SOURCE - Lettre à Nos Frères Prêtres - FSSPX France - n°70 - juillet 2016
Et précisément parce qu’elle permet un réel contact avec les Pères de notre foi, la liturgie « grégorienne » devient le lieu où chaque chrétien est appelé à se confronter personnellement avec cette tradition reçue des Pères.
Et précisément parce qu’elle permet un réel contact avec les Pères de notre foi, la liturgie « grégorienne » devient le lieu où chaque chrétien est appelé à se confronter personnellement avec cette tradition reçue des Pères.
Une liturgie qui bouscule notre mentalité…
Reçus comme un héritage, et non créés selon les modes du moment, ces textes essentiels et d’une si haute antiquité, ces formules que l’usage d’innombrables générations chrétiennes a sanctifiées sont en mesure de contester les petits préjugés, les manies, les sentimentalismes qui peuvent envahir le chrétien du jour. Ils vont le bousculer dans ses routines spirituelles afin de le convertir. Entendus et répétés, ils vont former sa mentalité selon le modèle des grands spirituels des siècles passés, et principalement des Pères dans la foi.
Évidemment, un christianisme conventionnel, fade ou sentimental se sent mal à l’aise en face de la vigueur et de la crudité de la liturgie « grégorienne ». Mais il y a là justement une excellente cure de santé religieuse. Rien ne guérit mieux le chrétien mondain et superficiel que cette confrontation directe, même si elle est parfois difficile, avec « la Tradition à son plus haut degré de solennité » (dom Guéranger).
Loin donc d’être « adaptée » à la mentalité de l’homme d’aujourd’hui, à son mode de vie, à ses perceptions, à ses besoins, à ses manières nouvelles de penser et de vivre, la liturgie « grégorienne » le met en face d’une règle de prière qui a inspiré pendant quinze siècles la pensée et la vie chrétiennes. Au-delà des incompréhensions qu’un contemporain peut parfois ressentir, elle ouvre son regard intérieur sur l’amplitude de la Tradition, sur ses richesses incroyables, sur ses virtualités en quelque sorte infinies.
D’abord, cette liturgie est une réalité essentiellement vivante. Parce qu’elle est une œuvre collective de longue haleine (dans le temps comme dans l’espace), lentement forgée sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, elle bénéficie de la richesse, de la variété, de l’inventivité constante de la vie, de son infinie souplesse qui donne à l’âme sa liberté essentielle. La liturgie « grégorienne » n’est jamais et en aucune manière l’application d’une théorie rationnelle, quelle qu’elle soit, qui enfermerait l’âme dans les limites étroites et rigides d’une conception unilatérale.
Ensuite, la liturgie « grégorienne » est profondément objective. Le Ritus servandus du missel « grégorien », en effet, est une suite de descriptions d’actions, sans aucune justification doctrinale : « Le prêtre fait ce geste… dit cette parole… va à tel endroit… est revêtu de tel ornement… ». On s’étonne parfois du fait que cette liturgie soit si rubricale, on rêve d’une liturgie plus personnaliste, plus subjective. Mais c’est précisément en raison même de cette objectivité que la liturgie « grégorienne » laisse aux participants une grande liberté, en les renvoyant à leur propre intériorité. Parce que la manière de la célébrer est liée aux choses à accomplir et non aux sentiments des personnes ou à leurs pensées, elle peut s’adapter avec souplesse à l’état spirituel de chaque assistant. Au célébrant n’est pas imposée une « idéologie » rituelle, aux fidèles ne sont pas imposées non plus les idées propres du célébrant.
Également, la liturgie « grégorienne » est très ritualisée : elle oblige de façon assez impérative le célébrant à réaliser les rites d’une façon déterminée. Cette stricte réglementation possède le grand avantage de « porter » le célébrant durant l’action liturgique, de l’élever au-dessus de lui-même, de le structurer par le rite même, en sorte que ses qualités ou ses déficiences personnelles s’effacent dans une large mesure devant l’action rituelle.
De plus, la liturgie « grégorienne » est profondément stable et cyclique, sur la durée si naturelle à l’homme d’une année solaire. Il y a un effet bénéfique dans le retour régulier des mêmes rites et des mêmes paroles, de repères précis et identifiables qui structurent et enracinent la vie chrétienne, de grands textes connus qu’on peut méditer sans fin. Un chamboulement continuel empêcherait d’acquérir un rythme intérieur, d’assimiler en profondeur les richesses de la prière liturgique : tout passe, tout coule si on ne dispose plus de repères familiers. L’esprit et le cœur s’emballeraient et s’épuiseraient s’ils étaient toujours invités à une gymnastique dont les mouvements changeraient à chaque exercice. Le retour des formules connues et des gestes familiers favorise au contraire la libre ouverture intérieure.
Le chrétien a besoin de cette liturgie construite autour de repères précis et identifiables, une liturgie qui se réfère à une origine qui structure et enracine sa foi, à un donné traditionnel qui permet de se confronter à une réalité solide. La fixité du rite est ainsi une force, un point d’appui pour la vie spirituelle, une marque d’éternité dans un monde changeant. Car le rite est le signe sensible de l’éternité, d’où son caractère répétitif et traditionnel. Plus le monde quotidien change, plus on s’appuie sur le retour permanent du rite qui manifeste que les choses ne changent en réalité qu’en surface.
Enfin, la liturgie « grégorienne », prise dans toute son ampleur, est multiforme : elle propose de nombreuses voies d’accès au sacré, qui peuvent s’adapter à l’âge, à la formation, à l’état d’esprit de chacun. Un chrétien même ordinaire connaît, au moins de temps en temps, le chapelet, l’Angelus, le chemin de croix, les processions, les saluts du Saint-Sacrement, les prières traditionnelles du matin et du soir, les neuvaines. Les fêtes traditionnelles, liées à des coutumes locales, à des habitudes diverses, sont nombreuses et variées. Cette variété offre à chacun un nouvel espace de liberté.
…dans le respect de notre liberté intérieureCette confrontation vitale avec la Tradition se réalise pourtant dans un climat de profonde liberté intérieure. La liturgie « grégorienne » n’entend nullement imposer une idéologie, un discours coercitif. Elle renvoie en réalité chacun à son parcours spirituel personnel, sans l’enfermer dans un cadre rigide et contraignant.
D’abord, cette liturgie est une réalité essentiellement vivante. Parce qu’elle est une œuvre collective de longue haleine (dans le temps comme dans l’espace), lentement forgée sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, elle bénéficie de la richesse, de la variété, de l’inventivité constante de la vie, de son infinie souplesse qui donne à l’âme sa liberté essentielle. La liturgie « grégorienne » n’est jamais et en aucune manière l’application d’une théorie rationnelle, quelle qu’elle soit, qui enfermerait l’âme dans les limites étroites et rigides d’une conception unilatérale.
Ensuite, la liturgie « grégorienne » est profondément objective. Le Ritus servandus du missel « grégorien », en effet, est une suite de descriptions d’actions, sans aucune justification doctrinale : « Le prêtre fait ce geste… dit cette parole… va à tel endroit… est revêtu de tel ornement… ». On s’étonne parfois du fait que cette liturgie soit si rubricale, on rêve d’une liturgie plus personnaliste, plus subjective. Mais c’est précisément en raison même de cette objectivité que la liturgie « grégorienne » laisse aux participants une grande liberté, en les renvoyant à leur propre intériorité. Parce que la manière de la célébrer est liée aux choses à accomplir et non aux sentiments des personnes ou à leurs pensées, elle peut s’adapter avec souplesse à l’état spirituel de chaque assistant. Au célébrant n’est pas imposée une « idéologie » rituelle, aux fidèles ne sont pas imposées non plus les idées propres du célébrant.
Également, la liturgie « grégorienne » est très ritualisée : elle oblige de façon assez impérative le célébrant à réaliser les rites d’une façon déterminée. Cette stricte réglementation possède le grand avantage de « porter » le célébrant durant l’action liturgique, de l’élever au-dessus de lui-même, de le structurer par le rite même, en sorte que ses qualités ou ses déficiences personnelles s’effacent dans une large mesure devant l’action rituelle.
De plus, la liturgie « grégorienne » est profondément stable et cyclique, sur la durée si naturelle à l’homme d’une année solaire. Il y a un effet bénéfique dans le retour régulier des mêmes rites et des mêmes paroles, de repères précis et identifiables qui structurent et enracinent la vie chrétienne, de grands textes connus qu’on peut méditer sans fin. Un chamboulement continuel empêcherait d’acquérir un rythme intérieur, d’assimiler en profondeur les richesses de la prière liturgique : tout passe, tout coule si on ne dispose plus de repères familiers. L’esprit et le cœur s’emballeraient et s’épuiseraient s’ils étaient toujours invités à une gymnastique dont les mouvements changeraient à chaque exercice. Le retour des formules connues et des gestes familiers favorise au contraire la libre ouverture intérieure.
Le chrétien a besoin de cette liturgie construite autour de repères précis et identifiables, une liturgie qui se réfère à une origine qui structure et enracine sa foi, à un donné traditionnel qui permet de se confronter à une réalité solide. La fixité du rite est ainsi une force, un point d’appui pour la vie spirituelle, une marque d’éternité dans un monde changeant. Car le rite est le signe sensible de l’éternité, d’où son caractère répétitif et traditionnel. Plus le monde quotidien change, plus on s’appuie sur le retour permanent du rite qui manifeste que les choses ne changent en réalité qu’en surface.
Enfin, la liturgie « grégorienne », prise dans toute son ampleur, est multiforme : elle propose de nombreuses voies d’accès au sacré, qui peuvent s’adapter à l’âge, à la formation, à l’état d’esprit de chacun. Un chrétien même ordinaire connaît, au moins de temps en temps, le chapelet, l’Angelus, le chemin de croix, les processions, les saluts du Saint-Sacrement, les prières traditionnelles du matin et du soir, les neuvaines. Les fêtes traditionnelles, liées à des coutumes locales, à des habitudes diverses, sont nombreuses et variées. Cette variété offre à chacun un nouvel espace de liberté.