SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres n°54 - mise en ligne par La Porte Latine - Juin 2012
«On a cédé à la fascination rationnelle. Dans la réforme liturgique, on a cédé à la griserie de la modernité en éliminant trop de symbolismes naturels, en estimant qu’ils étaient païens, ne voulaient rien dire et devaient faire place à “un nouveau langage” encore à inventer, notamment pour les jeunes. Mais ce nouveau langage peut être très décevant quand il n’a aucune dimension historique et eschatologique. On a eu trop tendance à penser que réformer signifiait faire table rase des enracinements et tout réinventer à neuf».
«On a cédé à la fascination rationnelle. Dans la réforme liturgique, on a cédé à la griserie de la modernité en éliminant trop de symbolismes naturels, en estimant qu’ils étaient païens, ne voulaient rien dire et devaient faire place à “un nouveau langage” encore à inventer, notamment pour les jeunes. Mais ce nouveau langage peut être très décevant quand il n’a aucune dimension historique et eschatologique. On a eu trop tendance à penser que réformer signifiait faire table rase des enracinements et tout réinventer à neuf».
Jean-Marie Lustiger, Le choix de Dieu, éditions de Fallois, 1987, p. 333.« Nous n’avons pas assisté à la première réforme liturgique de l’histoire, loin de là, mais c’est la première qui ait été aussi radicale dans le rite latin ».
Jean-Marie Lustiger, Le choix de Dieu, éditions de Fallois, 1987, p. 337.« Ce sont des universitaires, des professeurs, qui ont conçu cette réforme. Elle a été précédée d’un travail scientifique très remarquable. L’érudition historique moderne sur la liturgie s’est constituée à partir du XVIIIe siècle. Peu à peu, il s’est instauré une critique historique et “génétique” des sources. Entre les années 1930 et le Concile, les spécialistes de la liturgie ont généralement donné en modèle la liturgie basilicale de la belle époque, entre le IVe et le Ve siècle : c’était l’idéal qu’il fallait reconstituer ! Et on a fait de la reconstitution. C’était intelligent, mais il n’est pas sûr qu’une évolution plus lente, plus respectueuses des permanences et des continuités n’aurait pas donné aux fidèles eux-mêmes le sentiment d’un traumatisme moins grave. Si l’on avait mieux mesuré la portée des rites comme mémoire historique inscrite au cours des générations, on aurait probablement avancé plus lentement dans la réforme liturgique ».
Jean-Marie Lustiger, Le choix de Dieu, éditions de Fallois, 1987, pp. 337-338.« [La réforme de la liturgie] allait au rebours du désir majoritaire des fidèles. La plupart des gens souhaitaient finalement le silence, la musique, le rite ancré dans la mémoire. C’est une idée très volontaire que celle de la “participation active” qui a été un des objectifs du Concile. Mais fallait-il poursuivre cet objectif à la manière de la révolution culturelle de Mao, avec des obligations de participation ? ou bien valait-il mieux la gérer avec infiniment plus de lenteur ? Nous avons géré cette mutation d’une façon peut-être volontariste et arbitraire qui a produit l’effet opposé, et cela révèle un manque de sens historique, me semble-t-il. (…) On a donc voulu, pour rendre les rites de nouveau “performants”, leur donner plus de transparence. Souvent on a substitué l’explication au rite, le commentaire au symbole ».
Jean-Marie Lustiger, Le choix de Dieu, éditions de Fallois, 1987, p. 338.