4 février 2009





Le réveil des catholiques
04.02.09 - Olivier Nouaillas - lavie.fr
Comme une vague que rien – ni les communiqués embarrassés, ni les mises au point tardives, ni même les déclarations plus fermes – ne peut arrêter. Depuis que nous avons mis en ligne, mardi 27 janvier, l’appel des 50 intellectuels catholiques « Non aux négationnistes dans l’Église », des milliers de signatures nous sont parvenues sur notre site. Sans compter les centaines de lettres que nous avons reçues au siège de notre journal. Et nous nous attendons à en recevoir encore davantage dans les jours à venir.
Pourquoi un tel raz de marée ? À notre avis, pour deux raisons. Une, bien sûr, de fond : l’indignation devant des propos négationnistes inadmissibles et, son corollaire, ­l’incompréhension, voire la colère, devant la décision de Benoît XVI de lever l’excommunication frappant quatre évêques intégristes. « Vouloir faire rentrer des brebis égarées dans la bergerie est légitime, mais pas des loups », s’indigne ainsi un internaute de Saint-Nazaire. Mais aussi, une raison de forme : dans cette crise, Internet s’est révélé être un formidable outil d’expression du « peuple de Dieu », une expression chère à Vatican II. Le texte a été mis en ligne à 17 h 13, les premières signatures sont arrivées dès 17 h 32… À tel point que ce sont nos confrères du Web qui ont été les premiers à réagir à notre initiative. Ainsi, le site Rue 89 titrait mardi 27 janvier : « Benoît XVI déclenche un vent de fronde chez les cathos français » et le site Mediapart, ­mercredi 28 février, « Le berger Benoît XVI sous la pression de son troupeau ».
Il n’est qu’à lire les milliers de ­messages que nous avons reçus
pour comprendre que « l’arête dans la gorge », pour reprendre l’expression de l’archevêque de Paris, ne passe pas. « La lutte contre toute déchirure schismatique est légitime mais pas à n’importe quel prix ! Il est intolérable qu’un évêque tienne des propos révisionnistes », s’indigne une internaute de Vannes. « Il n’est pas possible d’entrer en communion avec des négationnistes », renchérit un autre. Pratiquants réguliers ou bien dans les marges de l’Église, militants de l’action catholique ou humanistes, croyants ou agnostiques, voire même athées, nous écrivent, dans un même élan, pour confier leur indignation. Au nom de l’Évangile mais aussi des valeurs universelles. « Athée mais citoyenne et humaniste, je suis scandalisée et écœurée (...). Continuez à résister », confie une internaute d’Amiens. « Merci à votre journal. Vous restez un espace de liberté pour tous ceux qui ont déserté nos églises mais qui veulent vivre dans ce monde si dur en restant fidèles au message d’amour de Jésus-Christ », nous remercie une internaute de Saint-Nazaire-les-Eymes.
Au fil des commentaires, d’autres « arêtes » reviennent à la surface : les sanctions prononcées contre ­Jacques Gaillot, la publication du Motu proprio qui autorisait sous conditions la messe en latin, la ­nomination ­d’évêques ultraconservateurs en Autriche et ailleurs, les encouragements donnés à l’Opus Dei, les tentatives maladroites de réhabilitation de Pie XII, une morale sexuelle trop rigide, le manque de compréhension pour les divorcés remariés, la place des homosexuels et, d’une façon générale, les petits et grands renoncements à Vatican II…Une sorte de « trop, c’est trop » qui s’exprime à cœur ouvert. Car, comme l’écrit un internaute de Lyon : « Vatican II est au cœur de ce que j’aime encore dans l’Église. Toute remise en cause toucherait aux fondements même de ma foi. »