2 avril 1991

[Gloria TV] Funérailles de Mgr Marcel Lefebvre

SOURCE - Gloria TV - 2 avril 1991

Cette vidéo VHS a été réalisée par un des fidèles d'Amiens qui a assisté aux funérailles de Mgr Lefebvre le 2 avril 1991 au séminaire d'Ecône. Elle vient d'être refilmée en format numérique sur un écran de récepteur sans trop d'altérations de la qualité d'origine. Beaucoup d'ecclésiastiques se reconnaitront dans le long cortège qui précède et qui suit la cérémonie dont on voit quelques extraits. Cette vidéo de 26 minutes est l'hommage d'un simple catholique à ce grand et clairvoyant évêque que fût Mgr Lefebvre.

  

[Abbé Franz Schmidberger, fsspx] Sermon des obsèques de Mgr Lefebvre

SOURCE - Abbé Franz Schmidberger, fsspx - 2 avril 1991

[présentation par fsspx.news] "Le 2 avril 1991 furent célébrées les obsèques de Mgr Marcel Lefebvre, à Ecône. Voici le sermon que prononça l’abbé Franz Schmidberger, alors Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, au cours de la Messe de Requiem"
Une vie à l’imitation de Jésus-Christ
Ecce sacérdos magnus, qui in diébus suis plácuit Deo, et invéntus est justus. Non est invéntus símilis illi qui conserváret legem Excélsi. Voici le souverain prêtre, qui, durant sa vie a plu à Dieu et fut trouvé juste. Nul ne s’est trouvé semblable à lui pour observer la Loi du Très-Haut. (Graduel de la messe Statuit des confesseurs pontifes)

Excellences, Chers membres de la famille, frères et sœurs de Monseigneur Lefebvre,

Mes bien chers frères et amis,

Nous voici réunis autour de la dépouille mortelle de notre Père bien-aimé, de notre fondateur et Supérieur général pendant de longues années, autour de cet évêque fidèle à sa mission de docteur et pasteur de l’Église, une, sainte, catholique et apostolique, de ce missionnaire infatigable, de ce père d’une nouvelle génération de prêtres, de ce sauveur du très saint sacrifice de la messe dans son rite romain authentique et vénérable, de ce combattant du règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ. « Voici le grand prêtre qui durant sa vie a plu à Dieu et fut trouvé juste. Nul ne s’est trouvé semblable à lui pour observer la Loi du Très-Haut. »

Nous voici réunis, dis-je, avec une douleur profonde, comme des orphelins, dans les larmes et dans les gémissements, mais aussi dans l’espérance chrétienne et l’admiration en face d’une telle vie chrétienne, sacerdotale et épiscopale. Mes confrères et moi-même, nous vous remercions, chers fidèles, d’être venus des quatre coins du monde pour rendre un dernier hommage à cet homme extraordinaire de notre siècle. Avant d’exprimer quelle fut sa vie, je vous donnerai quelques détails sur les dernières semaines et les derniers jours du cher défunt.
Ses derniers jours
Le soir de la fête de saint Thomas d’Aquin, le 7 mars, Monseigneur célébrait à Écône la messe pour les amis et bienfaiteurs du Valais, et leur donna ensuite une conférence sur la situation de l’Église et sur notre devoir dans le combat et les labeurs pour les institutions chrétiennes. Il se plaignait de douleurs au ventre et ne participa pas au repas. Le jour suivant, il offrait pour la dernière fois le saint sacrifice sur nos autels et, malgré des douleurs sensibles, il partait aussitôt pour Paris à une réunion des responsables des Cercles de la Tradition. En route, son état de santé s’avérait alarmant. Après avoir passé la première partie de la nuit du vendredi au samedi dans un hôtel, il revenait à l’aube à Écône avec M. Borgeat, son chauffeur. Sur sa propre demande il est hospitalisé à l’hôpital de Martigny. Les médecins supposèrent d’abord une infection intestinale et le mirent à la diète, lui prescrivant des perfusions.

Le lundi 11 mars, dans l’après-midi, je lui rendis visite une dernière fois ; il était plein d’humour et les douleurs avaient diminué un peu. « Je trouve injuste, dit-il à l’infirmière, que l’on ne me donne rien à manger et que malgré tout, je paye le même prix de pension. Vous faites une affaire avec moi ! » Et se tournant vers moi, il dit avec un sourire : « J’ai demandé à M. l’abbé Simoulin de bien préparer le caveau. Si je pouvais mourir comme ma sœur Jeanne, ce serait une belle mort… ». Et dans ce contexte, il me dit : « Je vous appellerai », faisant sans doute allusion à ses derniers moments. Je lui donnais les dernières nouvelles de la Fraternité qu’il écouta avec grand intérêt : c’était, avant tout, le projet d’une nouvelle maison généralice que je lui exposais, avec les raisons favorables à ce projet. « Que Dieu bénisse ce projet », fut sa conclusion. C’est sur ces paroles que je l’ai quitté.

Au soir de ce même jour, M. l’abbé Simoulin, à la demande de Monseigneur lui-même, lui donna l’extrême-onction. Avec le scanner, les médecins diagnostiquèrent, le 15 mars, une tumeur importante. Une opération s’avérait nécessaire. Le dimanche de la Passion, il put encore s’unir sacramentellement une dernière fois à la Victime eucharistique de nos autels. L’opération se fit dans la matinée du 18 mars et se déroula tout à fait normalement : trois grands kystes furent enlevés. Les analyses subséquentes révéleront leur nature cancéreuse. Quelques jours plus tard, des problèmes cardiaques se manifestaient, c’est pourquoi notre patient fut gardé aux soins intensifs. Le samedi précédant le dimanche des Rameaux, il confirma à M. l’abbé Simoulin qu’il offrait ses souffrances pour la Fraternité et pour l’Église. Ce furent pratiquement ses dernières paroles.

Le matin du dimanche des Rameaux, la fièvre montait à 40 degrés ; seuls les antibiotiques les plus forts parvenaient à la maîtriser. Monseigneur restait conscient mais il perdit au cours de la journée du dimanche la faculté de s’exprimer. Le soir, l’abbé Simoulin le visitait encore une fois vers 19 heures, son état était très inquiétant ; vers 23 heures, l’hôpital prévenait Écône que Monseigneur venait de subir une attaque, probablement une embolie pulmonaire. Toute la communauté du séminaire se rassembla alors à la chapelle. L’abbé Simoulin se rendit à l’hôpital et pria au chevet de Monseigneur les prières des agonisants ; il était dans le coma. Vers 1 h 15 le lundi, le téléphone sonnait à la maison généralice : M. l’abbé Laroche nous annonçait que Monseigneur était à ses derniers instants. Tandis que la communauté de la maison se rassemblait à la chapelle, je partis immédiatement à Martigny où j’arrivais à 3 h l5. Monseigneur était ranimé artificiellement, les fonctions du corps se mouraient peu à peu ; vers 3 h 30, le médecin constatait la mort. Dans un dernier service d’amour, j’ai fermé les yeux à notre Père bien-aimé.
A l’imitation de Jésus-Christ
Si nous jetons un regard sur cette vie très riche, on ne peut que la voir dans une profonde et authentique imitation de Notre Seigneur Jésus-Christ dans les différentes étapes de sa vie, spécialement dans son sacerdoce souverain et dans son sacrifice sur le Calvaire. Les trois ministères de l’Homme-Dieu peuvent se résumer à trois devises qui ont rayonné comme des phares sur le chemin de sa vie : « Credídimus caritáti. Nous avons cru à l’amour » (1 Jn 4, 16) ; « Instauráre ómnia in Christo. Tout renouveler dans le Christ » (Ep 1, 10) ; « Accépi quod et trádidi vobis. Je vous ai transmis ce que j’ai reçu moi-même » (1 Cor 11, 23).
Premièrement : Accépi quod et trádidi vobis ou le munus docendi, le ministère de l’enseignement.
Monseigneur vécut complètement plongé dans la lumière de la foi, où il puisait la doctrine de ses conférences innombrables ; ses entretiens spirituels étaient de véritables sermons. Il était pénétré du mystère de la Sainte Trinité et de l’action du Saint-Esprit dans l’Église et dans les âmes. Toute sa vie était orientée vers le mystère de Jésus-Christ : les mystères du Verbe incarné, du Seigneur et Sauveur crucifié et ressuscité, du souverain Prêtre du Nouveau Testament et de la Victime de nos autels. La très sainte Vierge Marie – avec le dogme de sa maternité divine, de son Immaculée Conception, de sa préservation de tout péché et de sa virginité perpétuelle, de son Assomption au Ciel avec son âme et son corps – était pour lui le seul chemin vers le mystère du Seigneur. L’Épouse mystique du Christ, la sainte Église avec le pontife romain, valaient à ses yeux plus que toute autre chose au monde.

Dans la lumière de la Somme théologique de saint Thomas d’Aquin, il priait les vérités de la foi ; il les aimait ; il les exposa durant tout son ministère sacerdotal et épiscopal. Sous la direction du grand docteur de l’Église, il composait encore sa dernière œuvre, son Itinéraire spirituel. La fidélité était pour lui un devoir suprême, considérant les paroles de l’Évangile : « Celui qui change ne serait-ce qu’un iota ou un trait de la Loi de foi sera le plus petit dans le Royaume des cieux » (cf. Mt 5, 19).

Il ne se voyait que comme l’écho, le reflet, le porte-parole de l’Église et des conciles, ainsi que de la doctrine des papes. C’est par sa bouche que Pie VI a de nouveau condamné la Révolution française et les soi-disant droits de l’homme. C’est à travers lui que Pie IX, en nos jours, a de nouveau élevé la voix pour rejeter la liberté religieuse comme une iniquité, comme il l’a fait dans l’encyclique Quanta Cura. C’est par lui que le Syllabus a repris vie pour mettre au pilori l’aggiornamento de l’Église, son adaptation aux erreurs contemporaines et à l’esprit du siècle. Les grandes encycliques de Léon XIII se trouvaient sur ses lèvres, comme si ce pape lui-même nous parlait. Mais c’est spécialement saint Pie X qui, par lui, dans les années 70-80, a jeté l’anathème contre un modernisme et un nouveau « Sillon » qui sèment aujourd’hui des ravages bien plus grands que sous le pontificat même de saint Pie X. Depuis 1960, aucun évêque ne s’est trouvé pour insister comme il l’a fait sur la doctrine de l’encyclique Quas Primas du pape Pie XI, sur le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ. Personne n’a combattu les communistes avec une énergie comparable à la sienne, selon les directives de l’encyclique Divini Redemptoris où Pie XI les désigne comme les ennemis par excellence de la chrétienté, et où il rejette comme impossible toute collaboration avec eux. La même chose vaut pour la franc-maçonnerie. Avec attention il a écouté les mises en garde du pape Pie XII dans Humani Generis contre la nouvelle philosophie et la nouvelle théologie, et il a de nouveau transmis ses avertissements.

Si l’Église, dans les documents des papes et des conciles, est l’oracle du Dieu vivant – et elle l’est – nous devons désigner Monseigneur Lefebvre comme un témoin fidèle à la révélation du Dieu Trine au XXe siècle. C’est pour ce témoignage qu’il a vécu, c’est pour ce témoignage qu’il a souffert, c’est pour ce témoignage qu’il est mort. Témoin en grec se dit « martyr ». Rendant fidèlement témoignage, il a dû nécessairement entrer en contradiction avec l’esprit du Concile, ainsi qu’avec les textes conciliaires qui contredisent la doctrine constante de l’Église. Il avait alors à faire un choix : ou être fidèle à la doctrine de l’Église dans son épanouissement glorieux et sa fertilité en institutions chrétiennes pendant deux millénaires ; ou rompre cette fidélité et s’aligner sur le Concile et les erreurs postconciliaires. C’est la grâce de Dieu qui lui fit choisir sans hésitation la première solution, avec Monseigneur de Castro Mayer, l’autre témoin fidèle. Deo gratias !

Si aujourd’hui, partout dans le monde, sur tous les continents, une nouvelle génération d’apôtres et de témoins de la foi travaillent dans de vrais séminaires, prieurés, maisons de retraite, écoles, couvents et monastères, si nous voyons des groupes de jeunesse catholiques et des familles avec de nombreux enfants réunis autour de l’autel du sacrifice de l’Agneau immolé, c’est en grande partie les fruits de la foi de cet homme, une foi à transporter les montagnes. Le petit grain de sénevé est devenu un grand arbre, dans les rameaux duquel les oiseaux du ciel viennent habiter.
Deuxièmement : Credídimus caritáti, nous avons cru à la charité ou le munus sanctificandi, le ministère de la sanctification.
A quel amour avons-nous cru ? A l’amour immolé, crucifié, de Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même, Prêtre et Victime du sacrifice. Laissons parler Monseigneur Lefebvre lui-même. A la date du 4 juin 1981, il écrit aux membres de la Fraternité les mots suivants :

« Toute l’Écriture est tournée vers la Croix, vers la Victime rédemptrice et rayonnante de gloire, et toute la vie de l’Église est tournée vers l’autel du sacrifice, et par conséquent sa principale sollicitude est la sainteté du sacerdoce. L’esprit de l’Église est orienté vers les choses divines, sacrées. Elle forme celui qui donne les choses sacrées : sacérdos, c’est-à-dire sacra dans, celui qui accomplit les actions saintes et sacrées ; sacrifícium, c’est-à-dire sacrum fáciens. Elle lui met dans ses mains consacrées les dons divins et sacrés : sacraménta, les sacrements. L’Église consacre, donne un caractère sacré aux baptisés, aux confirmés, aux rois, aux vierges, aux chevaliers, aux églises, aux calices, aux pierres d’autel, et toutes ces consécrations sont faites dans le rayonnement du sacrifice de Notre-Seigneur et en la Personne de Jésus lui-même. »

Et dans l’homélie de son jubilé d’or, le 23 septembre 1979 à Paris, il expose ceci : « La notion du sacrifice est une notion profondément chrétienne et profondément catholique. Notre vie ne peut pas se passer du sacrifice, dès lors que Notre Seigneur Jésus-Christ, Dieu lui-même, a voulu prendre un corps comme le nôtre et nous dire : "Prenez votre croix et suivez-moi, si vous voulez être sauvé" ; et qu’il nous a donné l’exemple de la mort sur la Croix, qu’il a répandu son Sang. Voilà tout le mystère de la civilisation chrétienne. La compréhension du sacrifice de sa vie dans la vie quotidienne, l’intelligence de la souffrance chrétienne : ne plus considérer la souffrance comme un mal, comme une douleur insupportable, mais partager ses souffrances et sa maladie avec les souffrances de Notre Seigneur Jésus-Christ en regardant la Croix, en assistant à la sainte messe qui est la continuation de la Passion de Notre-Seigneur sur le Calvaire. Comprendre la souffrance, alors la souffrance devient une joie, et unie à celle de tous les martyrs, unie à celles de tous les saints, de tous les catholiques, de tous les fidèles qui souffrent dans le monde, elle devient un trésor inexprimable pour la conversion des âmes, pour le salut de notre propre âme. Beaucoup d’âmes saintes, chrétiennes, ont même désiré souffrir, ont désiré la souffrance pour s’unir davantage à la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ.

« Voilà les hommes qu’a produits la grâce de la messe, des hommes qui assistaient à la messe tous les jours, communiaient avec ferveur et qui sont devenus des modèles et des lumières autour d’eux, sans compter beaucoup de chrétiens et chrétiennes transformés par la grâce. J’ai pu voir, en Afrique, ces villages de païens devenus chrétiens se transformer non seulement, je dirais, spirituellement et surnaturellement mais se transformer physiquement, socialement, économiquement, politiquement ; se transformer parce que ces personnes, de païennes qu’elles étaient, étaient devenues conscientes de la nécessité d’accomplir leur devoir malgré les épreuves, malgré les sacrifices, de tenir leurs engagements et en particulier les engagements du mariage. Alors le village se transformait peu à peu sous l’influence de la grâce du saint sacrifice de la messe. Des âmes aussi, se sont consacrées alors à Dieu, des religieux, des religieuses, des prêtres se donnaient à Dieu. Voilà le fruit de la sainte messe.»

Et dans son Itinéraire spirituel de 1989, il relate un rêve dans lequel Dieu lui a fait entrevoir un jour dans la cathédrale de Dakar, l’image suivante : « devant la dégradation progressive de l’idéal sacerdotal, transmettre dans toute sa pureté doctrinale, dans toute sa charité missionnaire le sacerdoce catholique de Notre Seigneur Jésus-Christ, tel qu’il l’a transmis jusqu’au milieu du XXe siècle ».

Dieu lui-même, par le choix du jour de décès, a imposé le sceau d’authenticité à une telle action sacrificielle pour la sauvegarde du saint sacrifice de la messe et le renouveau du sacerdoce catholique. Monseigneur Lefebvre meurt dans les heures matinales du 25 mars, fête de l’Annonciation, en ce jour où Notre Seigneur Jésus-Christ s’incarne dans le sein de la Mère très sainte et très pure, et où sa nature humaine à ce moment-là, est ointe pour être le Souverain Prêtre éternel du Nouveau Testament. A partir de cette entrée dans le monde, tout son regard est tourné vers l’autel sacrificiel de la Croix et la réfection de nos âmes par les fruits de ce sacrifice.

Monseigneur s’éteint le premier jour de la Semaine sainte, au moment donc où Notre-Seigneur se prépare à son sacrifice, et où dans le Temple, il tient encore les grands discours qui l’opposent aux pharisiens au sujet de sa mission. Comme Notre-Seigneur, on a traîné notre Père bien-aimé devant les tribunaux ecclésiastiques et civils, devant Anne et Caïphe, devant Pilate et Hérode ; et c’est encore sur son lit de mourant qu’on l’a condamné pour soi-disant racisme, lui qui pendant presque trente ans a travaillé comme missionnaire en Afrique noire. « Par sa mort, le juste est arraché de devant la face de l’iniquité » dit la sainte Écriture (Sp 4, 14).

La nuit voile encore la terre quand il expire à 3 h 30, à l’hôpital. Mais peu après, la lumière du nouveau jour transparaît à travers les brumes matinales : le sacrifice est consommé et sa mort devient un triomphe et une victoire. L’éclat de la résurrection nimbe de lumière le deuil et les funérailles d’aujourd’hui. L’Église ne célèbre-t-elle pas, chaque lundi où il n’y a pas de fête, la messe votive de la Sainte Trinité qui commence avec ces paroles : « Louée soit la très sainte Trinité et son indivisible unité, remercions-la parce qu’elle nous a fait miséricorde » ?
Troisièmement : Instauráre ómnia in Christo, tout restaurer, tout instaurer dans le Christ, ou le munus regendi, le pouvoir de gouverner.
Avec toute l’Église, Monseigneur Lefebvre confessait Dieu comme Créateur, Rédempteur, Seigneur et fin ultime de toutes choses. La deuxième Personne de Dieu un et trine, est devenue homme. Et donc tout doit être ordonné vers Notre Seigneur Jésus-Christ, tout doit être résumé en lui, tout consiste en lui et tout doit être restauré en lui. Que la lumière de la foi illumine l’intelligence. Que la lumière et la grâce du Christ fortifient la volonté. Que les mariages, les familles, les écoles et les États se soumettent à sa Loi. Et d’une façon toute particulière le Christ a posé cette Loi de charité dans son Église avec son sacerdoce et sa vie religieuse. La vie et l’enseignement de Monseigneur Lefebvre sont par conséquent christocentriques et, parce qu’on a méprisé ses avertissements, qui, encore une fois, ne sont rien d’autre que l’écho des avertissements des papes, tout s’écroule, tout se dissout : « la fumée de Satan est entrée dans l’Église » (Paul VI, le 29 juin 1972) et les forces anti-chrétiennes détruisent les institutions chrétiennes. Laissons encore une fois la parole à Monseigneur :

« Le résultat de ce Concile est bien pire que celui de la Révolution : les exécutions et les martyrs sont silencieux, des dizaines de milliers de prêtres, de religieux et de religieuses abandonnent leurs engagements, les autres se laïcisent. Les clôtures disparaissent, le vandalisme envahit les églises, les autels sont détruits, les croix disparaissent, les séminaires et les noviciats se vident. Les sociétés civiles encore catholiques se laïcisent sous la pression des autorités romaines : Notre-Seigneur n’a plus à régner ici-bas ! L’enseignement catholique devient œcuménique et libéral, les catéchismes sont changés et ne sont plus catholiques. La Grégorienne à Rome devient mixte, saint Thomas n’est plus à la base de l’enseignement. » (Itinéraire spirituel). Il n’y a qu’une seule solution aux problèmes du genre humain, spécialement pour notre temps : tout ramener au Christ en qui seul il y a la tranquillité dans l’ordre, dans l’ordre de la création et l’ordre de la Rédemption. Pax Christi in regno Christi. La paix du Christ dans le Royaume du Christ.

Monseigneur souffrait des injustices qui lui étaient faites personnellement, des humiliations dans son honneur, foulé aux pieds. Il souffrait de quelques-uns de ses fils prêtres qui lui disaient : « Cette doctrine est dure, qui peut l’entendre ? » (Jn 6, 61), et qui se retiraient et n’allaient plus avec lui. Il souffrait encore mille fois plus à cause de l’Église, il souffrait pour l’Église. A dire vrai, le Christ souffrait en lui pour accomplir dans son Corps mystique l’œuvre de la Rédemption (cf. Col 1, 24).
Continuer son œuvre
Il y a deux conséquences qui semblent devoir être tirées de cette vie et de cette mort : une première pour nous, chers confrères, chers séminaristes, chers frères, chères sœurs, chers fidèles. Le meilleur hommage que nous pouvons rendre au cher défunt, est celui de continuer son œuvre avec courage et confiance, sans dévier ni à droite, ni à gauche du chemin tracé. Que Notre Dame – que Monseigneur invoquait dans toutes ses prédications et conférences – nous obtienne de son divin Fils en cette heure, l’esprit de fidélité, afin que nous puissions transmettre à notre tour ce que Monseigneur nous a transmis. Qu’en cela consiste notre honneur ! Lisez par conséquent sa Déclaration du 21 novembre 1974, qui définit exactement l’esprit de la Fraternité dans la crise de la foi d’aujourd’hui. Lisez la lettre de Monseigneur adressée aux quatre évêques qu’il a consacrés, lettre d’où ressort exactement leur place par rapport à la hiérarchie de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. En ce qui concerne la juridiction vis-à-vis des laïcs, c’est une juridiction exceptionnelle et de suppléance pour le salut des âmes, en raison de la faiblesse ou de la défaillance de l’autorité.

Une deuxième conséquence s’ensuit, pour les responsables dans l’Église. Monseigneur Lefebvre a, durant toute sa vie, témoigné de son amour pour le Saint-Siège. Il ne voulait servir que le pape et les évêques, et il l’a fait de triple manière. Tout d’abord, où serait l’Église aujourd’hui, si le Paul de notre temps n’avait pas résisté à Pierre, résistance qui a évité certainement beaucoup d’autres malheurs ? En outre, Monseigneur Lefebvre par son action exemplaire a sauvé l’honneur de l’Église qui, par son essence même, est l’image du Dieu immuable. Ensuite, au milieu de tant de contradictions et d’hostilité, il a réussi à maintenir et à éveiller de nouveau, dans un petit cercle de prêtres et de fidèles, l’esprit authentique de Jésus-Christ. C’est ainsi qu’il a tracé le chemin qui seul, peut conduire à la guérison et au renouveau de l’Église : c’est l’esprit de sainteté qui découle de la Croix du Christ. Enfin, il a en effet formé une petite élite qui est à la disposition du Saint-Siège et des évêques. Mais permettez-moi de préciser : elle est à leur disposition en excluant tout compromis et toute concession vis-à-vis des erreurs du concile Vatican II et des réformes qui en découlent. Tant que l’esprit de destruction soufflera dans les évêchés et les dicastères romains, il n’y aura aucune harmonisation ni accord possibles. Nous voulons travailler à la construction de l’Église et non pas à sa démolition.

On lit dans les journaux que Rome aurait attendu jusqu’à la fin le « repentir » de Monseigneur… De quoi peut se repentir un homme qui a accompli son devoir jusqu’au bout, en préservant ou en redonnant à l’Église les moyens qui sont absolument nécessaires à la sainteté ? N’était-ce pas une bonne œuvre de lui donner des pasteurs catholiques, elle qui est occupée par des mercenaires, des voleurs et des larrons ? « Est-ce pour cette bonne œuvre que vous lapidez votre frère ? » (cf. Jn 10, 32).

En cette heure, nous supplions Rome et les évêques : Abandonnez l’œcuménisme funeste, la laïcisation de la société et la protestantisation du culte divin. Retournez à la saine Tradition de l’Église. Même si vous scellez le tombeau que vous avez creusé à la vraie messe, au Catéchisme du concile de Trente et au titre de Roi universel de Jésus-Christ par mille décrets et excommunications, la vie ressuscitera du tombeau fermé. « Jérusalem, convertis-toi au Seigneur ton Dieu ! »

Un signe essentiel d’une telle conversion et d’un tel retour pourrait être – une fois fermé le tombeau de Monseigneur Lefebvre – l’ouverture officielle d’un procès d’information pour constater le degré héroïque de ses vertus. Nous, ses fils, nous sommes les témoins privilégiés de ses mérites, de la force de sa foi, de son amour brûlant de Dieu et du prochain, de sa résignation dans la volonté de Dieu, de son humilité et de sa douceur, de sa vie de prière et d’adoration, de sa haine du péché et son horreur de l’erreur. Personne ne s’est approché de lui sans repartir meilleur ; il a rayonné la sainteté et il l’a créée instrumentalement dans son entourage. Un jour, un vieux prêtre, observateur critique de la situation d’aujourd’hui, me disait : « Monseigneur Lefebvre est la charité ».

Tournons-nous en cette heure vers la très sainte Vierge Marie, Mère de miséricorde, Mère du souverain Prêtre, Médiatrice de toutes les grâces, afin qu’elle recommande l’âme de son fidèle serviteur à son divin Fils et la lui présente. L’œuvre de Monseigneur Lefebvre sur cette terre est accomplie. Maintenant commence son ministère d’intercesseur dans l’éternité. Il a donné tout ce qu’il avait à donner : sa doctrine d’évêque, son action de missionnaire infatigable, le miracle d’une nouvelle génération de prêtres, un exemple dans la souffrance, et les quatre évêques auxiliaires dispensateurs du Saint-Esprit sur l’Église et les âmes. Dieu lui a demandé une dernière chose : sa vie. « Puisqu’il a aimé les siens, il les aima jusqu’au bout, usque in finem » (Jn 13, 1).

Ecce sacérdos magnus, qui in diébus suis plácuit Deo, et invéntus est justus. Non est invéntus símilis illi qui conserváret legem Excélsi (Eccli 44, 16-20).  

4 mars 1991

[Mgr Lefebvre, fsspx] Présentation du premier numéro de la Documentation sur la Révolution dans l'Eglise

SOURCE - Mgr Lefebvre, fsspx - 4 mars 1991

Monsieur l'Abbé Giulio Tam, membre de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, d'origine italienne, recevant quotidiennement l'Osservatore Romano, journal officiel de la Curie Romaine, a cru bon, pour l'information de ses confrères, de collectionner les passages les plus significatifs des discours du Pape et des autorités romaines sur les sujets les plus actuels.

Ce regroupement jette une lumière tellement fulgurante sur la Révolution doctrinale inaugurée officiellement dans l'Église par le Concile et continuée jusqu'à nos jours, qu'on ne peut s'empêcher de penser au "Siège d'iniquité" prédit par Léon XIII, ou à la perte de la foi de Rome prédite par Notre Dame à la Salette.

La diffusion et l'adhésion des autorités romaines aux erreurs maçonniques condamnées maintes fois par leurs prédécesseurs est un grand mystère d'iniquité qui ruine dans ses fondements la foi catholique.

Cette dure et pénible réalité nous oblige en conscience à organiser par nous-mêmes la défense et la protection de notre foi catholique. Le fait d'être assis sur les sièges de l'autorité n'est plus, hélas ! une garantie de l'orthodoxie de la foi de ceux qui les occupent. Le pape lui-même diffuse désormais sans discontinuer les principes d'une fausse religion, qui a pour résultat une apostatie générale.

Nous donnons donc ci-joint les textes, sans commentaires. Les lecteurs pourront juger par eux-mêmes, et par les textes des papes d'avant le Concile.

Cette lecture justifie amplement notre conduite pour l'entretien et la restauration du Règne de Notre Seigneur Jésus-Christ et de Sa Sainte Mère sur la terre comme au Ciel.

Le restaurateur de la chrétienté c'est le prêtre par l'offrande du vrai sacrifice, par la collation des vrais sacrements, par l'enseignement du vrai catéchisme, par son rôle de pasteur vigilant pour le salut des âmes.

C'est auprès de ces vrais prêtres fidèles que les chrétiens doivent se regrouper et organiser toute la vie chrétienne. Tout esprit de méfiance envers les prêtres qui méritent la confiance, diminue la solidité et la fermeté de la résistance contre les destructeurs de la foi.

Saint Jean termine son Apocalypse par cet appel "Veni Domine Jesu", Venez Seigneur Jésus, apparaissez enfin sur les nuées du Ciel, manifestez votre toute Puissance, que votre Règne soit universel et éternel.

Ecône, le 4 Mars 1991, Marcel Lefebvre

15 février 1991

[André Cagnon - Fideliter] Entretien exclusif avec Mgr Marcel Lefebvre: «Ce n'est plus seulement une question de liturgie, aussi importante soit-elle, qui nous sépare de Rome, mais une question de Foi».

SOURCE - Fideliter - propos recueillis par André Cagnon - mise en ligne par La Porte Latine - janvier-février 1991

A l'occasion du vingtième anniversaire de la fondation de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X,Monseigneur Lefebvre a bien voulu répondre aux questions que nous lui avons posées. « Ce n'est plus seulement une question de liturgie, aussi importante soit-elle, qui nous sépare de Rome, mais une question de Foi ». On retiendra aussi comment le prélat ruine les calomnies qui ont été formulées contre lui à propos des documents conciliaires sur la liberté religieuse et « L'Eglise dans le monde de ce temps ».
FIDELITER - Depuis les sacres il n'y a plus de contacts avec Rome ; cependant comme vous l'avez raconté, le cardinal Oddi vous a téléphoné vous disant : « II faut que les choses s'arrangent. Demandez un petit pardon au Pape et il est prêt à vous accueillir ». Alors pourquoi ne pas tenter cette ultime démarche et pourquoi vous paraît-elle impossible ?
Monseigneur Lefebvre - C'est absolument impossible dans le climat actuel de Rome qui devient de plus en plus mauvais. Il ne faut pas se faire d'illusions. Les principes qui dirigent maintenant l'Eglise conciliaire sont de plus en plus ouvertement contraires à la doctrine catholique.

Devant la Commission des droits de l'homme des Nations Unies, le cardinal Casaroli a récemment déclaré : « Je désire m'attarder quelque peu sur un aspect spécifique de la liberté fondamentale de pensée et d'agir selon sa conscience, donc la liberté de religion... L'Eglise catholique et son Pasteur suprême, qui a fait des droits de l'homme l'un des grands thèmes de sa prédication, n'ont pas manqué de rappeler que, dans un monde fait par l'homme et pour l'homme, toute l'organisation de la société n'a de sens que dans la mesure où elle fait de la dimension humaine une préoccupation centrale ». Entendre cela dans la bouche d'un cardinal ! De Dieu il n'en parle pas !

De son côté le cardinal Ratzinger, en présentant un document fleuve sur les relations entre le Magistère et les théologiens, affirme dit-il « pour la première fois avec clarté » que « des décisions du Magistère ne peuvent être le dernier mot sur la matière en tant que telle » mais « une espèce de disposition provisoire... Le noyau reste stable mais les aspects particuliers sur lesquels ont une influence les circonstances du temps peuvent avoir besoin de rectifications ultérieures. A cet égard on peut signaler les déclarations des papes du siècle dernier. Les décisions antimodernistes ont rendu un grand service mais elles sont maintenant dépassées ». Et voila, la page du modernisme est tournée ! Ces réflexions sont absolument insensées.

Enfin le Pape est plus œcuméniste que jamais. Toutes les idées fausses du Concile continuent de se développer, d'être réaffirmées avec toujours davantage de clarté. Ils se cachent de moins en moins. Il est donc absolument inconcevable que l’on puisse accepter de collaborer avec une hiérarchie semblable.
FIDELITER – Pensez-vous que la situation se soit encore dégradée depuis que vous aviez – avant les sacres – engagé des conversations qui avaient abouti à la rédaction du protocole du 5 mai 1988 ?
Monseigneur – Oh oui ! Par exemple le fait de la profession de foi qui est maintenant réclamée par le cardinal Ratzinger depuis le début de l’année 1989. C’est un fait très grave. Car il demande à tous ceux qui les ont ralliés ou qui pourraient le faire de faire une profession de foi dans les documents du Concile et dans les réformes post-conciliaires. Pour nous c'est impossible.

Il faudra encore attendre avant d'envisager une perspective d'accord. Pour ma part je crois que seul le Bon Dieu peut intervenir, car humainement on ne voit pas de possibilités pour Rome de redresser le courant.

Pendant quinze ans on a dialogué pour essayer de remettre la Tradition en honneur, à la place qui lui est due dans l'Eglise. Nous nous sommes heurtés à un refus continuel. Ce que Rome accorde a présent en faveur de la tradition, n'est qu'un geste purement politique, diplomatique pour forcer les ralliements. Mais ce n'est pas une conviction dans les bienfaits de la tradition.
FIDELITER - Quand on voit que Dom Gérard et la Fraternité Saint-Pierre ont obtenu de conserver la liturgie et le catéchisme, sans - disent-ils - n'avoir rien concédé, certains qui sont troublés de se trouver en situation difficile avec Rome, peuvent être tentés à la longue de se rallier a leur tour par lassitude. « Ils arrivent bien, disent-ils, à s'entendre avec Rome sans n'avoir rien lâché ».
Monseigneur - Quand ils disent qu'ils n'ont rien lâché, c'est faux. Ils ont lâché la possibilité de contrer Rome. Ils ne peuvent plus rien dire. Ils doivent se taire étant données les faveurs qui leur ont été accordées. Il leur est maintenant impossible de dénoncer les erreurs de l'Eglise conciliaire. Tout doucement ils adhèrent, ne serait-ce que par la profession de foi qui est demandée par le cardinal Ratzinger. Je crois que Dom Gérard est en passe de faire paraître un petit livre rédigé par l'un de ses moines, sur la liberté religieuse et qui va essayer de la justifier.

Du point de vue des idées. Ils virent tout doucement et finissent par admettre les idées fausses du Concile, parce que Rome leur a accordé quelques faveurs pour la Tradition. C'est une situation très dangereuse.

Au cours de l'audience qu'il a accordée à Dom Gérard et à une délégation des moines du Barroux, le Pape a exprimé le désir de les voir évoluer toujours davantage. Il ne s'en est pas caché. Il faut qu'ils se soumettent encore plus à l'archevêque et qu'ils prennent garde de ne pas faire en sorte que les réformes conciliaires soient sous-estimées parce qu'on leur a accordé des exceptions à la règle liturgique du Conçue. Il faudrait aussi qu'ils fassent un effort pour ramener tous ceux qui ne sont pas encore dans l'obéissance au Saint-Père.

Ce sont des invitations pressantes qui leur sont faites et c'est bien là le but des privilèges qui leur ont été accordés.

C'est pourquoi Dom Gérard a écrit à la Mère Anne-Marie Simoulin, au Père Innocent-Marie, aux Capucins de Morgon et à d'autres personnes pour essayer même de me toucher. A son retour de Rome il a lancé cette offensive pour tenter de convaincre tous ceux qui ne le suivent pas d'emprunter son sillage et de se rallier à Rome.

Tout ce qui leur a été accordé, ne leur a été consenti que dans le but de faire en sorte que tous ceux qui adhèrent ou sont liés à la Fraternité s'en détachent et se soumettent à Rome.
FIDELITER - Dom Gérard reprend ainsi le rôle qui avait été dévolu à Mgr Perl.
Monseigneur - J'ai eu l'occasion de voir au moins trois lettres que Mgr Perl a envoyées en réponse à des personnes qui lui avaient écrit. C'est toujours la même chose. Il faut absolument faire un effort auprès de ceux qui n'ont pas compris la nécessité de se rallier au Pape et au Concile. C'est dommage, écrit-il, de constater qu'il n'y a pas eu plus de ralliements.
FIDELITER - Vous avez dit en désignant Dom Gérard et les autres : « Ils nous trahissent. Ils donnent maintenant la main à ceux qui démolissent l'Eglise, aux libéraux, aux modernistes ». N'est-ce pas un peu sévère ?
Monseigneur - Mais non. Ils ont fait appel à moi pendant quinze ans. Ce n'est pas moi qui suis allé les chercher. Ce sont eux-mêmes qui sont venus vers moi pour me demander des appuis, de faire des ordinations, l’amitié de nos prêtres en même temps que l'ouverture de tous nos prieurés pour les aider financièrement. Ils se sont tous servis de nous tant qu’ils ont pu. On l'a fait de bon cœur et même généreusement. J'ai été heureux de faire ces ordinations, d'ouvrir nos maisons pour qu'ils puissent profiter de la générosité de nos bienfaiteurs... Et puis, tout à coup, on me téléphone . on n’a plus besoin de vous, c'est terminé. Nous irons chez l'archevêque d Avignon. On est maintenant d'accord avec Rome. Nous avons signé un protocole.

Ce n'est pas de gaieté de cœur que nous avons eu des difficultés avec Rome Ce n'est pas par plaisir que nous avons dû nous battre. Nous l'avons fait pour des principes, pour garder la foi catholique. Et ils étaient d accord avec nous. Ils collaboraient avec nous. Et puis tout à coup on abandonne le vrai combat pour s'allier aux démolisseurs sous prétexte qu'on leur accorde quelques privilèges. C'est inadmissible.

Ils ont pratiquement abandonné le combat de la foi. Ils ne peuvent plus attaquer Rome.

C'est ce qu'a fait aussi le Père de Blignières. Il a changé complètement. Lui qui avait écrit tout un volume pour condamner la liberté religieuse, il écrit maintenant en faveur de la liberté religieuse. Ce n'est pas sérieux. On ne peut plus compter sur des hommes comme ceux-là, qui n’ont rien compris à la question doctrinale.

J'estime en tout cas qu'ils commettent une grave erreur. Ils ont péché gravement en agissant comme ils l'ont fait, sciemment avec une désinvolture invraisemblable.

J'ai entendu dire que des moines auraient l'intention de quitter le Barroux disant qu'ils ne peuvent plus vivre dans une atmosphère de mensonge. Je me demande comment ils ont pu rester jusqu'à présent dans cette atmosphère.

De même ceux qui sont chez Dom Augustin. Ils étaient encore plus traditionalistes que nous et à présent ils ont complètement versé de l'autre côté. Pour tous les jeunes qui sont là, c'est affreux de penser à un tel renversement. Ils sont entrés au monastère pour être vraiment dans la Tradition. C'était la Tradition la plus sûre, la plus ferme, plus encore que la Fraternité. Ils pensaient être garantis pour toujours. Et puis ils retournent complètement leur veste... et ils restent. C'est inexplicable.
FIDELITER - Le Père de Blignières, l'Abbé de Nantes et Dom Gérard vous ont pratiquement accusé de mensonge quand vous avez assuré ne pas avoir signé deux documents du Concile Dignitatis humanae sur la liberté religieuse et Gaudium et Spes. La revue Sedes sapientiae a reproduit un document tiré des archives du Vatican où figure votre nom écrit de votre main. Qu'en est-il exactement et quel est ce document ?
Monseigneur - Cette idée de l'interprétation des signatures signifiant une approbation des documents conciliaires a germé dans le cerveau mal intentionné du Père de Blignières.

Les approbations ou refus des documents étaient évidemment accomplis pour chaque document en particulier. Le vote était secret, accompli sur des fiches individuelles, et fait avec un crayon spécial qui permettait le calcul électronique des votes. Les fiches étaient ramassées par les secrétaires, de la main de chaque votant.

Les grandes feuilles qui circulaient de main en main parmi les Pères du Concile et où chacun apposait sa signature n'avaient aucun sens de vote pour ou contre, mais signifiaient notre présence à cette séance de votes pour quatre documents.

Il faudrait vraiment prendre les Pères qui ont voté contre les textes pour des girouettes, en faisant croire qu'ils auraient approuvé ce qu'ils ont refusé une demi-heure avant.

On voit ce que l'on peut attendre de l'imagination de ceux qui sont des girouettes et qui adorent ce qu'ils avaient brûlé auparavant, comme le Père de Blignières, Dom Gérard et la girouette par excellence qu'est l'Abbé de Nantes.
FIDELITER - Certains parmi les fidèles sont tentés de garder de bonnes relations avec ceux qui se sont ralliés, voire d'assister à la messe ou aux cérémonies qu'ils célèbrent, pensez-vous qu'il y a là un danger ?
Monseigneur - J'ai toujours mis en garde les fidèles par exemple vis-à-vis des sédévacantistes. Ils disent aussi : la messe est bien, nous y allons.

Oui, il y a la messe. Elle est bien, mais il y a aussi le sermon ; il y a l'ambiance, les conversations, les contacts avant et après, qui font que tout doucement on change d'idées. C'est donc un danger et c'est pourquoi d'une manière générale j'estime que cela fait un tout. On ne va pas seulement à la messe, on fréquente un milieu.

Il y a évidemment des gens qui sont attirés par les belles cérémonies qui vont aussi à Fontgombault, où l'on a repris la messe ancienne. Ils se trouvent dans un climat d'ambiguïté qui à mon sens est dangereux. Dès lors que l'on se trouve dans cette ambiance, soumis au Vatican, soumis en définitive au Concile, on finit par devenir œcuméniste.
FIDELITER - Le Pape est très populaire. Il mobilise les foules, il veut rassembler tous les chrétiens dans l'œcuménisme, dont il a dit qu'il faisait la pierre angulaire de son pontificat. A première vue cela peut paraître une noble pensée de vouloir effectivement rassembler tous les chrétiens.
Monseigneur - Le Pape veut faire l'unité en dehors de la foi. C'est une communion. Une communion à qui ? A quoi ? En quoi ? Ce n'est plus une unité. Celle-ci ne peut se faire que dans l'unité de la foi. C'est ce que l'Eglise a toujours enseigné. C'est pourquoi il y avait les missionnaires, pour convertir à la foi catholique. Maintenant il ne faut plus convertir. L'Eglise n'est plus une société hiérarchique, c'est une communion. Tout est faussé. C'est la destruction de la notion de l'Eglise, du catholicisme. C'est très grave et cela explique que nombreux soient les catholiques qui abandonnent la foi.

Quand on ajoute à cela tous les propos scandaleux qui ont été tenus à l'occasion du synode sur le sacerdoce, les déclarations comme celles des cardinaux Decourtray et Danneels, on se demande comment il peut encore y avoir des catholiques.

Après Assise et après de semblables déclarations, on comprend qu'il y ait beaucoup de gens qui s'en aillent chez les Mormons, chez les Témoins de Jéhovah ou ailleurs. Ils perdent la foi, c'est normal.
FIDELITER - A propos du synode, le cardinal Lorscheider, annonçant que deux Brésiliens mariés avaient été ordonnés prêtres, a demandé que soit étudiée la possibilité d'ordonner des hommes mariés « de vie éprouvée ».
Monseigneur - Tout cela est dirigé contre le célibat des prêtres. Le synode qui va se tenir en Afrique sera probablement une étape vers l'abolition du célibat des prêtres, si toutefois le Bon Dieu n'intervient pas avant.
FIDELITER - On cite en exemple le développement du catholicisme et l'accroissement considérable du nombre des vocations dans les pays d'Afrique, notamment au Zaïre, où l'on compte plusieurs centaines de séminaristes.
Monseigneur - Mais il faut voir comment ils sont formés. Dans ces pays du Tiers-monde il y a beaucoup d'enfants et c'est une promotion sociale que d'être prêtre. Ce n'est malheureusement pas un réel progrès du catholicisme.

Je ne dis pas que tout soit négatif. Mais ce sont tous des séminaristes conciliaires, avec la nouvelle messe, l'introduction du tam-tam, l'inculturation dans la liturgie. Quelle religion vont-ils avoir ? Ce ne sera plus la religion catholique, mais une espèce de syncrétisme religieux avec des manifestations purement extérieures. C'est grave, parce que c'est la démolition de tout le travail accompli par les missionnaires.
FIDELITER - Plus qu'une question de liturgie, dites-vous souvent, c'est maintenant une question de foi qui nous oppose à la Rome actuelle.
Monseigneur - Certainement la question de la liturgie et des sacrements est très importante, mais ce n'est pas la plus importante. La plus importante c'est celle de la foi. Pour nous elle est résolue. Nous avons la foi de toujours, celle du concile de Trente, du catéchisme de saint Pie X, de tous les conciles et de tous les papes d'avant Vatican II.

Pendant des années ils se sont efforcés à Rome de montrer que tout ce qui était dans le Concile était parfaitement conforme à la Tradition. A présent ils se découvrent. Le cardinal Ratzinger ne s'était jamais prononcé avec autant de clarté. Il n'y a pas de Tradition. Il n'y a plus de dépôt à transmettre. La tradition dans l'Eglise, c'est ce que dit le Pape aujourd'hui. Vous devez vous soumettre à ce que le Pape et les évêques disent aujourd'hui. Pour eux voilà la tradition, la fameuse tradition vivante, seul motif de notre condamnation.

Ils ne cherchent plus maintenant à prouver que ce qu'ils disent est conforme à ce qu'a écrit Pie IX, à ce qu'a promulgué le concile de Trente. Non tout cela est fini, c'est dépassé, comme dit le cardinal Ratzinger. C'est clair et ils auraient pu le dire plus tôt. Ce n'était pas la peine de nous faire parler, de discuter. C'est maintenant la tyrannie de l'autorité, parce qu'il n'y a plus de règle. On ne peut plus se référer au passé.

Dans un sens les choses deviennent aujourd'hui plus claires. Elles nous donnent toujours davantage raison. Nous avons affaire à des gens qui ont une autre philosophie que la nôtre, une autre manière de voir, qui sont influencés par tous les philosophes modernes et subjectivistes. Pour eux il n'y a pas de vérité fixe, il n'y a pas de dogme. Tout est en évolution. C'est là une conception tout à fait maçonnique.C'est vraiment la destruction de la foi. Heureusement, nous, nous continuons de nous appuyer sur la Tradition !
FIDELITER - Oui, mais vous êtes seul contre tous.
Monseigneur - Oui, c'est un grand mystère.
FIDELITER - Dans le dernier bulletin « INTROIBO », le Père André note que bien qu'ils disent la nouvelle messe, une dizaine d'évêques fournissent un espoir. Ils sont qualifiés « d'évêques traditionnels » par le « Trombinoscope épiscopal ».
Monseigneur - Oui, mais ils sont tous conciliaires. Il n'y a que Mgr de Castro Mayer et moi qui ayons résisté au Concile et à ses applications, alors que pendant le Concile nous étions 250 à être opposés à ses erreurs.

On me faisait relire récemment la prophétie de Notre-Dame-de-Quito(1), où au début du XVIIe siècle, la Très Sainte Vierge Marie a révélé à une sainte religieuse la dissolution des mœurs et la crise affreuse qui atteint aujourd'hui l'Eglise et son clergé (2), annonçant aussi qu'un prélat se consacrerait à la restauration du sacerdoce.

La Très Sainte Vierge a annoncé cela pour le XXe siècle. C'est un fait. Le Bon Dieu a prévu ce moment dans l'Eglise.
FIDELITER - Vous avez souligné que vous aviez acquis la conviction que l'œuvre que vous avez entreprise est bénie du Bon Dieu, car en plusieurs occasions, elle aurait pu disparaître.
Monseigneur - Oui, c'est vrai. Nous avons toujours subi des attaques, très dures, très pénibles. Souvent des gens qui ont travaillé avec nous, qui ont été nos amis se sont retournés contre nous et sont devenus vraiment des ennemis. C'est très douloureux, mais il n'y a rien à faire. On s'aperçoit au bout de quelque temps que ceux qui nous en veulent et qui essayent de nous détruire, sombrent et que nous, nous continuons, il faut croire tout de même que la ligne de foi et la Tradition telle que nous l'avons adoptée, telle que nous la suivons est impérissable, parce que c'est l'Eglise et que Dieu ne peut pas laisser périr son Eglise.
FIDELITER - Qu'est-ce que vous pouvez dire à ceux. d'entre les fidèles qui espèrent toujours en la possibilité d'un arrangement avec Rome ?
Monseigneur - Nos vrais fidèles, ceux qui ont compris le problème et qui nous ont justement aidés à poursuivre la ligne droite et ferme de la Tradition et de la foi, craignaient les démarches que j'ai faites à Rome. Ils m'ont dit que c'était dangereux et que je perdais mon temps. Oui, bien sûr, j'ai espéré jusqu'à la dernière minute qu'à Rome on témoignerait d'un petit peu de loyauté. On ne peut pas me reprocher de ne pas avoir fait le maximum. Aussi maintenant, à ceux qui viennent me dire : il faut vous entendre avec Rome, je crois pouvoir dire que je suis allé plus loin même que je n'aurais dû aller.
FIDELITER - Vous répondez : vous n'avez pas à craindre, parce que nous sommes avec la Tradition, avec les conciles d'avant Vatican II, avec tout ce que les papes qui l'ont précédé ont déclaré...
Monseigneur - Oui, c'est évident, si nous inventions quelque chose on pourrait craindre que notre invention ne subsiste pas. Mais nous ne faisons rien de nouveau.

Il y a peu de temps je voyais un évêque, un de mes amis avec lequel nous avons travaillé pendant le Concile et qui était tout à fait d'accord avec moi à ce moment là. Et il me disait : « C'est malheureux que vous soyez en difficulté avec Rome ».

Comment, lui ai-je répondu, vous qui avez lutté au Concile pour les mêmes motifs que moi, pouvez-vous maintenant vous étonner ? Nous avons fait des réunions continuelles ensemble et avec d'autres pour essayer de maintenir la ligne de la Tradition dans le Concile. Et a présent vous avez abandonné tout cela. Est-ce que ce que nous faisions était répréhensible ?

Voyez les résultats du Concile. Est-ce que vous pouvez m'en donner qui soient bons, qui soient positifs. Où et dans quel domaine le Concile et les réformes qu'il a engendrées, ont-ils apporté un renouveau extraordinaire dans l'Eglise ?

Il n'a pas pu répondre. Il n'y a rien. Tout est négatif.
FIDELITER - Et le charismatisme ?
Monseigneur - C'est encore négatif. C'est le diable, puisque des charismatiques viennent nous demander de les exorciser. Il faut croire qu’ils sont possédés par le diable.

Ils appellent l'Esprit. Quel esprit ? Qu'il y en ait parmi eux qui soient de bonne volonté, sans doute, qui s'efforcent de prier, de faire des adorations sans doute, mais le démon est malin. Il attire d'un côté, de l’autre il récupère.

Nous n'avons pas fini de lutter. Moi disparu, mes successeurs auront encore à combattre.

Mais le Bon Dieu peut tout. Au plan politique il aurait été difficile de prévoir il y a un ou deux ans ce qui se passe actuellement. On n imaginait pas que le rideau de fer serait levé, que l'Allemagne se réunifierait. Maintenant on dit que l'éclatement de l'empire soviétique est proche.

J'ai reçu une lettre d'un évêque ukrainien qui voulait prendre contact avec nous, pour qu'on l'aide à éditer un catéchisme, parce qu’ils n ont plus rien. Il a fait plus de quinze ans de prison soviétique avec d’autres. Un certain nombre d'entre eux sont maintenant libérés.

Il a retrouvé son diocèse dans un état épouvantable, parce que tout appartient désormais à l'Eglise orthodoxe. Ils ont tout pris. Alors, ils essayent de récupérer ce qu'ils peuvent, mais ils ont contre eux le Vatican, qui est empoisonné par cette affaire. Le retour de ces évêques et de ces prêtres qui veulent faire revivre l'Eglise catholique en Ukraine gêne le Vatican, qui ne veut surtout pas avoir d'histoires avec le Kremlin et avec les orthodoxes. Ce renouveau catholique en Ukraine les gêne. C'est ce que m'écrit cet évêque : « II y a vraiment un mystère qui plane pour nous en ce qui concerne l'attitude de Rome. »

Pour nous ce n'est pas un mystère!
FIDELITER - Quel bilan peut-on dresser de la Fraternité après vingt ans d'existence ?
Monseigneur - Le Bon Dieu a voulu la Tradition. Je suis intimement convaincu que la Fraternité représente le moyen que le Bon Dieu a voulu pour garder et maintenir la foi, la vérité de l'Eglise et ce qui peut être encore sauvé dans l'Eglise. Grâce aussi aux évêques qui entourent le Supérieur général de la Fraternité, qui remplissent leur rôle indispensable de mainteneurs de la foi, de prédicateurs de la foi, et qui communiquent les grâces du sacerdoce et de la confirmation, la Tradition demeure inchangée et toujours source féconde de la vie divine.

Tout cela est vraiment très consolant et je pense que nous devons remercier le Bon Dieu et continuer à garder fidèlement les trésors de l'Eglise, en espérant qu'un jour ces trésors reprendront la place qui leur est due à Rome et qu'ils n'auraient jamais dû perdre.

Propos recueillis par André CAGNON

Source : Fideliter n° 79 de janvier-février 1991
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Notes

(1) Note de LPL : extrait du sermon des sacres du 30 juin 1988 : "Dernièrement, notre prêtre qui est chargé du prieuré de Bogota, en Colombie, m’a apporté un livre fait sur les apparitions de Bon Successo – du Bon Succès – qui a une église, grande église en Equateur, à Quito, capitale de l’Equateur – et des apparitions qui ont eu lieu à une religieuse d’un couvent de Quito et cela peu de temps après le concile de Trente. C’est donc à plusieurs siècles, comme vous le voyez. Eh bien, la Très Sainte Vierge a dit à cette religieuse – cela a été consigné, cette apparition a été reconnue par Rome, par les autorités ecclésiastiques puisqu’on a construit une magnifique église pour la Vierge dont, d’ailleurs, disent les historiens, le visage de la Vierge aurait été terminé, le sculpteur était en train de terminer le visage de la Vierge lorsqu’il a trouvé le visage de la Vierge fait miraculeusement, cette Vierge miraculeuse est donc là honorée avec beaucoup de dévotion par les fidèles de l’Équateur – et cette Vierge a prophétisé pour le XXe siècle, elle a dit explicitement : « Pendant le XIXe siècle et la plus grande partie du XXe siècle, des erreurs se propageront de plus en plus fortement dans la Sainte Église, mettront l’Église dans une situation de catastrophe absolue, de catastrophe, et les mœurs se corrompront, et la Foi disparaîtra. » Il semble que nous ne pouvons pas ne pas constater et, je m’excuse de continuer ce récit de cette apparition, mais elle parle d’un prélat qui s’opposera absolument à cette vague d’apostasie et à cette vague d’impiété en préservant le sacerdoce, en faisant des bons prêtres. Vous ferez l’application si vous voulez ; moi je ne veux pas la faire, je ne puis pas. J’ai été moi-même stupéfait en lisant ces lignes, je ne peux pas le nier, c’est comme cela, c’est inscrit, c’est imprimé, c’est consigné dans les archives de cette apparition. 
(2) Cf FIDELITER N' 66 - Nov. - Dec. 1988.