SOURCE - Jeanne Smits - Présent - 10 décembre 2011
Jeudi soir, Paris était chrétienne - La parole d’un évêque
Elle aura suffi, cette parole. Un court communiqué du cardinal André Vingt-Trois évoquant le spectacle Gólgota Picnic qui « insulte le Christ en croix » a suffi pour remplir Notre-Dame de Paris et faire déborder la cathédrale. Plus de 7 000 personnes se sont tassées dans la nef, les bas-côtés, les allées pour venir méditer la Passion et vénérer les Saintes Reliques que la France doit à saint Louis. Le cardinal et une suite interminable de prêtres et de clercs ont accompagné en procession la Sainte Couronne d’épines, un morceau de la Vraie Croix et l’un des clous utilisés pour crucifier notre sauveur, pour les porter triomphalement dans la cathédrale en passant par le milieu du parvis, où des centaines de fidèles attendant patiemment de pouvoir se glisser dans l’édifice déjà bondé leur faisaient une sorte de garde d’honneur.
D’aucuns ont regretté l’aspect caché et enfoui de ce rendez-vous alors que le scandale de Gólgota Picnic se déroulait à quelques milliers de mètres de là, au Théâtre du Rond-Point. On peut préférer manifester sur place, et d’ailleurs les manifestations continueront jusqu’au 17 décembre à proximité du théâtre, sans compter le grand rassemblement auquel appelle Civitas pour ce dimanche 11 décembre (et non samedi comme je l’ai écrit par erreur) place de l’Alma à 14 heures.
Mais la cérémonie de vénération des reliques était tout sauf discrète. Les cloches de Notre-Dame sonnaient à toute volée, les abords de la cathédrale étaient noirs de monde, la cérémonie s’est déroulée toutes portes ouvertes ; impossible d’enfermer cette volonté des chrétiens de répliquer par la prière et la présence au pied de la Croix à la profanation de Rodrigo Garcia.
Le cardinal aurait-il organisé cet événement de chrétienté sans avoir été aiguillonné par les jeunes chrétiens qui dès le début de la saison du blasphème dans le monde du spectacle parisien ont dit leur tristesse et leur colère ? Certes non. Et ces « idiots sympathiques » – comme il les a appelés – ont oublié le quolibet en s’associant nombreux à la veillée du 8 décembre. Mais il y avait aussi des Versaillais et des petites bonnes sœurs en civil, des séminaristes en noir et des Martiniquais, des cathos bon chic bon genre et des étudiants de tout poil, des tradis, des pas-tradis.
Le cardinal a parlé de manière émouvante de ce Christ qu’on insulte et que l’on moque. Ce Christ qui est « notre maître » et le « maître du monde ». Il a parlé du « péché de la haine », qui non seulement blesse le Christ mais révèle quelque chose du cœur de celui qui hait, et de sa désespérance. Il a ajouté (mais on le savait et le souligner marquait donc une volonté) que le rassemblement n’était pas une protestation : « Nous ne sommes pas venus ici pour faire une manifestation, nous sommes venus ici le cœur débordant d’amour. » Certes. Mais pourquoi ne pas dire que les milliers de personnes qui étaient venues de tout Paris et de sa banlieue voulaient laver l’offense faite au Christ ?
La « réparation », « l’expiation » sont des mots qui auraient été à leur place. Assurément le blasphème n’amoindrit pas Dieu, mais il blesse l’homme à mort. Le rappeler aux gogos qui se gargarisent des profanations de Gólgota Picnic ou qui tentent d’y trouver matière à dialogue n’est pas une violence, mais une charité.
Jeudi soir, Paris était chrétienne. Tout le quartier latin était envahi par les doux ; de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, une belle et priante procession s’est rendue au Rond-Point des Champs-Elysées pour y affirmer sur place les droits de Dieu ; dans les rues de quartier du XVe, une autre procession multipliant bannières, litanies et Ave voyait descendre sur la chaussée plus de 500 personnes derrière le curé de Saint-Jean-Baptiste de la Salle en chape d’or et une statue de l’Immaculée portée par des Chevaliers du Saint-Sépulcre, en union avec la veillée de Notre-Dame et en « réparation » des outrages contre le Christ.
Portant des fleurs blanches aux abords du Théâtre du Rond-Point – aussitôt arrachées, aussitôt piétinées par une contre-manifestation de gauche – l’association « Culture et foi, si on se respectait » avec Mgr Nicolas Brouwet, Frigide Barjot, Jacques de Guillebon ont manifesté avant de demander à être reçus par le directeur Jean-Michel Ribes. Je doute, soit dit en passant, que les intéressés aient vu le spectacle, qui rend tout dialogue difficile, voire déplacé. Lire à ce sujet le blog de Bernard Antony, qui dit tout aussi pudiquement que possible.
Christine Boutin s’est hélas (pour elle) pris les pieds dans le tapis en affirmant à propos de ce rassemblement-là : « Je condamne ces manifestations. » « Je préfère la liberté d’expression, elle est beaucoup plus importante que toute censure. Je suis absolument hostile à la censure. »
Approuve-t-elle vraiment le droit et la liberté de mettre en scène des représentations obscènes de la Crucifixion et de Jésus dans les bras de sa Mère?
JEANNE SMITS
Jeudi soir, Paris était chrétienne - La parole d’un évêque
Elle aura suffi, cette parole. Un court communiqué du cardinal André Vingt-Trois évoquant le spectacle Gólgota Picnic qui « insulte le Christ en croix » a suffi pour remplir Notre-Dame de Paris et faire déborder la cathédrale. Plus de 7 000 personnes se sont tassées dans la nef, les bas-côtés, les allées pour venir méditer la Passion et vénérer les Saintes Reliques que la France doit à saint Louis. Le cardinal et une suite interminable de prêtres et de clercs ont accompagné en procession la Sainte Couronne d’épines, un morceau de la Vraie Croix et l’un des clous utilisés pour crucifier notre sauveur, pour les porter triomphalement dans la cathédrale en passant par le milieu du parvis, où des centaines de fidèles attendant patiemment de pouvoir se glisser dans l’édifice déjà bondé leur faisaient une sorte de garde d’honneur.
D’aucuns ont regretté l’aspect caché et enfoui de ce rendez-vous alors que le scandale de Gólgota Picnic se déroulait à quelques milliers de mètres de là, au Théâtre du Rond-Point. On peut préférer manifester sur place, et d’ailleurs les manifestations continueront jusqu’au 17 décembre à proximité du théâtre, sans compter le grand rassemblement auquel appelle Civitas pour ce dimanche 11 décembre (et non samedi comme je l’ai écrit par erreur) place de l’Alma à 14 heures.
Mais la cérémonie de vénération des reliques était tout sauf discrète. Les cloches de Notre-Dame sonnaient à toute volée, les abords de la cathédrale étaient noirs de monde, la cérémonie s’est déroulée toutes portes ouvertes ; impossible d’enfermer cette volonté des chrétiens de répliquer par la prière et la présence au pied de la Croix à la profanation de Rodrigo Garcia.
Le cardinal aurait-il organisé cet événement de chrétienté sans avoir été aiguillonné par les jeunes chrétiens qui dès le début de la saison du blasphème dans le monde du spectacle parisien ont dit leur tristesse et leur colère ? Certes non. Et ces « idiots sympathiques » – comme il les a appelés – ont oublié le quolibet en s’associant nombreux à la veillée du 8 décembre. Mais il y avait aussi des Versaillais et des petites bonnes sœurs en civil, des séminaristes en noir et des Martiniquais, des cathos bon chic bon genre et des étudiants de tout poil, des tradis, des pas-tradis.
Le cardinal a parlé de manière émouvante de ce Christ qu’on insulte et que l’on moque. Ce Christ qui est « notre maître » et le « maître du monde ». Il a parlé du « péché de la haine », qui non seulement blesse le Christ mais révèle quelque chose du cœur de celui qui hait, et de sa désespérance. Il a ajouté (mais on le savait et le souligner marquait donc une volonté) que le rassemblement n’était pas une protestation : « Nous ne sommes pas venus ici pour faire une manifestation, nous sommes venus ici le cœur débordant d’amour. » Certes. Mais pourquoi ne pas dire que les milliers de personnes qui étaient venues de tout Paris et de sa banlieue voulaient laver l’offense faite au Christ ?
La « réparation », « l’expiation » sont des mots qui auraient été à leur place. Assurément le blasphème n’amoindrit pas Dieu, mais il blesse l’homme à mort. Le rappeler aux gogos qui se gargarisent des profanations de Gólgota Picnic ou qui tentent d’y trouver matière à dialogue n’est pas une violence, mais une charité.
Jeudi soir, Paris était chrétienne. Tout le quartier latin était envahi par les doux ; de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, une belle et priante procession s’est rendue au Rond-Point des Champs-Elysées pour y affirmer sur place les droits de Dieu ; dans les rues de quartier du XVe, une autre procession multipliant bannières, litanies et Ave voyait descendre sur la chaussée plus de 500 personnes derrière le curé de Saint-Jean-Baptiste de la Salle en chape d’or et une statue de l’Immaculée portée par des Chevaliers du Saint-Sépulcre, en union avec la veillée de Notre-Dame et en « réparation » des outrages contre le Christ.
Portant des fleurs blanches aux abords du Théâtre du Rond-Point – aussitôt arrachées, aussitôt piétinées par une contre-manifestation de gauche – l’association « Culture et foi, si on se respectait » avec Mgr Nicolas Brouwet, Frigide Barjot, Jacques de Guillebon ont manifesté avant de demander à être reçus par le directeur Jean-Michel Ribes. Je doute, soit dit en passant, que les intéressés aient vu le spectacle, qui rend tout dialogue difficile, voire déplacé. Lire à ce sujet le blog de Bernard Antony, qui dit tout aussi pudiquement que possible.
Christine Boutin s’est hélas (pour elle) pris les pieds dans le tapis en affirmant à propos de ce rassemblement-là : « Je condamne ces manifestations. » « Je préfère la liberté d’expression, elle est beaucoup plus importante que toute censure. Je suis absolument hostile à la censure. »
Approuve-t-elle vraiment le droit et la liberté de mettre en scène des représentations obscènes de la Crucifixion et de Jésus dans les bras de sa Mère?
JEANNE SMITS