que les Coréens ne sont pas perdus en face du ritualisme de la messe traditionnelle qui correspond bien à leur mentalité.
R – Maria 40 ans - L'Église coréenne a une histoire relativement courte et pourtant, elle a subi de nombreuses persécutions. C'est pourquoi nous avons beaucoup de martyrs, mais très peu de tradition. La messe tridentine est aujourd’hui presque inconnue des fidèles de Corée, et par manque de connaissance, mais il y a beaucoup de jeunes insatisfaits de la perte de la tradition, voire révoltés par des cas de profanation au sein de la messe qui recherchent plus de sacré et de respect dans la liturgie. A mon avis, la messe tridentine peut être une excellente solution pour les fidèles coréens qui cherchent à enrichir leur foi catholique.
João Silveira - Pensez-vous que cette liturgie peut avoir sa place dans l’œuvre de la nouvelle évangélisation ?
R – Paul 40 ans - Oui, je pense que la liturgie traditionnelle est spirituellement plus impressionnante. Elle sera donc très efficace pour la ré-évangélisation des fidèles, pour le développement de leur piété et de leur vie religieuse. Je crois aussi qu’elle est très efficacement missionnaire car elle peut montrer le vrai visage de la foi et de l’Église à ceux qui ne sont pas encore chrétiens.
R – Jacques 30 ans – Je suis sûr que l’ancienne liturgie peut jouer un rôle important pour amener les gens à retrouver la vraie foi catholique dans le monde où ils se laïcisent.
R – Suzan 20 ans – Bien sûr. Pour ma part, j’ai également la certitude que ma foi est devenue plus forte après ma découverte de la liturgie ancienne. Il est utile que les fidèles aient une foi plus forte et se rapprochent davantage du Seigneur.
R – Simon 30 ans – Le développement de la liturgie traditionnelle est une solution très souhaitable et correcte pour résoudre la crise d’identité que traverse l’Église de nos jours. Pendant la crise, nous devons retrouver l’essentiel de notre foi et demander la sagesse et l’humilité à la tradition de nos ancêtres catholiques.
R - Pierre 30 ans - L’usus antiquior qui est célébré avec beaucoup plus de solennité que le nouvel Ordo jouera un rôle important pour la nouvelle évangélisation.
R – Jean 20 ans – Je pense que les jeunes veulent être calmes et pieux comparés aux générations qui nous précèdent. Parce que les jeunes générations de Corée sont vraiment épuisées à cause de la concurrence effrénée qui existe dans la société. Ils veulent être réconfortés par Dieu dans le repos. La messe traditionnelle, qui est une cérémonie de paix et de silence, peut être une occasion d'évangélisation qui peut amener les jeunes à regarder derrière eux, à se repentir du péché et à désirer vivre une nouvelle vie.
R – Kim 30 ans – Je le crois fermement car la liturgie ancienne véhicule une longue tradition catholique et son mystère fascine et fascinera les jeunes du monde entier.
R – Francesco 50 ans – Je conviens que la messe traditionnelle a un rôle à jouer dans la nouvelle évangélisation, mais je pense que son rôle le plus important est celui de nous sanctifier.
João Silveira - À votre avis, la liturgie traditionnelle a-t-elle un avenir pour l’Église de demain ?
R –Jacques 30 ans - La sécularisation de l'église rend la situation de plus en plus difficile. Pour cela le rôle de l’antique liturgie va devenir de plus en plus important parce qu’elle est l'un des derniers rempart du vrai catholicisme.
R – Pierre 30 ans - Plus la crise de l'église se développera plus l’Église aura besoin de la liturgie traditionnelle et de contemplation.
R – Jean 20 ans - Bien sûr. La Tradition sous tous ses aspects est le futur de l’Église.
R – Francesco 50 ans – Actuellement la liturgie est tellement maltraitée et la réalité de la messe si mise à l’écart que la piété et la sainteté disparaissent. Ainsi, notre foi et notre âme s'affaiblissent et l'athéisme prévaut. Contre ce grand péril la liturgie de nos anciens peut véritablement restaurer la sainteté de l'Église catholique et guider les fidèles qui la quittent sans même s’en rendre compte et rester un phare dans la nuit du brouhaha moderne pour les non-catholiques de bonne volonté qui cherchent la vérité. Donc, je suis sûr que la liturgie traditionnelle a un avenir.
R – Maria 40 ans - La messe tridentine a un avenir, oui ! Parce qu'elle est la vraie renaissance pour l’Église et pour nos âmes.
R – Camilla 40 ans - Pour ceux qui ne la connaissent pas, la messe tridentine peut ne pas être facile à adopter, mais une fois que l’on a fait l’effort de la connaitre les profits spirituels sont immenses.
R – Clara 20 ans - Oui, je suis tout à fait sûr. Les traditions catholiques et la liturgie traditionnelle sont indispensables pour inspirer, faire vivre et transmettre la foi. Particulièrement en ces temps d'affaiblissement de la foi.