SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 7 novembre 2015
Un Dieu diminué, vidé, rapetissé,
N’attire point. Le Christ doit se revoir hissé.
Je viens tout juste de relire le livre de Michael Davis, Pope John’s Council, écrit en 1977 mais qui n’a guère besoin d’une mise à jour quelque quarante ans plus tard. Michael Davis a pu être trop bienveillant envers le Concile, mais il y a beaucoup de vérités de fond dans le livre en sorte qu’on peut le recommander vivement à quiconque veut se mettre à étudier le Concile. Particulièrement intéressant est l’Appendice VI, qui consiste en un compte-rendu de 1936 du Professeur Louis Salleron du livre alors récemment paru du philosophe français Jacques Maritain (1882–1973), L’Humanisme intégral. Ce livre intéressa tellement un prêtre italien, Giovanni-Battista Montini, qu’il le traduisit en italien. Plus tard, il devint le Pape Paul VI, architecte principal de Vatican II. Ainsi, Salleron découvre les racines du Concile, vingt-six ans avant son ouverture.
L’Humanisme intégral présente la vision de Maritain d’un nouveau futur pour une chrétienté remodelée. La civilisation bourgeoise est vouée à l’échec, mais au lieu de continuer de condamner avec l’Église cet humanisme centré sur l’homme qui donna naissance à la Révolution française (1789) qui installa à son tour cette bourgeoisie au pouvoir, il faut voir cette Révolution comme faisant partie d’un inévitable processus historique toujours en cours, et avec lequel le christianisme doit s’entendre. Par ce moyen, alors qu’on ne peut arrêter le cours entier de l’histoire moderne, néanmoins par le Christ on pourra faire que cet humanisme soit vraiment et pleinement humain, au point où il devient un « humanisme intégral ». Ainsi, la chrétienté reconstruite sur des fondations modernes va apporter le Christ à l’homme moderne et l’homme moderne au Christ, ce qui fut l’intention admirable de Maritain et de Paul VI et de Mgr. Fellay.
Mais « La voie de l’Enfer est pavée de bonnes intentions », nous dit la sagesse du vieux proverbe. Salleron admire toute sorte de choses dans le livre de Maritain, qui fut un philosophe expert dans le thomisme et qui savait bien, nous dit Salleron, comment présenter n’importe quelle idée de façon à ne pas contredire la doctrine catholique. Mais à la lecture de l’histoire moderne par Maritain Salleron s’oppose fortement, jusqu’à la qualifier de « marxiste ». Karl Marx (1818–1883) prit comme point de départ lui aussi la pourriture de la civilisation bourgeoise, mais sa conclusion à lui était qu’elle devait être entièrement détruite par une Révolution continuelle qui réalisât le rêve d’une société sans classe, rêve qui devint en réalité le cauchemar du communisme. Maritain rejeta donc les conclusions de Marx mais accepta son analyse de l’histoire, pour en fabriquer une nouvelle chrétienté de compromis qui irait bien à l’homme moderne : ni la modernité sur des fonda tions modernes (Marx – et Wagner), ni le Christ sur les fondations du Christ (Pie X – voyez tout spécialement sa Lettre sur le Sillon – et Monseigneur Lefebvre), mais le Christ sur des fondations modernes. Le résultat est cette nouvelle chrétienté que l’on trouve partout dans les documents de Vatican II, selon laquelle le Christ est le véritable épanouissement de l’homme – donc ce n’est plus l’homme qui est ordonné au Christ et à Dieu, mais Dieu et le Christ qui sont ordonnés à l’homme.
Hélas ! des solutions mêlées de compromis ne fonctionnent pas avec Notre-Seigneur. Il affirme : « Oui, oui ; non, non. Ce qui se dit de plus vient du Malin » (S. Mat. V, 37). Et « Qui n’est pas avec moi est contre moi » (S. Mat. XII, 30). Une religion du vrai Dieu centrée sur l’homme est une contradiction dans les termes. Salleron souligne qu’il n’y a rien d’inévitable dans la marche de l’histoire moderne telle que l’ont imaginé e Marx et Maritain. Si l’homme moderne se voue au Diable, c’est de son propre gré. Ce que les libéraux comme Maritain et Paul VI et Mgr. Fellay ne saisissent pas, c’est la réalité du mal. Ils ne comprennent pas que l’homme moderne ne veut simplement pas du Christ, et Dieu ne l’y forcera point. Les libéraux rabaissent Dieu pour le rendre attrayant aux hommes modernes, mais la plupart d’entre eux s’en détournent dans l’indifférence ou le dégoût. Vatican II fut un échec colossal, et « l’humanisme intégral » ne fut qu’un exemple de plus de la désintégration de cet humanisme qui refuse de se centrer sur Dieu.
La politique, l’économie, les banques, la finance, les arts, la médecine, la loi, l’agriculture, toute la société moderne doit se remettre sous la Royauté Sociale du Christ-Roi. Voilà la solution de Monseigneur Lefebvre. Il n’y a pas d’autre solution.
Kyrie eleison.