SOURCE - Yves Chiron - Présent - 3 novembre 2012
Kephas, revue de théologie et de culture fondée par l’abbé Bruno Le Pivain, existe depuis 10 ans. Elle consacre son numéro 42 à « Vatican II : transmettre et recevoir un concile ». On y trouve un entretien avec le cardinal Poupard, le texte de quatre conférences données au colloque organisé par l’ICES de La Roche-Sur-Yon en mars dernier (« Cinquantenaire du Concile Vatican II : Une herméneutique de la continuité ») et quatre autres articles sur d’autres sujets en rapport avec le concile.
Des propos du cardinal Poupard, on pourra toujours lire avec intérêt les nombreuses et longues citations qu’il fait de Jean XXIII, Jean-Paul II et du cardinal Ratzinger devenu Benoît XVI. On sera plus dubitatif sur la longue liste des 33 « inspirateurs » qu’il donne dans l’ordre protocolaire : papes, cardinaux, etc. Certains noms présents, pour éminents qu’ils soient, ne peuvent être donnés comme ceux d’« inspirateurs » du concile ; en revanche, on relève des absences notoires : le P. Ciappi, dominicain, théologien de la Maison Pontificale (qui sera créé cardinal), Mgr Carlo Colombo, autre théologien de confiance de Paul VI (qui sera créé lui aussi cardinal), le P. Bugnini, maître d’œuvre du schéma sur la liturgie (qui sera ensuite le maître d’œuvre de la réforme liturgique et créé archevêque en 1972 avant d’être « exilé » en Iran trois ans plus tard…).
En revanche, on relèvera la pertinence de son diagnostic sur la situation actuelle de nombre de chrétiens (malgré le concile). Pour la qualifier, il use d’un néologisme, la « décroyance », qu’il décrit ainsi : « C’est la désaffection des chrétiens pour l’Eglise, les sacrements, la Parole de Dieu, et progressivement Dieu lui-même. Ils n’ont rien contre, ni non plus rien pour, rien de construit ni de motivé. La culture médiatique hédoniste dominante présente un monde pragmatique dans lequel il n’y a place ni pour la création, ni pour la rédemption, et où chacun vaque à ses occupations et loisirs en cherchant le bonheur sans entraves, dans un monde intramondain, comme disent les philosophes, sans horizon. Mes anciens maîtres, bien oubliés aujourd’hui, disaient avec sagesse : à force de vivre aux antipodes de ce qu’on croit, on finit par croire, c’est-à-dire à ne plus croire, comme on vit ! »
Fontgombault et Vatican II
Dom Jean Pateau, successeur de Dom Antoine Forgeot à la tête de l’abbaye Notre-Dame de Fontgombault, lui-même successeur de Dom Jean Roy, publie dans ce numéro de Kephas le texte d’une conférence prononcée à Marseille en mai dernier. Il est intitulé « Vatican II, espérance de notre temps ». Dom Pateau aurait pu l’intituler : « Recevoir le concile dans la docilité ». Il indique : « une interprétation authentique des textes conciliaires ne peut être faite que par le Magistère de l’Eglise. (…) Le chrétien authentique, le théologien authentique, doit avoir l’oreille docile à l’enseignement du Saint-Père qui lui indique la route, tel le pasteur qui conduit ses brebis ».
En conclusion de son article, Dom Pateau cite une lettre (inédite, je crois) de Dom Jean Roy, 2e Abbé de Fontgombault, à Mgr Lefebvre le 18 février 1976 : « Malgré ses imperfections, ses faiblesses, voire telle ou telle ambiguïté (un concile est une œuvre à la fois divine et humaine), le IIe concile du Vatican ne fait guère que reprendre des vérités qui appartiennent par ailleurs à l’enseignement du Magistère soit ordinaire soit extraordinaire de l’Eglise. Pris dans son ensemble, il donne à l’Eglise d’aujourd’hui des normes précieuses qui, bien observées, nous eussent sauvés de la crise que nous subissons. Ce qui est moins bon dans les textes conciliaires doit s’interpréter à la lumière de l’ensemble de ces textes et à la lumière de toute la tradition catholique. C’est d’ailleurs pourquoi les progressistes ont rejeté le concile, au moins le vrai concile, alors qu’ils se couvraient du nom de concile pour se livrer à leurs aberrations. Mais pourquoi nous, ne nous sommes-nous pas appuyés davantage sur le concile, le vrai, dans tout ce qu’il a d’excellent, pour lutter contre la subversion et travailler à l’avènement du Royaume de Dieu ? »
• Kephas (6 rue Vauvert, 49100 Angers), n° 42, 196 pages, 15 euros. www.revue-kephas.org
YVES CHIRON
Article extrait du n° 7721 de Présent
du Samedi 3 novembre 2012
Kephas, revue de théologie et de culture fondée par l’abbé Bruno Le Pivain, existe depuis 10 ans. Elle consacre son numéro 42 à « Vatican II : transmettre et recevoir un concile ». On y trouve un entretien avec le cardinal Poupard, le texte de quatre conférences données au colloque organisé par l’ICES de La Roche-Sur-Yon en mars dernier (« Cinquantenaire du Concile Vatican II : Une herméneutique de la continuité ») et quatre autres articles sur d’autres sujets en rapport avec le concile.
Des propos du cardinal Poupard, on pourra toujours lire avec intérêt les nombreuses et longues citations qu’il fait de Jean XXIII, Jean-Paul II et du cardinal Ratzinger devenu Benoît XVI. On sera plus dubitatif sur la longue liste des 33 « inspirateurs » qu’il donne dans l’ordre protocolaire : papes, cardinaux, etc. Certains noms présents, pour éminents qu’ils soient, ne peuvent être donnés comme ceux d’« inspirateurs » du concile ; en revanche, on relève des absences notoires : le P. Ciappi, dominicain, théologien de la Maison Pontificale (qui sera créé cardinal), Mgr Carlo Colombo, autre théologien de confiance de Paul VI (qui sera créé lui aussi cardinal), le P. Bugnini, maître d’œuvre du schéma sur la liturgie (qui sera ensuite le maître d’œuvre de la réforme liturgique et créé archevêque en 1972 avant d’être « exilé » en Iran trois ans plus tard…).
En revanche, on relèvera la pertinence de son diagnostic sur la situation actuelle de nombre de chrétiens (malgré le concile). Pour la qualifier, il use d’un néologisme, la « décroyance », qu’il décrit ainsi : « C’est la désaffection des chrétiens pour l’Eglise, les sacrements, la Parole de Dieu, et progressivement Dieu lui-même. Ils n’ont rien contre, ni non plus rien pour, rien de construit ni de motivé. La culture médiatique hédoniste dominante présente un monde pragmatique dans lequel il n’y a place ni pour la création, ni pour la rédemption, et où chacun vaque à ses occupations et loisirs en cherchant le bonheur sans entraves, dans un monde intramondain, comme disent les philosophes, sans horizon. Mes anciens maîtres, bien oubliés aujourd’hui, disaient avec sagesse : à force de vivre aux antipodes de ce qu’on croit, on finit par croire, c’est-à-dire à ne plus croire, comme on vit ! »
Fontgombault et Vatican II
Dom Jean Pateau, successeur de Dom Antoine Forgeot à la tête de l’abbaye Notre-Dame de Fontgombault, lui-même successeur de Dom Jean Roy, publie dans ce numéro de Kephas le texte d’une conférence prononcée à Marseille en mai dernier. Il est intitulé « Vatican II, espérance de notre temps ». Dom Pateau aurait pu l’intituler : « Recevoir le concile dans la docilité ». Il indique : « une interprétation authentique des textes conciliaires ne peut être faite que par le Magistère de l’Eglise. (…) Le chrétien authentique, le théologien authentique, doit avoir l’oreille docile à l’enseignement du Saint-Père qui lui indique la route, tel le pasteur qui conduit ses brebis ».
En conclusion de son article, Dom Pateau cite une lettre (inédite, je crois) de Dom Jean Roy, 2e Abbé de Fontgombault, à Mgr Lefebvre le 18 février 1976 : « Malgré ses imperfections, ses faiblesses, voire telle ou telle ambiguïté (un concile est une œuvre à la fois divine et humaine), le IIe concile du Vatican ne fait guère que reprendre des vérités qui appartiennent par ailleurs à l’enseignement du Magistère soit ordinaire soit extraordinaire de l’Eglise. Pris dans son ensemble, il donne à l’Eglise d’aujourd’hui des normes précieuses qui, bien observées, nous eussent sauvés de la crise que nous subissons. Ce qui est moins bon dans les textes conciliaires doit s’interpréter à la lumière de l’ensemble de ces textes et à la lumière de toute la tradition catholique. C’est d’ailleurs pourquoi les progressistes ont rejeté le concile, au moins le vrai concile, alors qu’ils se couvraient du nom de concile pour se livrer à leurs aberrations. Mais pourquoi nous, ne nous sommes-nous pas appuyés davantage sur le concile, le vrai, dans tout ce qu’il a d’excellent, pour lutter contre la subversion et travailler à l’avènement du Royaume de Dieu ? »
• Kephas (6 rue Vauvert, 49100 Angers), n° 42, 196 pages, 15 euros. www.revue-kephas.org
YVES CHIRON
Article extrait du n° 7721 de Présent
du Samedi 3 novembre 2012