31 mai 2008

[Agoravox] La jeune diversité rituelle de Notre-Dame-de-Clignancourt

SOURCE - Agoravox - 31 mai 2008

La jeune diversité rituelle de Notre-Dame-de-Clignancourt
Samedi 31 mai 2008 – Notre-Dame-de-Clignancourt. Difficile de se lever un samedi matin, surtout pour un rendez-vous matinal de 8 heures. Et, pourtant, 25 personnes étaient présentes aujourd’hui à Notre-Dame-de-Clignancourt, comme tous les samedis matin d’ailleurs, depuis maintenant plusieurs mois. Dans une ambiance recueillie puis très conviviale en sortie de messe, ce sont des paroissiens d’horizons très divers qui se sont retrouvés pour assister à l’une des deux messes privées de rite tridentin que célèbre l’abbé Horovitz chaque semaine.

Sans qu’aucune publicité n’ait été réalisée dans la paroisse, c’est grâce au bouche-à-oreille ou à une visite providentielle dans cette église du 18e arrondissement que des générations différentes d’habitants du quartier se côtoient. A la sortie, on parle français ou même anglais. Un jeune homme explique qu’il vient depuis quinze jours, après être entré à la bonne heure dans l’église pour y faire une petite prière. Cette messe, il l’a trouvée très belle, et il revient depuis, explique-t-il, pendant que trois autres personnes s’aperçoivent qu’ils sont voisins, à deux rues d’écart. Une vieille dame rentre chez elle et une autre égraine un chapelet.

Pendant ce temps l’abbé Horovitz reçoit les visites de quelques fidèles, son surplis à la main. « Le Père Olivier », comme certains l’appellent, « il a bien du courage », entend-on dans la sacristie. « Nous avons de la chance de l’avoir ! ». Le Père Olivier, ou l’abbé Olivier Horovitz, fait en effet figure d’extraterrestre dans le clergé parisien. Soutane noire et allure gaillarde, le Don Camillo du métro Jules-Joffrin, donne la confession au confessionnal. Des choses que l’on n’avait pas vues depuis bien longtemps, mais qui ne sont pas pour déplaire à plusieurs jeunes foyers de la paroisse. Ordonné prêtre il y bientôt deux ans, il dit toutes les semaines, cinq messes en français et deux messes privées en latin, depuis que le pape Benoît XVI a souhaité démocratiser la messe de rite tridentin, par le motu proprio. « Le Motu proprio a été conçu comme un trésor offert à tous, et non fondamentalement pour répondre aux lamentations ou aux demandes de qui que ce soit. Un bon nombre de personnes qui n’étaient pas initialement impliquées dans cette forme extraordinaire du rite romain ont maintenant pour lui une grande estime ». Ces paroles qu’il répète souvent, elles ne sont pas de lui, mais du cardinal Castrillon Hoyos qui est à la tête de la Commission pontificale « Ecclesia Dei ».

L’abbé Horovitz est persuadé que cette messe dite de saint Pie V est un moyen extraordinaire de faire découvrir aux gens le chemin des églises. Et il sait de quoi il parle en termes d’évangélisation l’abbé, puisqu’il a découvert Jésus la vingtaine d’années passée. « Malheureusement en France et plus particulièrement à Paris, les gens ne comprennent pas que l’on puisse aimer la liturgie tridentine », réplique un jeune homme. « Certains anciens veulent même empêcher ou freiner l’élan qu’a voulu donner le pape avec le motu proprio. C’est souvent une question de génération. Nous ne sommes pas inquiets car nous nous rendons compte que la jeunesse est beaucoup plus tolérante et prête à accepter que l’on puisse aimer différentes façons de célébrer la messe ». « Moi qui préfère plutôt la messe en français », lui répond une demoiselle, « je ne comprends pas qu’il y ait un débat pour savoir s’il faut ou non autoriser la messe en latin. Ce devrait être quelque chose d’automatique car c’est une grande richesse de l’Eglise d’avoir plusieurs rites latins ou orientaux. C’est si évident que le progrès dans l’Eglise doit passer par le soutien de toutes les sensibilités qui portent des fruits et qui suivent le Saint Père. Certains l’ont déjà compris, comme monseigneur Rey à Toulon. Cet homme est un visionnaire, un avant-gardiste, qui accueille toutes les bonnes volontés les bras ouverts ».

Si l’on parle ainsi à la sortie de la messe de l’abbé Horovitz, c’est que ces paroissiens ont demandé l’autorisation d’assister à une messe en latin un ou deux dimanches de juin 2008 et que cette autorisation leur a été refusée malgré l’enthousiasme du vicaire et la disponibilité de la crypte pour l’occasion. L’année prochaine l’abbé Olivier ne sera hélas plus à Paris. L’espoir nourri par les paroissiens de ND-de-Clignancourt d’assister à un grand office dans leur paroisse en invitant toutes les âmes du quartier à découvrir une liturgie catholique nouvelle voulue par Rome, se trouve maintenant réduit. « Pour les jeunes gens c’est incompréhensible », glisse un père de famille. « Les plus anciens, eux, comprennent que les guerres idéologiques n’ont pas encore disparues. Il faudra sûrement attendre encore un petit peu pour que le bi-ritualisme souhaité par le Saint Père soit enfin accepté dans toutes les paroisses. Mais jusqu’à quand ? Il faudra en fait le courage de plusieurs prêtres qui disent "je prends la responsabilité de l’ouverture et je vous invite tous à vous enrichir de l’autre" ». Il est 9 h 30 passé, certains partent faire leur marché dans la rue des Poteaux, tandis que d’autres continuent de converser.

30 mai 2008

[Jean Madiran - Présent] La communion dans la main a du plomb dans l’aile

SOURCE - Jean Madiran - Présent - mise en ligne par leforumcatholique.org - 30 mai 2008


L‘événement arrivé à Rome pour la Fête-Dieu, le 22.05.08, va lui aussi changer peu à peu l’ambiance et la perspective, comme ne cesse de le faire le motu proprio du 07.07.07 : Benoît XVI, célébrant la messe à Saint-Jean-de-Latran, avait fait disposer un agenouilloir pour les communiants, et donné la communion seulement selon le rite traditionnel (cf. Présent d’avant-hier).

On ne pourra plus dire que les catholiques ne voulant pas de la communion dans la main sont des intégristes, des schismatiques, des dissidents exclus de la participation à la « pleine communion ».

Quasiment plus personne ne sait aujourd’hui quand, ni comment, ni pourquoi, ni par qui la communion dans la main a été installée dans les églises catholiques et même dans la plupart des monastères.

Ce fut un coup de force, une sorte de coup d’Etat ecclésiastique, qui eut lieu du 29 mai au 19 juin 1969.

Le 29 mai 1969 est la date de l’Instruction Memoriale Domini, « rédigée par mandat spécial du Souverain Pontife Paul VI » et « approuvée par lui-même » ; elle est promulguée par la Congrégation du culte divin, elle porte les signatures du cardinal Gut, préfet, et d’Hannibal Bugnini, secrétaire.

Cette Instruction pontificale constate que « certains » ont demandé la communion dans la main, et même ont pratiqué cette façon de faire sans attendre l’autorisation demandée. Là contre l’Instruction révèle que le Saint-Siège a déjà consulté à ce sujet tous les évêques de l’Eglise latine et qu’une très forte majorité d’entre eux est hostile à la communion dans la main. Avec un ample exposé des motifs, l’Instruction explique pourquoi « le Souverain Pontife n’a pas pensé devoir changer la façon traditionnelle de distribuer la communion aux fidèles », et lance une exhortation solennelle à « respecter attentivement la loi toujours en vigueur et qui est confirmée à nouveau, en prenant en considération tant le jugement émis par la majorité de l‘épiscopat que la forme utilisée actuellement et enfin le bien commun de l’Eglise ».

L’Instruction se terminait en ajoutant que « là où est déjà introduit » l’usage de la communion dans la main, il appartiendrait aux conférences épiscopales de régler l’affaire au cas par cas.

Par cette exception à peine entr’ouverte est passée aussitôt une impérieuse généralisation de la communion dans la main, contre la volonté clairement exprimée du Pape et de la « forte majorité » de l‘épiscopat.

Dès le 6 juin 1969, c’est-à-dire seulement une semaine plus tard, la même Congrégation, avec pour préfet le même cardinal Gut, envoie à la conférence épiscopale française (et sans doute aux autres conférences européennes) une « Lettre » qui transmet l’Instruction précédente, l’interprétant comme l’autorisation générale de l’« introduction du nouveau rite », promu au rang d‘être « la nouvelle manière de communier », sans plus aucun rappel de la condition restrictive du « seulement là où ».

Puis, au terme de sa réunion du 17 au 19 juin, le conseil permanent de l‘épiscopat français publie en « communiqué » une « Note » qui parachève le coup de force. Au nom du « souhait de plus en plus fortement exprimé », et parce que le Saint-Père aurait « pris en considération le fait que des désirs très nets s’expriment en certaines régions », cette Note tourne allègrement le dos à l’Instruction du 29 mai et à son injonction de conserver le rite traditionnel de la communion.

Le 20 juillet 1969, dans une déclaration publique, le cardinal Gut gémit sur les initiatives liturgiques prises sans autorisation : « On ne pouvait plus, bien souvent, les arrêter, car cela s‘était répandu trop loin. Dans sa grande bonté et sa sagesse, le Saint-Père a alors cédé, souvent contre son gré. » Il a bien dit : « souvent ».

Dans les débuts de son pontificat, Jean-Paul II distribuait la communion seulement sur la langue. Puis il a cédé lui aussi, sous la formidable conjugaison de la pression intérieure exercée par le parti révolutionnaire et de la pression extérieure qui est en permanence celle des médias profanes.

Mais, depuis la Fête-Dieu du 25.02.08, a ouvertement commencé le retour à la communion reçue à genoux et sur la langue.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6599 de Présent, du Vendredi 30 mai 2008

29 mai 2008

[François-Xavier Peron - Christus Imperat] Pourquoi la Fraternité est cette dernière cartouche

SOURCE - François-Xavier Peron - Christus Imperat - 29 mai 2008



Pourquoi la Fraternité est cette dernière cartouche
 
Il y a quelques semaines, le 24 avril 2008, l’abbé de Cacqueray-Valménier, supérieur du district de France de la FSSPX, nous donnait à méditer un texte intitulé  « Apologues de la dernière cartouche ».

Que n’a pas encore déclenché ce texte, entre pluies de critiques acides et de mauvaise foi. Pourtant à lire et relire cette petite parabole, on n’y trouve rien qu’une représentation de la réalité, cette réalité sans laquelle on ne peut rien construire, même si l’on tente de s’y référer tout en la couvrant quelque peu.

Loin de toute affirmation pleine d’orgueil, comme certains le crient haut et fort, l’abbé de Cacqueray précise bien « Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible ». Est-il interdit de vouloir comprendre les desseins de la Providence ? Cette attitude n’est-elle pas au contraire le signe d’une écoute attentive et soumise aux desseins de celle-ci ? Et sur le fond, maintenant que nous avons le recul de quarante longues années d’agonie de l’Eglise, ne peut-on sérieusement envisager qu’ « autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, il semble que  la dernière cartouche qui doive être tirée sur l'hydre moderniste soit la Fraternité Saint-Pie X » ?

Qui dira le contraire ? Au-delà de la FSSPX, y-a-il une autre société capable aujourd’hui de résister à l’hydre moderniste ? Certainement pas les congrégations et autres instituts qui sont engagées dans le giron conciliaire. Mais pas non plus celles et ceux qui ont troqué la doctrine catholique contre un droit à la liturgie traditionnelle qu’ils avaient déjà. Et aucune autre qui voudrait aujourd’hui rejoindre le combat si elle n’a pas d’évêque capable de transmettre les vrais sacrements.

Certains ont conservé la liturgie ou d’autres l’ont retrouvé. Certes leurs cérémonies sont belles, et c’est bien normal parce que la liturgie catholique romaine est effectivement belle, mais ils ne disent pas la vérité ou ne la proclament que trop timidement. Le modernisme n’est pas une liturgie, ce n’est pas une variante mauvaise dans l’expression de la doctrine catholique, mais c’est une perversion de la doctrine, c’est une hérésie. Et une hérésie se combat par l’affirmation pleine et entière de la vérité.

Mais ces sociétés font du bien diront certains ! En effet, elles font un certain bien, puisque, par la messe et la liturgie, la foi se transmet. Mais elles pêchent gravement par omission par le bien qu’elles ne font pas, par les erreurs qu’elles ne dénoncent pas et par la vérité qu’elles n’affirment pas.

Que mon propos ne soit pas déformé : des âmes et de nombreuses âmes se sanctifient en dehors de la FSSPX, progressent dans la sainteté en dehors d’elle. Et l’abbé de Cacqueray ne jette l’opprobre sur personne, il donne une vue sur ce qu’on peut apercevoir du rôle que Dieu semble réserver à cette Fraternité dans la crise actuelle ! Il n’est pas question ici de juger ou de préjuger de la disposition de l’ensemble des catholiques et des prêtres de l’Eglise, mais de discerner de façon globale les acteurs qui interviennent dans cette crise terrible qui semble ne pas finir, et du rôle essentiel que joue la FSSPX.

Alors il n’est pas faux de dire que seule la FSSPX et par elle, les autres instituts qui lui sont rattachés, combat encore le modernisme, et effectivement, « autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, il semble que  la dernière cartouche qui doive être tirée sur l'hydre moderniste soit la Fraternité Saint-Pie X. »

« Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, si cette dernière cartouche n’est jamais tirée, la bête ne sera pas tuée et finira par étouffer l’Eglise.
« Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, si cette dernière cartouche est mal tirée, la bête ne sera pas tuée et finira par étouffer l’Eglise. »

Voici donc que l’abbé de Cacqueray nierait l’indéfectibilité de l’Eglise ! Et si la Sainte Vierge avait répondu « non » à l’archange Gabriel ? Les plans de Dieu sont arrêtés de toute éternité, mais alors que Dieu sait et agit, Il n’entrave pas la liberté de l’homme. C’est un grand mystère qui fait partie de notre foi !

Dieu savait de toute éternité qu’Il allait s’incarner. Et pourtant Il n’a pas forcé la Vierge Marie. Il lui a envoyé son messager pour recevoir son « fiat ». Dieu savait, mais la mère de Dieu est restée libre dans sa réponse, c’est toute la beauté du mystère de l’incarnation et une démonstration magnifique de l’amour de Dieu.

Il semble en être de même dans la crise qui se déroule sous nos yeux : rien ne semble vouloir arrêter la déchéance de l’Eglise ; à vue humaine celle-ci est condamnée, et pourtant, nous savons tous, de par notre foi, que Dieu a prévu de toute éternité le moyen par lequel Il sauvera son épouse, et ce, tout en respectant la liberté de l’instrument qu’Il aura choisi.

« Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, la Fraternité Saint-Pie X est  cette dernière cartouche qui sera tirée, depuis le bon affût et à l’instant convenable, et elle tuera la bête. »

Les faits semblent, à mesure que les années passent, montrer que c’est la réalité. La FSSPX est, par son histoire et par le pouvoir de ses évêques, le fer de lance de la Tradition. En réalité la balle mortelle a déjà été tirée, c’était en 1988. Ce jour là, l’hydre moderniste a été touchée au cœur, et d’un coup mortel. C’est parce que ce coup a été mortel  qu’il va permettre d’en porter un deuxième, qui sera le coup de grâce qui la fera définitivement tomber.

Pour autant est-ce de l’orgueil qu’un supérieur de la FSSPX puisse dire cela ? Bien au contraire, il s’agit là d’un appel à tous les prêtres de cette Fraternité à demeurer fidèles à leur devoir sacerdotal, et à garder l’humilité et la soumission à leur hiérarchie.

Serait-ce à dire que le « Magnificat » a été un acte d’orgueil de la Sainte Vierge ? Non, bien au contraire, c’est un acte de reconnaissance et d’humilité de Marie qui reconnaissait les grands desseins que Dieu accomplissait par elle. Dieu semble réserver un rôle particulier à la FSSPX, il est bien normal, juste et même nécessaire qu’elle en soit consciente, avec toute l’humilité et la soumission que cela exige. L’abbé de Cacqueray ne fait que le rappeler en images à ses prêtres.

« Chasseurs ! Si vous les croyez justes, donnez tous vos conseils de chasseur à votre champion mais prenez garde cependant de ne pas l’accabler ! Il vous est évidemment difficile de remettre votre vie entre les mains de l’un des vôtres mais souvenez-vous -c’est ainsi- qu’une cartouche n’est jamais tirée que par un seul homme. »

Catholiques baptisés, nous sommes tous enfants de l’Eglise. Catholiques confirmés, nous sommes tous les soldats du Christ !

Nous sommes tous des chasseurs. Ce texte s’adresse à nous tous. Nous avons tous à nous battre. Et les prêtres de la FSSPX sont en première ligne. C’est à eux que s’adresse en premier lieu ce texte, et par ricochet à nous. Ils ont un supérieur général, qui, comme tout homme, a ses défauts et ses qualités. Il n’en reste tout de même pas moins le supérieur général avec les grâces d’état exceptionnelles pour guider la FSSPX dans ce rôle si particulier qu’elle joue dans la crise de l’Eglise. Et à ce titre, il faut lui rester soumis.
Il n’est pas seul face à l’hydre moderniste, parce que qu’il a besoin du soutien indéfectible de ses pairs. Mais il est le seul à tirer, parce qu’il a été choisi comme le meilleur pour le faire. Et par-dessus toutes les dissensions qui peuvent exister, ce qui importe c’est de tuer l’erreur, parce que la vie de tous en dépend. Alors peut importe le reste, l’objectif de tous est d’abattre le monstre moderniste, et pour ce faire, nous devons soutenir le tireur, quels qu’en soient les éventuelles vexations.

Il y a vingt ans, Monseigneur Lefebvre engageait « l’opération survie ». Nous pouvons juger cette opération réussie, car vingt ans après, l’œuvre de ce grand prélat a formé des prêtres capables de tenir debout dans la tempête. Aujourd’hui, l’Eglise universelle commence à recueillir les fruits de ce combat.

La reconnaissance envers Dieu d’abord, et envers ces prêtres ensuite, devrait être de mise. A la place de cela, l’acidité des critiques et les attaques amères de certains ne cessent de pleuvoir. Merci à Monseigneur Fellay qui nous guide si bien au milieu de tant de périls, merci à l’abbé de Cacqueray qui nous rappelle si bien le devoir de chacun dans cette adversité si éprouvante, merci à tous ces prêtres de la FSSPX qui subissent l’opprobre pour l’affirmation de la vérité.

Vraiment, nous pouvons tous conclure avec l’abbé de Cacqueray, le cœur plein de reconnaissance envers Dieu et plein d’humilité :

« Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, il semble que  la dernière cartouche qui doive être tirée sur l'hydre moderniste soit la Fraternité Saint-Pie X.
Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, si cette dernière cartouche n’est jamais tirée, la bête ne sera pas tuée et finira par étouffer l’Eglise.
Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, si cette dernière cartouche est mal tirée, la bête ne sera pas tuée et finira par étouffer l’Eglise.
Autant que le plan de Dieu nous apparaisse visible, la Fraternité Saint-Pie X est  cette dernière cartouche qui sera tirée, depuis le bon affût et à l’instant convenable, et elle tuera la bête.
C'est à la lumière de telles considérations sur la Providence que nous avons donné notre confiance à la Fraternité. »

François-Xavier Peron

28 mai 2008

[Paix Liturgique] Que se passe-t-il dans le diocèse d’Evreux ?

SOURCE - lettre 107 de Paix Liturgique - 28 mai 2008


Aux marches du diocèse d’Evreux, la paroisse de Thiberville, avec ses 13 clochers, est probablement un exemple unique en France de ce qu’il convient d’appeler une application parfaite du Motu Proprio Summorum Pontificum. Un cas d’école en somme. C’est le seul endroit du diocèse d’Evreux où la messe traditionnelle est célébré qui plus est par un prêtre diocesain qui est aussi le curé de la paroisse...

En effet, l’abbé Francis Michel, qui est curé de la paroisse depuis 1986 célèbre lui-même chaque dimanche et fêtes depuis environ 10 ans, une messe dans la forme extraordinaire du rite romain en plus des trois autres qu’il célèbre dans la forme ordinaire. N’ayant jamais voulu opposer les rites ni les fidèles il a su accueillir toutes les âmes de la paroisse quelles que soient leur sensibilité liturgique.

Le zèle apostolique, la foi et le dévouement de ce curé a permis à cette petite paroisse territoriale (environ 4.500 âmes sur les 13 clochers) de faire figure d’exemples en bien des domaines… 3 à 4 messes chaque dimanche (église pleine), 120 enfants au catéchisme, environ 30 premières communions et 30 professions de Foi chaque année, processions de la Fête-Dieu et fêtes patronales des 13 clochers, crèche géante sur la place de l’église chaque année (véritable attraction pour le village et ses environs)... Le nombre d’intentions de messes que l’abbé Francis Michel adresse à l’évêché chaque année et le denier du culte récolté sur la paroisse de Thiberville en disent également long sur la vitalité, le sens de l’Église et la générosité des fidèles et du curé de la paroisse.

Pourtant, le 13 mai dernier, le quotidien local « Le Pays d’Auge » titrait un article « l’abbé Francis Michel quitterait la paroisse », renforçant ainsi la rumeur qui gonflait depuis plusieurs jours à Thiberville.

Voici le texte de l’article :

Étonnement (feint ?) du côté du service communication de l’évêché d’Evreux, silence de rigueur du côté de l’intéressé, le départ prochain, on parle de septembre, de l’abbé Francis Michel, curé de quelque treize paroisses est il une information fondée ou une simple rumeur ?

Un dicton populaire dit qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Certes. Mais on sait également qu’une rumeur peut se répandre sans qu’on connaisse véritablement son origine. Reste que dans le cas présent, c’est la multiplication de petites informations qui fait que la rumeur enfle : une chorale du canton qui souhaitait chanter dans l’église Saint-Turien en octobre à laquelle on ne peut plus donner confirmation, des responsables de secteurs paroissiaux qui prennent l’affaire très au sérieux et qui parlent déjà de lancer des pétitions en faveur du maintien de l’abbé sur le secteur. Et puis, même s’il se refuse à parler de quoi que ce soit, il y a cette espèce de tristesse, voire de résignation, qui habite le visage du prêtre depuis plusieurs jours, lui habituellement avenant et souriant. Sans vouloir lui manquer de respect et avec toute l’amitié qu’on lui porte, on pourrait même aller jusqu’à dire que l’abbé Michel a pris un coup de vieux ». Interrogé à la fin de l’office de ce dimanche à Saint-Aubin de Scellon, le père nous a simplement répondu : « Je ne sais pas. Pour le moment je suis toujours là… » Du côté service communication de l’Évêché, les informations sont tout autant évasives : » les nominations ne seront officiellement annoncées que le 1er juillet, quant au départ du père Francis Michel de Thiberville, vous en savez plus que nous… » Même si ce n’est pas la première fois qu’un tel bruit court dans le canton, l’affaire est à suivre »

Depuis la publication de cet article, de très nombreux messages nous parviennent, messages desquels il ressort de manière unanime : incompréhension, tristesse et colère.

Au terme de ces lettres, c’est bien la « spécificité » de l’abbé Michel (curé de paroisse en soutane, bi-ritualiste appliquant sans état d’âme le Motu Proprio de Benoît XVI) qui serait ainsi sanctionné par sa mutation. De plus, l’abbé Michel ferait l’objet de beaucoup d’irritations de la part de ses confrères voisins en déployant autant de zèle au service des fidèles, en faisant « église pleine » et en faisant beaucoup de choses que ses confrères ne font plus mais que les fidèles demandent (processions, déplacement au cimetière, baptêmes individuels, célébration de messes d’enterrement, adoration du Saint Sacrement, célébration de la messe et des sacrements dans la forme extraordinaire du rite romain pour ceux qui le souhaitent…). Le ministère de l’abbé Michel ferait beaucoup d’envieux… Ainsi, après tant et tant de mauvais coups, des confrères de l’abbé Michel aurait obtenu de Monseigneur Nourrichard le départ de l’abbé Michel qu’ils n’avaient pas réussi à obtenir de ses prédécesseurs Monseigneur David et Monseigneur Gaillot avec qui l’abbé Michel a toujours entretenu des relations filiales, courtoises et respectueuses. Déclarations bien étranges quand on sait que l’abbé Michel et Monseigneur Nourrichard se connaissent depuis longtemps et sont d’anciens camarades de promotion au séminaire.

Quoi qu’il en soit c’est la stupéfaction dans la région Thiberville et personne ne comprend qu’on puisse « remercier » aussi brutalement l’abbé Michel, après tant d’années de bons et loyaux services.

A ce jour, les 13 villages s’organisent et entrent en résistance.

On apprend aujourd’hui que les maires des 13 clochers de la paroisse de l’abbé Michel eux-mêmes (!) ont entrepris de faire signer des pétitions dans les rues de leurs communes pour que l’abbé Michel ne quitte pas Thiberville.
Situation surréaliste… C’est toute une agglomération de communes qui fait bloc. Pratiquants, non-pratiquants, tout le monde se mobilise et s’apprête à faire front. Les villageois refusent que la paroisse de Thiberville qui fait figure d’exception grâce à au charisme de son curé ne devienne le désert spirituel et pastoral que sont hélas devenues de nombreuses paroisses de ce diocèse de Normandie…

Affaire à suivre dans les prochaines lettres de Paix Liturgique...

Les réactions de Paix Liturgique

- La paroisse de Thiberville est une paroisse très dynamique avec un taux de pratique remarquable. C’est aussi le seul endroit du diocèse d’Evreux où la messe traditionnelle est célébrée en vertu du Motu Proprio Ecclesia Dei puis de Summorum Pontificum. On peut dès lors comprendre que le départ annoncé du curé soit une source de tristesse et d’inquiétude pour ses nombreux paroissiens, notamment ceux attachés à la forme extraordinaire du rite romain.

- Officiellement le départ de l’abbé Michel est justifié par le fait que l’abbé est curé de Thiberville depuis 1986 et qu’âgé de 59 ans, il est temps pour lui de changer d’affectation… Si nous ne contestons pas qu’il appartient à l’évêque de décider des affectations des prêtres de son diocèse, le contexte de l’annonce du départ de l’abbé Michel n’en demeure pas moins surprenant. En effet, après plus de vingt ans passés en qualité de curé des paroisses de Thiberville, l’abbé Michel se voit proposer un poste… de vicaire ad experimetum à l’autre bout du diocèse… Ce n’est donc pas – a priori – parce que Monseigneur Nourrichard souhaite utiliser le savoir-faire et l’expérience pastorale de l’abbé Michel dans une autre paroisse du diocèse plus défavorisée qu’il lui demanderait de quitter Thiberville. Si alors ce n’est pas un besoin pastoral qui justifie la décision épiscopale, pourquoi alors quitter la paroisse de Thiberville, ses 13 clochers, et tous les paroissiens qui souhaitent que l’abbé reste ? A 59 ans, l’abbé Michel est un jeune prêtre diocésain, en pleine santé. On ne comprend donc pas non plus l’argument lié à l’âge de l’abbé.

- A tort ou à raison, la vraie raison du départ de l’abbé Michel de Thiberville – alors que tout va bien, qu’il fait l’unanimité dans ses paroisses et qu’aucune autre véritable mission ne lui est proposée par l’évêque – réside pour les paroissiens de l’abbé Michel dans le fait qu’âgé seulement de 59 ans, l’abbé Michel, prêtre en soutane, bi-ritualiste, dynamique et zélé, ne correspond pas aux standards attendus à l’évêché d’Evreux et est prié de quitter sa paroisse qui doit être « normalisée", à l’image des autres paroisses du diocèse… Si tout cela s’avérait exact, quel horrible gâchis, quel mépris incompréhensible des fidèles. Nous ne sommes plus dans les années 70 mais en 2008… La chasse aux sorcières n’a plus de sens.

- Thiberville et sa coexistence pacifique des deux formes du rite romain dans le cadre paroissial est un exemple magnifique de ce que le Saint Père propose dans son Motu Proprio Summorum Pontificum. A n’en pas douter, départ ou pas de l’abbé Francis Michel, la permanence d’un groupe stable de fidèles désireux de vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain au sein de cette paroisse depuis de nombreuses années, rend impossible en pratique l’arrêt de la célébration hebdomadaire de la messe et des autres sacrements dans la forme extraordinaire. C’est à l’évêque de décider ce dont il convient en la matière étant précisé qu’après cette célébration par le curé de la paroisse lui même pendant des années, toute solution qui consisterait en une application irrégulière ou limitée du Motu Proprio devrait être rejetée d’emblée pour la paroisse de Thiberville.

- Nous le disons d’avance : si le départ de l’abbé Michel est une sanction pour « délit de Motu Proprio » comme « on » le dit à Thiberville et si on casse ce qui fonctionne en dépit de l’avis des fidèles, des conseils paroissiaux et des maires, quand on agit de manière brutal et sans concertation, il ne faut pas s’étonner des réactions les plus vives… Qui sème le vent récolte la tempête dit le proverbe et il ne serait pas acceptable que l’idéologie qui règne encore dans certains évêchés brise des paroisses entières. Tout cela paraîtrait bien anachronique à l’heure du Motu Proprio de Benoît XVI.

Pour en savoir plus, manifester votre soutien à la paroisse de Thiberville ou signer la pétition vous pouvez écrire à thiberville27@yahoo.fr

Vous pouvez également écrire aux adresses ci-dessous pour témoigner de votre indignation :

Nonciature apostolique en France

Le Nonce apostolique est le représentant du Pape en France. Tous les courriers ou dossiers que voudront lui adresser les fidèles de France, serons transmis par lui, et au plus vite, vers les différents services du Saint-Siège.

Nonciature Apostolique en France
10, avenue du Président Wilson
75116 PARIS
France
Fax : 01 47 23 65 44
noncapfr@wanadoo.fr

Commission Ecclesia Dei

Il est très important que cette commission chargée par le Saint-Père de s’occuper des catholiques attachés à la forme extraordinaire du rite latin soit régulièrement informée des joies et des difficultés rencontrées par les fidèles dans leurs relations avec les Églises locales.

Piazza del S. Uffizio, 11
00193 Rome
Italie
Fax : 00 39 06 69 88 34 12
eccdei@ecclsdei.va

Sylvie Mimpontel
Présidente du mouvement pour la Paix Liturgique et la Réconciliation dans l’Église.

27 mai 2008

[Antoine - Christus Imperat] Hommage à un grand chef

SOURCE - Antoine - Christus Imperat - 27 mai 2008

Hommage à un grand chef
Hommage à l'abbé de Cacqueray
Alors que certains ne retiendront de votre texte Apologues de la dernière cartouche que quelques polémiques stériles, je souhaite de tout cœur vous rendre hommage pour votre courage et pour votre humble détermination dans ce combat terrible, entamé par la Fraternité Saint-Pie X, contre le modernisme et contre les idées dévastatrices qui ravagent l'Eglise, aujourd'hui encore.
Ce combat n'est que la continuation du combat de Mgr Lefebvre qui avait, dès le Concile, senti et pressenti  ce qui allait en découler. De votre texte, dont j'ai conscience qu'il ne m'est adressé qu'en dernier lieu, je retiendrai particulièrement quelques points qui m'apparaissent essentiels et qui m'ont particulièrement marqué…

L'appel d'un chef

Tout d'abord, je salue à travers ce texte, l'appel d'un chef qui harangue les siens, appel suscitant l'unité et l'adhésion de tous. Un appel plein d'espérance et plein de confiance en la divine Providence, avec, à la clef, une victoire assurée par Notre Seigneur Jésus-Christ et par l'indéfectibilité de l'Eglise : un appel particulièrement motivant qui nous donnera, au moment du combat et de la charge décisive, toute l'ardeur, la fougue et le courage nécessaires pour triompher de l'ennemi, et pour résister aux éventuelles tentations de désertion...

Un appel plein de sagesse

Ensuite, je salue la sagesse de cet appel, vous qui mesurez particulièrement, de par vos responsabilités, les différentes interrogations, les différentes incertitudes, les différents doutes qui peuvent habiter les esprits de vos fidèles. Dans votre sagesse vous sollicitez les bons avis de chacun, et particulièrement des élites, vous préservant ainsi du scénario diffamatoire que l'on vous prête volontiers dans les rangs de nos ennemis : celui d'une obéissance servile qui annihilerait la raison ou l'intelligence de vos fidèles par une dictature de la pensée unique.

Et dans cet esprit de consultation, à travers cet appel que vous lancez aux forces vives de la FSSPX, Mgr Williamson vous répond aujourd'hui, nous faisant mesurer parfaitement les interrogations sous-jacentes qui se posent actuellement dans nos rangs, au moment de tirer cette dernière cartouche… Merci donc de nous permettre de connaître ces questions graves, qui orienteront dans un futur que j'espère proche, les décisions de la FSSPX.

Le rôle de la FSSPX

Quel devra donc être le rôle de la FSSPX dans les années à venir ?
Vous avez ouvert le débat par ce texte, invitant les élites à y participer, et nous le suivons avec passion, chaque position étant intéressante, chaque argument étant digne d'intérêt, quelque soit la perspective qui se trouve derrière… Nous sommes convaincus que le but recherché est le même : la sauvegarde de la foi catholique au sein de l'Eglise, mais quels moyens prendra la FSSPX pour y contribuer ? c'est une question importante que nous nous posons tous. Le débat est donc passionné, animé par des personnes passionnées et passionnantes, sur lesquelles chacun peut avoir un avis différent. Vous croyez au triomphe de la vérité face aux erreurs modernistes, et vous voulez mener ce combat de la vérité. Vous êtes un bâtisseur, et nous avons parfaitement entendu votre appel pressant, encore renouvelé au Sacré Cœur lors du pèlerinage de Chartres : Appel à fonder de bonnes écoles, appel à aller de l'avant, à évangéliser dans la mesure de nos capacités. Nous devons préserver cette liberté de la vérité, seule vrai liberté, mais nous ne pouvons garder ce trésor de la Tradition entre nous, sans le partager ; nous aurons des comptes à rendre…

Vous nous le rappelez sans cesse pour nous motiver et nous donner du cœur à l'ouvrage, et là encore je salue votre leadership, c'est-à-dire que je salue en vous un chef qui ne se contente pas de gérer, mais qui propose, qui construit, qui va de l'avant. Mgr Williamson, quant à lui, ne croit plus à l'efficacité de la vérité dans le combat contre le modernisme, tant la raison humaine est perturbée par les modes de pensée contemporains... Et il a terriblement raison : L'intelligence est tellement malade chez ces personnes là, leur raison étant capable de concilier l'inconciliable, de faire passer l'erreur pour la vérité….
 
Vous croyez en la possibilité d'un électrochoc en tirant cette fameuse cartouche, Mgr Williamson juge que le chasseur n'est pas si accablé, que ce n'est pas le moment de tirer cette dernière cartouche, et qu'il ne s'agit d'ailleurs pas de la dernière…
 
Alors merci de permettre ce débat, merci à Monseigneur de préciser ainsi sa vision… Ces questions sont tellement importantes, tellement passionnantes… Les enjeux sont tels… La décision sera historique, d'où l'importance que vous soulignez, de concerter tous les tireurs pour prendre leurs avis, pour peaufiner ce tir…Une cartouche si importante… Car s'il est une chose qui est vraie, c'est que cette cartouche est d'une importance capitale, c'est qu'il faudra bien la tirer, au bon moment, dans les bonnes circonstances … Et si jamais elle était mal tirée, alors la FSSPX aura perdu, autant que les plans de Dieu sont visibles, sa dernière cartouche… Cette cartouche, c'est celle qui permettra enfin de dire que le catholique traditionnaliste est vraiment catholique, que l'Eglise ne s'est pas trompée pendant deux mille ans, que les papes qui ont lutté contre le modernisme et contre les erreurs modernes ne se sont pas égarés en dénonçant ces thèses destructrices...

Là est tout l'enjeu de cette cartouche, et Mgr Fellay le rappelle souvent : rétablir la confiance dans et hors de l'Eglise… que le catholique traditionnaliste ne soit plus le seul et unique pestiféré de l'Eglise, mais qu'il soit enfin considéré comme un membre actif et participatif de l'Eglise. Certains ont déjà tiré leur dernière cartouche, croyant souvent honnêtement et sincèrement qu'ils pouvaient faire changer ce regard, mais force est de constater qu'ils se sont fait prendre au jeu, ils sont restés en marge de l'Eglise, obligés de courber l'échine au moindre coup, tels ces prisonniers de guerre : on les utilise pour fabriquer les armes qui serviront ensuite à les tuer, ou à détruire ceux de leur camp qui mènent encore le combat.

Un appel à l'unité

Mais ce que je retiens particulièrement de votre texte, c'est cet appel à l'unité que vous lancez. La discussion est ouverte, que chacun s'exprime, mais que le jour où la décision sera prise de tirer cette cartouche, (qu'elle soit la dernière ou non en fonction du point de vue de ceux qui se seront exprimés à votre demande), tous se rangent derrière le tireur. Car même si cette cartouche n'est pas la dernière, elle n'en reste pas moins importante et déterminante dans le combat contre le modernisme. Seule la FSSPX a encore cette puissance de frappe, puissance qui pourrait déstabiliser l'ennemi en faisant enfin jaillir à nouveau la foi catholique intégrale, la foi intègre, débarrassée de toutes ces erreurs qui paralysent et ruinent l'Eglise aujourd'hui. Après cette phase de consultation, durant laquelle les chasseurs les plus expérimentés se seront exprimés, il faudra tirer cette cartouche, et le tireur se retrouvera alors seul face à l'ennemi, engageant par son tir toute la population, toute l'Eglise qu'il sert avec tant de courage. Il aura besoin de tout notre soutien pour être serein lors de son tir, pour ne pas être tourmenté au moment de prendre la décision… Que son esprit soit le plus libre possible sur les questions de savoir s'il n'y aura pas finalement d'autres cartouches, si c'est le bon moment pour tirer, si l'angle de tir est le bon, si ses troupes suivront…. Il est probable que beaucoup continueront à avoir leur avis et ne partageront pas forcément cette décision de tirer, mais il faudra alors faire confiance au tireur qui a été pourtant reconnu comme étant le plus expérimenté…

Encouragement

Alors merci, monsieur l'abbé, de nous pousser ou de nous tirer en permanence par vos appels pressants à l'action… Nous en avons besoin pour ne pas nous endormir par ces situations un peu déconcertantes qui précèdent généralement les graves décisions, les décisions historiques. Je suis fier d'appartenir à votre armée, même si ma position au sein de celle-ci est insignifiante. Ce sont les gens insignifiants qui font justement cette armée. J'ai été heureux d'apprendre votre reconduction lors du pèlerinage de Chartres, vous qui êtes profondément attaché à votre supérieur général qui vient de vous renouveler sa confiance. Continuez à mener ce combat, malgré les coups répétés dont vous commencez à être habitué à force de les encaisser.

Certains ont quitté le navire, parfois  animés de bons sentiments, et croyant faire le bon choix. Mais s'ils se retrouvent maintenant en position de force dans d’autres rangs, c'est uniquement parce que la FSSPX continue à combattre. C'est le lot habituel d'une grande partie des personnes qui se détournent de leur combat initial. Ils n'ont alors cesse de dénoncer ces faiblesses et de les pointer du doigt pour mieux affaiblir nos rangs... D'autres arrivent un peu mieux à se préserver, mais sont en permanence sollicités par nos ennemis pour nous dénoncer, pour nous affaiblir… Mais si un jour la FFSPX devait perdre la guerre, Dieu nous en préserve, ils risqueraient alors d'être jetés aux fers, enfermés au cachot, perdant d'un seul coup toute légitimité, tout privilège, tout statut dans les rangs ennemis, tout intérêt à leurs yeux…

Heureusement, certains, prenant conscience de tout ceci, finissent par rejoindre nos rangs… Souhaitons qu'ils soient derrière nous le jour où ce coup sera tiré. Peut-être, certains verront-ils à travers ces lignes quelques flatteries, détournant le but de ce texte qui n'est autre que de vous encourager dans votre combat et vous soutenir dans votre détermination. Je vous souhaite d'arriver à susciter l'union dans ce combat difficile que vous entreprenez. Je vous assure de mes prières pour que le Saint Esprit continue à vous inspirer dans votre devoir d'état.
En union de prières,

Antoine
simple fidèle de la FSSPX

[Jean Madiran - Présent] Le Pape a donné l’exemple

SOURCE - Jean Madiran - Présent - 27 mai 2008

Pour l’application du 07.07.07 Le Pape a donné l’exemple
Les déclarations que l’abbé John Berg, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (FSSP), a faites à Daniel Hamiche et que publie L’Homme nouveau de samedi dernier, apportent à propos de l‘érection à Rome d’une paroisse personnelle, des précisions capitales sur l’application du motu proprio du 07.07.07 par le Pape, dans le diocèse dont il est l‘évêque.

# Cette paroisse personnelle a reçu pour église la « Santissima Trinità dei Pellegrini » (cf. Présent du 10 mai, l’article de Jeanne Smits). Rappelons qu’une paroisse est dite « personnelle » non point parce qu’elle serait le privilège personnel conféré à un prêtre particulier ; mais parce qu’elle est délimitée par l’adhésion personnelle des fidèles qui en font partie, tandis qu’une paroisse ordinaire est délimitée par son territoire. Néanmoins la paroisse personnelle fait normalement partie du diocèse où elle est installée.
# Des précisions rendues publiques par l’abbé John Berg ressort notamment :
1. – Le desservant de la paroisse, l’abbé Kramer, a été « présenté par le Supérieur général et agréé par le diocèse ».
2. – Le décret d‘érection « stipule clairement qu’elle [la paroisse] est confiée à la FSSP ». (…) L’abbé Kramer est donc à la fois curé et recteur de l‘église, ce qui garantit que la FSSP en aura l’usage continu (…). C’est une paroisse pleine et entière, où l’on aura le catéchisme et les activités de groupes de fidèles qui façonnent la vie d’une paroisse ».
3. – Car voici le plus important, qui authentifie explicitement les points précédents : « Le contrat passé avec le diocèse de Rome (…) souligne les devoirs [du desservant] de demeurer fidèle au charisme particulier de sa communauté. »

# On accueille sans surprise, mais avec toute l’indignation légitime, la révélation du fait que cette paroisse personnelle de Rome est « la première obtenue par la FSSP en Europe ». Il y a donc tout de même un diocèse en Europe où le Pape peut imposer sa volonté : c’est le sien. Les autres paroisses personnelles de la FSSP sont aux Etats-Unis (six), au Canada (deux), au Nigeria (une). L‘épiscopat européen, ou plus exactement, les sectaires qui exploitent et manipulent sa « collégialité », conservent à l‘égard des rites traditionnels de l’Eglise une hostilité farouche et militante, quasiment haineuse.

# C’est ainsi que se manifeste une tendance épiscopale qui est exactement l’inverse de ce que Benoît XVI a fait à Rome. Elle consiste, en France, à transformer l’accueil des tradis (devenu inévitable) en un piège avec plusieurs étapes. C’est-à-dire détacher de la FSSP les prêtres qui en sont membres pour les intégrer progressivement aux rites diocésains actuels : la catéchèse pour adultes de gauche à la place du catéchisme pour enfants baptisés, la funeste concélébration avec l’arrogante communion dans la main, l’agenouillement interdit, la célébration spectaculaire face aux fidèles, la soumission à la prépotence de la laïcité républicaine et de sa lutte contre toute espèce de discrimination, pour le métissage universel des religions, des ethnies et des civilisations. Tout cela relève d’un même esprit et participe à la même subversion.

# Depuis une quarantaine d’années, la fidélité intrépide à la messe, aux sacrements, au catéchisme traditionnels, de prêtres et de laïcs plus ou moins regroupés dans ou autour de la FSSP, la FSSPX, l’ICRSR, l’IBP, la CRC (etc.) apporte à l’Eglise un vivant témoignage sur la continuité de son être historique et sur la nécessaire permanence surnaturelle et temporelle de son apostolat. Tel est, avec l‘élan de leur jeunesse, le « charisme » commun de ces divers instituts. Il y a ici ou là des problèmes canoniques et des questions administratives à régler, oui. Mais non pas en écrasant ou en cherchant à piéger ce charisme.

JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 6596 du Mardi 27 mai 2008

24 mai 2008

[Mgr Williamson] Dernière cartouche

SOURCE - Mgr Williamson - Dinoscopus - version française publiée sur le forum catholique - 24 mai 2008

Dernière cartouche

Eleison comments XLVII

Un collègue prêtre de la Fraternité Saint-Pie X vient juste d’écrire (ou peut-être a fait sienne) une parabole par laquelle la Fraternité serait la dernière cartouche d’un chasseur qui doit tirer pour tuer le monstre du néo-modernisme qui s’est incrusté dans les structures mêmes de l’Eglise catholique. Puisque c’est la dernière cartouche, le chasseur ne peut pas se permettre de manquer son coup ! Bref, le « chasseur » serait accablé, mais laissez-moi tenter de l’assurer qu’il n’est pas si accablé que ça.

Premièrement et avant tout, l’Eglise catholique dépend de Dieu tout-puissant qui possède d’innombrables moyens pour lui venir en aide, que les hommes ne peuvent même pas imaginer. « Ma main est-elle trop courte parce que vous autres hommes êtes malicieux ? » (Isaïe 50,2). Imaginer que le Seigneur Dieu dépendrait de la Fraternité Saint-Pie X pour s’occuper du monstre du néo-modernisme, c’est gravement sous-estimer Ses pouvoirs !

Deuxièmement, le néo-modernisme est certainement incrusté trop profondément chez les Catholiques (ou ex-Catholiques) pour qu’une petite congrégation de quelque 450 prêtres puisse être capable de le déloger ! De même que le crime de l’avortement est devenu de plus en plus normal et accepté depuis les 40 dernières années, aussi l’hérésie du néo-modernisme s’est elle installée elle-même de plus en plus dans les cœurs et les esprits de la grande masse des catholiques (ou autrefois catholiques) dans la même période. Par la grâce de Dieu, la Fraternité Saint-Pie X peut toujours posséder la Vérité, mais quel levier pourrait encore être la Vérité pour des esprits diaboliquement désorientés, à commencer pour ceux des hommes d’Eglise qui la gouvernent aujourd’hui ?

Troisièmement, quel autre pouvoir la Fraternité Saint-Pie peut-elle avoir à part celui de la Vérité aujourd’hui impuissante ? Sinon la Foi, la Fraternité Saint-Pie X n’a ni de grandes masses avec elle, ni de grands théologiens, ni de grands écrivains. Elle se maintient dans le monde entier, ce qui est déjà un miracle, mais elle est fragile, et en termes temporels, elle n’avance pas plus vite que pas à pas, tandis que la Révolution mondiale avance en faisant des sauts et des bonds.

Non, cher collègue. L’humble mission de la Fraternité Saint-Pie X n’est certainement pas d’éliminer complètement la tempête (ce que Dieu seul peut faire), mais de s’en préserver. Non pas d’engloutir les mensonges, mais de soutenir la Vérité. Non pas de conquérir, mais de témoigner. Non pas d’être pressé, mais d’attendre l’heure de Dieu. C’est Son Eglise, et Il lui porte certainement attention avant toutes autres choses, soutenant jusqu’à présent la Fraternité Saint-Pie X. Mais il n’est jamais à court de cartouches !

Kyrie eleison

La Reja, Argentina

+ Richard Williamson

23 mai 2008

[Fides Saint Maur] L'association Fides Saint-Maur a rencontré le cardinal Hoyos

SOURCE - Fides Saint Maur - 23 mai 2008

Communiqué de l’association FIDES SAINT MAUR du 23 mai 2008

Le Président et le Vice-président de l’Association Fides Saint-Maur ainsi qu’un représentant de l’association Pro tridentin de Chartres avaient rendez-vous ce lundi 19 mai au Vatican à la Commission Ecclesia Dei chargée de l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum Cura du 7 juillet 2007 du Pape Benoît XVI ayant libéré la messe traditionnelle.

Ce rendez-vous s’est déroulé pendant 1h10 avec le Président de la Commission, le Cardinal Dario CASTRILLON HOYOS et son Vice-président, Mgr Camille PERL.

Ce rendez-vous avait pour but premier de remercier pour son soutien la Commission, avec qui Fides Saint-Maur est en relation depuis sa création, mais également d’exposer l’application concrète de la volonté du Pape dans le diocèse de Créteil, et d’exprimer le souhait des fidèles de Saint-Maur-des-Fossés de vivre une vie paroissiale chrétienne et traditionnelle complète dans la paix et favoriser ainsi l’unité de l’Eglise dans le respect de sa diversité et des charismes propres de chacun.

Les représentants de l’association ont tenu à faire part à la Commission de la grande bienveillance de Mgr Michel SANTIER, Evêque de Créteil, ainsi que du Père Stéphane AULARD, Doyen-Curé de Saint-Maur-des-Fossés, qui ont très vite proposé une messe dominicale à la demande du groupe de fidèles stable représenté par l’association Fides Saint-Maur. Les responsables de la Commission ont fait part de leur satisfaction de voir la volonté du Pape si vite reçue dans le Diocèse de Créteil. Ils nous ont redit la volonté du Pape d’offrir avec libéralité la liturgie traditionnelle comme bien à toute l’Eglise sans opposer ni entrave ni difficulté mais au contraire de la proposer partout même sans demande particulière.

Le Cardinal a appris avec satisfaction qu’à ce jour, 800 personnes avaient demandé ou bénéficiaient de la messe traditionnelle à Saint-Maur-des-Fossés dont 142 familles représentant 632 fidèles qui avaient signé la demande de paroisse personnelle auprès de Mgr SANTIER, et qu’en pratique, 200 à 300 fidèles assistaient habituellement à la messe dominicale traditionnelle.

Il a été particulièrement heureux d’apprendre les témoignages qui nous arrivent de personnes qui nous disent revenir à la messe après avoir abandonné la pratique parfois pendant des années et mêmes des décennies. Il nous a demandé d’en faire part directement au Saint-Père dans une lettre qu’il lui remettrait personnellement.

Nous avons conclu ce rendez-vous en rappelant la légitime demande que nous avons faite à notre Evêque conformément à l’article 10 du Motu Proprio afin d’obtenir une paroisse personnelle à Saint-Maur-des-Fossés pour vivre pleinement notre vie chrétienne en bénéficiant de la richesse d’une vie paroissiale complète : messe dominicale mais également vêpres, messe et confessions en semaine, catéchisme pour les enfants et pour les adultes, cérémonies de la semaine sainte, œuvres de jeunesse.

Nous avons rappelé que les deux exemples de paroisses personnelles érigées en France étaient des réussites contribuant à l’unité et à la paix du diocèse dans le respect de l’identité des fidèles attachés à la vie traditionnelle de l’Eglise. Une paroisse personnelle traditionnelle à Saint-Maur-des-Fossés, demandée par des centaines de fidèles saint-mauriens, serait de la même manière, nous en sommes persuadés, un gage de paix et un facteur d’union, de sanctification et d’apostolat.

Nous continuons à œuvrer en ce sens et vous invitons tous à prier à cette intention, pour la plus grande gloire de Dieu et le salut des âmes. Nous avons pris rendez-vous pour rencontrer à nouveau prochainement notre Evêque.

Le Cardinal CASTRILLON HOYOS a conclu notre rendez-vous en nous accordant sa bénédiction.

Nous avons eu la grâce d’avoir par deux reprises la Messe traditionnelle dans la Basilique Saint Pierre de Rome. Elles ont été dites sur le tombeau de Saint Pie X spécialement pour notre délégation.

Vous pourrez trouver sur le lien suivant quelques photos de notre rencontre et de la Sainte Messe ! PHOTOS

Le président, Dorian ABOUT
Le vice-président, Jérôme TRIOMPHE

22 mai 2008

[Zenit] Première paroisse de Rome pour « la forme extraordinaire » de la liturgie

SOURCE - Zenit - 22 mai 2008

Première paroisse de Rome pour « la forme extraordinaire » de la liturgie

L’Eglise confiée à la fraternité sacerdotale Saint-Pierre

ROME, Jeudi 22 mai 2008 (ZENIT.org) - Le diocèse de Rome a érigé la première « paroisse personnelle » de la ville pour les fidèles qui suivent la « forme extraordinaire » de la liturgie du rite romain.

Il s'agit de l'église Santissima Trinità dei Pellegrini, confiée à la fraternité sacerdotale Saint-Pierre, qui s'est réjouie de la nouvelle, estimant que les structures de l'église San Gregorio dei Muratori étaient trop petites pour accueillir les nombreux fidèles lors des célébrations liturgiques.

En application à la lettre apostolique de Benoît XVI « Summorum Pontificum », le cardinal Camillo Ruini, Vicaire du pape pour le diocèse de Rome, a proposé de confier l'église Santissima Trinità dei Pellegrini à la fraternité.

Le dimanche de Pâques, le pape a décrété l'érection de la paroisse « afin de satisfaire aux besoins pastoraux de la communauté entière des fidèles traditionnels résidents dans le dit diocèse ».

Pour la fraternité elle constitue une vraie pierre angulaire car c'est non seulement le dixième apostolat à avoir été érigé en paroisse personnelle à part entière, mais le tout premier à avoir été institué en Europe.

L'abbé Joseph Kramer, nommé premier curé de la paroisse Santissima Trinità dei Pellegrini, et recteur de l'église, a expliqué à Zenit que l'apostolat de la Fraternité avait commencé à Rome en 1988 sous les auspices de la commission Ecclesia Dei et l'approbation du pape.

Aujourd'hui, quelque 200 prêtres de la fraternité œuvrent dans plusieurs diocèses à travers le monde. Ils servent les fidèles attachés à la messe et aux sacrements du rite romain traditionnel.

Interrogé sur le ressenti de la fraternité après l'annonce de la charge qui leur est confiée, l'abbé Kramer s'est dit profondément reconnaissant au diocèse de cette « marque de confiance » et a souligné la « grande responsabilité » qui les attend, vu que « Rome a toujours été un exemple pour le reste de l'Eglise ».

L'abbé espère que « cette paroisse particulière ne servira pas seulement les paroissiens locaux mais qu'elle fournira aussi un exemple approprié de la beauté et de la solennité de la célébration de la forme extraordinaire du rite romain aux nombreux pèlerins et étudiants qui viennent à Rome ».

L'église Santissima Trinità dei Pellegrini fut construite par la Confraternité de la Très Sainte Trinité des Pèlerins sur une inspiration et sous la direction de saint Philippe Néri, avec la mission spécifique d'héberger et d'entretenir les pèlerins à Rome.

En étant nommé premier curé de la paroisse Santissima Trinità dei Pellegrini, l'abbé Kramer devient également recteur de la vénérable Archiconfrérie du même nom. « Saint Philippe, a-t-il souligné, fut le premier à répandre la Dévotion aux quarante heures ici à Rome et nous ferons en sorte que cette tradition se perpétue ».

Mais « nous sommes également attachés à notre service de charité auprès des convalescents que nous suivons à domicile » a-t-il ajouté ; et « comme saint Philippe, qui assistaient tous ceux qui étaient renvoyés des hôpitaux, par manque de places, au XVIème siècle, nous rendrons visite aux malades et nous nous occuperons de tous ceux qui ne peuvent sortir de chez eux ».

Le recteur de la nouvelle paroisse a par ailleurs en projet d'organiser un centre d'accueil à l'intention des nombreux pèlerins de Rome ; et de devenir, au regard du fait que Rome propose sans cesse de nouveaux programmes universitaires, « un point de référence spirituel pour tous ceux qui viennent ici pour étudier mais aussi pour approfondir leur foi ».

L'église de la Trinité a été édifiée en 1597 dans le sillage de la réforme liturgique tridentine, et l'abbé Kramer a souligné les nombreux éléments qui la rendent idéale pour la fraternité.

« La visibilité de l'autel, ainsi que le haut et grand tabernacle, bien éclairé, et la balustrade du chœur, reflètent la configuration typique des églises de la contre-réforme, comme l'église du Gesù et la Chiesa Nuova », a-t-il précisé.

« Il y a huit chapelles latérales, mais pas de nefs latérales et tout se concentre sur le maître-autel », a-t-il expliqué.

L'église renferme aussi de nombreuses œuvres d'art, comme la « Vierge à l'Enfant au milieu de saints » réalisée par le Chevalier d'Arpin, sous la direction duquel le Caravage avait travaillé, et « Saint Grégoire le Grand libérant les âmes du purgatoire » réalisé par Baldassarre Croce.

Le retable d'autel est un chef-d'œuvre peint par Guido Reni au sommet de sa carrière. L'artiste a réalisé sa Très sainte Trinité pour l'année jubilaire de 1625, en prévision de l'arrivée de milliers de pèlerins qui auraient visité l'Eglise.

L'ouverture officielle de la paroisse aura lieu le 8 juin prochain.

Le cardinal Darío Castrillón Hoyos, président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, a défini l'érection de la paroisse « un acte important qui applique à Rome le récent motu proprio 'Summorum Pontificum' de Benoît XVI ».

« Cet acte est le fruit d'une disposition du pape pour le diocèse de Rome qui a une valeur en soi dans le parcours progressif mis en œuvre quant à l'application du motu proprio sur l'utilisation de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970 », a-t-il expliqué.

A la nouvelle paroisse, lit-on dans le décret du cardinal Ruini, sont reconnus les mêmes droits dont disposent les autres paroisses de la ville. L'administration et les moyens de subsistance du curé seront assurés conformément aux normes établies par la Conférence épiscopale italienne et par le Vicariat de Rome.

Elizabeth Lev

Traduction française : Isabelle Cousturié

21 mai 2008

[Americatho] Les ordinations traditionnelles de la FSSP retransmises sur EWTN

SOURCE - Americatho - 21 mai 2008

21 mai 2008

Les ordinations traditionnelles de la FSSP retransmises sur EWTN

Le vendredi 30 mai prochain, en la Fête du Sacré-Cœur, S .E.R. le cardinal Dario Castrillon Hoyos, président de la Commission pontificale Ecclesia Dei, ordonnera au sacerdoce quatre séminaristes de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre (FSSP) dans la cathédrale du Risen Christ du diocèse de Lincoln (Nebraska). En outre, et voilà qui intéressera davantage encore les lecteurs de ce blogue, l’ensemble de la cérémonie sera télédiffusée en direct sur Eternal Word Television Network (EWTN) à partir de 11 h (locales) soit 18 h (heure de Paris). Pour suivre cette diffusion exceptionnelle il vous suffira de vous rendre sur le site internet de EWTN à l’adresse suivante : www.ewtn.com/audiovideo

17 mai 2008

[Présent] La trahison des commissaires - Entretien avec Jean Madiran

SOURCE - 17 mai 2008 - Présent


La trahison des commissaires

Entretien avec Jean Madiran

« Ce livre est une chronique et un procès de la nouvelle religion qui s’est introduite dans le clergé catholique et dans sa hiérarchie : la religion se disant conciliaire et collégiale. » Dans cette troisième édition « augmentée » de La trahison des commissaires, Jean Madiran « en analyse les épisodes récents les plus significatifs ». Pour les lecteurs de Présent l’auteur commente dans cet entretien les nouvelles révélations que contient son livre. J.C.


— « Commissaire » ?… Celui qui est chargé de certaines fonctions « spéciales et temporaires ». C’est l’appellation que vous donnez aux évêques qui composent la « commission doctrinale de la conférence des évêques de France ». Est-ce pour marquer le caractère « temporaire » et provisoire de leur mission ?

— J’utilise « commissaire » dans son sens courant de « membre d’une commission ». Le noyau dirigeant qui manipule la « collégialité épiscopale » en France multiplie les commissions et les comités ayant en quelque sorte délégation du pouvoir épiscopal pour tous les diocèses. J’appelle « commissaires » les évêques membres d’une commission, et « comitards » ceux qui sont membres d’un comité. Au moyen de ces comitards et commissaires, encadrés, manipulés, instrumentalisés par le noyau dirigeant, celui-ci instille les principes d’une religion nouvelle.

— C’est en effet de la « religion nouvelle » que votre ouvrage, La trahison des commissaires, fait l’analyse à partir de plusieurs points significatifs. Il s’agit aujourd’hui de sa 3e édition. La première était de novembre 2004. La page du titre souligne que cette troisième édition est « complétée ». En quoi consiste ce complément ?

— Il concerne le fait que Mgr Bruguès, qui était président de la commission doctrinale, a connu depuis 2004 trois promotions aussi spectaculaires qu’inattendues ; trois promotions en trois ans :

– « consulteur » à la congrégation pontificale pour les instituts de vie consacrée ;

– « consulteur » puis « secrétaire » à la très importante congrégation pour l’éducation catholique : « secrétaire » signifie en effet commandant en second !

— Ces promotions attesteraient donc que, selon vous, la « religion nouvelle, venue coloniser de l’intérieur la religion traditionnelle », aurait des adeptes bien placés dans les hautes sphères de la hiérarchie catholique ?

— A l’occasion de la troisième promotion, la plus importante, les journaux catholiques ont publié, plus ou moins résumé, un aperçu de la carrière ecclésiastique de Mgr Bruguès. Aucun d’entre eux, je dis bien aucun, à ma connaissance, n’a mentionné la fonction la plus importante qu’il ait occupé, celle de président de la commission doctrinale, à ce titre représentant et détenteur, par délégation, de l’autorité doctrinale de l’épiscopat. Une information essentielle a ainsi été omise par les uns, caviardée dans les renseignements donnés aux autres. Or c’est en cette qualité de président de la commission doctrinale qu’il avait fait les déclarations publiques les plus scandaleuses : par exemple celles où il attribuait à l’exégèse moderne la découverte de « l’existence de frères et sœurs de Jésus », qui venait, disait-il, « questionner la compréhension de l’énoncé dogmatique de la virginité perpétuelle de Marie » !

— Une allégation que vous réfutez d’autant plus aisément que le sens du mot « frère » en hébreu a été expliqué par les Pères de l’Eglise quasiment dès l’origine du christianisme : des cousins de Jésus ?

— Exactement. Il y a aussi, entre autres, son extravagante déclaration sur la lecture chrétienne de l’Ecriture qui ne conteste pas la lecture juive niant la divinité de Jésus. Que « l’une des deux [lectures] ait raison, prétend-il, n’entraîne pas que l’autre ait tort ». L’analyse de ces affirmations délirantes figurait dans la première édition de La trahison, elle demeure bien sûr dans cette troisième édition, mais celle-ci comporte le « complément » annoncé : l’exposé de la situation résultant de la promotion « au sein de la Curie », comme dit La Croix, d’un Jean-Louis Bruguès n’ayant rétracté aucune de ses contre-vérités.

— Dans la Postface de cette 3e édition vous vous posez la question : que peuvent faire des laïcs pour résister aux théologiens de la nouvelle religion ? Vous répondez : « Ils peuvent d’abord invoquer mon compatriote saint Prosper d’Aquitaine (Ve siècle) qui n’était ni docteur diplômé, ni prêtre, ni même diacre ; mais chroniqueur, essayiste, controversiste et poète. »

— Oui, j’appelle au secours Prosper et son exemple. Ce libre théologien laïc s’était fait connaître d’abord en appuyant saint Augustin contre les chicanes de quelques moines de Lérins ; il soutint la controverse contre les pélagiens et semi-pélagiens qui croyaient que sans la grâce les hommes peuvent, de leur propre initiative, commencer l’œuvre de la conversion et du salut. Le pélagianisme reste d’actualité, notamment avec la religion MK dans La Croix, proclamant qu’il faut aujourd’hui passer d’une foi « héritée » à une foi « choisie » : à la racine de cette prétention, c’est bien une erreur pélagienne ou, si vous voulez, semi-pélagienne. En invoquant Prosper, j’entends bien marquer qu’il ne s’agit point là du « pouvoir temporel du laïcat chrétien » dont j’ai parlé dans l’avant-propos de mon opuscule sur L’accord de Metz. Il s’agit là, j’en ai bien conscience, de l’intervention du laïcat dans un problème proprement religieux, – dans la crise du catholicisme, de la théologie catholique, du clergé et de sa hiérarchie. Nous ne sommes plus dans le temporel, mais dans ce qui est, de soi, le domaine de l’autorité spirituelle, c’est-à-dire de l’évêque. Son autorité épiscopale ne le met pas à l’abri de requêtes et de protestations légitimes que les laïcs ont éventuellement le droit voire le devoir de lui adresser. Par exemple un laïc qui s’entend prêcher qu’il faut désormais passer d’une foi héritée à une foi choisie sent tout de suite que cela ne va pas, n’est en accord ni avec l’Ecriture, ni avec l’acte de foi. Tout laïc perçoit également avec évidence qu’on ne peut pas tenir l’affirmation et la négation de la divinité de Jésus pour deux lectures de l’Ecriture également légitimes.

— Dans cette Postface, vous intervenez d’une façon plus personnelle que d’habitude ?

— Ce n’est pas sûr. Voyez mon Maurras de 1992 et mon Maurras toujours là de 2004, tous deux toujours disponibles chez DPF (Chiré), sans parler de mon Brasillach de 1958, réédité en 1985 : au détour des pages, le lecteur attentif aperçoit que je m’y suis de temps en temps mis en scène, peut-être un peu plus qu’il ne convient. Les « confessions » personnelles ne me paraissent possibles que dans la mesure où elles ont une portée « didactique ». Et vous avez eu tout récemment mes totales « confessions didactiques » avec les deux longues confessions, et une très brève, recueillies sous le titre Les vingt cinq ans de « Présent », et le sous-titre : confessions didactiques justement. Mais puisque nous parlons de livres, et puisque j’ai nommé DPF, je voudrais terminer par ce qui ne sera une dégression qu’en apparence.

Entre les éditeurs et les libraires, il existe, toute-puissante et inconnue du public, la redoutable corporation des diffuseurs.

Cette corporation tend à monopoliser la communication entre éditeurs et libraires, en la rendant par son intermédiaire plus commode, plus rapide, et quasiment indispensable. Ce qui lui permet, par son abstention, d’empêcher la distribution des ouvrages démocratiquement « incorrects ». Si vous avez près de chez vous un libraire qui ait en magasin et qui expose en vitrine nos livres, c’est-à-dire ceux de Sanders, de Rémi Fontaine, d’Yves Chiron, de Dillinger, de Trémolet, – et les miens, sans nulle vanité – vous avez une chance rarissime, favorisez-le en lui réservant toutes vos commandes et en le faisant connaître autour de vous. Dans ce domaine aussi il faut une activité militante. Mais si vous n’avez pas cette chance, n’allez plus jamais chez des libraires qui nous ignorent ou qui mettent quinze jours, et seulement sur commande payée d’avance, pour vous procurer nos ouvrages. Adressez-vous à DPF (Chiré), c’est l’œuvre magnifique de Jean Auguy, aujourd’hui menacée comme nous tous par l’asphyxie de la lecture, l’amenuisement du public cultivé, l’asservissement des intelligences sous l’arbitraire abrutissant des médias. Défendez-nous. Défendez-vous !

Propos recueillis par Jean Cochet

• Jean Madiran : La trahison des commissaires , Via Romana, 15 euros.

Article extrait du n° 6590 de Présent, du Samedi 17 mai 2008

[Abbé Barthe - Monde&Vie] Où en est le Motu proprio ?

17 mai 2008 - Monde&Vie - Abbé Barthe - Thierry Bouzard

Monde et Vie, 17 mai 2008
Où en est le Motu proprio ? 

Le 7 juillet 2007, dans un Motu proprio solennel, Benoît XVI a reconnu que le rite traditionnel n’a jamais été abrogé. Le pape assure que tout prêtre a le droit de le célébrer et que les fidèles organisés en groupes stables peuvent faire valoir ce droit pour eux-mêmes…

Mais qu’en est-il des évêques, comment reçoivent-il la volonté du pape, en particulier en France ? En cette fin d’année, le moment est venu d’un premier bilan. M. l’abbé Barthe, analyste écouté de l’actualité catholique dresse ici l’épure d’un tableau complet.


Les catholiques français ont été les premiers et les plus ardents à prendre la défense de la liturgie traditionnelle depuis les années 60. Quarante ans plus tard, le retard dans la parution du motu proprio réhabilitant cette liturgie a été le fait des résistances du clergé français. Neuf mois après sa parution, comment a-t-il été reçu en France ?
Abbé Barthe. Historiquement, on remarque que la France a souvent été le lieu privilégié des grandes batailles religieuses (jansénisme, infaillibilité, modernisme, et même américanisme). Ainsi en a-t-il été, et en est-il toujours, pour la messe tridentine et pour ce qu’elle représente du point de vue doctrinal. La réception épiscopale française au Motu proprio de 2007 a consisté globalement à « traîner les pieds ». Quant à la réaction du clergé, elle est très diverse. Il est encore impossible de dresser un bilan précis d’une situation encore très évolutive. Grosso modo, on peut dire qu’il y a eu, non pas ce raz de marée que craignaient ses adversaires, qui jouaient à se faire peur pour faire peur, mais un ébranlement de fond : demandes au total très nombreuses, prêtres en quantité assez importante apprenant à célébrer la « forme extraordinaire », augmentation certes relativement modeste, mais « grignotante », des célébrations dominicales. Très concrètement, les évêques ont essayé de dresser des coupe-feu, c'est-à-dire qu’ils ont accordé plus de messes selon l’indult de 1988, pour éviter que leurs curés ne soient obligés d’accorder des messes selon l’indult de 2007. L’essentiel est que le nombre des messes tridentines ait augmenté. Il y avait 300 lieux de culte dominicaux Saint-Pie-V avant le motu proprio de 2007. Y en a-t-il 30 de plus, 10% ? En revanche, le nombre de demandes non encore satisfaites est proprement considérable.
De nombreux groupes de fidèles se sont constitués pour demander son application à leurs évêques, peut-on cerner leur origine (Frat St-Pierre, St-Pie X, rite 1962) ?
A.B. Le Motu proprio crée une situation juridique paradoxale : il affirme un droit radical pour tous les fidèles de rite latin, celui de la forme ancienne, mais au lieu d’exiger (pour l’instant) que le clergé fasse en sorte que ce droit soit applicable, il dispose que ceux qui veulent le voir appliquer doivent le demander sous forme de « groupes ». D’une certaine manière, on pourrait dire que le texte pontifical prend acte du fait que la messe tridentine s’est maintenue durant 40 ans du fait d’une pression de fidèles, et qu’il institutionnalise cette pression. Dans ces groupes (légaux) « de pression », il y a ceux qui prennent l’initiative, ceux qui adhérent par leurs signatures à l’initiative, et ensuite ceux qui assistent aux célébrations obtenues. Selon mes sondages, les deux premières catégories sont indistinctement composées de fidèles St-Pie-X et de fidèles Ecclesia Dei. En revanche, la grande surprise est qu’une part minoritaire mais notable des fidèles qui assistent aux messes traditionnelles nouvellement célébrées (ou bien déjà existantes, mais devenues encore plus « légales » depuis le motu proprio) sont des fidèles qui pratiquaient antérieurement selon le missel de Paul VI. Et si les messes nouvellement proposées l’étaient en des lieux et à des heures convenables, ce qui est loin d’être toujours le cas (à Paris, en tout cas), cette catégorie de fidèles croîtrait sensiblement, peut-être même spectaculairement.
Quel impact ont les demandes du rite extraordinaire sur le clergé ordinaire ? Celui-ci est-il à même de faire face à ces demandes ou le recours à des prêtres déjà formé à la liturgie traditionnelle est-il indispensable ? A terme sera-t-il suffisant ?
A.B. Votre expression de « clergé ordinaire » n’est pas dans le motu proprio… Certains prêtres diocésains sont très heureux et apprennent à célébrer selon la « forme extraordinaire ». Certains sont très hostiles. Le cas le plus intéressant, du point de vue de la psychologie religieuse, est celui des prêtres hostiles qui acceptent cependant les demandes : je connais quelques cas de conversion, et inversement un cas de dépression (pas encore d’infarctus !) Concernant la célébration de la « forme extraordinaire », à moyen terme, on ne peut que faire appel aussi aux prêtres formés à la messe traditionnelle : ils seront, toutes tendances confondues, 10% à 20% des prêtres français en activité dans une dizaine d’année. Mais plus largement, dans ces dix ans, bien des choses vont changer : le nombre des prêtres en activité va s’effondrer dramatiquement ; un certain nombre de diocèses français vont pratiquement cesser d’exister (et à Rome ? Si Dieu prête vie au pape, il aura, dans dix ans, 91 ans). Bref, tous les prêtres de toutes tendances et nuances devront répondre à une situation de passage probable du catholicisme à la marginalité. Chez tous, traditionnels et « officiels », inévitablement, beaucoup de choses seront nécessairement bousculées.
Les évêques français peuvent adopter des attitudes radicalement différentes, quels sont les arguments qui permettent de justifier les refus ?
A.B. Les évêques récalcitrants invoquent l’un des trois ou les trois motifs suivants : 1°/ La possibilité d’assister à la « forme extraordinaire » existe déjà en suffisance dans le diocèse ; 2°/ La célébration dans telle paroisse va « diviser » les fidèles ; 3°/ Nous faisons un gros effort pour avoir du Paul VI digne. Concrètement, c’est dans les diocèses où sont déjà célébrées le plus de messes tridentines que le nombre de groupes demandant des célébrations paroissiales est le plus important. Je reviens donc à mon idée (n’y voyez aucune irrévérence !) : il y a une espèce d’utilisation du principe démocratique dans le renversement (ou au moins dans l’équilibrage) liturgique que le pape veut instituer ; et du coup, comme en matière de capitalisme dominant, en matière de liturgie traditionnelle « à la demande », la richesse appelle la richesse… Mais pour continuer à filer cette plaisante métaphore : il faut chercher à éliminer de plus en plus la misère liturgique !
Entretien réalisé par Thierry Bouzard

15 mai 2008

[Vittoria Prisciandaro - revue "Jésus"] Dario Castrillon Hoyos : Tradition sans contestation

SOURCE - Vittoria Prisciandaro - texte paru en italien dans la revue "Jesus" - mai 2008

Dario Castrillon Hoyos : Tradition sans contestation
par Vittoria Prisciandaro

Le cardinal qui est à la tête de la Commission pontificale « Ecclesia Dei » explique en quoi le Motu Proprio de Benoît XVI est une grande richesse spirituelle pour toute l'Église, et la façon de résoudre les problèmes qui sont apparus jusqu’ici.

Son Éminence est satisfaite. Le téléphone du bureau du rez-de-chaussée, dans le palais de l'ex Saint Office, connaît une nouvelle vie, et sur les tables s’accumule une correspondance venue du monde entier. Après la promulgation du Motu proprio, la Commission pontificale « Ecclesia Dei » est en effet devenue un maillon important dans l'organigramme du Vatican. « À présent, j'ai deux fois plus de travail que dans la Congrégation du clergé », confie le cardinal Dario Castrillon Hoyos, colombien, 79 ans, chaleureux partisan de la réintégration des Lefebvristes et, depuis l’an 2000, président de la Commission. Créée pour gérer les rapports avec la Fraternité Saint Pie X et avec les groupes qui gravitent dans la galaxie traditionaliste, « Ecclesia Dei » est aujourd'hui devenue un interlocuteur incontournable des diocèses et des paroisses pour les controverses relatives à l'application du rite extraordinaire.

Éminence, quelques mois après la promulgation du Motu proprio, quel bilan en faites-vous ?
« Avec le Motu proprio, le Pape a voulu offrir à tous une nouvelle occasion de profiter de l'énorme richesse spirituelle, religieuse et culturelle présente dans la liturgie de rite grégorien. Le Motu proprio a été conçu comme un trésor offert à tous, et non fondamentalement pour répondre aux lamentations ou aux demandes de qui que ce soit. Un bon nombre de personnes qui n’étaient pas initialement impliquées dans cette forme extraordinaire du rite romain ont maintenant pour lui une grande estime. Parmi les fidèles, je distinguerais trois groupes : ceux qui ont un lien quasi organique avec la Fraternité Saint Pie X ; ceux de la Fraternité Saint-Pierre ; et enfin ceux du groupe le plus important et le plus nombreux, formé de personnes éprises de culture religieuse de tous les temps et qui, aujourd'hui, découvrent l'intensité spirituelle du rite ancien, dont de nombreux jeunes. Au cours de ces mois-ci sont nées de nouvelles associations de personnes appartenant à ce dernier groupe ».
À propos de la richesse, certains spécialistes de la liturgie soulignent le fait que le rite extraordinaire n'offre pas la richesse biblique introduite par la novus ordo…
« Ils n'ont pas lu le Motu proprio, parce que le Pape affirme que les deux formes doivent s’enrichir mutuellement. Et il est évident que cette richesse liturgique ne va pas être gaspillée. Dans le novus ordo, en quelques années, on lit pratiquement toute la Bible, et c’est là une richesse qui ne s'oppose pas au rite extraordinaire, mais s’y intègre ».
Une autre objection porte sur le risque que des célébrations séparées et différentes créent des communautés séparées…
« C’est une multiplicité enrichissante ; c'est un surcroît de liberté culturelle que le Pape introduit sous une forme audacieuse. Du reste, dans les paroisses, il y a beaucoup de différences dans les célébrations, et je ne veux pas parler des abus, parce que ce ne sont pas les abus qui constituent la raison principale du Motu proprio ».
Votre secrétaire, monseigneur Camille Perl, a annoncé qu'il y aurait un document d'éclaircissement sur le Motu proprio. Quand sera-t-il publié ?
« C’est le cardinal Bertone qui l’a annoncé, et il a le droit de le faire. Mais moi qui suis un serviteur du Pape, je ne l'annoncerai que quand le Pape me dira de le faire. Notre Commission a indiqué au Souverain Pontife que de nombreuses demandes  arrivent de chaque partie du monde, dont un très grand nombre sont justifiées, mais dont certaines sont basées sur un manque de connaissance. Le Saint-Père, et seulement lui, dira s'il convient de publier un tel document et quand ».
Quelles sont les demandes qui vous sont parvenues et lesquelles mériteraient une réponse ?
« La première concerne le latin, parce que - disent les auteurs de ce type de demande - célébrer dans une langue qu’on ne connaît n’est pas pratique. Malheureusement les séminaristes, et même certains prêtres, ne l'ont pas étudié et il leur est donc difficile de célébrer sous la forme extraordinaire. Pour ce faire, ils devraient au moins connaître le canon de la Messe – la partie de la consécration. Nous autres d‘« Ecclesia Dei », nous nous équipons et nous préparons des rencontres, des cours et une communication informatique en vue d’une connaissance approfondie de la liturgie antérieure. Plusieurs cours déjà sont en activité en France, en Allemagne, au Brésil, en Amérique centrale et aux États-Unis. À Tolède, en Espagne, par exemple, nous sommes en train d’évaluer s'il convient de créer un séminaire supplémentaire pour la préparation au rite extraordinaire ou de donner des cours spéciaux dans le séminaire du diocèse. En général on remarque dans le monde académique un certain intérêt pour un retour au latin. Il a été triste au cours de ces années de constater l'abandon non seulement de la langue, mais même de certains contenus théologiques liés à la précision sémantique de la langue latine ».
« S'il manque de prêtres dans un diocèse et que seuls trois ou quatre fidèles demandent le rite extraordinaire, le bon sens dit qu’il est difficile de satisfaire cette demande. Cependant, puisque l'intention, la mens du Pape est de concéder ce trésor pour le bien de l'Église, le mieux pour les endroits où il n’y a pas de prêtres, serait d’offrir une célébration selon le rite extraordinaire dans une des Messes dominicales paroissiales. Ce serait une Messe pour tous ; tous, même les jeunes générations, profiteraient de la richesse du rite extraordinaire, par exemple de ces instants de contemplation qui, dans le novus ordo, ont disparu ».
Donc vous dites que, s'il n'y a pas de groupe consistant et stable, à l'avenir, il est question de proposer une des Messes dominicales selon le rite extraordinaire ?
« Je dirais que oui. D’ailleurs cette possibilité avait déjà été approuvée à l'unanimité en 1986 par une commission cardinalice à laquelle participait le cardinal Ratzinger lui-même (mais elle n'était pas devenue opérationnelle). Je serais sûr que cela serait faisable maintenant. ».
Un autre point à éclaircir est la définition d’un « groupe stable et consistant ». Que veut dire cela exactement ?
« C’est une question de bon sens : pourquoi faire un problème si les personnes qui demandent le rite viennent de paroisses différentes ? Si elles se réunissent et, ensemble, demandent une Messe, elles deviennent un groupe stable, même si elles ne se connaissaient pas au départ. Même le nombre est une question de bonne volonté. Dans certaines paroisses, en particulier à la campagne, les jours ouvrables, les personnes qui participent à la Messe ordinaire sont trois ou quatre et le même cas se produit dans de nombreuses maisons religieuses. Si ces trois personnes demandent la Messe ancienne, faut-il, d’un point de vue pastoral, la leur refuser ? ».
Donc le futur document devrait être plus accueillant aux demandes émanant de petits groupes ?
« Oui, mais il faut le voir non pas comme quelque chose qui va à l’encontre des autres, de la majorité, mais qui vise à leur enrichissement et toujours en évitant toute forme d’antagonisme ».
Il y a ensuite le problème des sacrements : je pense au rite de l’Ordination ou à celui de l’Onction des malades, pour lesquels on se réfère à des codes de droit canonique différents et on emploie des formules différentes…
« A première vue, il y a certainement quelques problèmes par rapport à l'Ordination, à l’Onction des malades et même aux divergences de calendrier. En ce qui concerne l'Ordination, dans la forme ancienne, il y avait la tonsure, les ordres mineurs et le sous-diaconat. Cette forme est encore en service et continuera à l'être dans les Institutions liées de façon stable au rite ancien, comme la Fraternité Saint-Pierre, la Fraternité Saint Pie X et d’autres Institutions. Pour l’Onction, avant même le Motu proprio, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi avait déjà indiqué qu'il n'y a pas de conflit entre les deux formules, et que la formule nouvelle comme l'ancienne sont valides, et elle a dit la même chose au sujet des autres sacrements dont les formules diffèrent. En ce qui concerne les calendriers qui ne coïncident pas toujours, il y a effectivement des problèmes comme dans les cas des fêtes patronales d'une paroisse, des sanctuaires, des congrégations et des instituts religieux, etc. On usera de prudence et de bon sens pour réaliser les accommodements nécessaires. La Commission pontificale « Ecclesia Dei » » s’en occupe aussi.
Quels sont les délais prévus pour la réconciliation avec la Fraternité Saint Pie X ?
« Il y a des signes positifs ; il y a un dialogue non interrompu. Il y a quelques jours à peine, j’ai écrit une nouvelle lettre à monseigneur Fellay, le supérieur de la Fraternité, en réponse à sa lettre précédente. Outre les rencontres et la correspondance, nous nous parlons au téléphone. Je considère viable une réconciliation avec la Fraternité Saint Pie X parce que, comme nous l'avons souvent dit à « Ecclesia Dei », il ne s'agit pas d'un vrai schisme mais d'une situation anormale apparue après l'« action schismatique » de monseigneur Lefebvre avec l'attribution de l'épiscopat sans mandat pontifical, à l’encontre de la volonté exprimée par le Pape. Dans mon cœur, j'ai une grande confiance que le Saint-Père réussira à retisser les liens de l'Église avec l’accès de ces frères à la pleine communion. Il restera toujours quelques différences, comme nous en avons toujours eu dans l'histoire de l'Église ».
Mais avec les Lefevbristes il y a aussi un problème d'acceptation du dialogue œcuménique…
« Oui, en effet, il y des difficultés relatives à l'interprétation des témoins du Concile à ce sujet et à certaines pratiques concrètes œcuméniques, mais aucun évêque de la Fraternité Saint Pie X ne dira qu'il ne faut pas chercher l'unité des chrétiens ».
Après le Motu proprio, certains membres de la Fraternité Saint Pie X sont-ils de nouveaux en communion avec l'Église de Rome ?
« Oui, et d’autres souhaitent le faire aussi. Mais j'ai l'espoir que le groupe entier vienne ; je ne voudrais pas qu'il se divise. Cependant si une personne vient et dit qu'elle veut être rapidement en unité avec le Pape, nous devons l’accepter. Le Motu proprio a aussi suscité le rapprochement d’autres personnes. Par exemple, le 28 mars, j'ai reçu la lettre d'un évêque non catholique qui a décidé d'entrer dans l'Église catholique avec d’autres évêques et des prêtres qui célèbrent la Messe tridentine ».
Les nouveaux pouvoirs d'« Ecclesia Dei » n'entrent-ils pas en conflit avec le ministère des évêques ?
« Le Pape Benoît XVI, qui possède l'autorité sur toute l'Église, sur chacun des fidèles et des évêques, a établi les nouvelles règles dans le Motu proprio, et la Commission pontificale n’est qu’un moyen à la disposition du Vicaire du Christ pour faire appliquer sa décision. « Ecclesia Dei » est attentive à l'application du Motu proprio en fraternelle harmonie, en compréhension et en collaboration avec les évêques. Il faut éviter les attitudes de divergence avec les pasteurs de la part de personnes, de groupes ou d’institutions à cause du Motu proprio. Les pasteurs, dans l’obéissance au Pape, auront certainement de la compréhension pour les fidèles qui ont un amour particulier envers la tradition liturgique. Avec les évêques qui se sont mis en contact avec nous, j’ai toujours eu de la compréhension ».
Dans l'introduction à la réimpression du Compendium de Liturgie pratique de Trimeloni, vous écrivez que le Pape se sert de la Commission pontificale « Ecclesia Dei » pour que, dans la diversité des formes cultuelles, puisse briller la richesse des trésors de la foi et de la spiritualité de l’Épouse du Christ. En quoi consiste la différence entre la liturgie de Jean XXIII et celle, réformée, de Paul VI?
« Le Pape Jean XXIII a incorporé la liturgie dans son désir de dialogue entre l'Église et la culture contemporaine. Paul VI a donné un caractère organique aux réformes nées de ce désir. L'Esprit Saint, qui accompagne l'Église en permanence, inspire les changements nécessaires à tout moment de l'histoire, sans rupture violente du processus de perfectionnement qu'il a lui-même inspiré au cours de l’histoire. Benoît XVI, avec ce Motu proprio, unit les richesses des deux stades du processus, en dissipant le malaise de ceux qui ont cru qu’il y avait eu dans le domaine liturgique une rupture inacceptable ».
Après la reformulation de la prière du Vendredi Saint, il a été dit qu'on faisait un retour de 40 ans en arrière dans le dialogue entre juifs et chrétiens. S’attendait-on à ces critiques ?
« N'est-il pas une bonne chose de prier pour nos frères, fils d'Abraham comme nous ? Abraham est le père de la foi, mais il s’inscrit dans une chaîne de salvification dans laquelle on attend le Messie. Et le Messie est arrivé. Dans les Actes des Apôtres nous lisons que 5000 juifs se sont convertis en un jour. Je ne conteste pas la prière du novus ordo, mais je considère comme parfaite celle, actuelle, du rite extraordinaire. Et je prie volontiers pour la conversion de mes nombreux amis juifs, parce que je crois vraiment que Jésus est le Fils de Dieu et le Sauveur de tous ».
Vittoria Prisciandaro