28 février 2018

[Anthony Floc'h - Centre Presse] Les Dominicains ne s'installeront pas à Antran

SOURCE - Anthony Floc'h - Centre Presse - 28 février 2018

Courtisé il y a un an par des catholiques intégristes, le domaine de la Boussée d'Availles, à Antran, a finalement été acheté par une famille tourangelle.

C'est une belle et gigantesque propriété en pierre de tuffeau, située à Antran, tout près du bourg d'Usseau. Le domaine de « la Boussée d'Availles », dont les parties les plus anciennes datent du XV siècle, était en vente depuis le décès, en janvier 2015, de Jacqueline Héry, veuve d'un ancien colonel de l'armée.
   
La propriété vient de trouver preneur, d'après Godefroid Collée, du cabinet Le Nail, une agence immobilière de Mayenne spécialisée dans la vente de belles demeures.
"L'acquéreur cherchait une maison atypique et authentique"
« L'acte de vente a été signé le 14 février » entre les ayants droit de Mme Héry et « un couple de Tours, âgé de 45 ans environ, parent de quatre enfants ».

« Cette famille (qui souhaite garder l'anonymat, N.D.L.R.) cherchait une maison atypique et authentique, pour y passer ses week-ends, ses vacances, explique Godefroid Collée. Elle a eu un coup de coeur pour cette propriété, dont elle veut conserver l'esprit "camp de scout". Elle prévoit un gros budget pour la rénovation du bâti, qu'elle fera petit à petit. Le gros oeuvre est en bon état, mais il manque tous les éléments de confort ».

Le prix de vente? L'agent immobilier botte en touche. Selon nos informations, le bien - comprenant le logis de 730 m, plusieurs dépendances et 9 ha de terres - était affiché par le cabinet Le Nail à 426.000€ .

La marge de négociation a-t-elle été importante? « Non, assure le cabinet Le Nail, dans la mesure où le prix affiché était raisonnable. Il y a certes de gros travaux à prévoir mais un bien de ce niveau-là pour un budget global de 800.000 ou 900.000€, à proximité de l'autoroute, du TGV, des commerces (Châtellerault est à moins de 10 minutes, N.D.L.R.), c'est cohérent. »

Il y a eu peu plus d'un an, le domaine était courtisé par les Dominicains du Saint-Rosaire, une communauté belge de catholiques traditionalistes affiliée à la Fraternité sacerdotale saint Pie X, un mouvement présenté comme l'incarnation de l'intégrisme catholique (notre édition du 2 décembre 2016).

Un compromis de vente avait même été signé à l'époque avant que les moines ne décident finalement de jeter l'éponge quelques mois plus tard (lire par ailleurs). Il avait ensuite été question d'un rachat par l'un des descendants de Jacqueline Héry. Là encore, la transaction n'avait pas abouti. Le troisième candidat a donc été le bon.

(*) Un 2 lot, comprenant 62 ha de terres, bois et prés, était affiché à 319.500€. Il n'a pas trouvé preneur.
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en savoir plus
Pourquoi les catholiques traditionalistes belges ont jeté l'éponge
Pourquoi les Dominicains du Saint-Rosaire n'ont-ils pas donné suite au compromis de vente signé en fin d'année 2016? Le cabinet Le Nail ne s'occupait pas du dossier à l'époque. Mais fort d'un échange avec la famille Héry, il avance une explication: « Le dossier n'était pas assez solide ».

Une hypothèse plausible d'autant que les Dominicains avaient lancé un appel au don à l'époque sur internet, en écrivant ceci: « Bien que modeste, (ce projet) nécessitera des ressources importantes, qui nous font actuellement défaut ».

Alain Pichon, le maire d'Antran, se souvient avoir rencontré « en mairie, pendant une demi-heure, trois ou quatre moines de la communauté des Dominicains du Saint-Rosaire ». « Ils avaient signé un compromis de vente et semblaient, alors, très intéressés par le bien. Ils m'avaient dit vouloir créer une chapelle à l'intérieur de la propriété. Je leur avais répondu que c'était impossible, au regard des règles inscrites dans notre plan local d'urbanisme. D'un bâtiment "agricole", on ne pouvait pas en faire un bâtiment cultuel. Est-ce pour cela qu'ils n'ont pas été au bout? Ou alors, est-ce pour des raisons financières? Je n'en sais rien. »

Nous n'avons pas réussi à joindre les Dominicains du Saint-Rosaire.

[FSSPX Actualités] Dix évêques signataires de la «Profession des vérités sur le mariage sacramentel»

Mgr Marian Eleganti
SOURCE - FSSPX Actualités - 28 février 2018

Deux nouveaux évêques ont souscrit à la « Profession des vérités immuables sur le mariage sacramentel » qui dénonce les normes pastorales d’Amoris lætitia favorisant l’admission de divorcés «remariés» à la communion.

Le 31 décembre 2017, trois évêques kazakhs - Mgr Tomash Peta, Mgr Jan Pawel Lenga et Mgr Athanasius Schneider - ont rédigé une « Profession des vérités immuables sur le mariage sacramentel ». Ils y dénoncent les normes pastorales d’Amoris lætitia qui prévoient que certaines personnes divorcées « remariées » puissent recevoir le sacrement de pénitence et la communion, « bien qu’elles continuent de vivre habituellement et intentionnellement à la manière des époux, avec une personne autre que leur conjoint légitime».

Les signataires affirment que la diffusion de telles normes pastorales - approuvées par plusieurs autorités hiérarchiques et même par l’autorité suprême de l’Eglise - a causé une confusion notable et toujours plus grande tant chez les fidèles que dans le clergé. Face à cette confusion, ils déclarent être « obligés en conscience de professer l’immuable vérité et la discipline sacramentelle tout aussi immuable sur l’indissolubilité du mariage, conformément à ce qu’enseigne le Magistère de l’Eglise de manière inaltérable depuis 2000 ans».

Le 8 février 2018, Mgr Marian Eleganti, évêque auxiliaire de Coire (Suisse), a fait savoir dans un entretien accordé au journal catholique allemand Die Tagespost, qu'il partageait les critiques des auteurs de la « Profession des vérités immuables sur le mariage ». En expliquant pourquoi il souscrivait « en conscience » à cette déclaration, le prélat a rappelé que l'exhortation apostolique Amoris laetitia conduisait à des interprétations contradictoires, provoquant un chaos à la base. Dès lors, la question se pose de savoir si la doctrine défendue jusque-là par les papes est toujours valable, ou si Amoris lætitia représente une rupture avec la doctrine traditionnelle. Et d’affirmer sans ambages : « l’incohérence n’est pas pour moi un signe du Saint-Esprit».

Quelques jours auparavant, le 5 février, Jeanne Smits avait annoncé sur son blogue qu’un évêque autrichien, Mgr Elmar Fischer, venait également de donner sa signature.

En sorte que ce sont dix prélats qui, à ce jour, adhèrent publiquement à cette déclaration catholique sur le mariage sacramentel : Mgr Tomash Peta, archevêque métropolite de l´archidiocèse de Sainte Marie en Astana (Kazakhstan), Mgr Jan Pawel Lenga, archevêque-évêque de Karaganda (Kazakhstan), Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de l´archidiocèse de Sainte-Marie en Astana (Kazakhstan), le cardinal Janis Pujats, archevêque émérite de Riga (Lettonie), Mgr Carlo Maria Vigano, ancien nonce apostolique aux Etats-Unis et ancien secrétaire général du Gouvernorat de l’Etat de la Cité du Vatican, Mgr Luigi Negri, ancien évêque de Ferrare (Italie), Mgr Andreas Laun, ancien évêque auxiliaire de Salzbourg, Mgr Marian Eleganti, évêque auxiliaire de Coire (Suisse), Mgr René Gracida, ancien évêque de Corpus Christi (Etats-Unis), Mgr Elmar Fischer, ancien évêque de Feldkirch (Autriche).

[Monastère Saint-Benoît - Lettre Aux Amis] Des nouvelles du Monastère: "Par la grâce de Dieu, notre petite communauté croît progressivement..."

SOURCE - Monastère Saint-Benoît - Lettre Aux Amis  - 28 février 2018

Par la grâce de Dieu, notre petite communauté croît progressivement : un nouveau membre nous est arrivé en début d’année, et il y a une demande continuelle d'hommes de qualité qui demandent des séjours de discernement. À ce stade, si Dieu le veut, nous espérons accueillir au moins une, sinon deux vocations dans la communauté plus tard dans l'année. Veuillez prier pour tous ces hommes, afin qu’ils puissent recevoir toutes les grâces nécessaires pour discerner et suivre la sainte volonté de Dieu avec générosité et courage. Veuillez aussi prier pour nous autres, afin que nous soyons des dignes intendants des vocations que Dieu envoie. 
      
Notre célébration de la Semaine Sainte cette année sera particulièrement riche, étant donné que, le 17 janvier, les autorités compétentes nous ont accordé la permission de célébrer les rites de la Semaine Sainte selon le Missel de 1953. Ces beaux et anciens rites, spécialement dans un contexte monastique, témoignent la richesse que des siècles de traditions nous ont donné, et dont nous espérons beaucoup profiter dans les années à venir. Nous avons hâte d’accueillir plusieurs membres du clergé et autres hôtes qui nous aideront à célébrer ces rites avec la dignité et la solennité qu’ils réclament. Tous les offices et autres cérémonies de la Semaine Sainte sont ouverts au public : on peut consulter les horaires sur notre site internet ou notre page Facebook. Nous sommes profondément reconnaissants aux autorités pour cette permission exceptionnelle.
     
La cinquième session de l’école d’été Sacra Liturgia aura lieu au monastère du 27 juillet au 8 août. Le programme inclura la célébration quotidienne de la messe solennelle et de l’office divin, une formation pratique au chant grégorien et aux cérémonies, ainsi que des occasions de discuter des questions liturgiques et des pèlerinages aux sanctuaires locaux. De plus amples détails seront donnés dès qu’ils seront connus sur www.sacraliturgia.org et sur la page Facebook de Sacra Liturgia.
     
Comme nous l’avons déjà mentionné, Dom Ildephonse a été tonsuré par notre évêque le Samedi des Quatre-Temps de l’Avent, avec trois séminaristes. Cette tonsure « cléricale » ne doit pas être confondue avec la tonsure monastique, que nous observons actuellement en nous coupant les cheveux très court. Dans la tradition monastique, comme en témoignent divers rituels monastiques, la tonsure «cléricale » est donnée aux moines au début de leurs études pour le sacerdoce. Avant le Code de Droit Canonique de 1983, ce rite distinguait quelqu'un comme un clerc (aujourd'hui on devient clerc quand on est ordonné diacre). Cependant, pour les communautés comme la nôtre qui célèbrent l’usus antiquior—la forme plus ancienne du rite romain—un «clerc » tonsuré a l’autorisation de chanter l’épître à la messe et, en l’absence d’un sous-diacre ou d’un prêtre ou diacre disponible, de servir comme sousdiacre à la messe solennelle. De même, pour lui qui commence sa préparation au sacerdoce sacré, ce rite est plein de sens, comme le verset récité ensemble par l’évêque et le candidat durant la coupe des cheveux le manifeste : « Dominus pars hereditatis meae et calicis mei, tu es qui restitues hereditatem meam mihi » (Le Seigneur est la part de mon héritage et de ma coupe ; c'est Vous, Seigneur, qui me rendrez mon héritage. Psaume 15 [16], 5). Veuillez prier pour que ces paroles soient accomplies dans la fidélité de Dom Ildephonse et de ceux qui ont été tonsurés avec lui.
     
Grâce a la générosité de nombreux bienfaiteurs au cours de l’Avent et de Noël (et grâce a un important prêt du diocèse), nous avons pu acheter un véhicule plus gros qu'espéré, qui est très occupé à transporter des hôtes depuis son arrivée et sa bénédiction. Que Dieu récompense ceux qui l’ont permis! Au moment où nous écrivons, le printemps fait une vaillante tentative pour vaincre les derniers vestiges de l’hiver, et par conséquent nos abeilles et nos poulets sont de plus en plus productifs : nous ne manquons pas d'oeufs ! Grâce à nos bienfaiteurs nous avons pu commander deux nouvelles ruches, qui seront assemblées dans les prochaines semaines, ceci en prévision de l’arrivée de deux nouveaux essaims, que nous espérons installer pendant le temps pascal, si nous en avons les moyens.

[LPL - FSSPX] USA: Bénédiction du nouveau monastère Saint-Joseph des bénédictines de Silver City par Mgr Fellay

SOURCE - LPL - FSSPX - 28 février 2018

Les pionnières fondatrices du monastère Saint-Joseph de Silver City, au Nouveau-Mexique (USA) , ont vu leur maison religieuse bénie par Son Excellence Mgr Bernard Fellay, Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, le 10 février 2018, jour de la fête de sainte Scholastique.

Avec cet acte mémorable, le monastère bénédictin de Notre-Dame de Guadalupe à Silver City, dont le Prieur est le Père Cyprien, a gagné une congrégation de religieuses bénédictines contemplatives.

Mgr Fellay a expliqué la signification d'un nouveau couvent pour l'Église et la Tradition :
"Nous avons deux choses. D'abord, la bénédiction elle-même, qui répand la bénédiction de Dieu et des grâces de Dieu, et qui fait de ce lieu de la terre un lieu saint, un lieu de grâces. C'est la partie la plus importante. Ensuite, c'est important pour la Tradition car c'est le premier monastère américain contemplatif que nous bénissons. Nous espérons qu'il y aura beaucoup de grâces et beaucoup de vocations ici. Dans un pays comme les États-Unis, qui est très matérialiste, il y a un besoin urgent de profondeur qui est donné par la vie contemplative et les monastères contemplatifs. Pour connaître Dieu, vous devez vous élever de la terre. Vous devez obtenir ce regard de la foi. Rien que la contemplation fera cela. Cette maison contemplative pour les bénédictins en Amérique viendra s'ajouter à la congrégation carmélitaine traditionnelle."
Le Père Cyprien a parlé dans le même sens en ajoutant :
"Le projet de couvent depuis longtemps désiré complète maintenant le tableau bénédictin, avec des hommes et des femmes vivant la Règle de Saint Benoît en soutien mutuel et en collaboration. L'acquisition récente de nouvelles superficies permet une expansion et une intimité pour chaque communauté monastique. Les sœurs bénédictines représentent la forme originelle de la vie religieuse féminine telle qu'elle s'est développée à partir des Vierges romaines des temps apostoliques, rendues célèbres par les filles et les parents des Apôtres et plus tard par les Pères de l'Église, comme saint Ambroise. Rome est pleine des sanctuaires de ces premières religieuses qui ont vécu l'idéal religieux dès le début du christianisme, à l'imitation de la Très Sainte Vierge Marie, qui elle-même était une vierge consacrée au service du temple."
Avant la bénédiction du nouveau monastère Saint-Joseph, Mgr Bernard Fellay a prêché trois des jours de la retraite d'une semaine des sœurs, des postulantes et des novices.

L'année à venir est une année de formation pour la nouvelle communauté de sœurs. Elles suivront programme traditionnel de la formation religieuse. Outre le statut spécifique des nouvelles fondations, il y a la période habituelle de postulat, le noviciat de deux ans, six ans de vœux temporaires, puis les vœux perpétuels et la consécration des vierges.

Les plans actuels prévoient une communauté commençant par 10 à 12 vocations. La cérémonie de vêture religieuse pour les sœurs aura lieu le 17 octobre de cette année, en la fête de Sainte Marguerite Marie.

La messe pontificae et la tonsure conférée à trois moines

Le week-end a abondé avec d'autres événements joyeux. Le matin de la bénédiction, Mgr Fellay a célébré une grande messe solennelle pontificale, et trois frères ont reçu la tonsure.

Deo gratias.

27 février 2018

[Abbé Ricossa, imbc - Sodalitium] Mgr Benigni et Mgr Guérard des Lauriers

SOURCE - Sodalitium - abbé Ricossa, imbc - traduit de l'italien - 27 février 2018

À l’occasion de l’anniversaire de la mort de monseigneur Umberto Benigni (27/2/1934), fondateur du Sodalitium Planum, et de monseigneur Michel Guérard des Lauriers (27/2/1988), auteur de la thèse théologique dite de Cassiciacum, quelques questions ont été posées en février 2017 à monsieur l’abbé Francesco Ricossa, supérieur de l’Institut Mater Boni Consilii et directeur de la revue Sodalitium.
1 – Monsieur l’abbé, le 27 février 1934 mourait à Rome monseigneur Umberto Benigni. En 1988, le même jour, mourait monseigneur Michel Guérard des Lauriers. L’Institut Mater Boni Consilii est très lié à ces deux personnages : pouvez-vous nous en expliquer la raison ?
Le modernisme est, maintenant depuis plus d’un siècle, l’hérésie de notre temps. Son agnosticisme rend radicalement impossible l’acte de foi, et donc détruit la vie surnaturelle. Son fidéisme fait pire encore, si c’est possible, en fabriquant une contrefaçon de la foi et de la religion. Monseigneur Benigni a peut-être été l’ennemi le plus lucide du modernisme, tout comme monseigneur Guérard des Lauriers du néomodernisme. Voici un motif suffisant pour leur être étroitement liés. Monseigneur Benigni, je l’ai “rencontré” dans les années 70, d’abord en lisant la documentation retrouvée dans son Sodalitium Pianum, publiée et présentée par Émile Poulat dans Intégrisme et catholicisme intégral. Monseigneur Guérard des Lauriers, nous avons eu la grâce de le connaître de près. J’ai déjà parlé des similitudes entre ces deux prêtres qui enseignèrent tous deux dans les universités romaines, de leur style ironique toujours au service de la foi, de leur profonde originalité, jusqu’à la modernité de leur pensée. Ni l’un ni l’autre, par ailleurs, l’un dans le domaine historique, l’autre en théologie, ne se limitèrent à combattre les symptômes et les effets de la maladie (c’est-à-dire le modernisme), mais ils surent remonter jusqu’à ses origines, non indépendantes d’une certaine décadence de la pensée théologique catholique influencée par le naturalisme et le volontarisme.
2 – Dans le milieu de la Fraternité saint Pie X, on a toujours peu parlé, ou même mal parlé, de monseigneur Benigni : chose surprenante de la part d’une société sacerdotale qui s’inspire, au moins par son nom, de saint Pie X dont monseigneur Benigni fut un des plus fidèles serviteurs. Est-ce par oubli ou par ingratitude ?
Oublieux et ingrats. Comme excuse partielle, on peut dire qu’après la mort de saint Pie X, les dénommés catholiques “intégraux” qui défendirent la ligne du saint pontife, furent condamnés à une véritable et réelle “damnatio memoriæ” qui effaça leur souvenir (ou dénigra leur souvenir) non seulement chez leurs adversaires mais même parmi leurs amis. Cette “diabolisation” dura jusqu’à la béatification puis la canonisation de saint Pie X, fortement voulue par Pie XII. Qui s’opposait à la canonisation de Pie X (comme le cardinal Gasparri) l’accusait précisément d’avoir soutenu l’oeuvre de monseigneur Benigni. L’enquête (“Disquisitio”) du père Antonelli en réponse à ces objections, “réhabilita” en même temps Pie X et monseigneur Benigni. La tempête conciliaire empêcha, cependant, que cette révision historique portât ses fruits. Cela apparaît évident à la vue de l’impréparation avec laquelle les évêques de bonne doctrine entrèrent au Concile, ainsi que par l’absence chez eux d’une vision lucide de la gravité de la situation, vision bien présente au contraire chez saint Pie X et monseigneur Benigni. Monseigneur Lefebvre devait sa formation au recteur du Séminaire français de Rome, le père Le Floch, lié au cardinal Billot (et donc plus proche de la pensée de l’Action Française que du catholicisme intégral). Mais au moins, il connaissait et citait l’abbé Barbier. Il n’en était pas ainsi de ses prêtres : je n’oublierai jamais la série d’articles en l’honneur de saint Pie X publiés dans la revue française de la Fraternité, Fideliter, dans laquelle, falsifiant l’histoire, on dénigrait les catholiques intégraux qui soutinrent saint Pie X, et où l’on exaltait au contraire les “modernisants” qui lui firent obstacle et qui, après sa mort, enterrèrent son oeuvre. Là, la Fraternité ne fut pas oublieuse, mais ingrate. Je crois que cette ligne historiographique fut dictée également par le fait que les prêtres d’Écône voyaient dans les “intégraux” du passé les précurseurs des “sédévacantistes” détestés, qui étaient diabolisés à Écône par tous ceux qui rêvaient déjà d’une entente, d’un compromis avec l’adversaire moderniste. C’est pour cette raison que j’ai choisi pour notre revue, en 1983, le nom de Sodalitium, en honneur au Solalitium pianum de monseigneur Benigni.
3 – Le second volume de la réimpression en italien de la Storia sociale della Chiesa (Histoire sociale de l’Église) est sorti : c’est un choix éditorial courageux qui semble plébiscité par les lecteurs, à en juger par le nombre des ventes. Pourquoi lire aujourd’hui une histoire de l’Église écrite il y a cent ans?
Les livres vraiment importants sont toujours d’actualité. Parmi ceux-ci : l’oeuvre de monseigneur Benigni, qui n’est pas une banale histoire de l’Église comme on peut en trouver beaucoup, mais une histoire sociale, qui montre l’influence du catholicisme sur toute la société dans la formation de la chrétienté, c’est-à-dire du Règne social du Christ. En même temps, l’oeuvre de monseigneur Benigni analyse le travail continu, au cours des siècles, des adversaires de l’Église, ce qui permet au lecteur, justement, de ne pas être cueilli à l’improviste face aux attaques des adversaires, contrairement à ce qu’il advint aux “bons” pendant les années 60. Tout ceci dans un style captivant, nullement rhétorique, mais scientifique, sérieux et moderne.
4 – De même, monseigneur Guérard des Lauriers, éloigné comme professeur du séminaire d’Écône, n’a jamais joui d’une grande popularité dans les milieux lefebvristes. Et pourtant, tout de suite après le Concile, ne se dressa-t-il pas publiquement contre le nouveau missel, avant même monseigneur Lefebvre et beaucoup d’autres “traditionalistes” ? Il suffit de penser à la rédaction du Bref examen critique du N.O.M., qui lui coûta sa chaire à l’université du Latran. L’aversion envers monseigneur Guérard ne serait-elle pas due au fait que, contrairement à monseigneur Lefebvre, il n’a jamais eu recours au “tampon”?
En effet, le père Guérard fut éloigné d’Écône en septembre 1977 pour avoir fait allusion à la vacance formelle du Siège Apostolique. Mais la rupture définitive entre le père Guérard des Lauriers et monseigneur Lefebvre fut consommée à l’occasion de la publication de la Lettre n°16 aux amis et bienfaiteurs de la Fraternité saint Pie X, en mars 1979, dans laquelle monseigneur Lefebvre rendait publique sa lettre du Noël 1978 à Jean-Paul II. Monseigneur Lefebvre demandait à Wojtyla de lui laisser faire “l’expérience de la Tradition”. Pour être d’accord, il aurait suffi que les évêques permissent, sous leur contrôle, la célébration de la messe sous l’un ou l’autre rite. Donc monseigneur Lefebvre demandait vraiment beaucoup moins que ce qui est offert aujourd’hui à monseigneur Fellay. Le père Guérard des Lauriers répondit par une lettre qui fit grand bruit : “Monseigneur, nous ne voulons pas de cette paix” (12 avril 1979, Jeudi Saint, dix ans après le Bref examen critique). Le dossier complet sur ces faits est publié dans notre site en français.
   
Je pense cependant que tous les deux ne s’entendirent pas pour des raisons plus profondes. Le père Guérard des Lauriers était un homme de doctrine, il avait le culte de la vérité. Monseigneur Lefebvre ne montrait pas d’intérêt pour la théologie, il tenait les questions doctrinales pour source de division, il prenait le pragmatisme pour de la pastorale…
5 – Il y a encore quelques années, presque personne ne parlait de monseigneur Benigni. L’oeuvre de divulgation promue par votre Institut de Verrua Savoia, par la revue Sodalitium et sa maison d’édition, par des centres d’étude comme “Davide Albertario” de Milan et “Giuseppe Federici” de Rimini, a permis de le faire connaître à un nombre toujours plus grand de personnes. Malheureusement, cependant, certains se réclament du nom de monseigneur Benigni dans des contextes décidément incompatibles avec la ligne de l’authentique catholicisme intégral défendue par le prélat de Pérouse. Qu’en pensez-vous?
Cela me dégoûte. Pour certains, le catholicisme “intégral” est devenu une coquetterie, une étiquette dépourvue de signification, à accrocher à tout et son contraire. Éternels adolescents, il jouent avec des choses plus grandes qu’eux. Il y a ceux qui parlent de catholicisme “intégral” ou intransigeant à propos d’écrivains immoraux de la décadence, qui n’ont rien à voir avec la bataille contre le modernisme. Et ceux qui (ce sont les mêmes) mettent côte à côte les portraits de monseigneur Lefebvre et monseigneur Guérard des Lauriers, sans se rendre compte (?) que mettre ensemble les opposés veut dire pratiquer l’oecuménisme et ce libéralisme qu’ils disent, en paroles, vouloir combattre. Dans un certain sens, il valait mieux oubli et ingratitude.
6 – Parmi les prêtres qui ont laissé la Fraternité saint Pie X, en désaccord avec l’accord recherché par monseigneur Fellay (par exemple, la “résistance” de monseigneur Williamson) règne souvent une profonde confusion sur les questions de théologie et d’ecclésiologie, conséquence du lefebvrisme. Je suis conscient d’enfoncer une porte ouverte mais ne pensez-vous pas que ces prêtres devraient mieux approfondir la pensée de monseigneur Guérard des Lauriers, pour pouvoir acquérir une plus grande rigueur théologique?
Maintenant, notre Institut a dépassé son trentième anniversaire. Nous sommes parmi les “doyens” de ceux qui ont quitté la Fraternité, et je peux offrir aux plus jeunes un témoignage de ce qu’a été notre expérience personnelle. Nous avons trouvé la force et le courage de quitter la Fraternité parce qu’il était alors manifeste que nous n’y étions pas dans la vérité. Mais si cela nous semblait évident, il ne nous apparaissait pas clairement, cependant, où la trouver. C’est pourquoi il nous fallut presque une année, jusqu’en septembre 1986, pour embrasser publiquement la thèse théologique du père Guérard. Ce fut un an d’étude, de prière et de réflexion. Notre Mère du Bon Conseil nous fit enfin rencontrer monseigneur Guérard des Lauriers, le seul théologien, je crois, à avoir pris publiquement et depuis le début position contre les erreurs modernes consécutives au Concile.
    
Depuis trente ans, l’Institut est resté fidèle à ce choix, mais je dois dire que, aussi grâce au travail quotidien pour former de jeunes candidats au sacerdoce, nous avons approfondi toujours plus notre étude de la théologie et de la doctrine catholique. La crise que nous vivons est avant tout une crise doctrinale, dont les racines sont antérieures au Concile lui-même, et une sérieuse préparation théologique s’impose au prêtre catholique. La situation présente ne diminue pas cette exigence, au contraire, elle la renforce. Pour certains, les années consacrées à l’étude sont presque une perte de temps. Je considère au contraire que la formation intellectuelle du clerc est une mission de première importance. L’une des raisons – certainement pas la seule – du peu d’importance accordée à l’étude et à la théologie par beaucoup de prêtres “traditionalistes” (alors qu’au contraire beaucoup de laïcs autodidactes, comme cela se produit dans les périodes de crise religieuse, se passionnent pour ces questions doctrinales, bien que n’en n’ayant pas, le plus souvent, la compétence ni la forma mentis, et donc les bases pour pouvoir le faire), est à rechercher justement dans le “lefebvrisme”. Non pas que monseigneur Lefebvre n’ait eu à coeur la formation du clergé, bien au contraire ! Mais, comme on l’a dit, il y avait en lui une tendance au pragmatisme (à des fins pastorales) et une certaine méfiance pour les débats théologiques (qu’il considérait comme des facteurs de division) qui porta la Fraternité à trouver son seul facteur de cohésion dans la figure du fondateur. Et aussi, celui qui quitte la Fraternité (vers la “droite” comme vers la “gauche”) prend souvent comme référence doctrinale la pensée de monseigneur Lefebvre laquelle, malheureusement, en raison justement des caractéristiques déjà dites, est susceptible de mille interprétations, parfois même contradictoires entre elles. Pour cela, c’est avec chagrin que dans notre dernier communiqué à propos de l’accord déjà réalisé entre monseigneur Fellay et Bergoglio, nous avons écrit : la Fraternité passe, mais le lefebvrisme demeure.
7 – Pour finir : plus d’un lecteur est dans l’attente de la publication de la vie de monseigneur Benigni et de monseigneur Guérard. Y at-il un espoir de ce côté?
Nous devrions faire comme monseigneur Tissier de Mallerais quand il a dû écrire la biographie de monseigneur Lefebvre : prendre une année sabbatique, ou même plus, pour pouvoir nous consacrer entièrement à cette entreprise. Malheureusement, votre serviteur, ou bien Don Giuseppe Murro, parcourent encore les routes et les autoroutes pour porter la messe et les sacrements aux fidèles. Quand la jeune relève se substituera à cette tâche, nous pourrons finalement nous consacrer au rêve d’une vie!

[Sodalitium] Memento de Mgr Guérard des Lauriers o.p.

SOURCE - Sodalitium - 27 février 2018

«Jésus a été jugé, condamné, maltraité, crucifié, enseveli ; “tout est consommé” (Jn XIX,30) ; les plus fidèles l’ont suivi jusqu’au bout, à leur tour ils quittent le tombeau. Marie, Elle aussi, retourne en sa demeure : ses compagnes reviendront… Marie ne reviendra pas. Elle quitte le tombeau sans l’espoir inavoué dont se bercent les faibles : aimant plus que les autres, Marie souffre le plus, Elle sait qu’Elle ne retrouvera plus Jésus comme “avant”. Elle croit, et cela lui suffit. 
Va-t-en de ton pays, de la maison de ton père, va dans le pays que je te montrerai, et “je ferai de toi une grande nation”… (Jn XII,1) Marie, partez : partez de ce Sépulcre, il est seulement le lieu de votre cœur de chair. Marie, partez : Jésus veut Vous faire Mère de tous les croyants. 
Marie qui nous avez enseigné comment entreprendre le chemin de la Croix, enseignez-nous comment il faut achever.» 
Tiré de “La voie royale” de Mgr Guérard des Lauriers
CURRICULUM VITAE

Né en 1898, près de Paris, Michel Guérard des Lauriers fréquente les établissements de l’enseignement laïc. Il entre à l’École Normale Supérieure en 1921, et passe l’agrégation de mathématiques en 1924.

Il étudie deux ans à Rome, avec le Professeur T. Levi-Civita, et prépare une thèse qu’il soutiendra à la Sorbonne sous la présidence du Professeur Elie Cartan.

Entré dans l’Ordre des Prêcheurs en 1926, il y fait profession en 1930, et est ordonné Prêtre en 1931. Professeur à l’Université dominicaine du Saulchoir depuis 1933, il enseigne également à l’Université pontificale du Latran à partir de 1961.

Ce séjour romain fut, pour le Père Guérard des Lauriers, l’occasion d’élaborer la partie doctrinale et de collaborer à la rédaction originale [due à Cristina Guerrini] de la lettre intitulée : « Breve esame critico del Novus ordo missæ », lettre adressée à Paul VI le 5 juin 1969, fête du Corpus Domini, par les Cardinaux Bacci et Ottaviani. Cette démarche valut au Père Guérard des Lauriers d’être congédié du Latran, en juin 1970, en même temps que le Recteur Mgr Piolanti et une quinzaine de professeurs tous jugés indésirables. Depuis lors, le Père Guérard des Lauriers vit « extra conventum », « cum permissu superiorum».

Le Père Guérard des Lauriers est l’auteur de plusieurs ouvrages de théologie et de nombreux articles concernant la philosophie des sciences, la critique de la connaissance, la théologie spirituelle. Il est membre de l’Académie pontificale de St Thomas d’Aquin.

Le Père Guérard des Lauriers a publié, en 1978, puis dans les « Cahiers de Cassiciacum », une thèse jusqu’à présent non réfutée ; cette thèse consiste à affirmer la vacance formelle du Siège apostolique, certainement à partir du 7 décembre 1965.
  
Le Père Guérard des Lauriers a reçu la Consécration épiscopale, le 7 mai 1981, de Mgr Pierre-Martin Ngô-dinh-Thuc, ancien Archevêque de Hué : Consécration valide, eu égard au rite traditionnel intégralement observé (…).
   
Le Père Guérard est mort le 27 février 1988, et fut inhumé au cimetière de Raveau (Nièvre).

[Reconquista] Mgr Fellay (FSSPX) refuse d'ordonner les capucins de Morgon

SOURCE - Reconquista - 27 février 2018

Mgr Fellay vient encore de frapper des prêtres de la Tradition. Nous y sommes habitués mais cette fois-ci ce sont les Pères Capucins de Morgon qui sont dans son collimateur. Rappelons-nous cependant que toute persécution, viendrait elle d'ecclésiastiques, reste une grande grâce. Puissent les pères de Morgon en profiter à bon escient pour prendre de bonnes décisions. 
   
Nous avons appris par diverses sources que le supérieur général de la Fraternité Saint Pie X venait de signifier aux capucins de Morgon son refus de conférer la prêtrise aux deux diacres capucins qui devaient être ordonnés en juin. Les supérieurs de la FSSPX semblent coutumier de ces interdits puisque déjà en 2012, quelques jours seulement avant les cérémonies du 29 juin, Mgr Fellay avait interdit d’ordinations les candidats des dominicains d’Avrillé et les Franciscains de Morgon sous le prétexte de leur attitude « non confiante » à propos du préambule doctrinal qui devait entériner le ralliement de la FSSPX à la Rome conciliaire. 
   
Les capucins de Morgon ont régulièrement et charitablement manifesté leur désaccord avec les autorités de la FSSPX : que ce soit la recherche d'un accord purement canonique avec la Rome moderniste (sermon du RP Jean) ou le refus de célébrer et participer au jubilé de la fausse miséricorde du Pape François. Mais il semble que Mgr Fellay ait été aussi très fâché que les Pères Capucins osent aider ou soutenir moralement les prêtres persécutés par les autorités accordistes de Menzingen (Abbé Morgan etc..) Ce qui a probablement décidé Menzingen de frapper les Pères Capucins est le soutien apportés par eux aux 7 doyens sur l'affaire des mariages. Les pères ont en effet considéré qu'il était inadmissible de placer les mariages des fidèles de la Tradition dans le cadre du nouveau code qui, selon Mgr Lefebvre, a été la pire des réformes conciliaires.
   
Tous ces éléments ont donc abouti à cette inévitable rupture. La faute n'en revient aucunement aux Pères Capucins qui n'ont eu que pour seul souci de maintenir la Fidélité à la Tradition Catholique.
   
Reste l'ordination des deux diacres capucins . Comment les capucins pourront ils désormais les faire ordonner ? Soit la maison générale de la FSSPX revient sur tout ce qui a été cause de cette rupture et abandonne l'idée d'un accord canonique avec la Rome moderniste soit la Providence donnera aux pères l'opportunité de trouver un véritable évêque catholique qui ne soit pas inféodé à Mgr Fellay.

[Paix Liturgique] Au Bénin, Adoration Eucharistique et liturgie orientée - Un évêque encourage la messe traditionnelle

L'abbé Guimon entouré des
Contemplatives de Jésus-Eucharistie,
photo tirée de son blog personnel.
SOURCE - Paix Liturgique - Lettre n°633 - 27 février 2018

« La liturgie, c'est la richesse et même le trésor des pauvres de Dieu. C'est la plus grande prière de l'Église. C'est le culte de la divine majesté. Elle est donc fondamentalement mystère et contemplation. Elle demande de faire l'effort de quitter le monde profane pour entrer dans la sphère du divin. »
Mgr Pascal N'Koué, archevêque de Parakou, Bénin

« On ne connaît pas le Seigneur sans cette habitude d'adorer, d'adorer en silence » expliquait le pape François le 20 octobre 2016 lors de son homélie quotidienne à Sainte-Marthe. « Cette prière d'adoration est celle que nous connaissions le moins, que nous pratiquons le moins. Il s'agit de savoir "perdre son temps" devant le Seigneur, devant le mystère de Jésus-Christ. Et d'adorer. Là, en silence. Il est le Seigneur et je l'adore. »

À la lumière de ces deux citations, nous vous proposons de faire connaissance cette semaine avec une jeune communauté religieuse africaine dévouée à la contemplation du Très-Saint Sacrement dont l'aumônier est, depuis 2016, l'abbé Laurent Guimon, ancien chapelain de Notre-Dame-des-Armées, lieu historique de la liturgie traditionnelle à Versailles : les sœurs contemplatives de Jésus-Eucharistie.

I – L'ADORATION PERPÉTUELLE COMME VOCATION

Les « Contemplatives de Jésus Eucharistie (CJE) » sont une congrégation de droit diocésain dont l’originalité est d'avoir été fondé par une Béninoise, Mère Patricia Padonou. Mère Patricia a été novice pendant 6 ans au couvent des cisterciennes de l'Étoile Notre-Dame, fondé en 1960 dans les environs de Parakou. En 1991, désireuse de se consacrer à l'adoration du Très Saint Sacrement, Mère Patricia reçoit les encouragements de l'évêque, Mgr Nestor Assogba, qui lui permet de s'installer dans le foyer d'un lycée. À partir de 1994, l'adoration eucharistique y devient publique. Fin 1999, Mgr Assogba confie à Mère Patricia et aux novices qui l'ont rejointe la mission de s'occuper de l'adoration perpétuelle au sein du tout nouveau sanctuaire eucharistique du Christ Rédempteur de l'Homme, fondé en prévision du Jubilé de l'an 2000. En 2007, le nouvel archevêque de Parakou. Mgr Agbatchi. signe le décret de reconnaissance diocésaine de la communauté.

« Notre spiritualité, explique Mère Patricia, puise essentiellement sa source dans l'Eucharistie et l'adoration : la prière intérieure, l'Hostie, la Vierge, la liturgie avec les rythmes africains et les chants grégoriens, le témoignage d'une vie simple et joyeuse dans la pauvreté. Avec l'ardent désir de vivre dans l'imitation de Jésus-Christ qui obéit jusqu'à la mort, et la mort de la croix, nous voulons vivre dans la joie son évangile comme la suprême règle de notre vie, en nous servant de la Règle de Saint Benoît pour entrer dans la grande tradition monastique et vivre comme Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, dans un esprit d'enfance spirituelle. »

Concrètement, les 9 religieuses assurent jour et nuit une présence continuelle, aimante, auprès de Jésus-Eucharistie. « Auprès du Seigneur, elles intercèdent pour le monde et prient pour toutes les intentions qui leur sont confiées. Elles sont les veilleurs dans la nuit : elles prient pour ceux qui ne prient pas, adorent pour ceux qui n'adorent pas, aiment pour ceux qui n'aiment pas, croient pour ceux qui ne croient pas, espèrent pour ceux qui n'espèrent pas. Finalement elles sont un peu comme les bergers de Bethléem : seules à veiller, elles assurent une présence auprès de Jésus » explique l'abbé Laurent Guimon, qui est leur aumônier depuis 2016.

Pour l'instant installées à Parakou et divisée en deux groupes, faute de locaux adéquats, les moniales devraient à terme prendre possession du monastère en construction à l'extérieur de la ville. Une partie des bâtiments est prête mais il faut encore terminer la chapelle et construire cuisine et réfectoire. En plus de sa mission d'aumônier, l'abbé Guimon assure la direction des travaux, ce qui comprend leur financement pour lequel il sait pouvoir compter sur la générosité de ses anciens paroissiens de Notre-Dame-des-Armées. L'aide des lecteurs de Paix Liturgique est la bienvenue aussi. (*)

II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1) Depuis l'arrivée de l'abbé Guimon à Parakou, fin 2016, les contemplatives de Jésus-Eucharistie découvrent la forme extraordinaire de la messe : le missel de 1962 mais avec certaines modifications de 1965 -1967 adoptées par quelques communautés en France (le prêtre demeure assis pour les lectures faites par les sœurs, le Pater est chanté par toute l'assemblée mais conservation de tous les signes de croix du Canon, pas de second Confiteor, etc.). Points décisifs : la messe est célébrée vers le Seigneur, et la communion donnée sur les lèvres. L'évangélisation de la région datant des années 60, le diocèse de Parakou a découvert la liturgie avec les premières réformes issues du Concile Vatican II puis, très vite, est arrivée la messe nouvelle. C'est dans ce contexte que les contemplatives de Jésus-Eucharistie font aujourd'hui l'expérience de la forme extraordinaire, selon le principe de gradualité dans l'application du motu proprio (voir nos lettres 519 et 525).

2) Mgr Pascal N'Koué, archevêque de Parakou, écrivait il y a un an, dans le journal diocésain : « L'attachement à l'ancien rite, quand il est vécu en communion avec Rome, est un enrichissement inouï. Il a formé pendant deux millénaires de nombreux saints. Il a modelé pendant des siècles le visage de l'Église. Il est riche sous l'angle de ses prières d'offertoire, par ses nombreuses génuflexions en signe d'humilité : "l'homme n'est grand qu'à genoux", par la multiplicité des signes de croix avec la main pour rappeler constamment la puissance de la croix du Christ comme instrument de notre salut, par l'ensemble des gestes et symboles mystagogiques, par le mode de communion demandé aux fidèles. Ce rite nous plonge d'emblée dans le mystère insondable du Dieu invisible, nous place devant sa majesté et nous pousse à confesser humblement notre indignité devant sa transcendance. L'Eucharistie, n'est-elle pas à la fois sacrifice de louange, d'action de grâce, de propitiation et de satisfaction ? » Rien d'étonnant donc qu'il ait accepté de donner aux contemplatives de Jésus-Eucharistie la possibilité de vivre leur vocation en découvrant, peu à peu, la forme extraordinaire.
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(*) Pour faire un don pour les travaux du monastère des sœurs :
Association Notre-Dame de l'Atacora
6 rue des États Généraux, 78000 Versailles
Intitulé : « Don pour le monastère de Boko »
IBAN : FR76 3000 3022 1000 0501 5124 334
BIC : SOGEFRPP
(Reçu fiscal sur demande)

[FSSPX Actualités] Le cardinal Sarah en faveur de la réception traditionnelle de la communion

SOURCE - FSSPX Actualités - 27 février 2018

Le cardinal Robert Sarah déclare que « l'attaque la plus insidieuse du diable consiste à essayer d'éteindre la foi en l'Eucharistie, semant des erreurs et favorisant une manière inadaptée de la recevoir.»

Dans la préface du livre d'un prêtre italien, don Federico Bortoli, paru sous le titre La distribution de la communion dans la main. Profils historiques, juridiques et pastoraux, le préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements fait un long plaidoyer en faveur de la communion sur les lèvres.

« Pourquoi persister à communier debout et dans la main ? », s'interroge le cardinal Sarah.

« La liturgie est faite de nombreux petits rites et gestes, chacun d'eux est capable d'exprimer des attitudes chargées d'amour, de respect filial et d'adoration de Dieu, écrit-il. C'est précisément pour cette raison qu'il est opportun de promouvoir la beauté, la convenance et la valeur pastorale d'une pratique développée au cours de la longue tradition de l'Eglise, à savoir la réception de la Sainte Communion sur la langue et à genoux. La grandeur et la noblesse de l'homme, ainsi que la plus haute expression de son amour pour son Créateur, consistent à s'agenouiller devant Dieu ».

« On comprend comment l'attaque la plus insidieuse du diable consiste à essayer d'éteindre la foi en l'Eucharistie, semant des erreurs et favorisant une manière inadaptée de la recevoir, poursuit le cardinal ghanéen. La cible de Satan est le sacrifice de la Messe et la présence réelle de Jésus dans l'hostie consacrée ».

Le haut prélat n’hésite pas à argumenter contre la communion dans la main en indiquant de façon très juste que cela « implique sans aucun doute une grande dispersion de fragments ». Or si le Christ est présent tout entier dans l'hostie, il est de même présent dans le plus petit des fragments. Le risque de manque de respect ou de profanation est donc accru. Au contraire « l'attention du prêtre à la plus petite parcelle, le soin à purifier les vases sacrés, à ne pas toucher l'hostie avec les mains moites, deviennent des professions de foi en la présence réelle de Jésus, même dans les plus petites parties des espèces consacrées ».

Rappelant le fait que le pape saint Pie X avait autorisé, par le Décret Quam singulari du 8 août 1910, à donner la communion aux jeunes enfants, le cardinal Sarah s'interroge fort logiquement : « si un enfant reçoit le Pain eucharistique de la même manière qu'il reçoit un bonbon de sa mère, quel sens du sacré aura-t-il ? »

Apportant son soutien à l'auteur du livre, le cardinal considère que la communion dans la main a été souvent introduite de manière abusive par les conférences épiscopales locales dans l'Eglise latine. Et d’insister pour « qu'aucun prêtre n'ose prétendre imposer son autorité sur cette question, en refusant ou en maltraitant ceux qui veulent recevoir la communion à genoux et sur la langue ».

26 février 2018

[Abbé Karl Stehlin, fsspx - Milice de l'Immaculée] Saint Maximilien Kolbe à saint Grignion de Montfort

SOURCE - Abbé Karl Stehlin, fsspx - Milice de l'Immaculée - 26 février 2018

Chers Chevaliers de l’Immaculée!

Afin de comprendre correctement saint Maximilien Kolbe, nous devons revenir aux sources les plus importantes qui ont mis en forme et inspiré sa vie intérieure : l’histoire de son pays, complètement marqué par la présence de Marie, particulièrement vénérée en Pologne, comme le “Commandant-en-chef” des armées chrétiennes, la Médaille miraculeuse, les apparitions de Marie à Lourdes et en particulier saint Louis-Marie Grignion de Montfort.

Le plus probable est qu’il a rencontré le grand maître de la “parfaite soumission à Marie” pendant ses études à Rome. Ce n’est certainement pas une coïncidence s’il fut ordonné prêtre le 28 avril, la fête de saint Louis-Marie (à cette époque il n’était encore que le bienheureux Louis-Marie), il y a exactement 100 ans.

Il fit connaître saint Louis-Marie en Pologne, imprima et diffusa la première traduction du “Secret de Marie”. Dans la préface, il rédigea une courte biographie et un résumé de la spiritualité de Grignion. Il insista surtout sur la similitude de la situation aux différentes époques auxquelles ils vécurent. À l’époque de saint Louis-Marie, les ennemis étaient les jansénistes, aujourd’hui ce sont les francs-maçons et les différentes sectes. La marque distinctive de tous : une haine pour la véritable dévotion à Jésus et Marie. Comme les Chevaliers de l’Immaculée aujourd’hui, Grignion était alors le grand apôtre de la Médiatrice de toutes les grâces. Tel un outil parfait dans ses mains immaculées, il a sauvé d’innombrables âmes des chaines de Satan durant ses célèbres missions. Tout comme aujourd’hui la M.I. fait face aux armées toutes puissantes du mal, Grignion fut aussi exposé au pouvoir puissant de l’ennemi. Souvent seul, abandonné même par ses amis, il devint la cible de la méchanceté et de la jalousie des hérétiques. Et cependant, Grignion et Maximilien ont surtout tiré ensemble la source de leur force et de leur courage : ils ont mis toute leur confiance en Notre-Dame et lui étaient totalement obéissants en tout, toujours et partout et totalement, il n’y a qu’ELLE qui compte !

Il y a cependant une coïncidence encore plus importante : Grignion de Montfort fut certainement inspiré “d’En-Haut” quand il mit en évidence le rôle de Marie à la fin des temps : si la suprématie du dragon et de ses serviteurs est si grande qu’ils peuvent réussir à détruire l’Église et à entraîner presque tous les hommes sur le chemin de la damnation, alors à ce moment la Femme de l’Apocalypse apparaît (Apoc. 12, 1). À travers ses fidèles serviteurs, Elle écrase la tête de Satan et vainc toutes ses attaques, mais surtout, par ses fidèles “apôtres de Jésus et Marie de la fin des temps”, Elle reprend à son adversaire une innombrable quantité d’âmes. Saint Maximilien attire l’attention des Chevaliers de l’Immaculée sur la description par Grignion de ces fidèles esclaves de Marie, qui ne craignent aucun pouvoir, qui vont partout où leur Reine les envoie, qui tiennent le crucifix dans leur main droite, le rosaire dans la main gauche et ont gravé dans leur cœur les noms de Jésus et de Marie.

Il veut que les Chevaliers de l’Immaculée s’identifient aux apôtres de Jésus et de Marie de la fin des temps :

« Notre but et les moyens d’atteindre cet idéal (être apôtre de Jésus et Marie) sont en accord complet avec les vues de saint Louis-Marie. Son désir le plus ardent, le désir de toute sa vie, fut d’honorer l’Immaculée en tant que Reine de toute l’humanité, pour transmettre son amour à tous les cœurs battant des hommes. »

Pour cette raison, selon le vœu de saint Maximilien, tous les habitants de la Cité de l’Immaculée, à la fois en Pologne et au Japon, ont fait la consécration selon Montfort. Pour devenir un véritable Chevalier de l’Immaculée dans le sens complet du terme, on doit être son enfant obéissant et son esclave soumis. On ne peut devenir totalement un instrument que si on appartient complètement à l’artiste comme sa propriété.

Il est certainement vrai que saint Maximilien a rendu facile pour chacun de devenir un Chevalier, et ne demande pratiquement rien d’autre que la consécration, une petite prière quotidienne et le fait de porter la Médaille miraculeuse. Néanmoins, il exprime son désir le plus profond que chaque Chevalier se sente investi d’une mission magnifique et incroyablement importante :

« Nous devons nous efforcer d’appartenir toujours plus à l’Immaculée, de Lui être obéissants et ainsi d’être son instrument pour qu’Elle puisse nous utiliser comme Elle le veut, afin de sauver autant d’âmes que possible. »

Cependant, ceci est incroyablement difficile, particulièrement de nos jours. Et plus la fin approche, plus le combat devient difficile et dangereux ! Dans de tels moments, nous ne devrions jamais oublier que la moindre chose que nous faisons pour l’Immaculée est généreusement récompensée par Elle. Le premier à être rempli des grâces de l’Immaculée sera son fidèle instrument lui-même. Mes efforts pour la conversion des pauvres pécheurs me bénéficieront à moi d’abord, le plus pauvre des pauvres pécheurs.

Mais quelle est la différence entre les deux consécrations ? Comment sont-elles liées l’une à l’autre ?

Notre-Dame a donné à saint Louis-Marie la grâce de la dévotion véritable et parfaite envers Elle. À travers cette dévotion, Elle devient notre mère et reine dans le sens le plus vrai du terme et nous devenons ses enfants et esclaves. En tant que mère, Elle prend notre main et nous aide à retourner à Dieu, pour sauver nos âmes, pour nous libérer des pièges du diable et nous accrocher à Jésus-Christ. De cette manière, nous accomplissons nos vœux de baptême et commençons à remplir le commandement de Dieu le plus important : l’amour de Dieu par-dessus tout ! Visiblement, la “dévotion parfaite” nous est donnée pour notre propre conversion et sanctification, pour notre relation avec Dieu Lui-même : « Sans ma Mère et Reine, je ne trouverai jamais “la voie, la vérité et la vie”. Même si je les avais trouvées, je les perdrais sûrement à nouveau sans Marie. Mais maintenant qu’Elle dirige le vaisseau de ma vie, Elle va me ramener sain et sauf au port. »

Après le premier commandement majeur sur l’amour pour Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ nous demande également de “nous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés”, et il appelle ceci son nouveau commandement. Comment est-ce que le Christ nous a aimés ? Il s’est donné Lui-même pour nous sauver de la damnation éternelle et nous conduire à la béatitude éternelle.

Et ici aussi, nous devons nous demander : à quelle fréquence pensons-nous au salut de nos semblables ? Nous ne faisons pas attention à la plupart d’entre eux, les autres nous ennuient et s’il nous arrive de souhaiter du bien à quelqu’un, alors c’est en général pour lui souhaiter “santé, bien-être et succès”.

Là, le Seigneur nous envoie un secours afin que nous puissions de mieux en mieux mettre en pratique le grand commandement de la charité : c’est la Mère aimante, la Reine, qui après le Christ, aime tant tout le monde, chacun d’entre nous plus que l’amour de toutes les meilleures mères du monde pour leurs propres enfants chéris. De plus, le Christ Lui a donné toutes les grâces afin que ces gens soient convertis et sauvés. Mais maintenant Dieu souhaite également que nous participions à cette œuvre. C’est pourquoi, nous avons reçu un autre sacrement, la sainte confirmation, qui nous imprègne du Saint-Esprit, non seulement pour notre propre sanctification, mais aussi pour devenir les soldats du Christ et pour participer à l’édification du Corps Mystique du Christ.

Pour ne pas gâcher les grandes grâces du sacrement de confirmation et pour finalement entrer dans l’armée du Roi et suivre son appel, le Seigneur nous envoie l’Immaculée afin que nous devenions ses Chevaliers, que nous rejoignions sa petite armée et L’aidions à sauver les âmes de ses enfants, autant que possible. Et voici la Reine du Ciel vient à moi comme une mendiante et me demande humblement :

« Mon enfant, J’ai besoin de toi ! Veux-tu M’aider à sauver mes enfants, les âmes immortelles ? Tant d’âmes sont perdues pour toujours parce qu’il n’y a personne qui prie ni ne fait de sacrifices pour elles” (voir l’apparition du 19 août 1917 à Valinhos).

Pour cette mission, l’Immaculée nous a envoyé son serviteur, qui nous enseigne à sauver les âmes, en tant qu’instruments et pour répandre de plus en plus les grâces de la sainte confirmation : saint Maximilien Kolbe a fondé la Militia Immaculatae pour mettre le monde entier à ses pieds, afin qu’“Elle puisse écraser partout la tête du diable et puisse vaincre les hérésies à travers le monde”.

Comme l’amour du prochain se construit sur l’amour de Dieu et le présuppose, et comme la confirmation se base sur le baptême, le présuppose et le complémente, ainsi toute l’œuvre de saint Maximilien est basée sur la consécration totale à Marie selon Grignion, comme son extension et son complément. En d’autres termes, pour compléter la consécration entière à Marie selon saint Louis-Marie, on recourra à la consécration de saint Maximilien. Seulement à ce moment-là, notre existence entière pourra être rendue entièrement dépendante de Marie, pénétrée par sa présence et la plénitude de sa grâce : non seulement notre relation avec Dieu mais aussi notre relation avec notre semblable ; non seulement notre propre sanctification mais aussi la mission que nous avons reçue de Dieu dans ce monde, c’est-à-dire être le champion du Christ pour l’expansion de son Royaume. Notre chemin vers le Ciel, nos luttes sur terre pour le salut des âmes : tout sans exception, tout Lui appartient, tout comme Elle appartient à Dieu.

D’un autre côté cependant, cela signifie aussi que le Chevalier de l’Immaculée doit encore et toujours être conscient de ses fondations spirituelles :

« Ô ma Reine, victorieuse dans toutes les batailles de Dieu, je peux être votre instrument et votre chevalier dans votre armée, mais seulement dans la mesure où je suis complètement votre enfant et Vous ma Mère, je suis votre esclave et vous ma Maîtresse. »

Pour parler rigoureusement, on ne peut être totalement son Chevalier sans la consécration totale par laquelle nous reconnaissons solennellement Marie comme notre Mère et notre Reine, et ainsi notre dépendance absolue envers Elle en tant que ses enfants et esclaves.

Si vous n’avez pas encore fait votre consécration selon saint Louis-Marie, le Commandant-en-chef voudrait vous inviter à découvrir le secret de la victoire certaine dans toutes les luttes et toutes les batailles. Si vous rejetez cette invitation, vous ne serez jamais un combattant acharné de l’Immaculée. Au contraire, vous serez souvent trop faible pour résister aux attaques des terribles ennemis. De plus, vous ne pourrez rien faire de spécial dans cette bataille, car le général ne pourra compter qu’un peu sur vous, vos armes sont rouillées et vos munitions sont épuisées.

Si vous avez déjà reçu la grâce formidable que la Reine vous accepte comme son esclave et enfant, et qu’Elle est à présent théoriquement capable de vous mener en sûreté au sommet de la perfection, il est très important de renouveler encore et toujours la soumission totale à Marie, au moins une fois par an.[1]

La raison est simple : tant que nous vivons, nous manquerons toujours de la confiance pour comprendre totalement et sérieusement cette dévotion. À travers chaque renouvellement de notre consécration, nous devenons un peu moins misérables et un peu plus fidèles !

Il y a une autre raison : le combat est terrible, nous sommes toujours sur le champ de bataille. Le Chevalier peut être facilement fatigué, surtout quand il est constamment occupé à aider l’Immaculée à sauver les âmes. Le tumulte sans fin nous use. C’est pourquoi la Mère veut nous tirer à Elle, afin que nous puissions nous reposer un instant, tel un enfant sur le cœur de sa mère. Elle veut nous rappeler à nouveau combien Elle nous aime, combien pour nous Elle est une Mère et ce qu’Elle veut de nous (2e semaine de préparation). Elle veut que nous réfléchissions encore et encore sur qui nous sommes, en tant que créatures complètement dépendantes de Dieu, mais aussi en tant que pauvres hommes déchus (1re semaine de préparation). Elle désire surtout nous mener à son Fils, afin qu’à travers Elle, nous puissions Le connaître et L’aimer totalement, et puissions Lui appartenir, Lui qui nous a aimés « sans limite et qui s’est donné pour nous jusqu’à la mort sur la Croix » (3e semaine de préparation).

Le jour de solennité préféré du Père de Montfort est le 25 mars, fête de l’Annonciation, à laquelle tous sont invités à renouveler l’acte de consécration (ou à le faire pour la première fois). La grande solennité de la M.I. est le 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, au cours de laquelle nous devons faire le renouvellement de l’acte de consécration pour être son instrument. Ainsi, la préparation et la consécration en tant qu’esclaves tombent en général pendant le Carême, alors que la consécration en tant que Chevaliers tombe pendant l’Avent. Si ceci n’est pas une réminiscence de la Providence, qui de cette manière nous aide à prendre cette magnifique résolution en ces temps de pénitence et de conversion ?...

À part ça, toutes les fêtes de Marie sont aussi convenables pour renouveler nos consécrations à l’Immaculée, une dévotion importante pour que n’oublions jamais notre identité : maintenant et pour toute l’éternité, nous avons le privilège d’être enfants, esclaves et chevaliers de l’Immaculée.

Qu'elle soit louée et glorifiée pour cette grâce que nous ne méritons pas!

Jakarta, le 26 février 2018.

Abbé Karl Stehlin , prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X

[Le Dauphiné] Albertville : Les Capucins de Morgon renoncent à acheter le Clos des Capucins

SOURCE - Le Dauphiné - 26 février 2018

Nouveau rebondissement dans le feuilleton du Clos des Capucins. La communauté religieuse traditionaliste des Capucins de Morgon renonce à acheter le bâtiment pour un euro symbolique. C’est ce que vient d’annoncer le maire, Frédéric Burnier Framboret, lors du conseil municipal, qui se déroule ce soir.
  
Sans doute ont-ils été refroidis par la décision du tribunal administratif de Grenoble, qui en décembre dernier avait jugé illégale la décision de vente prise par le conseil municipal le 21 septembre 2015 et donné raison aux élus du groupe Osons, auteurs du recours au tribunal. Les élus d'Osons se sont dit soulagés, regrettant toutefois que la Ville n'ait pas pris, elle-même, cette décision.
  
Le maire a annoncé que le bâtiment sera remis en vente.

24 février 2018

[Reconquista] Ce 24 février, ordres mineurs à Avrillé

SOURCE - Reconquista - 24 février 2018

Ce samedi 24 février, Mgr Zendejas a conféré la tonsure à 5 séminaristes du séminaire Saint Louis-Marie Grignion de Monfort, ainsi que les premiers ordres mineurs (de portier et lecteur) à 3 séminaristes. Lors de cette même cérémonie, un dominicain a reçu les seconds ordres mineurs (d'acolyte et exorciste). Lors de son homélie, prononcée en bon français, Mgr Zendejas a rappelé la grande importance de ces ordres mineurs.

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Parents d’Aujourd’hui - II

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 24 février 2018

Parents vous n’êtes pas encore sans moyens –
Vous avez la nature, et tout ce qu’il y a d’humain.

Espérons que personne ne s’est senti visé en lisant notre article de la semaine dernière sur les exigences requises pour être père et mère aujourd’hui. Les parents subissent de fortes pressions venant de tout l’entourage de leurs enfants, mais consolez-vous – quand les âmes sont sous pression, Dieu n’exige pas l’impossible ; il leur demande seulement de faire ce qu’elles peuvent. Le Vénérable Holzhauser explique à propos des Églises d’Asie que cinq d’entre elles ont reçu des lettres de réprimandes à l’inverse de l’Église de Smyrne, laquelle correspond à l’Age des Martyrs de l’Église (Apoc II, 8–11). La raison en est que les catholiques de cette Église étaient alors persécutés ; c’est pourquoi le Saint Esprit ne leur envoie ni réprimandes ni reproches car ils ont plus besoin d’être encouragés que d’être critiqués.

Dieu sait si les parents qui s’efforcent de sauver les âmes de leurs enfants doivent subir des persécutions ! Celles-ci ne sont pas encore sanglantes, mais elles n’en sont pas moins redoutables. Par exemple, lorsque les hommes s’entichent de l’IA (Intelligence Artificielle) et prétendent, à partir d’un robot, faire un dieu, non seulement ils ont perdu tout sens du Dieu véritable mais en plus ils se rendent incapables de voir même la différence entre une machine et un être humain, pour ne pas parler de la différence entre l’homme et la femme ou la différence entre les parents et les enfants. Dans un monde où l’on escompte confier son avenir à l’IA, comment sera-t-il possible de comprendre et d’aimer la famille telle que Dieu l’a conçue ?

Un lecteur m’a écrit : Le communisme des pays de l’Est maltraitait ceux qui ne suivaient pas dans la ligne du parti mais, au moins, l’ennemi du Salut y était identifiable. Par contre, ce qu’on pourrait appeler le consumérisme, en Orient comme en Occident, fait preuve de beaucoup plus de subtilité : au lieu de brutaliser, il se contente de marginaliser ; par exemple en faisant passer les vrais catholiques, pour “anormaux”, alors qu’on sait combien les enfants attachent d’importance à être dans la “norme”. Ils veulent tous avoir des smartphones (des téléphones intelligents) etc., comme les autres enfants. En brillant de tous ses feux, le consumérisme transforme les enfants en robots écervelés, assez intelligents dès qu’il s’agit de manipuler la technologie et les machines, mais sans la moindre idée touchant les questions humaines essentielles, parce qu’on ne leur a jamais appris à lire, ni à lire entre les lignes comme il fallait faire sous le régime communiste : ils sont privés de tous les outils intellectuels permettant de penser. Une génération de marionnettes androïdes pousse tout autour de nous.

Ainsi, mis à part ce que les parents ne peuvent contrôler, que leur reste-t-il à faire pour mettre leurs enfants sur le chemin du Ciel (sans préjuger du libre arbitre de leur progéniture) ? Rappelons d’abord les données fondamentales : Dieu existe ; Il veut sauver tous les enfants et donne à tous l’aide de la Vierge Marie et des anges gardiens, invisibles mais puissants, dont tous soutiennent les vrais parents. Que ces réalités surnaturelles fassent partie de la vie ordinaire du foyer ; que la vie quotidienne soit surnaturelle, même si le bon sens des parents doit empêcher les enfants de tomber dans une religiosité artificielle.

Puis, sur le plan naturel, accordez à vos enfants le temps dont vous savez qu’ils ont besoin. L’amour s’exprime par le temps qu’on y consacre. Pour devenir de vrais êtres humains, les enfants doivent être formés par d’autres êtres humains et non par des machines. Les éducateurs naturels des enfants sont en premier les parents qui ont sur eux une influence considérable à condition de bien vouloir l’utiliser, au lieu d’y renoncer. Prévoyez régulièrement les repas de famille autour de la table, et profitez des repas pour parler. Un proverbe chinois dit : “Instruis tes enfants à table et ta femme sur l’oreiller.” Parlez leur de politique ; en particulier expliquez la différence entre la réalité et ce que les médias présentent comme réalité. Avertissez les enfants de faire attention à l’extérieur de la maison, mais dites-leur la vérité sur le 11 septembre et sur cette contre-vérité célèbre (située quelque part entre cinq et sept millions), qui menace d’étouffer le monde entier. Oui, abordez ce sujet dès qu’ils sont en âge de comprendre (pas avant), afin qu’ils puissent voir à quel point Dieu nous a puni de tout un monde de mensonges, juste punition de notre apostasie. Insistez sur cette dimension religieuse parce qu’elle est toujours présente, et les enfants ont besoin de comprendre qu’en définitive, c’est Dieu qui importe. Mais ne vous contentez pas de la piété : Notre-Dame de Fatima demande non seulement le Rosaire mais aussi la Consécration de la Russie.

Ensuite, sur un plan très pratique, enlevez de chez vous si possible toute l’électronique. Expliquez aux enfants pourquoi vous n’autorisez ni la télévision ni les smartphones sous votre toit. Si vous ne pouvez pas vous passer d’Internet, dites-leur pourquoi vous gardez l’ordinateur sous clé physique (et pas seulement électronique). Faites-les travailler de leurs mains : les garçons au démontage d’une mobylette ou à la menuiserie ; les filles à la couture et à la cuisine, et dans toutes les mains qu’il y ait le chapelet. Au lieu de regarder la télévision, essayez chaque soir de lire un texte en famille, par exemple le “Poème de l’Homme-Dieu” (ancien titre) de Maria Valtorta. Ridicule? Essayez. Peut-être vous apercevrez-vous que ce “Poème” est la réponse du Bon Dieu au téléviseur!

Kyrie eleison.

23 février 2018

[FSSPX Actualités] Chine: un évêque de l’Eglise clandestine prêt à se démettre, s'il le faut

SOURCE - FSSPX Actualités - 23 février 2018

Un des évêques chinois au cœur de la dispute entre Pékin et le Vatican a déclaré le 11 février 2018 qu’il respecterait un accord éventuel entre les deux parties, tout en mettant en garde contre les intentions du régime communiste.

Mgr Guo Xijin est un évêque de cette Eglise « clandestine » demeurée fidèle à Rome. Le Saint-Siège lui a demandé, dans le cas où les relations entre les deux pays se normaliseraient, de se retirer au profit d’un évêque de l’Eglise « officielle » qui serait sur le point d’être réintégrée dans l’unité romaine.

Sortant de son silence le 11 février 2018, avant la messe du soir, Mgr Guo a déclaré vouloir « respecter les termes » d’un éventuel accord : « j’obéirai à la décision romaine », a-t-il affirmé sans détours. Mais le prélat précise avoir de nombreuses fois remarqué le « manque de bonne volonté » des autorités chinoises peu enclines à laisser au Vatican « le dernier mot » sur la vie de l’Eglise en Chine.

Jusqu’ici Mgr Guo n’a toujours pas le droit de porter ses insignes épiscopaux : les autorités permettent qu’il revête une simple soutane de prêtre, et chacun de ses déplacements doit être notifié à la police. Ce qui ne l’empêche pas de faire des séjours réguliers en prison.

Néanmoins la situation évolue : Mgr Guo reconnaît que les pressions contre l’Eglise ont diminué au fil des années : « le gouvernement s’ouvre peu à peu, même si on sent encore une certaine fébrilité » conclut-il.

Si un accord était signé entre la Chine et le Vatican, il serait mis fin à un schisme datant de 1957, année de la création de « l’Eglise patriotique » à la solde du pouvoir communiste. Mais à quel prix ? Le mois dernier, le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong-Kong, avait rencontré le pape François pour mettre en garde contre un rapprochement avec Pékin qui se ferait au détriment de l'Eglise "clandestine", fidèle à Rome.

Certains observateurs font un parallèle avec la situation en France au moment du Concordat de 1801, passé entre Napoléon Ier et le Saint-Siège. De nombreux évêques fidèles à Rome avaient dû démissionner afin de trouver une issue au schisme provoqué par la Constitution civile du clergé. Plusieurs évêques, prêtres et fidèles ne parvenant pas à apprécier correctement la situation et à se soumettre à la décision de Pie VII, avaient refusé le Concordat, fondant une « Petite Eglise » schismatique. Pour l'heure, il est trop tôt pour établir un tel parallèle. Comparaison n'est pas raison : Napoléon Ier se présentait comme le restaurateur de l'Eglise et de la religion là où le Parti communiste chinois n'affiche pas d'intentions claires et n'a visiblement pas renoncé à contrôler la religion dans le pays. Le cardinal Zen fait courageusement entendre la voix de tous ceux qui connaissent le régime et ses pressions sur la liberté de l'Eglise. 

[Sodalitium] Un nouvel Évêque catholique - La consécration épiscopale de Mgr Joseph Selway

SOURCE - Sodalitium - 23 février 2018

Le 22 février 2018, en la fête de la Chaire de Saint Pierre à Antioche, au Séminaire de la Très Sainte Trinité à Brooksville (Floride – USA), Mgr Donald Sanborn a conféré la consécration épiscopale à l’abbé Joseph Selway.

Mgr Geert Stuyver, de l’Institut Mater Boni Consilii, était présent à la cérémonie en tant qu’évêque co-consécrateur avec  Mgr D. Dolan.

Notre Institut félicite le nouvel évêque, qui commença ses études à Verrua Savoia, et lui souhaite un fructueux apostolat.

Ad multos annos ! 

Joseph Selway est né en 1978 à Walnut Creek, Californie.  En 1996 il a commencé ses études de séminariste à l’Institut Mater Boni Consilii, à Verrua Savoia, en Italie, puis les a poursuivies au Séminaire Most Holy Trinity, dans le Michigan, sous la direction de Mgr Donald Sanborn.

Il a été ordonné par Mgr Robert McKenna le 8 décembre 2001, en la fête de l’Immaculée Conception. En 2003 l’abbé Selway est parti pour Brooksville, pour enseigner, sous la direction de Mgr Donald Sanborn, à l’École Queen of All Saints Academy et pour assister les Sœurs de St. Thomas Aquinas.

Il est actuellement le vice-recteur du Séminaire Most Holy Trinity, enseigne à la Queen of All Saints Academy à Brooksville, en Floride, et en dessert la chapelle.

mostholytrinityseminary.org/frselwaybio



21 février 2018

[Dominicus - medias-catholique.info] Le sédévacantisme: solution ou diversion?

SOURCE - Dominicus - medias-catholique.info - 21 février 2018

Dominicus est l’auteur d’un «Petit catéchisme du sédévacantisme» qui a provoqué de vifs débats en soulignant les faiblesses de cette théorie. Attaqué dans le dernier numéro d’un bulletin sédévacantiste, il répond ici à nos questions.
• D’abord, mon Père – je ne pense pas trahir un secret en révélant que vous êtes un des Pères dominicains d’Avrillé – qu’est-ce que le «sédévacantisme»?
– C’est la théorie, ou plutôt les diverses théories (contradictoires) voulant que l’Église soit aujourd’hui sans pape. Le siège de l’évêque de Rome serait vacant depuis une cinquantaine d’années, à cause des erreurs enseignées ou favorisées par Paul VI et ses successeurs.
• Et cela vous paraît insoutenable?
–Vatican II a ouvert une terrible crise, où notre premier objectif doit être de garder la foi. Or le grand moyen pour garder la foi en temps de crise a été énoncé par saint Vincent de Lérins dès le 4e siècle: s’accrocher à la tradition. La doctrine, la morale et les sacrements traditionnels ne peuvent pas nous tromper. En revanche, dès qu’on quitte ce terrain pour échafauder des théories essayant d’expliquer la crise, on n’a plus la même sécurité, car on entre dans le domaine des opinions privées. C’est le cas du sédévacantisme.
• On a quand même le droit de réfléchir?
On a surtout le devoir d’être prudent! La crise actuelle est inédite et ne peut donc pas être réglée par deux ou trois «copier-coller». Or on ne s’improvise pas théologien, ni canoniste. Nous devons garder la foi – en nous accrochant à la Tradition et en nous écartant des novateurs – mais personne ne nous a chargés d’instruire le procès des autorités défaillantes. La légitime défense nous donne le droit de nous protéger des prélats dangereux, mais elle ne nous confère pas d’autorité pour les déclarer exclus de l’Église et déchus de leur pouvoir. C’est la parabole du pharmacien, racontée par Mgr Lefebvre: si je constate que mon pharmacien me fournit du poison, je dois évidemment le refuser. C’est une certitude absolue, parce que je n’ai pas le droit de m’empoisonner. Quant à la responsabilité exacte du pharmacien, ce n’est pas mon affaire. Est-il très distrait? myope? incompétent? A-t-il été trompé par un tiers? Est-ce un escroc qui n’a pas réellement son diplôme? Est-ce un assassin volontaire? Est-il subitement devenu fou? Je peux avoir mon avis, mais cela reste secondaire, car je ne suis pas son juge. A mon niveau, je dois refuser le poison et mettre en garde contre l’empoisonneur, mais je ne peux pas déclarer, de ma propre autorité, qu’il n’appartient plus à l’ordre des pharmaciens. Ce n’est pas de mon ressort. Malheureusement, beaucoup de sédévacantistes inversent le problème. Ils veulent à tout prix trancher la question qui ne dépend pas d’eux, et en faire le premier devoir de tout catholique. Ils déclarent de leur propre autorité que Paul VI et Jean-Paul II n’étaient pas papes, et ils en font un dogme, jetant l’injure et l’anathème contre tous ceux qui hésitent à les suivre. C’est une imprudence qui ne résout rien, tout en causant beaucoup de désordre.
• Les sédévacantistes avancent pourtant des preuves?
– Ils n’ont pas de preuve, mais quelques arguments dont aucun n’est décisif. C’est ce que montre le Petit catéchisme du sédévacantisme.
• Justement: le dernier numéro du bulletin La Voix des Francs accuse votre Petit catéchisme de «sophismes» et de «divagations». Que répondez-vous?
– Faut-il vraiment répondre? Ce bulletin prétend démolir «magistralement» (c’est son terme) nos «divagations» (c’est son titre). Mais n’importe qui peut constater qu’il n’affronte pas réellement nos objections. Il passe à côté sans même sembler les voir! Au lieu de les exposer telles qu’elles sont et de tâcher d’y répondre, il les ignore. Il donne le change en remplissant des pages entières de citations (généralement hors sujet), en ajoutant quelques injures et une série de cris victorieux, mais il n’aborde jamais franchement notre réfutation (sinon sur des détails secondaires). Celui qui ne lit que La Voix des Francs aura une idée très déformée de nos positions. Ce n’est pas un vrai débat!
• Voyons de plus près. Votre contradicteur prétend prouver le sédévacantisme par l’argument du «Magistère ordinaire universel»?
– Pour «répondre» aux quelques lignes que nous consacrions à ce sujet, il aligne plus de vingt pages et trouve pourtant encore moyen de taire l’essentiel de notre objection! Rappelons que le «magistère ordinaire universel» est l’enseignement donné par tous les évêques du monde entier. Quand ils sont unanimes sur un point de dogme ou de morale, ils sont couverts par l’infaillibilité, parce que le Saint-Esprit ne peut pas permettre que toute l’Église enseignante se trompe au sujet d’une vérité de foi (sinon, les portes de l’enfer auraient prévalu). Il restera toujours au moins un évêque pour défendre la foi. Cette infaillibilité du magistère ordinaire universel est nécessaire à la survie de l’Église. Assez curieusement, les sédévacantistes prétendent s’en servir pour prouver qu’il n’y aurait plus de pape. En fait, historiquement, leur premier argument était différent. Ils s’intéressèrent d’abord non au magistère ordinaire, mais au magistère extraordinaire. Ils voulaient ranger l’enseignement de Vatican II dans le magistère extraordinaire infaillible (comme les définitions solennelles d’un concile dogmatique). En conséquence, disaient-ils, on ne peut nier l’infaillibilité de Vatican II qu’en niant l’autorité du pape qui l’a approuvé. Mais l’argument n’a pas pu tenir longtemps, parce que Paul VI lui-même a déclaré que Vatican II – concile pastoral – n’appartient pas au magistère extraordinaire infaillible! Pour pouvoir déclarer qu’il n’y a plus de pape, il fallait donc trouver autre chose. Les sédévacantistes se sont alors rabattus sur le magistère ordinaire universel. Les enseignements de Vatican II, disent-ils, ne jouissent peut-être pas de l’autorité d’un concile infaillible, mais ils doivent quand même devenir infaillibles parce qu’ils sont enseignés par tous les évêques du monde. Pour nier cette infaillibilité, il faut donc, à nouveau, nier qu’il y ait un pape.
• Et que répondez-vous?
– Si l’argument était valable, il faudrait conclure non seulement qu’il n’y a plus de pape, mais qu’il n’y a plus d’Église enseignante! C’est ce que disait le Petit catéchisme:

«En réalité, si l’on acceptait cet argument, il faudrait dire que toute l’Église catholique a disparu à ce moment, et que les portes de l’enfer ont prévalu contre elle. Car l’enseignement du magistère ordinaire universel est celui de tous les évêques, de toute l’Église enseignante». [p. 11.]

L’argument du «magistère ordinaire universel» ne peut pas servir à prouver le sédévacantisme, car il ne vaut que si tous les évêques du monde enseignent la même chose. Or si tous les évêques du monde enseignent une erreur, il ne suffit pas de supprimer le pape pour supprimer le problème! On est obligé de conclure que toute l’Église enseignante est dans l’erreur, ce qui est impossible, ou qu’il n’y a plus du tout d’Église enseignante, ce qui est également impossible. L’argument du «magistère ordinaire universel» est ainsi, de toute manière, une impasse.
• Et que répond votre contradicteur?
– Rien. Il ne dit pas un mot de cette objection, et parle d’autre chose pendant vingt pages. Il nous reproche de ne pas avoir suffisamment détaillé les différents aspects du magistère ordinaire universel dans les quelques lignes que nous avons consacrées au sujet. Il détaille donc tout cela (à sa manière) et répète sans se lasser que nous manquons d’honnêteté intellectuelle, que nous prenons nos lecteurs «pour des ignorants et des imbéciles», que nous nous moquons d’eux, que nous occultons la nature des choses, etc. Il y aurait beaucoup à redire sur ces vingt pages, mais à quoi bon, puisque l’auteur n’a même pas effleuré notre objection?
• Il avance quand même un deuxième argument: celui du «pape hérétique»?
– Il propose en effet un deuxième argument. A l’en croire, c’est très simple: le pape qui tombe dans l’hérésie est immédiatement déchu de son autorité, sans aucun avertissement, aucun procès, aucune sentence déclaratoire. Le problème est que cette question est débattue depuis plusieurs siècles dans l’Église, et que de très grands théologiens enseignent tout le contraire! Tous les représentants de l’école thomiste – Cajetan, Jean de Saint-Thomas, Banez, Billuart, Garrigou-Lagrange , etc. – expliquent qu’on ne peut pas abandonner l’autorité papale au libre examen individuel de chacun. Si donc un pape tombait dans l’hérésie, il ne perdrait réellement son autorité qu’au moment où cette hérésie serait publiquement dénoncée par d’autres membres de l’Église enseignante. Nous donnons sur ce sujet, 24 pages de citations d’éminents théologiens (p. 54-78). Il était difficile de ne pas les voir! Mais là encore, notre contradicteur n’en tient absolument aucun compte! Après avoir annoncé à son de trompe qu’il allait réfuter nos «divagations», il développe sa thèse comme si elle était la seule existante et conclut en dénonçant notre «obstination» et notre «schisme lefebvriste». Entre temps, il n’a pas même daigné exposer notre avis à ses lecteurs, ni même citer le nom d’un seul des théologiens dont nous reprenons les explications! Peut-on appeler cela une «réponse»?
• Il s’appuie quand même sur un éminent canoniste (Naz), qui affirme qu’un pape hérétique est immédiatement déchu de son autorité – sans aucun jugement, ni déclaration – et que c’est la doctrine commune des théologiens?
– Quelques auteurs, dont Naz, défendent cette thèse, mais cela n’en fait pas la «doctrine commune». Naz emploie cette expression seulement pour préciser que «d’après la doctrine la plus commune» il est «théoriquement possible» qu’un pape tombe dans l’hérésie. Là-dessus, en effet, la plupart des théologiens sont d’accord. Les difficultés et les débats viennent ensuite: comment peut-on être sûr que le pape est formellement (c’est-à-dire coupablement) hérétique? Et quand, exactement, perd-il son autorité? Autrement dit: peut-on laisser n’importe qui juger, d’après ses lumières personnelles, que le pontife est hérétique et qu’il a ainsi automatiquement perdu son autorité sans la moindre formalité juridique? La plupart des théologiens disent non, parce que ce serait la ruine de toute autorité! Si une question aussi grave que la vacance du siège apostolique est laissée au jugement privé de chaque individu, les conséquences seront désastreuses: aucun conflit doctrinal ne pourra plus être résolu par voie d’autorité, car les condamnés pourront toujours prétendre que le pape était hérétique et donc déchu au moment où il a porté sa sentence! L’infaillibilité du pape, que Jésus a voulu donner comme une garantie absolue à son Église, ne servira plus à rien, puisqu’elle pourra toujours être contournée par cet argument que le pape avait déjà été automatiquement déchu de sa charge pour hérésie. Il n’y aura plus d’autorité incontestable et l’on aboutira au libre examen. Ce que refusent, bien sûr, Cajetan, Jean de Saint-Thomas, Bañez, etc.
• Tous ces théologiens sont dominicains. N’êtes-vous pas en train de vouloir imposer une thèse propre à votre Ordre?
– Lorsque les Carmes de Salamanque et saint Alphonse de Liguori rejoignent les théologiens dominicains sur la question du pape hérétique, il est évident qu’ils ne le font pas parce cette thèse serait dominicaine, mais parce qu’elle est raisonnable et fondée dans la tradition. C’est là-dessus qu’il faut l’examiner. La thèse de Cajetan, Jean de Saint-Thomas (etc.) a été publiquement enseignée dans les plus grandes universités catholiques, pendant des siècles, par les plus grands théologiens et jusque sous les yeux du pape. Elle était alors présentée comme la sentence «commune» ou «plus commune». Elle peut donc, encore aujourd’hui, être tenue en toute sécurité de conscience. Elle peut certes, aussi, être discutée. Il ne s’agit pas d’en faire un dogme. Mais personne ne peut en nier la licéité et anathématiser ceux qui la défendent. C’est pourtant ce que font les sédévacantistes qui veulent à tout prix imposer leur avis comme un dogme.
• Mais en ce cas, la thèse sédévacantiste aussi pourrait être licite?
– Le sédévacantisme est souvent d’abord un sentiment. Les papes conciliaires font souffrir, la crise dans l’Église est angoissante, et l’émotion peut troubler le jugement. Certains réagissent comme cet enfant qui découvre subitement que son père a commis un crime et qui ne peut surmonter ce choc qu’en s’écriant brusquement: «Eh bien non, c’est trop horrible, cet homme n’est pas mon père!». C’est un moyen d’atténuer la douleur, mais, sur le fond, cela ne règle rien. Tant que le sédévacantisme reste au niveau du sentiment personnel ou de l’opinion privée, il n’a rien d’illicite, au vu des circonstances présentes. Mais il n’est pas prouvé. Il n’est qu’une hypothèse parmi d’autres, et pas la plus probable. Il est indu d’en faire un dogme et dangereux d’en faire un drapeau. Attendons paisiblement que l’Église tranche, un jour, ces questions qui nous dépassent. Et mobilisons plutôt nos forces pour garder la foi, l’espérance et la charité.
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Dominicus, Le Sédévacantisme (brochure regroupant diverses études sur le sujet, notamment le Petit catéchisme du sédévacantisme et la traduction de l’importante étude de Jean de Saint-Thomas sur la question du pape hérétique), Avrillé, éditions du Sel, 2015, 80 p.