Chaque vingt-cinq ans, depuis 1300, a lieu une Année Sainte
dans l'Église au cours de laquelle les catholiques sont invités à la
conversion, à retrouver la grâce de leur baptême, à purifier leur âme et à
se libérer de l'esclavage du péché. Ce temps est aussi l'occasion
d'approfondir les vérités de la foi, de s'approcher avec plus de profit des
sacrements et de redécouvrir la splendeur de la liturgie.
Une année sainte ou jubilaire devrait être une période de réelle
joie spirituelle mais il nous faut constater, hélas, que nous vivons un long
chemin de croix. Les rassemblements inter-religieux, comme les célébrations œcuméniques
à répétition, défigurent tous les jours un peu plus cette Église que nous
aimons.
La sainteté même de l'Église va être bafouée le 12 mars
prochain par la journée de repentance présidée par le pape. Le but d'une
telle journée est de demander pardon pour des prétendues fautes que d'autres
ont commis hier ou dans un passé lointain, sous-entendant par-là que l'Église
en porterait la responsabilité ; ainsi les ennemis de notre religion exulteront
et les catholiques n'en seront que plus humiliés. Nous ne pouvons admettre cela
! Pas plus qu'un enfant ne peut tolérer que sa mère soit salie ; nous ne tolérons
pas que l'Église, notre Mère, soit ainsi flagellée non seulement par ses
ennemis mais encore par ceux qui la gouvernent.
En effet, l'Église a reçu l'ordre du Christ de se répandre de
par le monde "Allez enseigner toutes les nations..." Alors l'Évangile
se répandit dans l'empire romain malgré les persécutions. Très rapidement,
les premiers monastères furent érigés ; les bénédictins, par exemple,
essaimèrent un peu partout en Occident ; les moines défrichèrent les forêts,
apprirent aux populations à travailler la terre et instruisirent les enfants.
Le paganisme, avec toutes ses monstruosités, recula. Une civilisation naissait
: la chrétienté ! S'élevèrent alors des églises et des cathédrales
construites bénévolement par les catholiques eux-mêmes après leur journée
de travail. Beaucoup de grandes villes françaises ont pour origine un monastère.
L'Église ouvrit un peu partout des dispensaires, des hôtels-Dieu, des hôpitaux
gratuits pour les indigents et cela, bien avant l'existence de la Sécurité
Sociale...
L'Église favorisa aussi le savoir, en ouvrant les grandes
universités qui firent la gloire de la chrétienté, comme par exemple la
Sorbonne à Paris et l'Université de Salamanque en Espagne. Elle voulut aussi
être un instrument de paix. Voyant les hommes s'entre-tuer le pape Jean XV, en
990, lança l'idée de la Trêve de Dieu qui interdisait, sous peine
d'excommunication, de faire la guerre pendant l'Avent et le Carême niais aussi
du mercredi au lundi suivant, ce qui laisse peu de jours pour la guerre!
L'Église défendra ses lieux saints menacés par les musulmans.
N'avait-elle pas raison de s'inquiéter lorsqu'elle lisait dans le Coran les
citations suivantes ? : "Il n'y a point auprès de Dieu d'animaux plus
vils que ceux qui ne croient point et restent infidèles"
(sourate VIII, verset 57) ou encore "tuer les idolâtres partout où
vous les trouverez, faites-les prisonniers, assiégez-les dans toutes les
embuscades" (sourate IX, verset 5) ou enfin "admonestez vos
femmes dont vous craignez l'infidélité ; reléguez-les dans des
chambres à part et frappez-les" (sourate IX, verset 34).
Les états catholiques vont en effet commencer la conquête du
continent américain. Doit-on les condamner pour avoir mis fin à la
civilisation aztèque qui "offrait" 20 000 sacrifices humains par an,
si ce n'est plus ? Peut-on leur reprocher d'avoir mis fin à la civilisation
Inca qui enterrait leurs rois défunts avec quelques serviteurs et servantes,
bien vivants, eux, sans compter le cannibalisme qu'elle pratiquait?
L'Église, au Moyen-Age, eut le souci de protéger l'ouvrier
sans défense ; Le leader socialiste Louis BLANC le reconnaîtra dans son Histoire
de la Révolution française. "Protéger les faibles était une des préoccupations
les plus chères du législateur chrétien".
La Révolution française détruisit réorganisation sociale en
interdisant, entre autre, les corporations. Les ouvriers furent alors exploités
par la révolution industrielle et le capitalisme du XIXè siècle. De grands
catholiques tels qu'Albert de MUN et René de LA TOUR du PIN déposèrent une
proposition de loi interdisant de faire travailler avant 13 ans, les garçons,
et 16 ans, les femmes, et limitant la journée à 11 heures de travail ; cette
proposition fut repoussée par 8 voix dont 2 socialistes...!
Les patrons catholiques eurent le soin aussi de veiller sur les
familles en lançant, dès 1916, les premières allocations familiales qui
furent définitivement adoptées et généralisées par le régime de Vichy. Les
congés payés étaient eux-mêmes en vigueur dans un très grand nombre
d'entreprises dirigées par des patrons catholiques, et cela bien avant 1936.
L'encyclique de Léon XIII, Rerum Novarum, avait donné un élan
magnifique à la doctrine sociale. La liste des bienfaits de l'Église depuis 2
000 ans est considérable. Devant les attaques répétées contre notre
religion, l'Église notre Mère ne devait-elle pas rappeler tous ces bienfaits
à ses enfants et au monde ? Bien sûr elle est constituée d'hommes faillibles
et pécheurs mais leurs fautes et leurs désordres ne peuvent et ne doivent pas
lui être attribués mais à la nature humaine pécheresse.
Il me semble cependant, qu'à la place de cette lamentable
repentance, on pourrait attendre un réel repentir : Celui de toutes les réformes
engagées depuis le concile Vatican Il qui ont bouleversé de fond en comble l'Église.
Beaucoup de ceux qui sont à l'origine de ces réformes sont encore vivants
comme le sont les évêques qui cherchent à les imposer. Combien d'hommes et de
femmes ont perdu la foi depuis 35 ans ! Combien de prêtres ont abandonné leur
sacerdoce ! Combien de pauvres gens sont allés se réfugier dans les sectes
parce qu'ils étaient désorientés par leurs pasteurs Là il me semble qu'il y
aurait matière à demander pardon...
Gardons courage, nous sommes certains qu'un jour ce temps
arrivera, la Vierge ne nous l'a-t-elle pas promis à Fatima : "A la fin,
mon Coeur Immaculé triomphera".
Abbé Christian BOUCHACOURT