La messe en latin n'est pas pour demain |
5 novembre 2006 - AFP |
Les évêques français se sont vu assurer que l'Eglise catholique garde le cap des réformes engagées depuis plus de quarante ans et qu'il n'y aurait pas de libéralisation arbitraire ni immédiate de la messe traditionnelle en latin. Le cardinal Jean-Pierre Ricard, reçu récemment par Benoît XVI de même que le cardinal Jean-Marie Lustiger, a confirmé samedi à l'ouverture de l'assemblée plénière des évêques qui se tient jusqu'à jeudi à Lourdes (Hautes-Pyrénées), qu'un "motu proprio" (décret personnel du pape) était en préparation à ce sujet mais a souligné qu'"il n'a pas été signé". "La décision de libéraliser pour les prêtres la possibilité de dire la messe selon le missel de 1962 (ndlr: avant Vatican II) n'a pas encore été prise", a déclaré Mgr Ricard. Le projet "va faire l'objet de consultations diverses" et "nous pouvons faire part, dès maintenant, de nos craintes et de nos souhaits", a-t-il ajouté. L'Eglise de France est en émoi depuis que des sources concordantes à Rome ont confirmé début octobre un projet pour libéraliser la célébration de la messe traditionnelle - en latin, le prêtre tournant le dos aux fidèles - dite tridentine car ce rite avait été fixé au concile de Trente en 1563. L'annonce survenait un mois après l'autorisation donnée à cinq intégristes d'installer un institut à Bordeaux - le diocèse de Mgr Ricard - en échange de leur ralliement au pape. Plusieurs évêques, notamment ceux des provinces ecclésiastiques de Rouen et de Besançon, ont déjà manifesté publiquement leurs inquiétudes de voir abandonnée la "boussole" de Vatican II (1962-65). Le projet de "motu proprio" ne vise pas à critiquer Vatican II ni à "procéder à une réforme de la réforme liturgique", a insisté Mgr Ricard, mais tient à la volonté du pape "de faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin au schisme lefebvriste" et tendre la main "au moins à ceux qui sont de bonne volonté". Cela "ne saurait remettre en question le travail pastoral de l'ensemble", a souligné Mgr Ricard. "Non, l'Eglise ne change pas de cap. Contrairement aux intentions que certains lui prêtent, le pape Benoît XVI n'entend pas revenir sur le cap que le concile Vatican II a donné à l'Eglise", a-t-il affirmé. Il a néanmoins évoqué une "occasion pour nous en France de faire une relecture paisible de notre réception du concile", non pas "idéologique" mais "spirituelle". La France, pays d'origine du schisme intégriste de Mgr Marcel Lefebvre qui a rompu avec le Vatican en 1988, abrite un fort noyau des quelque 150.000 catholiques schismatiques estimés actuellement dans le monde. C'est aussi le pays où les catholiques ont été secoués voilà onze ans par "l'affaire Gaillot", du nom de l'ancien évêque d'Evreux Mgr Jacques Gaillot relevé de ses fonctions après des prises de position contestataires et médiatisées. "Le discours de Mgr Ricard a été apprécié: il nous invite à ne pas imaginer l'avenir mais à prendre le temps, il n'y a pas de précipitation à avoir", a dit à l'AFP Mgr Philippe Gueneley, évêque de Langres (Haute-Marne) et membre de la commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle. "Peut être que nous aurions dû être mis au courant davantage", a poursuivi Mgr Gueneley. "Le risque que nous avions perçu est qu'il y ait des divisions dans les diocèses. Là, il s'agit de poursuivre la route ensemble de manière à prendre une décision qui convienne le mieux à la communion dans les diocèses". |
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