SOURCE - Andrea Tornielli - Sacri Palazzi / version française benoit-et-moi.fr - 12 décembre 2011
Sur Vatican Insider, je viens de publier un article sur la réponse imminente de Mgr Fellay qui, en Septembre dernier, avait présenté aux lefebvristes un préambule doctrinal auquel souscrire.
Fellay qui, déjà dans les semaines précédentes, avait dit qu'il ne pouvait accepter le préambule tel qu'il est, est revenu sur le sujet dans sa longue homélie (1) à l'occasion du 8 Décembre, fête de l'Immaculée. «Vous avez entendu qu'il y a une proposition de Rome, qui nous dit "nous sommes prêts à vous reconnaître", mais le problème est qu'il y a toujours une condition. Cette condition, quelle que soit la façon dont on la formule, est au fond toujours la même: il faut accepter le Concile Vatican II. En résumé, la situation actuelle est la suivante: ils ont dit: "Oui, vous pouvez critiquer le Concile, mais à une condition: que, toutefois, vous l'acceptiez. Mais nous disons: "Comment peut-on critiquer a posteriori?" Je pense que c'est un bon résumé de la situation actuelle».
«L'esprit du monde - a dit Fellay lors de l'homélie du 8 Décembre - s'est introduit dans l'Église. Alors nous devons nous battre non seulement contre les ennemis extérieurs, mais contre un esprit qui s'est insinué dans l'Église catholique. Ce changement, l'intromission de cet esprit, s'est vérifié depuis le Concile Vatican II. C'est un grand mystère, c'est comme si le diable avait mis un pied dans un sanctuaire. C'est quelque chose qui fait frissonner». «C'est comme une maladie - a ajouté l'évêque - qui se serait introduite dans le corps». Selon le Supérieur de la Fraternité, on en est arrivé à un point qui «montre la profondeur du problème». Et «nous devons reconnaître qu'il y a eu un geste de Rome vers nous». «Mais si Rome nous dit d'accepter, de toutes façons, nous ne le pouvons pas». L'évêque lefebvriste affirme donc que le problème pour l'Eglise, ce n'est pas la dissidence de la Fraternité, mais la présence d'un esprit non catholique qui s'est insinué dans l'Église.
Les mots de Fellay font écho à ceux prononcés par Paul VI - un Pape sans doute pas aimé par les lefebvristes - qui, dans une homélie de 1972 avait dit: «La fumée de Satan est entrée dans le temple de Dieu. On croyait qu'après le Concile serait venue une journée de soleil dans l'histoire de l'Eglise. Il est venu au contraire un jour de nuages, de tempête, de ténèbres » (Voir sur ce discours ici: Année de la foi et Credo du peuple de Dieu). Et dans une conversation avec son ami philosophe Jean Guitton, il disait: «Ce qui me frappe, quand je considère le monde catholique, c'est qu'au sein du catholicisme semble parfois prédominer une pensée non catholique, et il se pourrait que demain, cette pensée devienne la plus forte. Mais elle ne représentera jamais la pensée de l'Eglise. Il faut qu'il subsiste un petit troupeau, aussi petit qu'il soit».
La différence réside dans le fait que, tandis que le Pape parlait de cette intromission dans l'ère de l'après-Concile, au milieude la contestation et de la crise, Fellay et la Fraternité attribuent toute la responsabilité au Concile.
Il faudra attendre quelques jours pour l'arrivée de la réponse des lefebvristes, qui ont pris tout le temps qu'ils jugeaient nécessaires. Mais maintenant Fellay doit prendre position.
J'ajouter un commentaire personnel, qui ne figure pas dans l'article sur Vatican Insider: Fellay est en train de dire - et il est donc concevable que ce sera sa réponse - que la Fraternité ne peut accepter le Concile. Certains des siens affirment que l'accord ne se fera pas en raison de la confusion qui règne dans une Église qui ne demande l'obéissance qu'aux lefebvristes, et pas à tous les autres.
Je pense personnellement que si la réponse Fellay sera dilatoire, ou demandera des modifications irrecevable par le Saint-Siège (ce que semble annoncer les sorties publiques du Supérieur et l'air que l'on respire à la Fratenité), le motif adopté sera la pureté de la foi et la préservation de la tradition authentique (dont les lefebvristes se sentent gardiens légitimes, au point de juger à ce sujet le Pape et le Magistère). Mais je pense aussi que la vraie, la réelle difficulté, est représentée par les positions les plus radicales exprimées au sein de la Fraternité elle-même, où un groupe consistant n'a pas l'intention de revenir à la pleine communion avec Rome parce que - au fond - il considère que Rome n'est plus en communion avec la tradition catholique.
J'espère sincèrement qu'il n'en sera pas ainsi et que les nombreuses, répétées, et courageuses ouvertures du pape Benoît XVI, les mains tendues, et la volonté démontrée, puissent arriver à une solution positive. Je me suis demandé ces jours-ci ce que ferait Mgr Lefebvre s'il était encore à la tête de la Fraternité, en face de la proposition de Rome, après la libéralisation du missel ancien et l'offre d'une structure canonique qui permet l'autonomie du groupe traditionaliste.
Je suis convaincu (mais c'est une opinion très personnelle) qu'il aurait dit oui depuis longtemps, heureux de ramener en pleine communion avec le Pape la Fraternité saint Pie X. Espérons que ce qui l'emportera, c'est le désir de communion avec le Successeur de Pierre et pas les convictions de ceux qui pensent que celle du Concile Vatican II, de Paul VI, Jean Paul I et II, et Benoît XVI, est une religion différente de celle professée jusqu'en 1962.
Sur Vatican Insider, je viens de publier un article sur la réponse imminente de Mgr Fellay qui, en Septembre dernier, avait présenté aux lefebvristes un préambule doctrinal auquel souscrire.
Fellay qui, déjà dans les semaines précédentes, avait dit qu'il ne pouvait accepter le préambule tel qu'il est, est revenu sur le sujet dans sa longue homélie (1) à l'occasion du 8 Décembre, fête de l'Immaculée. «Vous avez entendu qu'il y a une proposition de Rome, qui nous dit "nous sommes prêts à vous reconnaître", mais le problème est qu'il y a toujours une condition. Cette condition, quelle que soit la façon dont on la formule, est au fond toujours la même: il faut accepter le Concile Vatican II. En résumé, la situation actuelle est la suivante: ils ont dit: "Oui, vous pouvez critiquer le Concile, mais à une condition: que, toutefois, vous l'acceptiez. Mais nous disons: "Comment peut-on critiquer a posteriori?" Je pense que c'est un bon résumé de la situation actuelle».
«L'esprit du monde - a dit Fellay lors de l'homélie du 8 Décembre - s'est introduit dans l'Église. Alors nous devons nous battre non seulement contre les ennemis extérieurs, mais contre un esprit qui s'est insinué dans l'Église catholique. Ce changement, l'intromission de cet esprit, s'est vérifié depuis le Concile Vatican II. C'est un grand mystère, c'est comme si le diable avait mis un pied dans un sanctuaire. C'est quelque chose qui fait frissonner». «C'est comme une maladie - a ajouté l'évêque - qui se serait introduite dans le corps». Selon le Supérieur de la Fraternité, on en est arrivé à un point qui «montre la profondeur du problème». Et «nous devons reconnaître qu'il y a eu un geste de Rome vers nous». «Mais si Rome nous dit d'accepter, de toutes façons, nous ne le pouvons pas». L'évêque lefebvriste affirme donc que le problème pour l'Eglise, ce n'est pas la dissidence de la Fraternité, mais la présence d'un esprit non catholique qui s'est insinué dans l'Église.
Les mots de Fellay font écho à ceux prononcés par Paul VI - un Pape sans doute pas aimé par les lefebvristes - qui, dans une homélie de 1972 avait dit: «La fumée de Satan est entrée dans le temple de Dieu. On croyait qu'après le Concile serait venue une journée de soleil dans l'histoire de l'Eglise. Il est venu au contraire un jour de nuages, de tempête, de ténèbres » (Voir sur ce discours ici: Année de la foi et Credo du peuple de Dieu). Et dans une conversation avec son ami philosophe Jean Guitton, il disait: «Ce qui me frappe, quand je considère le monde catholique, c'est qu'au sein du catholicisme semble parfois prédominer une pensée non catholique, et il se pourrait que demain, cette pensée devienne la plus forte. Mais elle ne représentera jamais la pensée de l'Eglise. Il faut qu'il subsiste un petit troupeau, aussi petit qu'il soit».
La différence réside dans le fait que, tandis que le Pape parlait de cette intromission dans l'ère de l'après-Concile, au milieude la contestation et de la crise, Fellay et la Fraternité attribuent toute la responsabilité au Concile.
Il faudra attendre quelques jours pour l'arrivée de la réponse des lefebvristes, qui ont pris tout le temps qu'ils jugeaient nécessaires. Mais maintenant Fellay doit prendre position.
J'ajouter un commentaire personnel, qui ne figure pas dans l'article sur Vatican Insider: Fellay est en train de dire - et il est donc concevable que ce sera sa réponse - que la Fraternité ne peut accepter le Concile. Certains des siens affirment que l'accord ne se fera pas en raison de la confusion qui règne dans une Église qui ne demande l'obéissance qu'aux lefebvristes, et pas à tous les autres.
Je pense personnellement que si la réponse Fellay sera dilatoire, ou demandera des modifications irrecevable par le Saint-Siège (ce que semble annoncer les sorties publiques du Supérieur et l'air que l'on respire à la Fratenité), le motif adopté sera la pureté de la foi et la préservation de la tradition authentique (dont les lefebvristes se sentent gardiens légitimes, au point de juger à ce sujet le Pape et le Magistère). Mais je pense aussi que la vraie, la réelle difficulté, est représentée par les positions les plus radicales exprimées au sein de la Fraternité elle-même, où un groupe consistant n'a pas l'intention de revenir à la pleine communion avec Rome parce que - au fond - il considère que Rome n'est plus en communion avec la tradition catholique.
J'espère sincèrement qu'il n'en sera pas ainsi et que les nombreuses, répétées, et courageuses ouvertures du pape Benoît XVI, les mains tendues, et la volonté démontrée, puissent arriver à une solution positive. Je me suis demandé ces jours-ci ce que ferait Mgr Lefebvre s'il était encore à la tête de la Fraternité, en face de la proposition de Rome, après la libéralisation du missel ancien et l'offre d'une structure canonique qui permet l'autonomie du groupe traditionaliste.
Je suis convaincu (mais c'est une opinion très personnelle) qu'il aurait dit oui depuis longtemps, heureux de ramener en pleine communion avec le Pape la Fraternité saint Pie X. Espérons que ce qui l'emportera, c'est le désir de communion avec le Successeur de Pierre et pas les convictions de ceux qui pensent que celle du Concile Vatican II, de Paul VI, Jean Paul I et II, et Benoît XVI, est une religion différente de celle professée jusqu'en 1962.