SOURCE - Golias - 27 octobre 2005
Après la rencontre de Benoït XVI avec le responsable de la Fraternité St Pie X, les services de la curie ont été mis à contribution pour réfléchir à un nouveau dispositif pour réintégrer les disciples de Mgr Lefebvre.
Enquête.
Même si les problèmes théologiques de fond sont loin d’être réglés. L’autorité du Concile Vatican II reste une pomme de discorde, malgré la possibilité caressée par Rome d’une interprétation qui en lisserait les audaces. Pour Mgr Bernard Fellay, "l’Eglise est à genoux. Il lui faudra plus d’un pontificat pour se relever" ; "Le Pape doit énoncer des principes, poser des actes qui manifestent clairement un retour à la tradition".
Ainsi, pour le prélat intégriste suisse, la nouvelle messe reste-t-elle un "poison" que les prêtres de la Fraternité doivent absolument refuser de célébrer.
Il semble d’ailleurs que l’audience accordée au théologien Hans Küng a semé la perplexité chez les intégristes. Elle demeure pour Mgr Fellay un "énorme point d’interrogation".
Il est clair que les intégristes ne se satisferont pas d’une solution à l’italienne, trop superficielle. On sait que du vivant de Mgr Lefebvre des tentatives en ce sens avaient été entreprises par les Cardinaux Oddi et Palazzini.
Pour la Fraternité Saint Pie X, l’abcès doit être crevé. Elle souhaite une clarification au sujet de la liberté religieuse et du statut des religions non-chrétiennes. Elle exige la célébration libre de l’ancienne messe. Ce dernier point semble acquis. Il n’en va pas de même d’une sorte de rétractation par rapport au Concile.
Il est certain que la Fraternité a clairement intérêt à placer la barre très haut. Plus elle exigera, plus elle aura de chance d’obtenir ce qu’elle désire.
Par ailleurs, le risque d’un schisme dans le schisme, d’une fracture en deux des courants lefebvristes, avec, à chaque fois, deux évêques meneurs (Fellay qui se rallierait à Rome et Williamson qui se tournerait vers le sédévacantisme) pèse lourdement.
Le Vatican mise en attendant sur les ralliements individuels. Il entend faire des clins d’oeil aux fidèles de cette sensibilité. Une expérience est en cours à Toulon : une paroisse non pas territoriale mais de sensibilité liturgique, avec des offices en latin, a été érigée par Mgr Dominique Rey évêque du lieu sous le contrôle du Vicaire Général du diocèse, Mgr Marc Aillet, un prêtre de la Communauté conservatrice Saint Martin, "Don Marc".
A Rome, beaucoup sont favorables à la création par le Pape d’un ordinariat indépendant non territorial (comme le diocèse aux armées ou la Prélature Opus Dei). Il serait confié à un prélat acceptable de part et d’autre, comme le très traditionaliste Père Abbé de Fontgombault, Dom Antoine Forgeot, le Secrétaire de la Commission "Ecclesia Dei", Mgr Camille Perl, l’archevêque suisse de Vaduz, Mgr Wolfgang Haas, ou encore un théologien brillant de Gricigliano (Institut du Christ Roi) Mgr Rudolf Schmitz. Ne semble pas devoir être exclue la nomination à la tête de cet ordinariat indépendant d’un prélat âgé pour un temps bref : on parle du Cardinal Castrillon lui-même (qui laisserait pour raison d’âge la Congrégation à un prélat plus jeune), de l’archevêque italien Luigi de Magistris, de Mgr Walter Brandmuller, un historien bavarois très conservateur.
Cet ordinariat pourrait incardiner des prêtres de sensibilité traditionaliste (avec célébration ou non de la messe selon Pie V), avoir un séminaire (ou plusieurs), éditer un catéchisme. Une solution rêvée pour tous ceux qui veulent donner libre cours à leur sensibilité traditionaliste sans rompre avec Rome. Une façon adroite de court-circuiter les évêques locaux, souvent considérés au Vatican aussi bien qu’ à Ecône comme les "grands gêneurs" de cette réconciliation.
Après la rencontre de Benoït XVI avec le responsable de la Fraternité St Pie X, les services de la curie ont été mis à contribution pour réfléchir à un nouveau dispositif pour réintégrer les disciples de Mgr Lefebvre.
Enquête.
Même si les problèmes théologiques de fond sont loin d’être réglés. L’autorité du Concile Vatican II reste une pomme de discorde, malgré la possibilité caressée par Rome d’une interprétation qui en lisserait les audaces. Pour Mgr Bernard Fellay, "l’Eglise est à genoux. Il lui faudra plus d’un pontificat pour se relever" ; "Le Pape doit énoncer des principes, poser des actes qui manifestent clairement un retour à la tradition".
Ainsi, pour le prélat intégriste suisse, la nouvelle messe reste-t-elle un "poison" que les prêtres de la Fraternité doivent absolument refuser de célébrer.
Il semble d’ailleurs que l’audience accordée au théologien Hans Küng a semé la perplexité chez les intégristes. Elle demeure pour Mgr Fellay un "énorme point d’interrogation".
Il est clair que les intégristes ne se satisferont pas d’une solution à l’italienne, trop superficielle. On sait que du vivant de Mgr Lefebvre des tentatives en ce sens avaient été entreprises par les Cardinaux Oddi et Palazzini.
Pour la Fraternité Saint Pie X, l’abcès doit être crevé. Elle souhaite une clarification au sujet de la liberté religieuse et du statut des religions non-chrétiennes. Elle exige la célébration libre de l’ancienne messe. Ce dernier point semble acquis. Il n’en va pas de même d’une sorte de rétractation par rapport au Concile.
Il est certain que la Fraternité a clairement intérêt à placer la barre très haut. Plus elle exigera, plus elle aura de chance d’obtenir ce qu’elle désire.
Par ailleurs, le risque d’un schisme dans le schisme, d’une fracture en deux des courants lefebvristes, avec, à chaque fois, deux évêques meneurs (Fellay qui se rallierait à Rome et Williamson qui se tournerait vers le sédévacantisme) pèse lourdement.
Le Vatican mise en attendant sur les ralliements individuels. Il entend faire des clins d’oeil aux fidèles de cette sensibilité. Une expérience est en cours à Toulon : une paroisse non pas territoriale mais de sensibilité liturgique, avec des offices en latin, a été érigée par Mgr Dominique Rey évêque du lieu sous le contrôle du Vicaire Général du diocèse, Mgr Marc Aillet, un prêtre de la Communauté conservatrice Saint Martin, "Don Marc".
A Rome, beaucoup sont favorables à la création par le Pape d’un ordinariat indépendant non territorial (comme le diocèse aux armées ou la Prélature Opus Dei). Il serait confié à un prélat acceptable de part et d’autre, comme le très traditionaliste Père Abbé de Fontgombault, Dom Antoine Forgeot, le Secrétaire de la Commission "Ecclesia Dei", Mgr Camille Perl, l’archevêque suisse de Vaduz, Mgr Wolfgang Haas, ou encore un théologien brillant de Gricigliano (Institut du Christ Roi) Mgr Rudolf Schmitz. Ne semble pas devoir être exclue la nomination à la tête de cet ordinariat indépendant d’un prélat âgé pour un temps bref : on parle du Cardinal Castrillon lui-même (qui laisserait pour raison d’âge la Congrégation à un prélat plus jeune), de l’archevêque italien Luigi de Magistris, de Mgr Walter Brandmuller, un historien bavarois très conservateur.
Cet ordinariat pourrait incardiner des prêtres de sensibilité traditionaliste (avec célébration ou non de la messe selon Pie V), avoir un séminaire (ou plusieurs), éditer un catéchisme. Une solution rêvée pour tous ceux qui veulent donner libre cours à leur sensibilité traditionaliste sans rompre avec Rome. Une façon adroite de court-circuiter les évêques locaux, souvent considérés au Vatican aussi bien qu’ à Ecône comme les "grands gêneurs" de cette réconciliation.