9 novembre 2006

Fin de la 43e Assemblée plénière des évêques de France
La messe dite de "saint Pie V" en toile de fond
9 novembre 2006 - APIC - http://www.kipa-apic.ch/
France: Fin de la 43e Assemblée plénière des évêques de France
La messe dite de "saint Pie V" en toile de fond
Lourdes, 9 novembre 2006 (Apic) La 43e Assemblée plénière de la Conférence des évêques de France (CEF), commencée le 4 novembre à Lourdes sous la présidence du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, s'est achevée jeudi avec le message de clôture du cardinal Ricard, président de la CEF. Quelque 130 évêques ont participé à cette rencontre.
Les évêques de France ont notamment annoncé jeudi la mise en place d'un groupe de travail sur "catholiques et musulmans dans la France d'aujourd'hui", dont la présidence a été confiée à Mgr Michel Dubost, évêque d'Evry.
L'actualité autour du futur "motu proprio" et de la messe en latin ont bien entendu occupé une partie du discours du président de la Conférence des évêques de France. "Durant notre Assemblée, nous sommes revenus sur deux événements qui ont marqué notre actualité ecclésiale récente: la création de l’Institut du Bon Pasteur et l’information donnée par la presse de la publication prochaine d’un motu proprio qui élargirait les conditions mises à la célébration de la messe dite de 'saint Pie V'", a déclaré le cardinal. Ce dernier se dit "conscient" de l’émotion que ces deux nouvelles ont provoquée chez bien des prêtres, diacres et laïcs des diocèses de France.
Dans un message inhabituel, adressé au cardinal Ricard, les évêques de France ont manifesté leur soutien à leur président, Mgr Ricard, pour mener "dans la vérité et la charité" une réconciliation avec les intégristes, en soulignant qu'ils attendent de ceux-ci "un geste d'assentiment sans équivoque" à l'Eglise d'aujourd'hui.
Le président de la CEF a pour sa part résumé "le fruit de nos échanges et les convictions qui se sont exprimées lors de notre Assemblée": les évêques de France expriment leur profonde communion avec le pape Benoît XVI. "Il sait qu’il peut compter sur notre collaboration fraternelle et l’aide de notre prière"; les prélats affirment partager le souci de travailler à "l’unité de l’Eglise et d’offrir un chemin de réconciliation à tous ceux qui, à la suite de Mgr Lefebvre, ont quitté la pleine communion avec le Siège de Pierre. En ce sens, "nous portons dans notre prière cette œuvre de réconciliation qui est un fruit de l’Esprit".
Selon le cardinal, les évêques de France ont la conviction que "cette œuvre ne pourra se faire qu’en redécouvrant ensemble la réalité sacramentelle de l’Eglise et qu’en accueillant, avec humilité et simplicité, la fraternité chrétienne comme un don de Dieu". Les évêques réaffirment enfin que l’enseignement du Concile et le dynamisme apostolique qu’il a impulsé à toute l’Eglise restent la "'boussole' qui oriente notre marche", même si, ajoute le cardinal, le Concile Vatican II est encore à recevoir. "Il faut toujours vérifier que son souffle anime bien en profondeur la vie et le fonctionnement de nos communautés chrétiennes. Il s’agit de vérifier également que l’on ne met pas sous son patronage des façons de vivre, de penser, de célébrer ou de s’organiser qui n’ont rien à voir avec lui".
Différends liturgiques et théologiques
Et le président de la CEF de poursuivre au sujet du même chapitre: "Nous savons bien que les différends avec les fidèles qui ont suivi Mgr Lefebvre dans son "non" à Rome ne sont pas d’abord liturgiques, mais théologiques – autour de la liberté religieuse, de l’œcuménisme, du dialogue interreligieux – et politiques. Mais nous ne voulons pas pour autant minimiser l’importance de la liturgie qui est au cœur de la vie ecclésiale". Et d'assurer que les prélats français entendent poursuivre l’accueil de ceux qui gardent un attachement à la messe dite de "saint Pie V". "Une diversité est possible. Mais celle-ci doit être régulée. Il en va de l’unité de la liturgie et de l’unité de l’Eglise".
Décisions des évêques
Au cours de cette Assemblée, les évêques ont pris un certain nombre de décisions: la création d'un Observatoire Foi et culture; la mise en place de deux nouveaux groupes de travail: "Catholiques et musulmans dans la France d'aujourd'hui" et "La formation des futurs prêtres". Les évêques se sont encore demandé comment l'enseignement catholique, victime de son succès puisqu'il refuse des milliers d'élèves, peut conserver son "caractère propre" et s'il faut renforcer son identité religieuse alors qu'il doit continuer à accueillir tous les enfants.
Les prélats, qui entamaient une réflexion sur le sujet pour la première fois depuis dix ans, reprendront le dossier au printemps. L'enseignement catholique représente 97% de l'enseignement privé et scolarise en moyenne 19% des élèves mais parfois plus. Dans le diocèse de Laval, la proportion grimpe ainsi à près de 40%, selon Mgr Armand Maillard. A ce propos, Mgr Ricard a souligné "deux extrêmes" à éviter: "un établissement catholique qui n'a plus vraiment de référence chrétienne et se contente de 'valeurs humanistes'", ou bien "une école uniquement confessionnelle prête à n'accepter que des enfants d'un certain type de famille". "Nous avons besoin de la collaboration de tous – communauté éducative, familles, enfants et jeunes – pour continuer à réaliser le projet de l’Enseignement catholique, avec sa vocation propre et au bénéfice de toute la société", a encore dit le cardinal.
Prêtres et laïcs
Le ministère des prêtres a également été au centre du discours de clôture du président de la CEF. "Beaucoup de prêtres ont découvert la richesse de leurs collaborations avec des diacres, des laïcs, des communautés religieuses. Il ne s’agit pas d’un transfert de tâches, mais bien d’une collaboration à la même mission, dans le respect de la spécificité de chacun. Nous pressentons encore combien les communautés chrétiennes sont appelées à avancer pour que la charge de cette mission soit réellement portée par tous. Avec les prêtres, nous n’échapperons pas également au nécessaire discernement pour hiérarchiser les tâches de leur ministère en fonction de la mission concrète qui est la leur aujourd’hui". APIC

Encadré
Le message des évêques au président de la CEF
Dans leur message adressé au cardinal Ricard, les évêques de France tiennent à leur tour à exprimer leur communion avec le pape Benoît XVI. Avec lui, ils reconnaissent "les richesses de l’enseignement du concile Vatican II, fruit de la Tradition vivante de l’Eglise". Avec lui aussi, "ils souhaitent poursuivre l’accueil des divers fidèles du Christ attachés aux formes liturgiques antérieures à ce Concile", et partagent "le désir de la réconciliation des prêtres et des laïcs qui se sont séparés de la communion ecclésiale après ce Concile".
Les évêques, poursuit le communiqué publié au terme de l'Assemblée, "attendent de la part de ces fidèles un geste d’assentiment sans équivoque aux enseignements du Magistère authentique de l’Église. L’histoire française a sa propre complexité; la question liturgique n’est pas la seule source des difficultés. Dans sa Tradition, l’Eglise a toujours associé la liturgie à sa foi". Les évêques affirment enfin leur attachement à la rénovation liturgique voulue par le concile Vatican II, dont la mise en œuvre, "toujours à promouvoir", témoigne de la fidélité de tant de prêtres et de communautés.
Les évêques ont en conclusion procédé à de nombreuses nominations au sein des diverses commissions épiscopales et conseils.
(apic/com/pr)
09.11.2006 - Apic