Abbé Philippe Laguérie : « Cette industrieuse générosité qui ne ferme jamais aucune porte pourvu que l'on puisse l'ouvrir sur l'Evangile » ("Des prêtres pour l'Eglise romaine") |
Nouvelle revue CERTITUDES - juin 2001 - n°6 |
Contribution publiée dans le cadre de l'enquête dirigée par l'Abbé de Tanoüarn Qu'est-ce que cette romanité dont Mgr Lefebvre parlait si souvent ? Evitons de faire de la romanité une ambiance, un parfum (encens, bien sûr) un esprit même, volatile et élastique, bref un sentiment. La Romanité est la Foi catholique elle-même lorsqu'elle travaille à tout instaurer dans le Christ. Il faut les deux ; la foi et la volonté de tout instaurer dans le Christ. Rome n'a plus aucune romanité par la raison qu'elle sert l'homme et non plus le Christ. Nous qui voulons « ramener toute intelligence au service du Christ », sachons garder cette industrieuse ingéniosité qui ne ferme jamais aucune porte pourvu qu'on puisse l'ouvrir sur l'Evangile. La Romanité est un entonnoir spirituel : il ramasse tout, mais ce qui en sort est parfaitement catholique. Comment caractérisez-vous les sacres de 1988 ? Les sacres de 1988, c'est la liberté. Laquelle consiste dans le choix des moyens — comme chacun sait— étant sauf l'ordre de la fin. Nous ne sommes rien de plus que nous n'étions avant ; mais Mgr Lefebvre nous a donné le moyen de rester catholiques tout à fait, sans peur du lendemain. À ceux qui comparent les négociations de la Fraternité Saint Pie X aujourd'hui avec celles de la Fraternité Saint Pierre, je dis seulement qu'ils n'ont pas compris les sacres. Les sacres n'assurent pas notre unité, c'est la foi qui s'en charge. Le trésor de la Fraternité Saint Pie X, c'est la liberté qu'elle donne à ses prêtres de se mouvoir dans la Foi. Le pire obstacle à cette liberté eût été d'avoir peur, en 1988. Cela dit, on l'aura compris, les sacres relèvent du moyen. À nous de profiter de ce moyen, plutôt que d'en ressasser la possession. La Fraternité Saint-Pie X est-elle une avant-garde ou une arrière-garde dans le combat catholique aujourd'hui ? Arrière-garde, c'est humiliant. Avant-garde, c'est faux. Je dirai plutôt l'aiguillon dans la chair. Cette chose dont l'église conciliaire voudrait se débarrasser à tout prix, mais que Dieu maintient pour la corriger, l'humilier... la ramener à un devoir. La Fraternité a(vait) deux options à cet égard : piquer sans cesse, comme peut faire un aiguillon. « Reprend, menace, exhorte... », comme dit saint Paul à Timothée. Ou bien, deuxième option, faire sa place au soleil pour croître et vaincre le mal par l'abondance du bien. Elle n'a plus fait depuis dix ans ce travail de dénonciation publique. Il ne lui reste plus que la deuxième option et ceux qui conseillent aujourd'hui la première (qu'ils n'ont pas faite) arrivent dix ans trop tard, et donnent des conseils qu'ils n'ont pas suivis. Nous payons le silence des années 90... Profitons au moins de la grâce de l'an 2000. |
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