SOURCE - Romano Libero - Golias - 20 septembre 2010
A dire vrai, il ne nous a jamais inspiré une grande sympathie. Homme d’appareil, autoritaire, maladroit et cassant, l’actuel évêque d’Evreux, Mgr Christian Nourrichard, n’a pas grand chose de commun avec son prédécesseur Jacques Gaillot. Pourtant il fait aujourd’hui l’objet d’un procès d’intention particulièrement féroce de la part des courants intégristes et ultra-conservateurs pour avoir assisté, en mitre et en crosse - oecuménisme oblige - à une ordination de femmes dans l’anglicanisme.
Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. En raison de l’attitude de Nourrichard face au curé de Thiberville c’est l’appel à la curée qui a été lancé...Mgr d’Evreux est devenu l’homme à abattre. Des pétitions commencent à circuler exigeant de Rome sa destitution.
Né le 24 mai 1948, Nourrichard a été ordonné prêtre le 23 Juin 1974 puis nommé évêque le 22 Octobre 2005. Comme le note notre confrère Perepiscopus, il est donc "un pur produit de la tourmente post-conciliaire". Formé qui plus est par l’Action catholique et par la pédagogie religieuse. Gravissant peu à peu les échelons. Protégé par Mgr Joseph Duval, son archevêque à Rouen qui était aussi le Président de la Conférence des évêques de France.
Les milieux intégristes ont pris en grippe dès son arrivée à Evreux. Avait été organisée, on s’en souvient une « fête du peuple de Dieu », dans la salle omnisports d’Evreux. Perepiscopus revient sur cet évènement : "Lors de la procession des offrandes fut apporté devant l’autel un monceau de cadeaux, dont une grande pièce de tissu vert, avec la représentation des mosquées de Médine et de La Mecque et la Chahada, la « profession de foi » musulmane". De quoi se faire des amis du côté tradi.
La gouvernance épiscopale de Nourrichard n’est certes pas des plus heureuse. Cassant, il prend ses décisions sans assez de concertation. Par ailleurs, si le curé de Thiberville, l’abbé Michel, incarne un ultra-conservatisme royaliste et liturgiquement figé, à nos yeux insupportable et caricatural, il est certain que l’évêque n’a pas fait toujours preuve d’une grande souplesse. Même les prêtres de tendance progressiste ne sont guère contents, en général, de cet évêque apparatchik.
Pour autant, cela ne légitime en rien le procès d’intention fait aujourd’hui à ce prélat. Son diocèse d’Evreux est jumelé avec le diocèse anglican de Salisbury et il est normal que les évêques des deux diocèses entretiennent des relations communes. Y compris en participant à des cérémonies. Christian Nourrichard a d'ailleurs été nommé en octobre 2009 chanoine honoraire de ce diocèse. Il a participé le 3 juillet dernier à des ordinations, en habit de choeur, sans concélébrer au sens strict du terme. Un geste de courtoisie et de fraternité.
Évidemment les intégristes entendent bien s’en servir pour dénoncer "l’infâme" évêque moderniste. Nous en tirons pour notre part deux conclusions.
En premier lieu, loin de revendiquer simplement une place et le respect, les courants intégristes entendent bien semer le trouble et empêcher les conciliaires de tourner en rond. On pourrait même dire familièrement leur "bousiller l’existence". Cela est particulièrement vrai en France où la proportion de cette tendance dure est plus forte qu’ailleurs.
En second lieu, opposer aux revendications intégristes une attitude cléricale et autoritaire, comme le font NN SS Nourrichard, Hubert Herbreteau (Agen) ou Jean-Luc Bouilleret (Amiens) n’est pas très efficace, même si l’on peut comprendre l’exaspération légitime de ces prélats. Par là, les évêques concernés se placent eux-même sur le terrain de leur adversaire qui en profite. On trouve toujours la faille dans l’orthodoxie ou le respect de la discipline chez l’autre, la paille que l’on pointe du doigt.
Nos évêques seraient bien mieux inspirés de laisser souffler en liberté l’esprit de Vatican II réduit souvent à une demi-mesure. Et le vent finit par emporter les feuilles mortes.
A dire vrai, il ne nous a jamais inspiré une grande sympathie. Homme d’appareil, autoritaire, maladroit et cassant, l’actuel évêque d’Evreux, Mgr Christian Nourrichard, n’a pas grand chose de commun avec son prédécesseur Jacques Gaillot. Pourtant il fait aujourd’hui l’objet d’un procès d’intention particulièrement féroce de la part des courants intégristes et ultra-conservateurs pour avoir assisté, en mitre et en crosse - oecuménisme oblige - à une ordination de femmes dans l’anglicanisme.
Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. En raison de l’attitude de Nourrichard face au curé de Thiberville c’est l’appel à la curée qui a été lancé...Mgr d’Evreux est devenu l’homme à abattre. Des pétitions commencent à circuler exigeant de Rome sa destitution.
Né le 24 mai 1948, Nourrichard a été ordonné prêtre le 23 Juin 1974 puis nommé évêque le 22 Octobre 2005. Comme le note notre confrère Perepiscopus, il est donc "un pur produit de la tourmente post-conciliaire". Formé qui plus est par l’Action catholique et par la pédagogie religieuse. Gravissant peu à peu les échelons. Protégé par Mgr Joseph Duval, son archevêque à Rouen qui était aussi le Président de la Conférence des évêques de France.
Les milieux intégristes ont pris en grippe dès son arrivée à Evreux. Avait été organisée, on s’en souvient une « fête du peuple de Dieu », dans la salle omnisports d’Evreux. Perepiscopus revient sur cet évènement : "Lors de la procession des offrandes fut apporté devant l’autel un monceau de cadeaux, dont une grande pièce de tissu vert, avec la représentation des mosquées de Médine et de La Mecque et la Chahada, la « profession de foi » musulmane". De quoi se faire des amis du côté tradi.
La gouvernance épiscopale de Nourrichard n’est certes pas des plus heureuse. Cassant, il prend ses décisions sans assez de concertation. Par ailleurs, si le curé de Thiberville, l’abbé Michel, incarne un ultra-conservatisme royaliste et liturgiquement figé, à nos yeux insupportable et caricatural, il est certain que l’évêque n’a pas fait toujours preuve d’une grande souplesse. Même les prêtres de tendance progressiste ne sont guère contents, en général, de cet évêque apparatchik.
Pour autant, cela ne légitime en rien le procès d’intention fait aujourd’hui à ce prélat. Son diocèse d’Evreux est jumelé avec le diocèse anglican de Salisbury et il est normal que les évêques des deux diocèses entretiennent des relations communes. Y compris en participant à des cérémonies. Christian Nourrichard a d'ailleurs été nommé en octobre 2009 chanoine honoraire de ce diocèse. Il a participé le 3 juillet dernier à des ordinations, en habit de choeur, sans concélébrer au sens strict du terme. Un geste de courtoisie et de fraternité.
Évidemment les intégristes entendent bien s’en servir pour dénoncer "l’infâme" évêque moderniste. Nous en tirons pour notre part deux conclusions.
En premier lieu, loin de revendiquer simplement une place et le respect, les courants intégristes entendent bien semer le trouble et empêcher les conciliaires de tourner en rond. On pourrait même dire familièrement leur "bousiller l’existence". Cela est particulièrement vrai en France où la proportion de cette tendance dure est plus forte qu’ailleurs.
En second lieu, opposer aux revendications intégristes une attitude cléricale et autoritaire, comme le font NN SS Nourrichard, Hubert Herbreteau (Agen) ou Jean-Luc Bouilleret (Amiens) n’est pas très efficace, même si l’on peut comprendre l’exaspération légitime de ces prélats. Par là, les évêques concernés se placent eux-même sur le terrain de leur adversaire qui en profite. On trouve toujours la faille dans l’orthodoxie ou le respect de la discipline chez l’autre, la paille que l’on pointe du doigt.
Nos évêques seraient bien mieux inspirés de laisser souffler en liberté l’esprit de Vatican II réduit souvent à une demi-mesure. Et le vent finit par emporter les feuilles mortes.