SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres (n°65) - FSSPX - mars 2015
Avant d’étudier, en contraste de l’enseignement de Vatican II sur l’œcuménisme, l’enseignement de l’Église avant ce concile, il est bon de donner un coup d’œil sur l’état des lieux juste dans l’entre-deux. Le premier témoignage provient d’un instrument classique de la vulgarisation scientifique, le deuxième de celui qui fut le « ministre de l’œcuménisme » sous le pontificat de Paul VI.
Avant d’étudier, en contraste de l’enseignement de Vatican II sur l’œcuménisme, l’enseignement de l’Église avant ce concile, il est bon de donner un coup d’œil sur l’état des lieux juste dans l’entre-deux. Le premier témoignage provient d’un instrument classique de la vulgarisation scientifique, le deuxième de celui qui fut le « ministre de l’œcuménisme » sous le pontificat de Paul VI.
Témoignage de l’encyclopédie Que sais-je en 1959
« Une remarque qu’il faut constamment répéter parce qu’elle est constamment en danger d’être
oubliée, c’est la non-participation du catholicisme romain au mouvement œcuménique. (…) Malgré
des avances répétées qui lui furent faites, aux époques de la préhistoire de l’œcuménisme, Rome est
restée fidèle à sa doctrine de base et n’a jamais voulu participer à des réunions officielles sur un
pied d’égalité avec les organisations ecclésiastiques constituantes ; tout au plus, le Vatican a-t-il
envoyé des “observateurs” dans les premières grandes assemblées ; mais, depuis quelques années,
cela même ne se produit plus. C’est que, pour le catholicisme, le problème de l’unité se pose tout
autrement que pour les protestants ou les anglicans, voire les orthodoxes : l’unité consiste dans le
retour à la seule vraie Église que le magistère définit par ces marques : une, sainte, apostolique,
catholique, et romaine ; toute autre voie est impensable pour des “romains” conséquents, car penser
autrement ce serait implicitement reconnaître la validité spirituelle de groupes issus de schismes ou
d’hérésies, et, donc, de renier soi-même (…). Les avertissements, voire les interdictions, sont allés
se multipliant de la part de la hiérarchie catholique à ses fidèles ; dès 1922 et 1923, alors que se
préparait la première rencontre mondiale de Foi et Constitution, très peu après que le patriarche de
Constantinople avait répondu favorablement à l’appel des anglicans et de Nathan Soderblom, deux
encycliques, coup sur coup, mettaient en garde les catholiques susceptibles de se laisser tenter et de
suivre inconsidérément certains penchants de leurs cœurs : c’étaient, respectivement, Ubi arcano
Dei et Ecclesiam Dei » (Berthe Gavalda, Le mouvement œcuménique, Que sais-je, Presses
Universitaires de France, 1959, pp. 80-82).
Témoignage du cardinal Willebrands en 1969
« Si nous avons des motifs de nous réjouir, nous avons aussi des raisons de nous abstenir de tout
triomphalisme. Si la situation actuelle est meilleure, elle est relativement récente. Si nous nous
reportons à la situation des années 1925-1928, nous nous trouvons devant un tableau bien différent.
En 1925 avait lieu à Stockholm, grâce à l’initiative de l’archevêque luthérien Söderblom, une
grande conférence sur un programme de christianisme pratique (…) . L’Église catholique n’y
participa en aucune façon, pas même sous forme d’observateurs. En 1927, se tenait à Lausanne une
conférence d’un type différent. Organisée par l’évêque épiscopalien Charles Brent, aidé d’un laïc,
Robert Gardiner, cette conférence prit comme thème général l’Église et s’efforça d’éclairer les
principaux points où s’élèvent les controverses (…). Quelle fut l’attitude de l’Église catholique en
face de la conférence de Lausanne ? Benoît XV déclina l’invitation qui était faite à l’Église
catholique d’y participer. Le Saint-Office, par un décret du 8 juillet 1927, interdisait aux catholiques
toute participation à celle-ci. Cinq mois après l’assemblée, le 6 janvier 1928, une encyclique de
Pie XI exposait les raisons positives de cette réprobation, à savoir la doctrine catholique de l’unité.
Je parle de l’encyclique Mortalium Animos, qui disait clairement : “Les choses étant telles, le SaintSiège
ne peut prendre part à ces réunions et il n’est permis, en aucune façon, aux catholiques
d’adhérer ou de collaborer à ces initiatives. Agissant ainsi, ils donneraient de l’autorité à une
religion fausse, très éloignée de l’Unique Église du Christ. Nous ne pourrons pas tolérer […] que la
vérité […] soit objet de transactions”. Nous sommes donc aux antipodes de la situation présente.
Comment expliquer ce violent contraste ? » (Cardinal Jan Willebrands, Œcuménisme et problèmes
actuels, Cerf, 1969, p. 9)