Messe en latin : Benoît XVI prend son temps |
06 novembre 2006 - Hervé Yannou - Le Figaro - lefigaro.fr |
Le projet d'instaurer un double rite est reporté. Le Pape semble avoir été sensible aux réticences exprimées par plusieurs évêques français. BENOÎT XVI a entendu les évêques français. Le cardinal Jean-Pierre Ricard a pu rassurer ses confrères, samedi, en ouverture de l'assemblée de la Conférence des évêques sur la future « libéralisation » de la messe tridentine. Elle est reportée. « Le Motu proprio annoncé n'est pas encore signé et son projet fera l'objet de consultations diverses », a ainsi déclaré le président des évêques de France. Il a aussi évoqué « le désir de Benoît XVI de faire tout ce qui est en son pouvoir pour mettre fin au schisme lefevbriste », tout en soulignant que « contrairement aux intentions que certains lui prêtent, le Pape n'entendait pas revenir sur le cap que le Concile Vatican II a donné à l'Église ». Ces assurances, il les tient de Benoît XVI qui l'a reçu pendant quarante minutes le 26 octobre. « Pour l'instant, rien n'a été fait au Vatican. » Si les journaux ont pu annoncer la publication du décret, le cardinal Ricard a assuré à l'agence i.media qu'il s'agissait seulement d'« une suggestion du cardinal Castrillon Hoyos (en charge du dossier des intégristes au Vatican) en réponse aux exigences de Mgr Fellay (le responsable de la Fraternité Saint-Pie X et chef de file des intégristes) concernant la libéralisation du rite tridentin et la levée des excommunications ». Le Pape l'a assuré que « le travail et la réflexion sont encore à faire » et que la nature du document n'était même pas encore précisée. Bref, l'émoi des évêques français ne serait dû qu'à un projet du cardinal colombien, considéré comme trop favorable aux intégristes, et aux publications intempestives de la presse. Pourtant, au mois d'octobre, le Vatican avait officieusement confirmé l'existence du décret, dont la date de publication n'avait pas alors été précisée. Prérogatives des évêques Les Français ont-ils fait reculer Benoît XVI ? Les cardinaux Jean-Marie Lustiger, Jean-Pierre Ricard et l'archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, en se succédant à Rome, ont averti le Pape des conséquences ecclésiales, doctrinales, voire politiques, de ses projets. Benoît XVI en avait déjà été informé par des cardinaux de curie. La conférence épiscopale américaine avait aussi fait connaître son inquiétude. L'argument juridique souvent avancé est que le Pape remettrait en cause les prérogatives des évêques, s'il devait lever leur autorisation préalable à la célébration selon l'ancien rite. Les Français ont donc été entendus, contrairement au mois de septembre où l'Institut du Bon Pasteur regroupant d'anciens membres de la Fraternité Saint-Pie X avait été créé à leur insu. Benoît XVI ne saurait renoncer à ses projets, mais il prend son temps et écoutera les doléances. De leur côté, les traditionalistes restent déterminés. La Fraternité Saint-Pie X parle de « tentatives d'intimidation de la part des évêques et des journalistes ». Quant aux responsables de l'Institut du Bon Pasteur, ils sont venus à Rome pour demander au cardinal Castrillon d'ordonner leurs premiers prêtres, et pour obtenir une église dans la capitale du catholicisme. |
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