SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres (n°65) - FSSPX - mars 2015
Notre transition sur la situation au début du pontificat du pape Jean XXIII nous permet d’aborder dans de bonnes conditions la doctrine du Magistère sur l’œcuménisme dans la période qui a précédé le concile Vatican II. Même si quelques citations sont antérieures, il s’agit essentiellement des papes qui se sont succédé de Pie IX (1846-1878) à Pie XII (1939-1958), et qui ont souvent traité de ces questions relatives à l’unité de l’Église.
Notre transition sur la situation au début du pontificat du pape Jean XXIII nous permet d’aborder dans de bonnes conditions la doctrine du Magistère sur l’œcuménisme dans la période qui a précédé le concile Vatican II. Même si quelques citations sont antérieures, il s’agit essentiellement des papes qui se sont succédé de Pie IX (1846-1878) à Pie XII (1939-1958), et qui ont souvent traité de ces questions relatives à l’unité de l’Église.
Hors de l’Église, pas de salut
La première proposition à rappeler est évidemment l’axiome traditionnel « Extra Ecclesiam,
nulla salus ». Nous allons en rappeler quelques formulations, sans omettre de signaler que
Vatican II, même s’il n’a pas repris directement cette formule, y a fait une allusion dans une phrase
de Lumen Gentium, en décalant sa signification par rapport au sens traditionnel : « Appuyé sur la
sainte Écriture et sur la Tradition, le concile enseigne que cette Église en marche sur la terre est
nécessaire au salut » (Lumen Gentium 14 § 1).
Voici donc quelques formulations traditionnelles de l’axiome « Hors de l’Église point de salut » :
« Quiconque veut être sauvé, doit avant toute chose tenir la foi catholique. S’il ne la conserve entière et pure, il ira, sans aucun doute, à sa perte éternelle » (Symbole de saint Athanase, DB 39).
« Nous croyons de cœur et professons de bouche une seule Église, non celles des hérétiques, mais la sainte Église romaine, catholique et apostolique, hors de laquelle nous croyons que personne n’est sauvé » (Innocent III, DB 423).
« La sainte Église romaine croit fermement, professe et prêche qu’aucun de ceux qui vivent en dehors de l’Église, non seulement les païens, mais aussi les juifs ou les hérétiques et les schismatiques, ne peuvent avoir part à la vie éternelle, mais qu’ils iront au feu éternel préparé pour le diable et ses anges, sauf si avant la fin de leur vie ils sont réunis à l’Église » (Concile de Florence, DB 714).
« Il faut donc tenir, de foi, que personne ne peut être sauvé en dehors de l’Église romaine apostolique, qu’elle est l’unique arche de salut : celui qui n’y est pas entré périra par le déluge » (Pie IX, Singulari quadam).
« Nous devons rappeler et blâmer la très grave erreur où se trouvent malheureusement des catholiques, qui adoptent la croyance que les personnes vivant dans les erreurs et en dehors de la vraie foi et de l’unité catholique peuvent arriver à la vie éternelle. Cela est souverainement contraire à la doctrine catholique (…). C’est un dogme catholique très connu, que personne ne peut être sauvé en dehors de l’Église catholique » (Pie IX, Quanto conficiamus mœrore).
« L’Église catholique est la source de la vérité, la demeure de la foi, le temple de Dieu : qui n’y entre point ou qui en sort perd tout espoir de vie ou de salut » (Pie XI, Mortalium animos).
Voici donc quelques formulations traditionnelles de l’axiome « Hors de l’Église point de salut » :
« Quiconque veut être sauvé, doit avant toute chose tenir la foi catholique. S’il ne la conserve entière et pure, il ira, sans aucun doute, à sa perte éternelle » (Symbole de saint Athanase, DB 39).
« Nous croyons de cœur et professons de bouche une seule Église, non celles des hérétiques, mais la sainte Église romaine, catholique et apostolique, hors de laquelle nous croyons que personne n’est sauvé » (Innocent III, DB 423).
« La sainte Église romaine croit fermement, professe et prêche qu’aucun de ceux qui vivent en dehors de l’Église, non seulement les païens, mais aussi les juifs ou les hérétiques et les schismatiques, ne peuvent avoir part à la vie éternelle, mais qu’ils iront au feu éternel préparé pour le diable et ses anges, sauf si avant la fin de leur vie ils sont réunis à l’Église » (Concile de Florence, DB 714).
« Il faut donc tenir, de foi, que personne ne peut être sauvé en dehors de l’Église romaine apostolique, qu’elle est l’unique arche de salut : celui qui n’y est pas entré périra par le déluge » (Pie IX, Singulari quadam).
« Nous devons rappeler et blâmer la très grave erreur où se trouvent malheureusement des catholiques, qui adoptent la croyance que les personnes vivant dans les erreurs et en dehors de la vraie foi et de l’unité catholique peuvent arriver à la vie éternelle. Cela est souverainement contraire à la doctrine catholique (…). C’est un dogme catholique très connu, que personne ne peut être sauvé en dehors de l’Église catholique » (Pie IX, Quanto conficiamus mœrore).
« L’Église catholique est la source de la vérité, la demeure de la foi, le temple de Dieu : qui n’y entre point ou qui en sort perd tout espoir de vie ou de salut » (Pie XI, Mortalium animos).
L’Église du Christ, le Corps mystique, est l’Église catholique romaine et s’identifie à elle
En soi, comme nous l’avons souligné, on pourrait dire que Vatican II accepte la substance de cet
axiome « Hors de l’Église, pas de salut ». En revanche, il se sépare nettement de la deuxième
affirmation que nous proposons, et qui est enseignée, en particulier, de la façon la plus nette et la
plus énergique, par le pape Pie XII, quelques années seulement avant le Concile. En effet, là où
Vatican II proclame que l’Église du Christ ne fait que subsister dans l’Église catholique, le
Magistère antérieur proclame une identification réelle entre les deux :
« Pour définir, pour décrire cette véritable Église de Jésus-Christ – celle qui est sainte, catholique apostolique et romaine – on ne peut trouver rien de plus beau, rien de plus excellent, rien enfin de plus divin, que cette expression qui la désigne comme “le corps mystique de Jésus-Christ” » (Pie XII, Mystici corporis). « Certains sont d’avis qu’ils ne sont pas liés par la doctrine que Nous exposions, il y a peu d’années, en notre encyclique, et qui s’appuie sur les sources de la Révélation, à savoir que le corps mystique du Christ et l’Église catholique romaine sont une seule et même chose » (Pie XII, Humani generis).
« Pour définir, pour décrire cette véritable Église de Jésus-Christ – celle qui est sainte, catholique apostolique et romaine – on ne peut trouver rien de plus beau, rien de plus excellent, rien enfin de plus divin, que cette expression qui la désigne comme “le corps mystique de Jésus-Christ” » (Pie XII, Mystici corporis). « Certains sont d’avis qu’ils ne sont pas liés par la doctrine que Nous exposions, il y a peu d’années, en notre encyclique, et qui s’appuie sur les sources de la Révélation, à savoir que le corps mystique du Christ et l’Église catholique romaine sont une seule et même chose » (Pie XII, Humani generis).
L’Église du Christ n’est donc pas la réunion de diverses communautés ecclésiales
La conséquence est que les communautés ecclésiales séparées de l’Église catholique
n’appartiennent aucunement à l’Église du Christ.
« Aucune de ces sociétés, ni toutes ensemble ne constituent en aucune façon et ne sont cette Église une et catholique que Notre-Seigneur a fondée et bâtie et qu’il a voulu créer. Et l’on ne peut dire non plus en aucune façon que ces sociétés soient ni un membre, ni une partie de cette même Église, puisqu’elles sont visiblement séparées de l’unité catholique » (Pie IX, Iam vos omnes).
« Jésus-Christ n’a point conçu ni institué une Église formée de plusieurs communautés, qui se ressembleraient par certains traits généraux, mais seraient distinctes les unes des autres, et non rattachées entre elles par ces liens, qui peuvent rendre indivisible et unique l’Église dont nous faisons si clairement profession dans le symbole de la foi : Je crois l’Église une » (Léon XIII, Satis cognitum).
« Le corps mystique du Christ, c’est-à-dire l’Église, est unique, homogène et parfaitement articulée, à l’instar d’un corps physique ; il est donc illogique et ridicule de prétendre que le corps mystique puisse être formé de membres épars, isolés les uns des autres ; par suite, quiconque ne lui est pas uni ne peut être un des ses membres, ni soudé à sa tête qui est le Christ » (Pie XI, Mortalium animos).
« Aucune de ces sociétés, ni toutes ensemble ne constituent en aucune façon et ne sont cette Église une et catholique que Notre-Seigneur a fondée et bâtie et qu’il a voulu créer. Et l’on ne peut dire non plus en aucune façon que ces sociétés soient ni un membre, ni une partie de cette même Église, puisqu’elles sont visiblement séparées de l’unité catholique » (Pie IX, Iam vos omnes).
« Jésus-Christ n’a point conçu ni institué une Église formée de plusieurs communautés, qui se ressembleraient par certains traits généraux, mais seraient distinctes les unes des autres, et non rattachées entre elles par ces liens, qui peuvent rendre indivisible et unique l’Église dont nous faisons si clairement profession dans le symbole de la foi : Je crois l’Église une » (Léon XIII, Satis cognitum).
« Le corps mystique du Christ, c’est-à-dire l’Église, est unique, homogène et parfaitement articulée, à l’instar d’un corps physique ; il est donc illogique et ridicule de prétendre que le corps mystique puisse être formé de membres épars, isolés les uns des autres ; par suite, quiconque ne lui est pas uni ne peut être un des ses membres, ni soudé à sa tête qui est le Christ » (Pie XI, Mortalium animos).
Cependant ceux qui, sans faute de leur part, sont dans l’ignorance invincible de la vraie religion peuvent se sauver par la grâce de Dieu, en se rattachant implicitement à l’Église catholique
Cette doctrine, très claire, sur l’identité entre l’Église du Christ et l’Église catholique, et en
conséquence sur la non-identité des communautés ecclésiales non catholiques et de l’Église du
Christ, n’implique toutefois pas que tous ceux qui sont hors des frontières visibles de l’Église
catholique soient forcément hors de l’Église du Christ et donc hors de la voie du salut. C’est même
le contraire :
« Nous savons et vous savez que ceux qui ignorent de façon invincible notre très sainte religion, et qui, observant avec soin la loi naturelle et ses préceptes, gravés par Dieu dans le cœur de tous, et disposés à obéir à Dieu, mènent une vie honnête et droite, peuvent, avec l’aide de la lumière et de la grâce divines, acquérir la vie éternelle » (Pie IX, Singulari quadam).
« Dans son infinie miséricorde, Dieu a voulu que, puisqu’il s’agissait des moyens de salut ordonnés à la fin ultime de l’homme non par nécessité intrinsèque, mais seulement par institution divine, leurs effets salutaires puissent également être obtenus dans certaines circonstances, lorsque ces moyens sont seulement objets de “désir” ou de “souhait”. Ce point est clairement établi au concile de Trente aussi bien à propos du sacrement de baptême qu’à propos de la pénitence. Il faut en dire autant, à son plan, de l’Église en tant que moyen général de salut. C’est pourquoi, pour qu’une personne obtienne son salut éternel, il n’est pas toujours requis qu’elle soit de fait incorporée à l’Église, mais il faut lui être uni tout au moins par désir ou souhait. Cependant, il n’est pas toujours nécessaire que ce souhait soit explicite, comme dans le cas des catéchumènes. Lorsque quelqu’un est dans une ignorance invincible, Dieu accepte un désir implicite, ainsi appelé parce qu’il est inclus dans la bonne disposition de l’âme, par laquelle on désire conformer sa volonté à celle de Dieu » (Lettre du saint-Office en date du 8 août 1949, à propos du père Feeney).
« Nous savons et vous savez que ceux qui ignorent de façon invincible notre très sainte religion, et qui, observant avec soin la loi naturelle et ses préceptes, gravés par Dieu dans le cœur de tous, et disposés à obéir à Dieu, mènent une vie honnête et droite, peuvent, avec l’aide de la lumière et de la grâce divines, acquérir la vie éternelle » (Pie IX, Singulari quadam).
« Dans son infinie miséricorde, Dieu a voulu que, puisqu’il s’agissait des moyens de salut ordonnés à la fin ultime de l’homme non par nécessité intrinsèque, mais seulement par institution divine, leurs effets salutaires puissent également être obtenus dans certaines circonstances, lorsque ces moyens sont seulement objets de “désir” ou de “souhait”. Ce point est clairement établi au concile de Trente aussi bien à propos du sacrement de baptême qu’à propos de la pénitence. Il faut en dire autant, à son plan, de l’Église en tant que moyen général de salut. C’est pourquoi, pour qu’une personne obtienne son salut éternel, il n’est pas toujours requis qu’elle soit de fait incorporée à l’Église, mais il faut lui être uni tout au moins par désir ou souhait. Cependant, il n’est pas toujours nécessaire que ce souhait soit explicite, comme dans le cas des catéchumènes. Lorsque quelqu’un est dans une ignorance invincible, Dieu accepte un désir implicite, ainsi appelé parce qu’il est inclus dans la bonne disposition de l’âme, par laquelle on désire conformer sa volonté à celle de Dieu » (Lettre du saint-Office en date du 8 août 1949, à propos du père Feeney).
Toutefois, cet état est plein de périls et de difficultés
Ainsi, tout homme, même ignorant de façon invincible l’existence de l’Église catholique, est en
mesure de faire son salut avec l’aide de la grâce. Cependant, cet état reste précaire et dangereux :
« Tous ceux qui ne possèdent pas l’unité et la vérité de l’Église catholique [doivent] s’efforcer,
conformément aux besoins de leurs cœurs, de se dégager d’un état où ils ne peuvent être assurés de leur propre salut » (Pie IX, Iam vos omnes). « Car même si, par un certain désir et souhait
inconscient, ils se trouvent ordonnés au Corps mystique du Rédempteur, ils sont privés de tant et de
tant de secours et faveurs célestes, dont on ne peut jouir que dans l’Église catholique » (Pie XII,
Mystici corporis).
Et le Saint-Esprit travaille à dissoudre leurs erreurs pour les faire entrer dans la société visible de Jésus-Christ
La grâce travaille à faire passer cette âme de bonne volonté d’un état précaire et dangereux à la
vie dans l’Église catholique, arche du salut et sanctuaire des âmes prédestinées : « Nous les invitons
tous et chacun à céder librement aux impulsions intimes de la grâce divine et à s’efforcer de sortir
d’un état où nul ne peut être sûr de son salut éternel » (Pie XII, Mystici corporis).
Ceux qui ne sont pas membres visibles de l’Église catholique et ne s’y rattachent point par un vœu (explicite, ou au moins implicite), ne peuvent aucunement être sauvés
En revanche, ceux qui ne sont ni membres visibles de l’Église catholique, ni rattachés à elle par
le vœu, sont certainement hors de la voie du salut. C’est ce que démontrent, par exemple, les
propositions 16, 17 et 18 condamnées par le Syllabus de Pie IX : « Les hommes peuvent trouver la
voie du salut éternel, et l’obtenir, dans le culte de toutes les religions » ; « Il faut au moins avoir bon
espoir au sujet du salut de tous ceux qui n’appartiennent en aucune façon à l’Église » ; « Le
protestantisme n’est pas autre chose qu’une forme différente de cette même vraie religion
chrétienne, dans laquelle, comme dans l’Église catholique, il est possible de plaire à Dieu ».
Résumé de la doctrine du Magistère traditionnel sur l’Église et sur l’œcuménisme
Comme pour la doctrine de Vatican II, nous allons reprendre de façon synthétique la doctrine du
Magistère traditionnel à propos de l’appartenance à l’Église et, en conséquence, à propos de
l’œcuménisme, ce qui permettra de comparer avec profit les deux synthèses :
« Il faut tenir, de foi, que personne ne peut être sauvé en dehors de l’Église catholique romaine et apostolique, qui est l’unique arche de salut : celui qui n’y est pas entré périra par le déluge, car hors de l’Église, pas de salut. En effet, l’Église du Christ, le Corps mystique, est l’Église catholique romaine et s’identifie à elle. L’Église du Christ n’est donc pas la réunion de diverses communautés ecclésiales, car les communautés ecclésiales séparées de l’Église catholique n’appartiennent aucunement à l’Église du Christ. Cela n’implique toutefois pas que tous ceux qui sont hors des frontières visibles de l’Église catholique soient forcément hors de l’Église du Christ et donc hors de la voie du salut. Car ceux qui, sans faute de leur part, sont dans l’ignorance invincible de la vraie religion peuvent se sauver par la grâce de Dieu, en se rattachant implicitement à l’Église catholique. Toutefois, cet état est plein de périls et de difficultés, et le Saint-Esprit travaille à dissoudre leurs erreurs pour les faire entrer dans la société visible de Jésus-Christ. Ceux, en revanche, qui ne sont pas membres visibles de l’Église catholique et ne s’y rattachent point par un vœu (explicite, ou au moins implicite), ne peuvent aucunement être sauvés ».
« Il faut tenir, de foi, que personne ne peut être sauvé en dehors de l’Église catholique romaine et apostolique, qui est l’unique arche de salut : celui qui n’y est pas entré périra par le déluge, car hors de l’Église, pas de salut. En effet, l’Église du Christ, le Corps mystique, est l’Église catholique romaine et s’identifie à elle. L’Église du Christ n’est donc pas la réunion de diverses communautés ecclésiales, car les communautés ecclésiales séparées de l’Église catholique n’appartiennent aucunement à l’Église du Christ. Cela n’implique toutefois pas que tous ceux qui sont hors des frontières visibles de l’Église catholique soient forcément hors de l’Église du Christ et donc hors de la voie du salut. Car ceux qui, sans faute de leur part, sont dans l’ignorance invincible de la vraie religion peuvent se sauver par la grâce de Dieu, en se rattachant implicitement à l’Église catholique. Toutefois, cet état est plein de périls et de difficultés, et le Saint-Esprit travaille à dissoudre leurs erreurs pour les faire entrer dans la société visible de Jésus-Christ. Ceux, en revanche, qui ne sont pas membres visibles de l’Église catholique et ne s’y rattachent point par un vœu (explicite, ou au moins implicite), ne peuvent aucunement être sauvés ».