SOURCE - Mgr Bernard Fellay, fsspx - Transcription par La Porte Latine - 11 novembre 2012
Cher Supérieur du District, chers Messieurs les abbés, très chers fidèles,
Cher Supérieur du District, chers Messieurs les abbés, très chers fidèles,
La parabole de l'ivraie appliquée aux événements récents dans la FSSPX
Nous venons d'entendre, dans l'Évangile, la
Parabole de l'ivraie, bien mystérieuse, bien mystérieuse cette réalité
de l'ivraie. C'est Notre-Seigneur qui nous l'enseigne. Et qui nous dit
que le Royaume de Dieu – lorsqu'Il parle du Royaume de Dieu, c'est
d'abord et avant tout l'Église - est comparable à un champ, et le
maître, le maître c'est Dieu, il n'y fait que du bien, il n'y plante
que du bon grain. Ainsi fait Dieu. Sa grâce, Sa bonté. On peut étendre
ensuite ce mystère à bien plus loin que l'Église, au monde entier. Dieu
Lui-même est aussi le Maître de tout ce monde et voici que tout d'un
coup, au milieu de cette action bénéfique, bienveillante - nous savons
que Dieu est le maître de tout - ,voici que tout d'un coup apparaît la
zizanie, la mauvaise herbe, le mal.
Etonnement, étonnement des Anges, étonnement de ces travailleurs du champ : « Mais, Seigneur, n'avez-vous pas planté que du bon grain ? » Réponse du Maître : « C'est l'Ennemi qui a fait ça ».
Cette réponse, comme elle est dite ici, pourrait laisser supposer que
le Bon Dieu n'y peut rien. Comprenons bien, ce n'est pas le Bon Dieu
qui l'a fait... Oui, mais Il reste le Maître ! Le mystère est encore
plus grand. Dieu permet, Il aurait pu empêcher cette mauvaise herbe, Il
permet, Il permet que cet ennemi, le Démon, plante cette mauvaise
herbe. Il permet que nous-mêmes - parce qu'Il nous a fait
libres - puissions déchoir, faire du mal. Il ne veut pas, Il ne veut que
du bon grain. Mais voici, voici que dans notre Histoire,
l'Histoire de l'Église, le mal, la souffrance, la zizanie, et dans le
monde, scandale, scandale pour tant et tant de personnes. Mais le
scandale va encore plus loin. Voici que ces Anges, Ministres de Dieu,
puissants, forts, qui ne veulent que le Bien, s'offrent pour éradiquer
cette mauvaise herbe, l'arracher... c'est fini, on en termine avec ce
mal. Et le Maître dit « non, non, il faut laisser, laisser cette mauvaise herbe » !
C'est tout le mystère que nous rencontrons dans
l'Église, l'Église qui désormais doit s'appeler militante, il faut
combattre, il y aura un combat dehors et même dedans. Et jusqu'à la
fin. Pourtant, pourtant, c'est bien le Maître - vous L'avez entendu
dans l'Épître qui nous dit que par-dessus tout, c'est l'amour, l'amour
c'est l'union, c'est Lui qui a dit que ce signe serait le signe-même de
l'authenticité de l'Église que cette union des membres. C'est saint
Paul aussi qui nous dit cette parole terrible mais qui va aussi dans ce
sens de cette Parabole de l'ivraie : « Opportet heraeses esse ».
Il faut qu'il y ait des divisions. Ça sent le contradictoire. Et
Notre-Seigneur d'expliquer à Ses Anges que d'enlever, d'enlever ces
mauvaises herbes fera plus de mal que de bien. Et donc il faut la
laisser. Cela ne veut absolument pas dire que Dieu tout d'un coup ne
serait plus le Maître de toutes choses. Oh non ! Il l'annonce
d'ailleurs cette maîtrise, en disant qu'au moment de la récolte on fera
la distinction. A ce moment-là, la mauvaise herbe sera brûlée, séparée
du bon grain. Ceux qui font le mal, qui pensent le faire impunément
parce qu'ils ne voient pas la punition immédiate, qu'ils prennent
garde ! Dieu reste Dieu. Et il vient le jour où Il manifeste Sa
Souveraineté. De Dieu, on ne se moque pas. C'est l'Ecriture Sainte qui
nous le dit et c'est évident, on le sait. Mais voilà, il y a ce mystère
du Bon Dieu qui permet qu'ici-bas, à cause du péché, à cause des
conséquences du péché, eh bien, nous devons nous battre.
Et ce mystère nous a touchés un peu plus intimement ces derniers mois.
Nous avons vu jusque dans notre chère Fraternité, une confusion, une
mauvaise herbe, une zizanie, un trouble. Dieu l'a permis, comme Il le
permet à l'Église, comme Il le permet, on peut dire à toute société.
C'est ce grand mystère du Bon Dieu. Et l'on sait aussi d'une autre
manière mais on y revient, on retouche toujours la même chose quelque
part, Notre-Seigneur dit à Ses Apôtres, si un sarment ne porte pas de fruit, eh bien , l'agriculteur le coupe. Et Il continue en disant, mais aussi, ceux qui portent du bon fruit seront coupés... afin qu'ils portent davantage de fruits.
Grand mystère ! Grand mystère que cette annonce de souffrances qui,
dans le Plan de Dieu, eh bien, est nécessaire et que nous comprenons
aussi si mal. Chaque fois que nous faisons du bien, chaque fois que
nous offrons un effort vers le bien, et que nous réussissons dans cet
effort vers le bien, automatiquement, nous attendons du Bon Dieu un
regard bienveillant, une bonté, donc quelque chose qui nous fait du
bien. Et lorsque le Bon Dieu répond par un coup, on ne comprend plus.
Et pourtant, pourtant, ce n'est pas un mauvais coup, c'est un coup,
oui. Couper un sarment, ça ne fait pas du bien. Et pourtant... Afin
qu'il porte plus de fruits... Grand mystère !
Quelles leçons devons-nous tirer de ces souffrances internes et des contradictions romaines?
J'aimerais très, très brièvement aborder avec
vous ces quelques mois qui ont causé pas mal de souffrances afin d'en
tirer quelques leçons ; afin aussi de pouvoir s'y retrouver si c'est
nécessaire. Vous savez que ces temps de trouble - je parle bien sûr de nos relations avec Rome, et de ce qui a posé comme réactions chez nous, comme une de ses conséquences douloureuses, la perte d'un de nos évêques...
ça n'est pas rien ! Je tiens ici à préciser et à confirmer que ce
n'est pas ce problème de nos relations avec Rome qui est la cause de ce
départ. C'en a été l'occasion, l'aboutissement d'un problème qui dure
depuis bien bien plus longtemps. Un problème de discipline interne à la
Fraternité. Qui s'est manifesté à la fin par une sorte de rébellion
ouverte contre l'autorité sous, disons, un faux prétexte.
J'essaie de vous expliquer un peu plus.
Qu'est-ce qui s'est passé pendant tous ces mois ? Où s'est trouvée la
cause de tous ces troubles ? Je pense qu'elle est multiple mais le
fond, le fond est une contradiction à Rome. Contradiction que nous
avons constatée, que nous avons déjà expliquée depuis au moins l'an
2009. Contradiction qui, directement pour nous, se manifeste dans des
décisions, déclarations de la même autorité, c'est-à-dire du
Saint-Siège, mais qui émane de diverses personnes du Saint-Siège et qui
sont diverses, opposées et même contradictoires. Et il nous semble bien
que cela vient qu'à Rome les personnes qui sont là ont des positions
divergentes, même par rapport à la crise, et après, par rapport à nous.
Et d'autre part, on voit bien qu'il y a un fractionnement dans
l'exercice de l'autorité à Rome. D'où une difficulté qui existe déjà
depuis plusieurs mois, depuis plusieurs années, de savoir ce que veut
vraiment la tête, c'est-à-dire le Saint Père, le Souverain Pontife. En
principe, c'est ce qu'on appelle le Saint Siège, le Vatican, c’est sa
main. On ne fait pas de distinction entre le Saint Siège et le Pape.
Lorsque nous disons Rome, nous disons cet ensemble, cette autorité dans
l'Église. C'est ainsi que cela devrait être. Mais dans la réalité, on
voit, nous avons constaté plus d'une fois, appelons cela des sabotages de l'autorité,
en particulier lorsque des décisions ont été prises en faveur de la
Tradition. L'une des plus manifestes c'est au sujet de la Messe. Cette
fois-ci cette opposition n'est pas seulement à Rome, mais un peu
partout dans les diocèses, on voit ce sabotage de la part des évêques
qui empêchent, qui empêchent prêtres et fidèles d'avoir l'accès à la
Messe de toujours. Dans ce climat, nous avons eu des discussions,
discussions doctrinales qui se sont terminées un peu en queue de
poisson. Sur un constat de non-entente.
Suite à ces discussions - et c'était là pour
nous une cause de grand étonnement, de surprise - néanmoins, le
Saint-Siège fait une proposition de solution canonique. En même temps
que d'un côté, par le canal officiel de la Congrégation de la Foi et de
la Commission Ecclesia Dei, on nous donne des documents à
signer ou à discuter, les deux..., en même temps, nous recevons par des
personnes qui travaillent dans ces endroits-là, dans ces lieux mêmes, Ecclesia Dei ou
à travers un Cardinal, un message qui est différent de la ligne
officielle. A peu près, le Pape va reconnaître la Fraternité comme il
l'a fait pour les excommunications, sans contrepartie de la Fraternité.
Cela pose évidemment beaucoup de problèmes qu'une telle situation mais
cela ne correspond pas du tout au texte qu'on nous propose. Ensuite,
ces mêmes personnes nous diront : « mais ces textes qu'on vous propose, ça ne correspond pas à ce que veut le Pape. »
Et pendant des mois, va continuer ce double message. Aux messages
officiels - puisqu'on nous demande d'accepter ce que dans les
discussions a été manifestée comme une non acceptation de notre part,
eh bien, notre réponse est non, on ne peut pas - eh bien en même temps
que nous obtenons ces réponses officielles, continuent ces messages
de... il faut le dire, de bienveillance, et il nous est impossible de
mettre en doute leur origine. Et l'origine, c'est tout en haut. Je vous
donne quelques-unes de ces phrases :
« que la Fraternité sache que de résoudre les problèmes de la Fraternité est au cœur de mes préoccupations », ou même « est une priorité de mon pontificat ».
Ça, pour l'intention de résoudre le problème.
Quant aux moyens, d'autres phrases du genre :
« il y a des ennemis à Rome qui sabotent toutes les initiatives du Pape en faveur d'une restauration. »
ou d'autres comme :
« Que Mgr Fellay ne s'inquiète pas, après cette reconnaissance, il pourra continuer à attaquer tous les points comme avant ».
Ou encore plus fort :
Le Pape est au-dessus de la Congrégation de la Foi. Si la Congrégation de la Foi prend une décision contraire à la Fraternité, eh bien, le Pape interviendra pour casser cette décision. »
Pouvions-nous totalement ignorer cette deuxième ligne ?
Il fallait nécessairement la vérifier, vérifier son authenticité, sa
véracité. Mais il était strictement impossible de le dire, de le
communiquer. Car cela aurait rendu les choses encore plus compliquées. A
la fin, on peut dire depuis le mois de mai, les choses ont commencé à
se clarifier, et au mois de juin, enfin, on arrive à une clarté,
pourquoi ? Parce que j'arrive, on peut dire, à réunir ces deux canaux.
En écrivant, j'écris au Pape en lui disant que pendant un moment,
vu que vous savez notre opposition au concile, et puisque vous voulez
néanmoins nous reconnaître, j'en avais conclu que vous étiez disposé à
mettre de côté ou à plus tard ces problèmes du concile. Entre
autres, ça veut dire dégrader le concile, le rendre sujet à opinions, à
discussions - puisqu'on parlait de discussions possibles, légitimes
même. Donc je pensais que puisque vous faites ce geste vers nous,
malgré le problème, cela veut dire que vous estimez plus important de
déclarer catholique la Fraternité que de maintenir à tout prix ce
concile, eh bien, puisque je vois qu'à la fin, vous-même semblez
imposer le concile, je dois conclure que je me suis trompé. Alors,
dites-nous, s'il vous plaît, dites-nous vraiment ce que vous voulez.
Et j'ai reçu une réponse, une lettre, réponse
écrite, datée du 30 juin. Cette lettre du 30 juin pour manifester que
c'est bien lui, le pape, qui est intervenu pour obliger à l'acceptation
du concile, pour réintroduire dans le texte tout ce que j'avais enlevé
et que nous ne pouvions pas signer, et qui a été remis. Et il continue
en disant que pour arriver à une reconnaissance juridique, il y a
trois conditions. Trois acceptations de la part de la Fraternité.
Accepter que « le Magistère est le juge de la Tradition apostolique »,
c'est-à-dire que c'est bien le Magistère qui nous dit ce qui
appartient à la Tradition. Ça, c'est de foi. Evidemment, dans le
contexte, il utilise cela pour nous obliger à accepter les nouveautés.
Et surtout, il nous est demandé d'accepter que « le concile fait partie intégrante de cette Tradition ».
Ça veut dire que le concile serait LA Tradition, traditionnelle. Ça
fait quarante ans qu'on dit le contraire, par pour notre plaisir, mais
selon cette parole qu'on peut dire consacrée, qu'on retrouve tant et
tant de fois dans la bouche de notre vénéré fondateur, nous
sommes obligés de constater, ce sont des faits, qui nous montrent bien
que ce concile, c'est une volonté, voulue, et pas n'importe quelle
nouveauté, pas une nouveauté superficielle, une nouveauté profonde, et
justement en opposition, en contradiction avec ce que l'Eglise avait
enseigné et même condamné. Ce n'est pas pour notre petit
plaisir que nous sommes dans ce combat depuis tant et tant d'années.
Contre ces nouveautés, ces réformes conciliaires, qui démolissent
l'Église, qui en fait une ruine. Eh bien là on nous dit, la condition
c'est d'accepter que « le concile fait partie intégrante de la Tradition».
Et encore une condition, celle-ci touche la
Messe. Il nous faut accepter la validité de la nouvelle messe, pas
seulement la validité mais aussi la licéïté. On parle de validité
lorsqu'on parle de « est-ce que la chose est ?», une messe qui
est célébrée validement cela veut dire que Notre-Seigneur est là. On
ne regarde pas les circonstances dans lesquelles cette messe est faite,
voyez-vous. Une messe noire peut être valide. C'est affreux, c'est un
sacrilège terrible mais hélas, il y a des prêtres, oui, des prêtres qui
consacrent ce qu'on appelle une messe noire. Eh bien, elle est valide.
Et vous comprenez bien qu'en prenant cet exemple choquant, vous
comprenez bien que ça n'est pas permis, ça n'est pas licite parce que
c'est mauvais. Eh bien, licite veut dire permis parce que c'est bon. Et
nous, nous avons constaté les ravages de cette nouvelle messe, nous
avons constaté comment elle a été faite, dans quels buts elle a été
faite, pour l'œcuménisme. Et nous voyons les résultats, la perte de la
foi, les églises vidées, et nous disons : elle est mauvaise.
C'est ce que j'ai répondu à Rome. D'habitude, nous ne parlons même pas
de licéïté, nous disons simplement de la messe qu'elle est mauvaise.
Ça suffit.
La situation est bloquée, mais nous continuons le combat
Voilà, mes bien chers Frères, la situation. Et
voilà pourquoi il est évident que depuis le mois de juin - nous l'avons
annoncé aux ordinations - que les choses sont bloquées. C'est
un retour à zéro. Nous sommes exactement au même point que Mgr Lefebvre
dans les années 1975, 1974. Et donc, on continue, notre
combat. Nous n'abandonnons pas l'idée un jour de regagner l'Église, de
reconquérir l'Église à la Tradition. La Tradition, c'est SON trésor, le
trésor de l'Église. Eh bien, nous continuons, en attendant le jour
heureux... il viendra, quand ? Nous n'en savons rien. Nous verrons
bien. C'est dans le secret du Bon Dieu. Il viendra ce jour où la
zizanie sera extirpée, ce mal qui fait souffrir l'Église. C'est
probablement la crise la plus épouvantable que l'Église ait jamais
soufferte, celle que nous vivons. Où l'on voit les évêques,
les cardinaux qui ne conduisent plus les âmes au Ciel, qui bénissent
les chemins de l'enfer. Qui n'avertissent plus les âmes des dangers
qu'elles courent ici sur terre. Qui ne remettent plus le but de leur
existence... le but, c'est le Bon Dieu, c'est d'aller au Ciel. Et qu'il
n'y a pas trente-six chemins pour y aller. C'est le chemin de la
pénitence, c'est le chemin du renoncement. Tout n'est pas permis. Il y a
les Commandements du Bon Dieu. Et si on ne veut pas les respecter, on
se prépare pour l'enfer. Combien de fois entendons-nous ces paroles
dans la bouche d'un évêque ? Combien d'évêques probablement ne les
auront jamais prononcées ? Nous connaissons des séminaristes, modernes,
qui sont arrivés au bout de leur séminaire, et qui nous ont dit : « Nous n'avons jamais entendu cette parole au séminaire » ! Et pourtant, c'est la conséquence directe du péché.
Notre vie sur terre, eh bien c'est une épreuve.
Nous devons montrer au Bon Dieu que nous Le choisissons, Lui, et donc
que nous renonçons à nos amours, aux amours des choses de la terre, que
nous Le préférons. Il faut tout simplement... Il ne faut pas se
décourager devant cette zizanie. Ça peut être une réaction devant ce
mal qui est partout, qui envahit tout, et toujours plus. Ça pourrait
être une réaction, mais une réaction trop humaine, trop humaine. Dans
la Collecte d'aujourd'hui, l'Église nous dit qu'Elle ne
s'appuie QUE sur la grâce, pour tout ce dont nous avons besoin, pour
tout notre combat. Vouloir s'appuyer sur ses propres forces, alors oui,
ça peut facilement conduire au découragement. Notre force, elle est...
c'est ce que nous disons tous les jours, « Adjutorium nostrum in nomine Domini »,
notre aide et donc notre force, elle est dans le Nom du Seigneur.
C'est seulement sur le Bon Dieu qu'il faut compter. Et nous savons bien
que si le Bon Dieu permet les épreuves puisqu'Il est le Maître, jamais
Il ne permet une telle épreuve pour nous sans qu'Il nous donne la
grâce, la grâce proportionnée, pour triompher. Ces paroles, il faut les
prendre comme elles sont, et pour vraies. Tout coopère au bien de ceux
qui aiment Dieu. Tout et avant tout, bien sûr, les épreuves. Tout
coopère au bien.
Et donc si nous avons des épreuves, ne nous
laissons pas décourager. Redoublons nos prières. Tournons nos regards
vers le Bon Dieu. Faisons quelques efforts, quelques sacrifices, et
comptons sur Sa Grâce. L'Église nous a toujours dit qu'il y a un
regard, il y a une pensée qui est la solution de tous les problèmes,
qui va nous donner cette force, le courage, quel que soit notre état,
eh bien, c'est le regard sur Jésus crucifié, sur le Crucifix, sur Jésus
qui est en train de mourir sur la Croix pour nous, par amour pour
nous. Il aurait pu très bien nous laisser tomber. Il est Dieu.
Infiniment au-dessus de Ses créatures. Des créatures qui L'ont offensé,
d'une manière tellement ingrate. Eh bien, qu'est-ce qu'Il fait ? Au
lieu de laisser les choses ainsi, Il vient réparer. Il S'est fait
Homme, dans un anéantissement indicible. Dans Sa Passion, Il prend nos
péchés sur Lui, Il les porte, Il paie à notre place. Il prend sur Lui
le châtiment que nous méritons par nos péchés.
Ça c'est l'amour de Jésus pour nous, et nous,
nous aurions un doute ? Nous aurions un doute sur le fait qu'Il veut
nous secourir, qu'Il veut nous aider ? Reprenons nos esprits. Reprenons
la foi. Et même s'Il Se cache, s'Il redouble l'épreuve, ça ne fait
rien, Il est le Maître absolu, de toutes choses. Il est capable de nous
sauver dans la situation de l'Église actuelle comme dans le meilleur
des temps. Et ce mystère va si loin, mes bien chers Frères, que ce
pouvoir, cette puissance de sainteté, de sanctification, elle réside
aujourd'hui encore dans cette Église que nous voyons par terre. Si nous
avons la foi, c'est dans cette Église; si nous recevons la grâce du
Baptême jusqu'au dernier des Sacrements, c'est dans et par cette
Église. Cette Église qui n'est pas une idée, qui est réelle, qui est
devant nous, que l'on appelle l'Église catholique et romaine, l'Église
avec son Pape, avec ses évêques, qui peuvent être aussi en débilité
- j'allais dire débiles - ça ne fait rien, le Bon Dieu ne laisse pas
tomber Son Église. Mais à nous de ne pas nous laisser troubler, ne pas
dire... puisqu'il y a l'assistance du Bon Dieu, tout est bon!
Bien sûr que non, voyez-vous, c'est le problème
que nous avons avec Rome dans nos discussions. Nous leur disons... il y
a un problème et ce problème vient manifestement du concile et de ses
suites. Et on nous répond... c'est impossible. Non, il n'y a pas de
problèmes. Il ne peut pas y avoir de problèmes parce que l'Église jouit
de l'assistance du Saint-Esprit. Donc l'Église ne peut rien faire de
mauvais. Ce n'est pas possible. Et donc le concile, il doit être bon.
Par nécessité. Et donc, ce que vous dites, ça ne vaut pas. Il y a ici
ou là quelque abus, mais ça ne vaut pas. La nouvelle messe, ça a été
fait par l'Église. L'Église est assistée. C'est nécessairement bon, et
vous n'avez pas le droit de dire qu'elle est mauvaise. Voilà ce à quoi
nous sommes confrontés. Et nous répondons : « nous acceptons la foi
jusqu'au moindre iota, aussi la foi dans l'Église, et dans ses
privilèges, et dans l'assistance du Saint-Esprit. Cependant, tout aussi
vrai, nous acceptons la réalité. Nous ne sommes pas près de nier la
réalité. Et nous savons bien qu'il n'y a pas de contradiction entre les
deux. Il y aura bien un jour une explication même si aujourd'hui il
n'y en a pas.
C'est le mystère de la Croix. Jésus, sur la
Croix, la Foi nous oblige à professer qu'Il est Dieu, qu'Il est
Tout-Puissant, qu'Il est éternel, immortel, Il ne peut pas mourir, Il
ne peut pas souffrir. Dieu est infiniment parfait, il est impossible
que Dieu souffre. Et Jésus, sur la Croix est Dieu. Tout cela, la Foi
nous le dit. Et nous sommes obligés de l'accepter, totalement. Sans
aucune diminution. Mais en même temps, l'expérience humaine nous dit,
ce même Jésus souffre, et même Il meurt. Au pied de la Croix, seuls
sont dans la vérité ceux qui maintiennent les deux, même si cela semble
contradictoire. Et on voit à travers toute l'Histoire de l'Église, on
peut dire ce problème : la grande majorité doit rester à ce que nous
dit la connaissance humaine. Et ils vont en conclure, donc il n'est pas
Dieu. Il est vraiment mort. Il est mort et enterré. C'est fini. C'est
la plus grande partie des ennemis de l'Église, des athées, des
hérétiques, et des modernistes qui se cachent dans l'Eglise, qui font
croire qu'ils ont la foi et qui ne l'ont pas. On distinguera
habilement un Christ de l'Histoire, celui-là c'est le Christ réel et
qu'ils disent mort et jamais ressuscité, et soi-disant un Christ de la
Foi, celui auquel l'Église nous obligerait de croire, et pour Lui, on
invente une résurrection. C'est tout faux. Ce n'est pas juste. Il est
vraiment ressuscité. Figurez-vous qu'il y en a d'autres, une autre
hérésie dès le début qui insiste pour dire si , mais oui, Il est Dieu.
Donc cette mort, ces souffrances, ce ne sont que des apparences. Il
n'est pas vraiment mort. On trouve aussi cette erreur. Moins répandue.
Eh bien, aujourd'hui, c'est le même problème.
Par rapport à l'Église, c'est le même problème. S'il faut rester dans
la vérité, il faut garder ces deux données, les données de la Foi et
aussi les données de la constatation de la raison. Ce concile a
voulu se mettre en harmonie avec le monde. Il a fait rentrer le monde
dans l'Église, et puis maintenant nous avons le désastre. Et toutes ces réformes qui ont été faites à partir du concile, ont été faites par les autorités pour ça. Aujourd'hui,
on nous parle de continuité, mais elle est où ? A Assise ? Dans le
baiser du Coran ? Dans la suppression des Etats catholiques ? Elle est
où cette continuité ? Et donc, nous continuons tout
simplement, tout simplement, bien chers Frères, sans rien changer,
jusqu'au moment où le Bon Dieu voudra bien, comme Il fait... Ça ne veut
pas dire qu'il faut rester inactif, bien sûr, tous les jours il faut...
nous avons ce devoir de gagner les âmes. Et nous savons bien que LA
solution viendra du Bon Dieu et on peut même le dire PAR la Sainte
Vierge. On peut le dire, c'est une évidence de notre temps, signifiée
par ces apparitions, belles, magnifiques, Notre-Dame de la Salette,
Notre-Dame de Fatima, qui annoncent cette époque, douloureuse,
terrible. Rome deviendra le siège de l'Anté-Christ, Rome perdra la foi...
c'est ce qui se dit à la Salette. L'Église sera éclipsée. Ce ne sont
pas des petites paroles. On a vraiment l'impression que c'est
maintenant qu'on vit cela.
Il ne faut pas s'affoler. C'est terrifiant, oui,
il faut donc d'autant plus se réfugier près de la Sainte Vierge, près
de Son Cœur Immaculé. C'est le message de Fatima : Dieu veut donner au
monde cette dévotion au Cœur Immaculé de Marie. Ce n'est pas pour
rien!
Demandons dans toutes nos prières, à chaque
Messe, cette grâce de la fidélité, de ne rien lâcher, coûte que coûte.
Et que le Bon Dieu nous protège et nous guide, jusqu'au Ciel.
Ainsi soit-il.
Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il.
Mgr Bernard Fellay, Paris le 11 novembre 2012
Pour conserver à ce sermon son caractère propre, le style oral a été maintenu. [Les surlignages et les intertitres sont de la rédaction de LPL] - Source : LPL/121111