26 février 2019

[Paix Liturgique] Plus de 100 millions de fidèles catholiques dans le monde souhaitent vivre leur foi catholique au rythme de la liturgie traditionnelle - situation de la liturgie traditionnelle dans le monde a la fin de l’année 2018: les fidèles

SOURCE - Paix Liturgique - lettre n°684 - 26 février 2019

Après avoir constaté que la Messe Traditionnelle était désormais célébrée dans près de 80 pays et démontré que plus de 4500 prêtres catholiques célébraient la messe selon l’usus Antiquor nous abordons dans cette lettre la question du nombre de fidèles catholiques qui,  dans le monde , sont attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise. Nous avons demandé à Christian Marquant de nous présenter les résultats de l’enquête qu’il a communiqué lors des journées Summorum Pontificum de Rome le 26 octobre 2018
Q– Nous allons aborder, dans cette troisième partie de notre bilan, la question des fidèles attachés à la messe traditionnelle
CM –Pour répondre à cette question il va nous falloir suivre le cheminement qui a été le nôtre du temps d’Oremus à aujourd’hui. Rappelons qu’il y a 30 ans les autorités ecclésiastiques ne voulaient pas reconnaitre que nous existions réellement… De ce fait, il nous a fallu mettre en œuvre une réflexion et des moyens qui, en plus de trois décennies, nous ont permis d’estimer justement aujourd’hui le nombre de fidèles catholiques qui dans le monde sont attachés à la liturgie traditionnelle.Tout d’abord, il nous a fallu réfléchir pour obtenir une réponse satisfaisante pour la France… et le reste du monde a suivi !
Q – Comment avez-vous procédé ?
CM – Nous avons dans un premier temps fait sur la France l’inventaire du nombre de messes traditionnelles afin d’établir le nombre de fidèles qui y assistent.
Q – Vous obtenez ainsi le nombre exact des fidèles pratiquant la forme extraordinaire ?
Non, mais seulement un premier chiffre. Vous savez que la messe traditionnelle est très peu célébrée par rapport à la messe selon la forme ordinaire. Cela est vrai pour la France mais encore plus vrai dans de très nombreux pays. De ce fait, de très nombreux fidèles éloignés des chapelles traditionnelles ne peuvent assister à ces célébrations qu’irrégulièrement. De plus, désormais, beaucoup de catholiques, même attachés à la messe traditionnelle, ne pratiquent pas tous les dimanches, soit parce qu’ils sont influencés par le laxisme ambiant, soit au contraire parce qu’ils préfèrent ne pas assister à la messe et la lire dans un missel, quand ils ne peuvent assister à la messe ancienne, la nouvelle leur étant trop difficile à supporter. Il faut donc corriger le noyau de fidèles comptabilisés un dimanche en tenant compte de ces deux paramètres.
Q – Les desservants ont–ils conscience de cela ?
CM – Bien sûr ! Même si tous ne savent pas bien l’appréhender. Pour moi, si l’on tient compte des éléments que j’ai évoqués, le total des pratiquants d’un dimanche donné doit être multiplié en moyenne par 3 si l’on veut mesurer le nombre réel de pratiquants attachés à une chapelle donnée. Surtout si l’on veut tenir compte des pratiquants très irréguliers qui ne vont à l’église que pour les très grandes fêtes comme Noel et Pâques ou bien pour les Rameaux qui interpellent encore de nombreux semi pratiquants.
Q – Combien cela fait–il pour un pays comme la France ?
CM – Si l’on estime qu’il y a en France environ 450 chapelles où est célébrée la messe traditionnelle et que l’assemblée moyenne y est  de 150 fidèles nous avons une base  de pratiquants présent d’au minimum de 67 500 fidèles pour un dimanche ordinaire.
Q – C’est ce chiffre que vous corrigeriez ?
CM – Bien sûr ! En lui appliquant le multiplicateur 3 – c’est–à–dire que si l’on estime que chaque dimanche se sont 67 500 fidèles qui assistent à une messe traditionnelle en France il est légitime de penser que les pratiquants de ces chapelles représentent un minimum de 200 000 fidèles catholiques.
Q – C’est assez peu.
CM – Oui c’est peu eu égard au 40 millions de français qui se déclarent catholiques, mais n’oublions pas que parmi ces 40 millions seulement environ 2,4 millions peuvent être considérés comme des pratiquants « réguliers » selon des critères proches de ceux que nous avons retenus pour obtenir le nombre des pratiquants « tradis » en France. Cela signifie que nos 200 000 fidèles qui fréquentent la liturgie traditionnelle pourraient représenter aujourd’hui environ 8 % des pratiquants français ce qui est loin d’être ridicule.

Mais l’on ne peut en rester là et c’est pourquoi on ne peut se contenter de ce type de comptage. En effet, dans mon propos précèdent, j’indiquais que le nombre de chapelles où est célébrée la messe traditionnelle est si modeste que nous devons tenir compte non pas seulement des fidèles qui assistent aux messes « extraordinaires » mais aussi de ceux qui le souhaiteraient mais ne peuvent normalement le faire.
Q – Il existe pourtant aujourd’hui des moyens de transport qui rendraient cette participation possible par tous
CM – En théorie vous avez raison mais seuls quelques rarissimes fidèles, que l’on pourrait assimiler à des héros, peuvent faire ce choix. L’immense majorité des fidèles attachés à la messe traditionnelle sont des femmes et des hommes certes motivés mais qui, pour des raisons multiples – âge, familles nombreuses, faibles moyens financiers, obligations familiales ou sociales, etc. –  ne peuvent pas raisonnablement faire ce choix. Une part d’entre eux, aussi, sont des « Silencieux de l’Eglise ».
Q – « Silencieux de l’Eglise » : qu’est–ce à dire ?
CM – Ces « Silencieux » sont ces catholiques qui ne se sentent pas à l’aise avec les innovations imposées dans l’Eglise depuis 50 ans en matière catéchétique ou liturgiques. Ils n’ont pas l’habitude de contester ou de s’exprimer auprès de leurs autorités et ils se contentent de suivre en traînant les pieds et en attendant des jours meilleurs qui verront, ils l’espèrent, les choses du culte davantage en harmonie avec leur instinct spirituel et doctrinal, qui est à mon sens l’instinct de la foi.
Q – Mais alors ces Silencieux ne s’expriment jamais ?
CM – Ils ne s’expriment plus, ou pas très fort, et pour cause. Chaque fois que j’ai approché certains de ces fidèles, j’ai constaté qu’au début des innovations, dans leurs paroisses, ils ont fait savoir à leur curé leurs souhaits et leurs désagréments, mais que, dans la mesure où le plus souvent ils ont été violemment rabroués comme des tenants du passé, des rétrogrades, des nostalgiques, ils ont le plus souvent préférés se taire… ou partir.
Q – Vous croyez que la chute de la pratique religieuse vient de cela ?
CM – Ce serait tout à fait exagéré de réduire le phénomène de la chute de la pratique religieuse en Occident à ce seul motif. La principale raison, selon l’historien Guillaume Cuchet, est dans le sentiment généralisé que le Concile avait effacé tout devoir absolument obligatoire de la vie des catholiques. Mais il y a eu aussi un aspect de désamour des fidèles envers leur Eglise depuis le Concile, notamment envers le bâtiment-église : un autre historien, Luc Perrin, a montré à quel point les bouleversements de l’espace cultuel avait décontenancé les fidèles pratiquants. Il est par ailleurs notoire qu’un nombre non négligeable de catholiques ont cessé de pratiquer, en fuyant la révolution liturgique, parce qu’on leur avait « changé la religion ». En vérité, tous ces motifs se recoupent : le clergé conciliaire, de haut en bas, a voulu imposer une nouvelle manière de prier et de croire, ce qui, en dehors du jugement de fond qu’on peut porter sur cette novation, n’a pas du tout fonctionné du côté des fidèles. Etait-ce une hérésie ? C’est bien possible. En tout cas, c’est indiscutablement un échec total avec une pratique religieuse  réduite désormais à moins de 2% des baptisés en France  !
Q – Mais, pardonnez-moi d’insister, comment pouvez–vous mesurer l’importance de fidèles silencieux qui par définition ne s’expriment pas ?
CM – Ils ne s’expriment pas très fort, mais ils s’expriment, surtout si on leur en donne l’occasion. Depuis les années 70 en France, c’est–à–dire depuis l’imposition brutale de la réforme liturgique dans nos paroisses, nous avons eu plusieurs occasions de rencontre, voire de mesurer ce désamour.

En fait, ce terme de « Silencieux » avait été inventé par Pierre Debray, un homme épatant, un converti et un tribun magnifique, qui avait donné à son mouvement le nom de « Silencieux de l’Église ». Pierre Debray, quant à lui, parlait très fort à la place des autres ! Il avait réuni une « Assemblée des Silencieux de l’Eglise », à Versailles, en novembre 1970, dont le succès eut du faire réfléchir les spécialistes en sociologie religieuse. Mais ceux-ci restèrent longtemps aveugles, malgré tous les signaux qu’ils pouvaient détecter.

Notamment celui-ci : en 1976, au milieu d’un été où l’on parlait beaucoup de Mgr Lefebvre qui venait d’être frappé par une première sanction, le quotidien de Lyon, Le Progrès, commandita un sondage d’opinion à l’organisme Ipsos au sujet de cette « Affaire Lefebvre ». Les résultats furent assez extraordinaires – nous allons d’ailleurs republier l’intégralité de ce sondage historique dans une prochaine Lettre de Paix Liturgique. J’en retiens ici deux éléments :

  • 28 % des catholiques sondés approuvaient la décision de Mgr Lefèvre d’ordonner des prêtres sans mandat romain.
  • Et surtout, 48 % des catholiques pratiquants estimaient que « L’Eglise d’aujourd’hui, à force de réforme, était allée trop loin » …
Le Cardinal Renard, archevêque de Lyon à l’époque, interrogé par les journalistes du Progrès s’avouait surpris pas ces chiffres. Mais à notre connaissance cela n’eut pas pour effet pour nos évêques d’entreprendre d’autres enquêtes, ou encore de créer une commission au sein de la conférence épiscopale de France. A l’époque, de toute façon, les responsables ecclésiastiques étaient incapables de voir cette réalité : ils savaient eux, et eux seuls, ce qui était bien pour l’Eglise et pour les chrétiens, et rien n’aurait pu les détourner de leur grand dessein réformateur.

Vous comprendrez que notre désir, tout au contraire, était grand d’essayer d’en savoir plus sur ces « Silencieux » que nous côtoyions souvent et d’essayer de le mesurer au début du troisième millénaire, 35 ans après la fin du concile.
Q – Qu’avez–vous fait ?
D’autres sondages. C’est en effet dans ce conteste qu’Oremus – Paix Liturgique s’est lancé dans l’aventure de ses sondages. Rappelons néanmoins que c’est un domaine qui nous était étranger et que nous n’avions de cette pratique aucune expérience. De plus cette aventure s’avérerait très couteuse, certains amis allaient jusqu’à nous dire de ne pas nous y aventurer car le principe même des sondages aurait été malsain… (alors que cette méthode est celle communément utilisé par nos adversaires).

C’est donc en 2001 que nous franchîmes le Rubicon – le terme est à peine exagéré, compte tenu des résultats époustouflants que nous avons recueillis, à long terme, un véritable coup d’Etat, ou coup d’Eglise – et que nous engageâmes notre premier sondage en France auprès d’Ipsos. Puis nous avons renouvelé l’expérience en France en 2006 et en 2008, au moment de la venue du Pape Benoit XVI en France, en sollicitant les deux fois les services de CSA.

N’entrons pas ici dans les détails. Ceux–ci sont rapportés dans nos livrets que tous peuvent nous demander. Restons aux résultats. Notons tout d’abord que les résultats des trois sondages sont globalement identiques, ce qui indique une grande stabilité des positions.

Je ne signalerais ici que 3 chiffres parmi les résultats :

- a/ En gros 30% des catholiques pratiquants iraient volontiers à la messe « extraordinaire », si celle–ci était célébrée dans leurs paroisses.

- b/ Les deux tiers des catholiques trouvent normale la cohabitation des deux formes du rite dans leur paroisse.

- c/ Les opposants à cette pluralité liturgique (c’est-à-dire à la reconnaissance du droit de cité à la forme traditionnelle)  représentent moins d’un tiers des catholiques), alors qu’ils tiennent encore les rênes des paroisses et des structures du catholicisme français, s’opposant puissamment à des mesures d’apaisement.
Q – Quelle leçon tirez–vous de ces résultats ?
CM – Le résultat le plus important est que l’on peut désormais  compter ces « Silencieux » : ce sont finalement ces 30% des paroissiens qui désirent assister à la messe traditionnelle DANS LEURS PAROISSES.

Chiffres qui, si nous les reportons à la méthode de la mesure des fidèles traditionnels par rapport à la pratique constatée, fait que ce ne sont plus 200 000 fidèles qui sont attachés à la messe traditionnelle en France mais au moins 25 % des catholiques de France soit au moins une dizaine de millions de Français ! Ce qui change tout.
Q – Comment en êtes–vous venu à mettre en œuvre des Sondages hors de France ?
CM– Nous en avions assez d’entendre les ennemis de la Paix nous rebattre les oreilles en affirmant que le phénomène traditionnel était une affaire strictement franco–française. Car nous savions par nos amis d’Italie et d’ailleurs que ce mouvement était dynamique dans la plupart des pays du monde catholique. Nous étions à ce moment en relation avec nos amis du blog italien « Messainlatino»* à qui nous avons proposé de lancer un sondage similaire en Italie.

Il faut dire que, en dehors de « Messainlatino » bien sûr, l’ensemble de nos amis en Italie cherchaient à nous dissuader, nous affirmant que leur pays n’était pas la France et que les résultats y seraient mauvais voir catastrophiques… Bref, un vrai syndrome de Stockholm !

Nous lançâmes néanmoins une enquête d’opinion en 2009, en partenariat avec nos amis de « Messainlatino », auprès de l’institut Doxa. Je passe les détails … Les résultats furent encore meilleures qu’en France :
- 71 % des italiens « Trouvaient normal la célébration des deux formes du rite dans leurs paroisses » ;
- et plus de 60% des catholiques pratiquants affirmaient souhaitaient assister à la messe traditionnelle DANS LEUR PAROISSE.
Q – C’est alors que vous avez décidé de poursuivre cette campagne ?
CM – En effet, et seuls les aspects économiques nous interdirent de le faire rapidement. Néanmoins, entre 2010 et 2017 nous fîmes réaliser des sondages semblables dans 7 pays, à savoir en Allemagne, au Portugal et en Grande–Bretagne en 2010, puis en Suisse et en Espagne en 2011, enfin en Pologne et au Brésil en 2017.
Q – Pour quels résultats ?
CM – Pour des résultats identiques, parfois meilleurs qu’en France, JAMAIS MOINS BONS.

Par exemple, dans le très sinistré, liturgiquement parlant, Portugal, les résultats furent extraordinaires (30 % des catholiques pratiquants assisteraient volontiers CHAQUE SEMAINE A LA LITURGIE TRADITIONNELLE et 25% de plus au moins une fois par mois…).

Vous pouvez retrouver tous les détails de ces enquêtes dans nos livrets…

Le résultat, au total, le plus spectaculaire est que dans les 10 pays où nous avons effectué des sondages l’on trouve un minimum de 25 % des fidèles qui souhaiteraient vivre leur foi catholique au rythme de la liturgie traditionnelle dans leurs paroisses.
Q – Qu’est–ce que cela signifie ?
CM – Concrètement cela signifie que de par le monde 25 % des catholiques ont un attrait pour la liturgie traditionnelle, qu’ils ne connaissent généralement que par des contacts épisodiques ou par ouï-dire, et qu’ils sont très insatisfaits de la liturgie qu’on leur sert, si vous permettez l’expression.

Or, si l’on s’en tient au statistiques du Vatican, les catholiques latins sont aujourd’hui 1 299 000 000 de fidèles**. L’on pourrait estimer qu’un quart d’entre eux constituent en puissance le peuple Summorum Pontificum.

Même si l’on ne retenait qu’une fraction de ce chiffre en le réduisant à 10 % nous aurions sur la planète au minimum 130 millions de catholiques qui attendraient de manière plus ou moins expresse qu’on leur donne une liturgie « comme avant » ou, s’ils sont mieux informés, que leurs pasteurs appliquent le motu proprio proclamé par Benoit XVI le 7 juillet 2007.
Q – Mais ne croyez–vous pas que cet attrait ne concerne que les fidèles de la vielle Europe ?
CM – Détrompez-vous, ils sont plus catholiques que nous ! En 2017 nous avons réalisé en dehors de la vieille Europe un sondage au Brésil dont les résultats sont plus favorables envers la messe traditionnelle que ceux qui se sont révélés en France.

Mais votre interrogation est aussi la nôtre : c’est pour cela que nous venons de commanditer un sondage en Corée, l’admirable Corée catholique, dont nous publierons bientôt les résultats. Je peux déjà vous dire qu’ils sont aussi bons que ceux entrepris en Europe ou au Brésil. Ce qui nous permet d’affirmer clairement que notre approximation mondiale n’est pas infondée et qu’il serait erroné de ne vouloir l’appliquer qu’à la vielle Europe. C’est le monde entier qui attend un renouveau liturgique!
Q – Avez–vous l’intention de poursuivre vos sondages ?
Oui, si la Providence nous aide à trouver de généreux donateurs qui nous le permettront. En moyenne un sondage du type de ceux évoqués ci–dessous nous reviennent à 7500€. Déjà, nous avons lancé (à la demande du Cardinal Raymond Burke) un sondage aux Etats–Unis. Nous prévoyions au moins un sondage au Mexique, un autre en Asie…

Il y a aussi les pays où la situation économique rend difficile la réalisation de sondage. Je pense notamment à la plupart des pays d’Afrique. Aussi avons–nous le projet de réaliser des voyages missionnaires vers les pays où la messe traditionnelle n’est pas encore présente, mais où nous avons l’intuition que des « silencieux » attendent.
Q – Ces voyages missionnaires sont–ils pour vous encore un projet ou une prochaine réalité ?
CM – Nous avons déjà entrepris plusieurs voyages de ce type, que nous présenterons dans de futures lettres. Je vais vous donner un exemple. En janvier 2018, nous avons réalisé une mission d’exploration en Angola, un pays où aujourd’hui n’est pas célébrée la messe traditionnelle (n’est plus célébrée plutôt , car elle l’était jadis). Je peux vous dire que nous avons trouvé dans ce pays de nombreux fidèles et des prêtres qui aspirent à cette célébration. Nous avons découvert que la Fraternité Saint–Pie X avait l’intention de s’y installer prochainement… Bien évidement nous aiderons ces Angolais à pouvoir bénéficier de la messe traditionnelle et nous espérons que ce pays fera partie dans notre Bilan 2019 des pays où est célébrée la messe extraordinaire.
Q – En Conclusion ?
CM – Saint Thomas dit que tout homme venant dans le monde est ordonné à l’Eglise. C’est pourquoi tout chrétien doit être un missionnaire. Parlant de liturgie, je dirais que, de manière plus directe, tous les catholiques romains ont nécessairement – s’ils sont encore catholiques – la nostalgie de la liturgie romaine dans sa plénitude.

Plus concrètement encore, les fidèles qui aspirent à la liturgie traditionnelle ou qui lui sont attachés sont certainement plus de 100 millions sur la planète. J’exagère ? Croyez-moi : les lunes conciliaires sont de plus en plus vieilles, et l’on pourrait bientôt voir dans l’Eglise des « retours » étonnants. En tout cas, vous verrez que dans les dix ans à venir la messe traditionnelle sera célébrée dans tous les pays qui possèdent une communauté catholique latine. Par conséquent, la question immédiate qui se pose n’est donc pas celle de savoir combien sont les fidèles « silencieux » de par le monde, mais comment nous allons, nous tous, prêtres et laïcs, parvenir à aider ces prêtres et laïcs, nos frères, qui se disposent à en vivre pour leur plus grand bien spirituel et doctrinal et la plus grande Gloire de Dieu.
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* Voir notre lettre 677 MESSAINLATINO AUX ORIGINES D'UNE PRISE DE CONSCIENCE TRADITIONNELLE EN ITALIE 
**  Annuaire statistique de l’Eglise 2016 , Libreria Editrice Vaticana , 2018 – Voir la pages 17 à 19.

24 février 2019

[FSSPX news] Communiqué du Supérieur général de la FSSPX : la vraie fraternité

SOURCE - FSSPX Actualités - 24 février 2019

Le 4 février 2019, le pape François signait avec le Grand Imam de la mosquée du Caire un Document sur la Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune.

Un Christ œcuménique ne saurait être le véritable Christ. Depuis plus de cinquante ans, l’œcuménisme moderne et le dialogue interreligieux n’en finissent pas de présenter au monde un Christ diminué, méconnaissable et défiguré. 

Le Verbe de Dieu, le Fils unique du Père, la Sagesse incréée et éternelle a pris chair, il s’est fait homme ; devant ce fait historique, personne ne peut rester indifférent : « Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi disperse » (Mt 12, 30). Par le fait de l’Incarnation, le Christ est devenu le grand Prêtre de la nouvelle et unique alliance et le Docteur qui nous annonce la vérité ; il est devenu le Roi des cœurs et des sociétés et « le premier-né d’un grand nombre de frères » (Ro 8, 29). Ainsi, la vraie fraternité n’existe qu’en Jésus-Christ, et en lui seul : « car il n’y a pas sous le ciel un autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4, 12).

C’est une vérité de foi que le Christ est Roi de tous les hommes, et qu’il veut les réunir dans son Église, son unique Épouse, son seul Corps mystique. Le royaume qu’il instaure est un règne de vérité et de grâce, de sainteté, de justice et de charité, et en conséquence pacifique. Il ne peut y avoir de vraie paix hors de Notre Seigneur. Il est donc impossible de trouver la paix en dehors du règne du Christ et de la religion qu’il a fondée. Oublier cette vérité, c’est bâtir sur du sable, et le Christ lui-même nous avertit qu’une telle entreprise est destinée à périr (cf. Mt 7, 26-27).

Le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune, signé par le pape François et le grand imam d’Al-Azhar, n’est qu’une maison bâtie sur du sable. C’est de plus une impiété qui méprise le premier commandement de Dieu, et qui fait dire à la Sagesse de Dieu, incarnée en Jésus-Christ mort pour nous sur la Croix, que « le pluralisme et la diversité des religions » est « une sage volonté divine ».

De tels propos s’opposent au dogme qui affirme que la religion catholique est l’unique vraie religion (cf. Syllabus, proposition 21). S’il s’agit d’un dogme, ce qui s’y oppose porte le nom d’hérésie. Dieu ne peut pas se contredire.

A la suite de saint Paul et de notre vénéré fondateur, Mgr Marcel Lefebvre, sous la protection de Notre Dame, Reine de la Paix, nous continuerons à transmettre la foi catholique que nous avons reçue (cf. 1 Co 11, 23), en travaillant de toutes nos forces au salut des âmes et des nations, par la prédication de la vraie foi et de la vraie religion.

« Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé » (Mt 28, 19-20). « Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné » (Mc 16, 16).

Le 24 février 2019

Abbé Davide Pagliarani, Supérieur général
Mgr Alfonso de Galarreta, Premier Assistant
Abbé Christian Bouchacourt, Second Assistant

23 février 2019

[Persecutor mendacii omissione] Louis XVII et l’apostasie de la France

SOURCE - Persecutor mendacii omissione - 23 février 2019

Aborder la question de Louis XVII est ouvrir une boîte de Pandore. A condition de ne pas se contenter des sentiers battus, ce que Monsieur Fromentoux semble avoir préféré dans la rubrique « vie et mort des rois très chrétiens » de la revue Fideliter de janv.-févr. 2019 qui ne réserve donc aucune surprise, n’apporte aucun élément nouveau et sérieux. Si l’on reproche (à tort ou à raison) aux « survivantistes » de ne s’appuyer sur aucune preuve valable, on peut en dire autant de la thèse de l’auteur de cet article. Après avoir rappelé la mesure connue de tous et ignoble prise, en janvier 1794, à l’encontre de cet enfant-roi dans la prison du Temple consistant à le priver totalement de toute compagnie qu’elle soit familiale ou que soit même celle des Simon démis et non remplacés (conditions idéalement favorables à d’éventuels enlèvement, substitution etc.), et après avoir affirmé qu’à partir de là il n’y aurait plus aucune certitude le concernant, il part dans un long développement purement conjecturel mais s’alignant finalement sur la thèse très officielle de la mort du jeune prince au Temple (en la situant logiquement entre le 15 janvier 1794 et le 8 juin 1795 puisqu’il admet la possibilité de substitution(s)). Comme si l’absence de certitudes devait être admise comme un fait définitivement acquis ou ne devant pas être remis en cause : aberration en histoire !

Car qu’en est-il réellement? Non seulement, en « nous en tenant aux faits dûment reconnus. La vérité historique d’un passé que nous n’avons pas vécu ne nous vient que par témoignage: ce qu’il importe donc d’établir, c’est la valeur du témoin, déterminant celle de son affirmation orale ou écrite (…) Il faut donc tout d’abord remonter aux sources puis tâcher de suivre le cours des événements en les dégageant des interprétations fantaisistes rencontrées» [1]. Certes (M. de La Palice n’aurait pas dit mieux) mais [2] en tenant aussi compte de ce que la sincérité ou l’objectivité parfaites ne sont jamais absolument sûres du côté du témoin direct comme de l’historien qui en fait usage ; et cela encore plus en période révolutionnaire et dans une affaire qui est clairement un secret d’Etat jalousement gardé dont on peut légitimement craindre que les documents originaux, même paraphés par des officiers assermentés, puissent être falsifiés (ce que semble admettre M. Fromentoux en envisageant la mort de Louis XVII avant la date du 8 juin donc à l’encontre des rapports officiels des gardiens et des médecins : dommage qu’il n’ait pas osé aller plus loin sur cette voie !). Sinon on tombe dans un pur formalisme (et la solution de facilité, bien sûr celle adoptée par la plupart) qui n’a plus rien à voir avec la recherche véritable de la vérité ou de la réalité historique. Ce qui importe donc, au moins pour la science historique où il n’y a pas de certitude mathématique, n’est pas tant la découverte de tel ou tel témoignage isolé (non absolument fiable) que le recoupement ou la confirmation mutuelle de sources multiples et les plus nombreuses possible, que preuves ou indices soient de première ou de seconde main ; et est de parvenir ainsi au degré de probabilité ou de certitude le plus élevé possible : on ne peut prétendre à plus en histoire!

Or, sur cette question, nous osons affirmer qu’en voulant s’en donner vraiment la peine (ce qui nécessite de lire beaucoup [3] sans ostracisme mais avec objectivité et esprit critique) on peut parvenir à un très haut degré de probabilité (certitude historique) que Louis XVII soit sorti vivant et définitivement du Temple. Ne serait ce que par les témoignages convergents et confondants d’un bon nombre d’anciens intimes de la famille royale (totalement occultés par M. Fromentoux) qui purent seuls, de ce fait, l’avoir reconnu, à partir de 1833 et malgré un nom d’emprunt, à une multitude de détails dont la probabilité d’être connus ou devinés par de non intimes est on ne peut plus proche du zéro absolu ! Leur valeur est telle que l’identité et le nom (Bourbon) réels de ce faux inconnu fut défendue (pour ses descendants) devant les tribunaux français (en 1874) par le républicain notoire Jules Favre, qui plus est membre éminent de plusieurs ministères de la IIIème république ! Vérité qui fâchait si peu certains…, sans doute très haut placés (comme le roi « des Français » Louis-Philippe…), qu’ils envoyèrent, alors, leurs sbires à sa poursuite pour l’assassiner jusque dans les divers pays d’Europe où il devait se réfugier, échouèrent de peu à plusieurs reprises jusqu’à la dernière qui fut fatale (1845). A cette certitude doit corrélativement correspondre un degré équivalent d’incertitude sur la validité de l’acte officiel de décès de l’enfant du Temple affirmant qu’il s’agit du petit roi, ce qu’on peut démontrer sans grand mal. « Contra factum non fit argumentum » ! Contre tous ces faits très avérés (mais ignorés, occultés ou déformés par la plupart des historiens patentés) viennent se fracasser ou paraissent vains tous les arguments ou soi-disant preuves contradictoires, en apparence (cf., par ex., les analyses biologiques rappelant celles au carbone 14 sur le Suaire de Turin…), visant à conclure à l’invraisemblance donc abusivement à l’impossibilité. Combien de fois les jugements, diagnostics ou pronostics des sages selon le monde sont-ils battus en brèche par le réel ?! Car nul, en dehors de Dieu, ne peut prétendre sonder parfaitement reins et cœurs capables de nous réserver bien des surprises… 

L’attitude de bien des complices dans cette affaire le confirme, à commencer par celle de certains pontes de la Révolution qui avaient un intérêt commun avec des puissances étrangères (comme la puissance montante prussienne [4] farouchement anticatholique et anti-capétienne) à ne pas laisser régner cet enfant tout en le conservant précieusement à leur merci ; d’où l’échange probable enfant - non intervention de ces puissances contre la Révolution [5]. Puis celle du comte de Provence (Louis XVIII) dont on peut, encore avec une forte probabilité, prouver que, bien qu’ayant eu connaissance de la survivance (sous bonne garde!) de Louis XVII, il usurpa néanmoins le trône par ambition et opportunisme fort peu reluisants. Enfin celle des élites, les hautes noblesse et bourgeoisie, qui ne pouvaient totalement ignorer les manigances du pouvoir en place, commises par certains des leurs, au sujet du fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, et dont l’absence de réaction efficace pour la défense du souverain légitime (déjà pour Louis XVI puis pour Louis XVII) est évidente et dont on peut dire que ses causes furent très probablement la crainte d’un retour à l’absolutisme de l’Ancien Régime (que ne fut pas la « Restauration ») tout spécialement en matière religieuse, l’engouement nouveau pour la démocratie (donc pour la monarchie dite constitutionnelle établie à la « Restauration »). Ce dernier fut, au départ et au cours du XVIIIème, insufflé, avec les principes libéraux et rationalistes contraires à la foi catholique, par des officines secrètes en beaucoup de ces esprits avant de se révéler au grand jour avec la Révolution ; et, malgré tous les excès de celle ci, a perduré au cours du XIXème jusqu'à nos jours, notamment parmi les «bons» catholiques… D’où les connivences et accords secrets probables entre ceux qui précédent, Prusse comprise et surtout le futur Louis XVIII prêt à tout pour accéder au pouvoir. Une belle preuve que ces soi-disant sages sont loin d’être infaillibles dans leurs manigances est ce jugement a posteriori et perspicace de G. Hanotaux auquel on ne peut que souscrire : « la bourgeoisie légiste, qui (…) a joué un rôle si éminent, avait elle-même, en se séparant du trône et en l’abattant, signé sa condamnation. Ayant cru, non sans raison, voir dans les derniers rois de moins fidèles alliés que leurs prédécesseurs, elle avait abandonné, combattu, renversé le trône. Mais ce faisant, il lui avait fallu faire appel aux passions de la multitude. En vain, ces bourgeois avaient-ils ensuite voulu lui fermer la Cité politique par des constitutions oligarchiques (le Directoire, par ex.). En une heure d’imprudence ces bourgeois avaient proclamé les Droits de l’homme et du citoyen; la Déclaration était devenue la Charte de la Révolution; et la démocratie en sortait toute armée. Le siècle qui s’ouvre (XIXème) va se consumer à la lutte entre les fils de ceux qui ont proclamé les Droits et ceux qui entendront faire de ces droits une réalité. Et la démocratie tentera de dévorer la vieille bourgeoisie qu’aucun trône n’appuiera plus (…)» [6].

L’invraisemblance, à première vue, pouvant donc réellement existé, pourquoi pas celle des deux voyants (Thomas Martin à Gallardon ; Maximin Giraud à La Salette)? Même si leurs rôles dans cette affaire ne furent, certes, pas déterminants puisque leurs révélations (de la survivance de Louis XVII) et interventions auprès des usurpateurs furent vaines. Néanmoins leur vraisemblance peut s’appuyer sur l’analogie avec celles, autant contraires aux prévisions des « sages », de Ste Jeanne d’Arc grâce auxquelles la France fut sauvée de l’emprise anglaise en faisant reconnaître le dauphin Charles comme son seul souverain légitime. Ce qui confirme que la reconnaissance officielle de son autre et seul souverain légitime, le dauphin Charles-Louis (Louis XVII), aurait probablement encore pu la sauver de bien d’autres emprises les deux siècles suivants… Tout cela pour une raison évidente, à savoir sa vocation unique de « fille aînée de l’Eglise » remontant aux origines mêmes de ce royaume afin d’être le fer de lance de cette Eglise pour la défense de ses intérêts les plus élevés dans le monde entier. En effet, la mission de Ste Jeanne d’Arc non seulement empêcha la France de devenir protestante, moins d’un siècle après, mais surtout lui permit de jouer un rôle de premier plan dans le renouveau de l’Eglise que fut la Contre-réforme (principalement par la création des séminaires en France et dans le monde dont devinrent spécialistes plusieurs de ses saints comme St Vincent de Paul). A l’inverse, on ne peut que constater qu’après avoir refusé de suivre les injonctions célestes des voyants susdits pour la reconnaissance de Louis XVII, notre patrie devint toujours plus la proie des ennemis jurés du catholicisme, notamment et aussi moins de cent ans après (fin XIX et début XX) avec la nouvelle et très grave persécution religieuse, encore plus clairement maçonnique, qui est parvenue à rendre notre pays, autrefois si catholique, l’un des plus antireligieux ou areligieux au monde : « corruptio optimi pessima»! [7]

Voila de quel côté penche plutôt la vérité historique ! Ne soyons pas à la remorque des Etat, Université et Ecole républicaines (révolutionnaires) qui cherchent à nous imposer depuis plus de 200 ans leur vision partisane du passé, leur révisionnisme, à commencer pour l’époque elle-même de la Révolution qui, pour eux, est comme celle des Evangiles et des Actes des Apôtres pour nous ! Pour cela il faut effectuer nous-mêmes le travail d’historien véritable ou véridique…
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[1] Avant propos du Prince Xavier de Bourbon dans un ouvrage non survivantiste
[2] contrairement à ce que prône un peu plus bas ce même auteur (car cela sert peut être ses intérêts…) : « Malgré les preuves de la mort les plus évidentes fournies par les documents officiels (…) il en est qui persistent à croire à « l’énigme du Temple » ». Et pour cause !
[3] nous recommandons, parmi beaucoup d’autres, les ouvrages de Ph. Boiry (doyen de faculté), R. Escaich (avocat), Gosselin-Lenotre (rédacteur au Figaro) et J.P. Romain (professeur d’université)
[4] il est avéré de façon très probable que Louis XVII y vécut au moins de 1810 à 1833
[5] comme ils firent pour la sœur de Louis XVII, Madame Royale, ouvertement livrée à l’Autriche en juin 1795, juste après la prétendue mort au Temple de son frère. Livrer ouvertement le dauphin n’était certainement pas possible parce que s’agissant justement du dauphin et que diverses factions se le disputaient au sein des Révolutionnaires comme les partisans de Robespierre (pas nécessairement opposé à le mettre sur le trône mais en l’ayant rééduqué) et de Barras (pas favorable au retour des Bourbons donc favorable à éloigner le dauphin vivant de France pour empêcher tout autre membre le la famille de régner : ce qui ne gênera pas le comte de Provence !)
[6] in « Histoire de la nation française » ( T 4, p 579) à propos des petites révolutions successives du XIX, préludes de la nouvelle grande révolution (communiste) du XX.
[7] « la corruption du meilleur est la pire »

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Les USA fourvoyés

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 23 février 2019

Merci Seigneur ! Si Poutine et Trump travaillent pour la paix,
Empêchez qu’un assassinat ne vienne supprimer l’un ou l’autre !

La semaine dernière, ces “Commentaires” citaient le Président russe Poutine qui, en 2014, accusait les États-Unis d’Amérique d’avoir “ruiné tous les systèmes de sécurité collective dans le monde”. A quoi faisait-il allusion ?

Dans les années 1980, les présidents Reagan pour les des États-Unis et Gorbatchev pour la Russie, réalisant le danger que représentait de chaque côté le stockage d’armes nucléaires capables de d’éradiquer toute vie sur terre, s’entendirent pour conclure des accords visant à réduire les stocks d’armes dont ils disposaient, et pour s’abstenir de produire d’autres armes encore plus dangereuses dont ils ne disposaient pas encore. Ces accords ont apaisé les tensions et ont aidé à maintenir la paix entre les deux nations jusqu’à la fin de la Guerre Froide en 1989 et au-delà ; mais la chute du mur de Berlin et l’effondrement de la Russie soviétique créèrent une situation internationale nouvelle : les États-Unis restaient désormais la seule superpuissance sur la scène internationale. L’Amérique allait-elle avoir la sagesse de ne pas abuser de sa puissance militaire, devenue maintenant écrasante ?

Un certain nombre de dirigeants à l’intérieur des États-Unis ont appelé à une forte réduction des dépenses militaires – un tel budget était-il encore nécessaire ? – Dès 1961, le président sortant Eisenhower, dans son fameux discours d’adieu à la nation, avait déjà mis en garde les citoyens américains contre le “complexe militaro-industriel” de l’État, qui exerçait une trop grande influence sur la politique. Par “complexe militaro-industriel”, il entendait cette alliance triangulaire informelle qui s’était constituée entre les forces armées, l’industrie lourde et le Congrès des États-Unis. Le danger était qu’ensemble, ils cherchent la guerre en vue des immenses profits que leur apporterait la production d’armes coûteuses. En effet, en 2011 les États-Unis à eux seuls dépensèrent pour leurs forces armées plus que les 13 autres nations suivantes ne dépensèrent ensemble.

Le vrai de tout cela, c’est qu’une économie capitaliste prospère grâce à une économie de guerre, lorsque des armes coûteuses sont à produire et qu’il faut les remplacer si elles sont détruites, ce qui entraîne un volant d’affaires d’autant plus important pour les fabricants. Ainsi, à la fin de la Guerre Froide, il y avait au moins trois arguments en faveur du maintien de lourdes dépenses d’armement : les États-Unis devraient toujours être prêts à se défendre contre les menaces qui pouvaient surgir ; l’économie avait besoin de faire du chiffre d’affaires ; et le monde avait besoin d’un gendarme. Dans des limites raisonnables, chacun de ces arguments est recevable. Mais le Plan élaboré par les dirigeants américains (en particulier par Dick Cheney) dans les années 1990 pour conduire la politique américaine n’était pas nécessairement raisonnable : il ambitionnait de permettre aux États Unis de régir le monde entier. Il fallait donc que les États-Unis conservassent une supériorité militaire écrasante et prévinssent l’apparition de nouveaux rivaux susceptibles de les défier sur la scène mondiale. Il s’agissait de dominer tant les amis que les ennemis. L’esprit de ce Plan n’était pas de dire que les États-Unis devaient être puissants ou très puissants, mais qu’ils devaient être d’une puissance absolue. Ce Plan a transformé le désarmement en réarmement (Pour le Plan Cheney voir http://www.informationclearinghouse.info/article1544.htm)

Exprimé en ces termes, ce plan ne traduit-il pas un orgueil dangereux et une ambition démesurée ? Cela devrait être évident pour quiconque connaît un tant soit peu la nature humaine. Sous le Président Clinton (1992–2000), le Plan fut ralenti. Mais dès que Dick Cheney est revenu avec les Républicains au poste de Vice-président, l’idée tordue d’un nouveau Pearl Harbour est apparue : il fallait créer un événement monté de toutes pièces, capable de mobiliser le peuple afin qu’ils soutînt une politique que nul homme sain d’esprit n’approuverait. Et voilà l’événement du 11 septembre, l’un des plus grands mensonges de toute l’histoire, qui ne peut avoir été réalisé que par le gouvernement secret (le véritable “État Profond”), lové à l’intérieur du gouvernement officiel. A l’époque, cet événement a remarquablement réussi à faire avancer le Plan Cheney, car le 11 septembre a immédiatement rendu possible l’invasion militaire de l’Irak, et bien d’autres guerres d’agression qui ont eu lieu depuis. De même, il a permis au plan du gouvernement mondial de faire des pas de géant en avant.

Or, le mensonge porte clairement l’empreinte de Satan. Donc 9/11 prouve qu’il y a sans aucun doute dans le Plan Cheney visant à la domination militaire du monde par les États-Unis au nom de la “démocratie”, quelque chose de satanique. Pour avoir une vision claire de la politique insensée de l’Amérique qui se dirige tout droit vers la troisième guerre mondiale, lisez sur PaulCraigRoberts.org le témoignage très lucide d’un ancien haut fonctionnaire du gouvernement américain sous le président Reagan. Ce haut fonctionnaire était aux premières loges pour observer et admirer comment Reagan et Gorbatchev réussirent à travailler ensemble pour protéger la paix mondiale.

Donc sachons prier pour Trump et pour Poutine. Malgré leurs fautes respectives, tous deux sont sûrement des dons du ciel pour lesquels nous devons être reconnaissants envers Dieu.

Kyrie eleison.

22 février 2019

[FSSPX Actualités] Un cardinal et un évêque répondent au Document d’Abou Dabi

SOURCE - FSSPX Actualités - 22 février 2019

Le pape François et le grand imam d’Al-Azhar,
co-signataires du Document d’Abou Dabi.
Le 9 février 2019, alors que le pape François a cosigné le 4 février un Document « pour la paix mondiale et la coexistence commune », avec le grand imam de l’université d’Al-Azhar du Caire, lors de son voyage aux Emirats arabes unis, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, fait paraître, un « Manifeste pour la foi». 

Il entend « rendre témoignage publiquement à la vérité de la Révélation » : « Les Pasteurs ont l’obligation de guider ceux qui leur sont confiés sur le chemin du Salut. Cela n’est possible que si cette voie est connue et qu’ils la suivent. A ce sujet, voici ce que l’Apôtre affirme : “Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu” (1 Co 15, 3). Aujourd’hui, beaucoup de chrétiens ne sont même plus conscients des enseignements fondamentaux de la foi, de sorte qu’ils risquent toujours plus de s’écarter du chemin qui mène à la vie éternelle ».

Ce Manifeste – sans citer le pape – rappelle que Jésus-Christ est l’unique Sauveur, ce qui est une réponse indirecte au passage suivant de la déclaration cosignée par François et le grand imam d’Al-Azhar : « Le pluralisme et la diversité des religions, des couleurs, des sexes, des races et des langues sont une sage volonté divine par laquelle Dieu a créé les êtres humains. Cette Sagesse divine est à l’origine du droit à la liberté de croyance et à la liberté d’être différents ». Le cardinal Müller déclare : « (…) la première épître de saint Jean présente celui qui nie sa divinité (ce que fait l’islam. NDLR) comme l’Antichrist (1 Jn 2, 22), puisque Jésus-Christ, le Fils de Dieu, est de toute éternité un seul et même Etre avec Dieu, son Père. La rechute dans les anciennes hérésies, qui ne voyaient en Jésus-Christ qu’un homme bon, un frère et un ami, un prophète et un moraliste, doit être combattue avec une franche et claire détermination. Jésus-Christ est essentiellement le Verbe qui était avec Dieu et qui est Dieu, le Fils du Père, qui a pris notre nature humaine pour nous racheter, et qui viendra juger les vivants et les morts. C’est Lui seul que nous adorons comme l’unique et vrai Dieu dans l’unité du Père et de l’Esprit Saint ». 

On a remarqué que le prélat allemand reprenait le verset de saint Paul « j’ai transmis ce que j’ai moi-même reçu » (1 Co 15, 3), qui est celui que Mgr Marcel Lefebvre a voulu sur sa pierre tombale, on pourra aussi noter que le terme antichrist emprunté à saint Jean (1 Jn 2, 22) est celui dont s’est servi Mgr Lefebvre dans sa lettre aux futurs évêques (29 août 1987) où il parlait de « la persécution de la Rome antichrist », précisant la raison de son « opération survie » : « cette Rome, moderniste et libérale, poursuivant son œuvre destructrice du Règne de Notre Seigneur comme le prouvent Assise et la confirmation des thèses libérales de Vatican II sur la liberté religieuse, je me vois contraint par la Providence divine de transmettre la grâce de l’épiscopat catholique que j’ai reçue, afin que l’Eglise et le sacerdoce catholique continuent à subsister pour la gloire de Dieu et le salut des âmes ».

A quoi le fondateur de la Fraternité ajoutait le devoir de fidélité à l’égard de la Rome éternelle : « Je vous conjure de demeurer attachés au Siège de Pierre, à l’Eglise Romaine, Mère et Maîtresse de toutes les Eglises, dans la foi catholique intégrale, exprimée dans les symboles de la foi, dans le catéchisme du Concile de Trente, conformément à ce qui vous a été enseigné dans votre séminaire. Demeurez fidèles dans la transmission de cette foi pour que le Règne de Notre Seigneur arrive ».

Il serait naïf de voir dans ces références scripturaires communes des réminiscences de textes de Mgr Lefebvre chez le cardinal Müller, mais il est intéressant de noter que la confusion générale dénoncée par le premier, il y a 45 ans, amène le second à utiliser aujourd’hui les mêmes références. 

Le Manifeste du prélat allemand se termine sur un Appel pressant où il reprend le « quod et accepi » de saint Paul : « En tant qu’ouvriers envoyés dans la vigne du Seigneur, nous tous avons la responsabilité de rappeler ces vérités fondamentales en adhérant fermement à ce que nous-mêmes avons reçu. Nous voulons encourager les hommes de notre temps à suivre le chemin de Jésus-Christ avec détermination afin qu’ils puissent obtenir la vie éternelle en obéissant à ses commandements.

« Demandons au Seigneur de nous faire connaître la grandeur du don de la foi catholique, qui nous ouvre la porte de la vie éternelle. “Car celui qui a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges” (Mc 8, 38). Par conséquent, nous nous engageons à renforcer la foi en confessant la vérité qui est Jésus-Christ Lui-même ».
Le pape n'est pas le secrétaire général de l'ONU
Le 3 février, le cardinal Müller avait accordé un entretien au journaliste Riccardo Cascioli sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana. Ses réponses éclairent le Manifeste qui devait paraître six jours après. Sur la question de l’homosexualité qui, d’après l’Avvenire (le journal des évêques italiens), ne serait plus l’objet de réprobation morale depuis Amoris lætitia, le prélat allemand répond en élargissant le propos : « Ce n’est pas vrai, mais même si c’était vrai, un document pontifical ne peut changer l’anthropologie enracinée dans la création de Dieu. Il est possible qu’un document pontifical ou le Magistère de l’Eglise n’explique pas assez bien les faits de la Révélation et de la Création, mais le Magistère ne constitue pas la doctrine chrétienne. Il y a une façon de comprendre le Magistère qui n’a rien à voir avec la tradition catholique, on traite le pape comme s’il était un oracle, tout ce qu’il dit devient vérité indiscutable. Mais ce n’est pas le cas : beaucoup de choses sont l’opinion privée du pape, donc des choses qu’on peut discuter. Si le pape disait aujourd’hui que les parties sont plus que le tout, nous aurions changé les structures des mathématiques, de la géométrie ? C’est absurde ! De même que si le pape disait aujourd’hui que nous ne pouvons plus manger de viande animale, les catholiques n’auraient pas l’interdiction de manger de la viande. (…) 

« L’autorité du pape est très limitée. Certains ne voient que son autorité publique, ce qui est rapporté dans les médias, et ils l’utilisent suivant leurs propres opinions, mais en réalité ils n’acceptent pas l’autorité du pape telle qu’elle est fondée dans notre ecclésiologie. (…)

A Riccardo Cascioli qui constate que, pour le 800e anniversaire de la rencontre de saint François d’Assise avec le sultan d’Egypte Malik al-Kamil, on voit « des cours d’islam dans les paroisses et les imams invités à l’église pour expliquer qui est Jésus pour l’islam », le cardinal réplique : « Oui, mais je parie que le curé ne va pas à la mosquée pour expliquer le Concile de Nicée. Pour nous, c’est une offense que de dire que Jésus est seulement un homme, qu’il n’est pas le Fils de Dieu, comment peut-on inviter quelqu’un à l’église pour se faire offenser ? Mais aujourd’hui, dans le catholicisme, il y a une mauvaise conscience envers sa propre foi et on s’agenouille toujours devant les autres. D’abord le jubilé de Luther, maintenant celui de saint François : on les utilise pour protestantiser et islamiser l’Eglise. Cela, ce n’est pas un vrai dialogue, certains d’entre nous ont perdu la foi et veulent se faire esclaves des autres pour être aimés. 

Q. Quel est le problème le plus grave pour l’Eglise aujourd’hui ?

Cardinal Müller : « La relativisation de la foi. Aujourd’hui, il semble compliqué d’annoncer la foi catholique dans son intégrité et avec une conscience droite. Et pourtant le monde d’aujourd’hui mérite la vérité et la vérité est la vérité de Dieu le Père, c’est la vérité de Jésus Christ, la vérité de l’Esprit-Saint. Les faux compromis ne servent à rien à l’homme d’aujourd’hui. Au lieu de proposer la foi, d’éduquer les gens, d’enseigner aux gens, on a toujours tendance à relativiser, on dit toujours un peu moins, moins, moins, moins... Un exemple : au lieu de clarifier le sens du mariage, l’indissolubilité, on cherche des exceptions, on va en arrière ; au lieu de parler de la dignité du sacerdoce, sa gloire, la splendeur de la vérité des sacrements, on réduit tout à une occasion d’être ensemble. Il y a une horizontalisation du christianisme, on le réduit de manière à plaire aux gens d’aujourd’hui, mais ce faisant, on trompe les gens. Quand nous nous trouvons avec des personnes d’autres religions, nous ne pouvons pas nous unir dans une foi vague. La foi est alors réduite à une foi philosophique, Dieu à un être transcendant, et ensuite nous disons qu’Allah ou Dieu le Père de Jésus Christ sont la même chose. De même, le dieu du déisme n’a rien à voir avec le Dieu des chrétiens. »

Q. Le pape insiste beaucoup sur le concept de fraternité universelle. Comment doit-elle être entendue pour éviter cette confusion ?

Cardinal Müller : « Je n’ai pas aimé tous ces éloges des francs-maçons adressés au pape. Leur fraternité n’est pas la fraternité des chrétiens en Jésus-Christ, elle est bien inférieure. Nous ne pouvons pas prendre comme mesure de la fraternité celle qui vient de la Révolution française, qui est une idéologie, comme le communisme. Qui définit qui est mon frère ? Nous sommes frères entre nous parce que nous sommes enfants de Dieu, parce que nous acceptons le Christ qui s’est fait homme. C’est cela, le fondement de la fraternité. (…)

« Si nous n’élevons pas la fraternité naturelle de l’homme à la fraternité en Jésus-Christ, nous rejetons la dimension surnaturelle et naturalisons la grâce. Une religion universelle n’existe pas, il existe une religiosité universelle, une dimension religieuse qui pousse chaque homme vers le mystère. On entend parfois des idées absurdes, comme celle du pape “chef d’une religion universelle”, mais c’est ridicule. Pierre est pape par sa confession ou profession de foi : “Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant”. C’est le pape, pas le chef de l’ONU ! »

L’allusion du cardinal Müller aux éloges adressés au pape François par les francs-maçons fait référence aux remerciements qu’il a reçus de la Grande Loge d’Espagne après son message de Noël 2018 : « Tous les francs-maçons du monde rejoignent la demande du pape pour la “fraternité entre personnes des diverses religions” ». 

Les francs-maçons espagnols précisaient : « Dans son message de Noël depuis la loggia centrale du Vatican, le pape François a appelé au triomphe de la fraternité universelle parmi tous les êtres humains : “Mon souhait pour un joyeux Noël est un désir de fraternité, de fraternité parmi les peuples de toutes les nations et de toutes les cultures, la fraternité entre les gens avec des idées différentes, mais en mesure de respecter et d’écouter l’autre, la fraternité entre les peuples de différentes religions”». Et d’en tirer la conclusion qui s’impose : « Les paroles du pape montrent l’éloignement actuel de l’Eglise du contenu d’Humanum genus (1884), la dernière grande condamnation catholique de la Franc-maçonnerie internationale ».

Sur son blogue, le 9 janvier, Aldo Maria Valli rappelait : « Dans l’encyclique Humanum genus, le pape Léon XIII condamnait en effet la Franc-maçonnerie en des termes sans équivoque, stigmatisant “la grande erreur moderne de l’indifférentisme religieux et de l’égalité de tous les cultes”, attitude que le pontife de l’époque définissait comme “le moyen le plus opportun d’annihiler toute religion, et notamment l’Eglise catholique qui, seule véritable, ne peut sans grande injustice être mélangée avec les autres”.

« Selon les francs-maçons espagnols, la manière dont le pape actuel condamne le fondamentalisme religieux et appelle à la fraternité et à la tolérance, rapproche l’Eglise de la Franc-maçonnerie en les unissant dans leur engagement pour une fraternité universelle, au-delà des différences dans les domaines politique, culturel, national et religieux.

« Cette marque d’estime pour le pape de la part de la Franc-maçonnerie est une information, mais ce n’est pas une surprise. Après Paul VI, Jorge Mario Bergoglio (qui est membre honoraire du Rotary club depuis 1999) est décidément le pape le plus apprécié de la Franc-maçonnerie internationale ».

Mgr Athanasius Schneider
Le veau d'or toujours debout et le martyre rendu inutile par le pluralisme religieux

Le 8 février, Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de l’archidiocèse d’Astana (Kazakhstan) rendait publique une profession de foi qui répondait également – sans la citer – à la Déclaration commune du pape François et du grand imam d’Al-Azhar où la « diversité des religions » est qualifiée de « sage volonté divine » : 
« Au cours de ces dernières décennies on a souvent entendu – y compris de la bouche de certains représentants de la hiérarchie de l’Eglise – des déclarations à propos de la théorie des “chrétiens anonymes”. Cette théorie affirme ce qui suit : la mission de l’Eglise dans le monde consisterait, au bout du compte, à faire naître la conscience que tous les hommes doivent avoir de leur salut en Jésus-Christ, et par voie de conséquence, de leur adoption filiale en Jésus-Christ. Car, selon cette même théorie, chaque être humain possède déjà la filiation divine dans les profondeurs de sa personnalité. Cependant, une telle théorie contredit directement la Révélation divine, telle que le Christ l’a enseignée, et que ses apôtres et l’Eglise l’ont toujours transmise au long de plus de 2000 ans, sans changement et sans l’ombre d’un doute. (…)

« La tâche la plus urgente de l’Eglise en notre temps est de se soucier du changement climatique spirituel et de la migration spirituelle (allusions transparentes à l’écologie et aux migrations soutenues par le pape François. NDLR), à savoir de ce que le climat de non croyance en Jésus-Christ, le climat de rejet de la royauté du Christ, puissent être changés en climat de foi explicite en Jésus-Christ, en climat d’acceptation de sa royauté, et que les hommes puissent migrer de la misère de l’esclavage spirituel de l’incroyance vers le bonheur d’être fils de Dieu, et d’une vie de péché vers l’état de grâce sanctifiante. Voilà les migrants dont il est urgent que nous prenions soin.

« Le christianisme est la seule religion voulue par Dieu. Donc, il ne peut jamais être mis côte à côte avec les autres religions, comme s’il en était complémentaire. (…) Il n’y a qu’un chemin vers Dieu, et c’est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : “Je suis le chemin” (Jn 14, 6). Il n’y a qu’une vérité, et c’est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : “Je suis la vérité” (Jn 14, 6). Il n’y a qu’une vraie vie surnaturelle de l’âme, et c’est Jésus-Christ, car Lui-même a dit : “Je suis la vie” (Jn 14, 6).

« Le Fils incarné de Dieu a enseigné qu’en dehors de la foi en Lui il ne peut y avoir de religion vraie et agréable à Dieu : “Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé” (Jn, 10, 9). Dieu a commandé à tous les hommes, sans exception, d’écouter son Fils : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-Le !” (Mc 9, 7). Dieu n’a pas dit : “Vous pouvez écouter mon Fils ou vous pouvez écouter d’autres fondateurs de religion, car c’est ma volonté qu’il y ait diverses religions”. Dieu nous a interdit de reconnaître la légitimité de la religion d’autres dieux : “Tu n’auras point d’autres dieux (étrangers) devant moi” (Ex 20, 3) et : “Ne portez pas un même joug avec les infidèles ; car quelle union y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou quelle association entre la lumière et les ténèbres ? ou quel accord entre le Christ et Bélial ? ou quelle part entre le fidèle et l’infidèle ? quel rapport entre le temple de Dieu et les idoles ?” (2 Cor 6, 14-16).

« Si d’autres religions correspondaient de la même manière à la volonté de Dieu, il n’y aurait jamais eu la condamnation divine de la religion du Veau d’or au temps de Moïse (cf. Ex 32, 4-20) ; et s’il en était ainsi, les chrétiens d’aujourd’hui pourraient impunément pratiquer la religion d’un nouveau Veau d’or, puisque toutes les religions sont, selon cette théorie, des chemins qui plaisent aussi à Dieu. Dieu a donné aux Apôtres, et à travers eux à l’Eglise, pour tous les temps, l’ordre solennel d’instruire toutes les nations et les croyants de toutes les religions dans l’unique Foi véritable, en leur apprenant à observer tous ses commandements divins et en les baptisant (cf. Mt 28, 19-20). Depuis les prédications des Apôtres et du premier pape, l’apôtre saint Pierre, l’Eglise a toujours proclamé qu’il n’y a de salut en aucun autre nom, c’est-à-dire, en aucune foi sous le ciel, par lequel les hommes doivent être sauvés, mais au Nom et dans la Foi en Jésus-Christ (cf. Ac 4, 12). (…)

« On aurait épargné le martyre aux Apôtres et aux innombrables martyrs chrétiens de tous les temps, spécialement ceux des trois premiers siècles, s’ils avaient dit : “La religion païenne et son culte est un chemin qui correspond aussi à la volonté de Dieu”. Il n’y aurait pas eu par exemple de France chrétienne, pas de “Fille aînée de l’Eglise”, si saint Remi avait dit à Clovis, roi des Francs : “Ne méprisez pas la religion païenne que vous avez adorée jusqu’à présent, et adorez désormais le Christ que vous avez persécuté jusqu’à maintenant”. Le saint évêque a en réalité parlé très différemment, même si c’est d’une manière assez rude : “Adore ce que tu as brûlé, et brûle ce que tu as adoré.”

« La vraie fraternité universelle ne peut se réaliser qu’en Jésus-Christ, et précisément entre personnes baptisées. La pleine gloire de fils de Dieu ne sera atteinte que dans la vision béatifique de Dieu au ciel, comme l’enseigne la Sainte Ecriture : “Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu et que nous le soyons en effet. Si le monde ne nous connaît pas, c’est parce qu’il ne l’a pas connu. Bien-aimés, nous sommes dès maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que, lorsque ce sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est.” (1 Jn 3, 1-2).

« Aucune autorité sur terre – pas même l’autorité suprême de l’Eglise – n’a le droit de dispenser les fidèles d’autres religions de la foi explicite en Jésus-Christ, en tant que Fils incarné de Dieu et seul Sauveur de l’humanité, en leur assurant que les différentes religions sont voulues en tant que telles par Dieu lui-même. Elles restent indélébiles – car écrites du doigt de Dieu et d’une clarté cristalline – les paroles du Fils de Dieu : “Celui qui croit en Lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il ne croit pas au nom du Fils unique de Dieu” (Jn, 3, 18). Cette vérité a valu jusqu’à maintenant pour toutes les générations chrétiennes, et elle restera valide jusqu’à la fin des temps, indépendamment du fait que certaines personnes dans l’Eglise, en notre temps si capricieux, si lâche, si avide de sensationnel et si conformiste, réinterprète cette vérité dans un sens contraire à sa formulation évidente, présentant ainsi cette réinterprétation comme si elle constituait une continuité du développement de la doctrine. »
(Sources : NBQ/ aldomariavalli/trad. à partir de J.Smits/benoitetmoi – FSSPX.Actualités - 22/02/2019)

19 février 2019

[Walter Card. Brandmüller & Raymond Leo Card. Burke] Le mal est qu’on s’est éloigné de la vérité de l'Évangile

SOURCE - Cardinal Brandmüller et Cardinal Burke - L'Homme Nouveau - 19 février 2019

Les cardinaux Burke et Brandmüller ont décidé de rendre publique la lettre qu’ils adressent à leurs confrères évêques, présidents des conférences épiscopales du monde, qui se réunissent demain, 20 février, à Rome autour du Pape. Ce n’est pas le « cléricalisme » qui est la cause du mal, mais le fait que l’esprit du monde a pénétré le clergé. A la racine du mal est l’effondrement doctrinal dans l’Eglise, où l’on s’est éloigné de la vérité de l’Evangile.
Lettre ouverte aux Présidents des conférences épiscopales 
Chers Confrères, Présidents des conférences épiscopales, 
Nous nous adressons à vous avec une grande tristesse. 
Le monde catholique est désorienté et se demande avec angoisse : où va l'Église? 
Face à la dérive en cours, il semble que le problème se réduise à celui des abus sur les mineurs – un crime horrible, tout particulièrement quand il est commis par un prêtre, mais qui n'est qu'un élément d'une crise bien plus vaste. Telle une plaie, la cause homosexuelle se répand dans l'Église, promue par des réseaux organisés et protégée par un climat de complicité et d'omertà. Les racines de ce phénomène se trouvent évidemment dans ce mélange de matérialisme, de relativisme et d'hédonisme qui refuse absolument l'existence d'une loi morale absolue, c'est-à-dire qui ne souffre pas d’exceptions. 
On accuse le cléricalisme est d’être responsable des abus sexuels, mais la première et principale responsabilité du clergé n'est pas dans l'abus de pouvoir, mais dans le fait de s'être éloigné de la vérité de l'Évangile. La négation, y compris publique, dans les paroles comme dans les actes, de la loi divine et naturelle, est à la racine du mal qui corrompt certains secteurs de l'Église. 
Face à cette situation, cardinaux et évêques se taisent. Vous tairez-vous également lors de la réunion convoquée ce 21 février au Vatican? 
Nous sommes de ceux qui ont interpellé le Saint-Père en 2016 sur les dubia qui divisaient l'Église à l'issue des conclusions du Synode sur la famille. Aujourd'hui, ces dubia non seulement n'ont pas reçu de réponse mais s'inscrivent dans une crise de la foi bien plus générale. Nous voulons par conséquent vous encourager à faire entendre votre voix et à proclamer l'intégrité de la doctrine de l'Église. 
Nous invoquons le Saint-Esprit pour qu'il assiste l'Église et éclaire les pasteurs qui la guident. Un acte décisif est aujourd'hui urgent et nécessaire. Nous mettons notre confiance dans le Seigneur qui a promis : « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28, 20). 
Walter Card. Brandmüller
Raymond Leo Card. Burke

[Paix Liturgique] Comment le MJCF a opté pour la messe traditionnelle? Une contribution à l'histoire liturgique récente

SOURCE - Paix Liturgique - lettre n°683 - 19 février 2019

Le MJCF, Mouvement de la Jeunesse Catholique de France, crée en 1967 est devenu dans les années 70 du siècle dernier un élément important de la résistance aux reformes liturgiques et un acteur majeur de la défense de la liturgie traditionnelle. Nous avons demandé à Christian Marquant de nous exposer les étapes et les raisons de ce choix.
Quel était la situation liturgique en France en 1967 au moment où est né le MJCF?
Christian MARQUANT – Dès la fin du Concile, et même quelques années avant, la liturgie a commencé à être célébrée, au moins en France, très diversement selon les lieux et les paroisses (la réforme liturgique a commencé en 1964). Par exemple au sein du patronage de la paroisse Saint-Pierre de Montrouge où nous suivions nos activités scoutes, à partir les années 1964, la messe était dite largement en français pour toutes ses prières publiques. Mais ces premières innovations ne nous choquaient pas, car, au moins dans cette paroisse, elles étaient vécues d’une manière en rien blessante pour notre foi catholique. Nous nous mettions à genoux pendant le canon encore récité en silence par l’officiant, et bien sûr nous recevions la communion à genoux sur les lèvres. Lorsque je servais la messe matinale du curé de la même paroisse, celle-ci était semblable à celle à laquelle nous assistons aujourd’hui dans nos chapelles traditionnelles.
Le Concile n’eut il pas de conséquences immédiates?
Le Concile Vatican II qui se termina en 1965, entraina très vite une période de grande instabilité, et de luttes entre, d’une part, les tenants du « vrai Concile » (dont faisaient partie les catholiques les plus conservateurs, car personne ne s’opposait vraiment au Concile à ce moment et la plupart des décisions de Vatican II furent approuvées in fine par les prélats les plus traditionnels, comme Mgr. Lefebvre, etc.), qui pensaient pouvoir « bien interpréter » le Concile, et d’autre part, ceux du terrifiant « esprit du Concile ». Le fait est que ces derniers semblaient plus autorisés que les premiers, qui menaient un combat d’arrière-garde : il fallait s’y faire, Vatican II n’était pas le Concile de Trente.

La situation se détériora profondément à partir de 1968, non seulement à cause de l’accélération de la réforme, que par l’addition de débordements surtout politique aux délires ecclésiaux : ce fut alors à Paris un déchainement de folie, où nous vîmes les célébrations changer du tout au tout, non seulement dans les formes de la liturgie, mais aussi à cause du bouleversement général de l’Eglise qui interférait avec le chamboulement de la liturgie. Nous avons de nombreux souvenirs de cette période, par exemple, celui des Scouts de France prirent parti pour la révolution de 68. Ou encore, l’épisode d’une veillée de prière – ce n’était pas un phénomène isolé – dans la paroisse Saint-Eloi, où l’on a magnifié Che Guevara. A cette époque, l’Office catholique du Cinéma prima Théorème, le film de Pasolini, prétendument « spirituel », mais en fait on ne peut plus charnel, et le sulfureux Catéchisme hollandais influençait la catéchèse française.
Existait-il des résistances à cette évolution?
Il existait bien sur quelques prêtres qui ne se satisfaisaient pas de ces évolutions par exemple les membres de l’Opus sacerdotale du chanoine Catta qui, bien que réunissant de nombreux prêtres, n’était ni écouté ni respecté. En fait, la plupart des prêtres n’avaient pas été préparés à vivre de tels événements. Et s’ils en comprenaient la nocivité, ils manquaient du tempérament et du courage pour s’y opposer. Certains arrivaient cependant à aller à contre-courant. L’abbé de Nantes fut l’un des premiers, par ses Lettres et ses conférences, à rendre publique une critique de ces dérives. Je me souviens aussi de l’abbé Coache, alors curé de Montjavoult dans le diocèse de Beauvais, avec son bulletin, Le Combat de la Foi, qui remit en honneur les processions traditionnelles de la Fête-Dieu dans sa paroisse, au moment où elles disparaissaient à peu près partout. Un petit livret, qu’il rédigea avec le P. Noël Barbara, en 1968, le Vade mecum du catholique fidèle, rappelant les points essentiels concernant la messe, le catéchisme, la morale, signé par 400 prêtres, se vendit à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires.

A cette époque nous avions plus de proximité, via les scouts d’Europe parisiens, avec l’Alliance Saint-Michel de Bernard Prud’homme, qui interrompait des cérémonies scandaleuses, distribuait des tracts, etc.
Aviez-vous une compétence particulière pour vous commencer à vous investir ainsi dans le domaine religieux?
Nous étions de simples fidèles catholiques qui certes avions reçu de nos parents et maîtres une solide formation catéchétique, mais sans avoir, à ce moment-là, aucune formation profonde en liturgie ou en théologie. Cependant, les excès, et les scandales qui se perpétraient devant nous justifiaient pleinement nos réactions. D’autant qu’on nous rebattait les oreilles sur le droit et même le devoir des laïcs à intervenir et à s’exprimer, cependant qu’on jetait aux orties les fameux « mandats » qui soumettaient les mouvements d’Action catholique à la hiérarchie. Nous avons saisi cette opportunité : on demandait aux laïcs de participer à la vie de l’Eglise ? Nous avons donc participé ! Et nos bons clercs se sont retrouvés en face de laïcs, parfois très jeunes, qui contestaient les orientations du Concile…au nom de l’esprit du Concile!
Comment s’est imposée la nouvelle messe?
Brutalement. On est passé de 1964 à 1969, en cinq ans d’un univers dans un autre. L’étape définitive a été l’entrée en vigueur, le 30 novembre 1969, c’est-à-dire le premier dimanche de l’Avent, d’un missel complètement nouveau. Chaque conférence épiscopale pouvait fixer des délais pour assurer une entrée en vigueur progressive. Mais en France les évêques l’imposèrent avec une violence morale inouïe à tous les membres du clergé en proscrivant l’ancien rite. Ceux qui voudraient se rendre compte de ce qu’a été cette violence pourraient lire avec intérêt un opuscule intitulé Face à Face, qui est la publication des échanges de correspondance entre Mgr François Ducaud–Bourget et le cardinal Marty, entre 1970 et 1977. Cette violence et ce manque étonnant de charité constituèrent certainement le terreau sur lequel émergea notre attachement de plus en plus vif vis-à-vis à la messe traditionnelle.

C’était une réaction du sens de la foi : entre une messe que nous avions toujours connue et qui portait notre foi catholique et une nouvelle liturgie indigente et sur laquelle se greffaient abus et des scandales, le choix semblait simple.
Mais vous avez trouvé des éléments qui ont ensuite soutenu la réaction d’«instinct de la foi»?
Les voix théologiques autorisées furent nombreuses. C’est la publication, en 1970, de l’ouvrage de Louis Salleron, La nouvelle messe, aux Nouvelles éditions latines, dans la collection « tinéraires», qui nous fit comprendre avec clarté et précision le caractère véritablement révolutionnaire de cette nouvelle liturgie et les raisons de ne pas y adhérer. La lecture de ce livre constitua pour nous pendant plusieurs années une étape essentielle dans la réflexion qui nous fit évoluer vers la messe traditionnelle. Ce combat liturgique, en 1970, n’était pas encore prioritaire pour tous. Par exemple, l’assemblée des « Silencieux de l’Eglise », de Pierre Debray, qui se tint à Versailles les 7 et 8 novembre 1970, s’était donné pour objet la résistance au nouveau catéchisme, mais ne parlait à propos de la messe que des abus qui scandalisaient le peuple de Dieu. D’ailleurs, la messe célébrée au Palais des Congrès pour les silencieux était selon le nouvel Ordo missæ…
Cependant, vous n’aviez pas encore fait le choix de la messe traditionnelle?
C’est vrai. Cela peut paraitre étrange aujourd’hui, mais il nous était le plus souvent impossible, à l’époque, d’assister à d’autres messes que la messe nouvelle. Il se trouvait bien ici ou là quelques prêtres résistants, mais qui souvent célébraient en cachette, parfois sans fidèles ! De fait, nous avons-nous-même continué à assister pendant plusieurs années à la nouvelle messe célébré par l’Abbé Jean-François Guérin.
Racontez-nous votre rencontre avec l’abbé Guérin?
L’abbé Guérin qui était un peu comme le chapelain de la Cité catholique de Jean Ousset, devenue en 1963, « L'Office international des œuvres de formations civiques et d'action doctrinale selon le droit naturel et chrétien » - ouf !

Lorsqu’éclata la crise de la messe, l’abbé Jean-François Guérin, prêtre du diocèse de Tours, oblat de l’abbaye de Fontgombault, s’éloigna de cette abbaye, car elle conservait la messe traditionnelle et que lui-même pensait qu’il fallait accueillir la nouvelle liturgie avec obéissance, tout en l’« interprétant » le mieux possible. Il s’était installé à Paris comme délégué général de l’Œuvre d’Orient. Lors du congrès de Lausanne de Paques 1970, organisé par l’Office international, il participa à l’élaboration d’un compromis peu glorieux : pour éviter des censures ecclésiastiques, les offices furent tous célébrés selon divers rites orientaux.

L’abbé Guérin accepta de célébrer une messe de Paul VI en latin pour des étudiants, le mercredi, dans la chapelle des Sœurs du Bon-Secours de la rue N-D des Champs. Très vite cette messe, qui avait conservé au maximum les apparences de la liturgie traditionnelle attira tous les jeunes mal à l’aise dans les nouveautés liturgiques de la capitale.
Vous ressentez donc une dette envers l’abbé Jean-François Guérin?
Oui, nous sommes immensément redevables à l’abbé Jean-François Guérin. Comme je l’ai dit, avant lui nous ignorions à peu près tout de la liturgie et que nous avions jusqu’alors plutôt réagit contre les nouveautés. Eh bien, rue ND des Champs, à travers un rite qui nous paraît aujourd’hui bien imparfait, nous avons pu entrevoir les trésors du culte traditionnel. Grâce en quelque sorte à la « copie », nous avons commencé à comprendre l’« original », la messe traditionnelle, à l’aimer et à la servir, avant de pouvoir vraiment la défendre. C’est l’abbé Guérin qui nous permis de nous familiariser avec le service de l’autel et le chant grégorien. C’est lui qui nous fit découvrir les richesses de la liturgie de la semaine sainte, lors de sessions en Suisse. C’est lui qui nous initia à la liturgie des Heures et à la récitation de complies du petit Office de la Sainte Vierge, qui devint une des prières les plus répandu au MJCF.
Mais l’abbé Guérin dut interrompre son apostolat parisien?
En effet, car accepter le nouvel Ordo, mais en lui donnant toutes les apparences et surtout l’esprit de la liturgie ancienne, était insuffisant pour les autorités de l’époque. Le cardinal François Marty, archevêque de Paris, le convoqua pour lui dire son mécontentement de le voir continuer à célébrer la messe traditionnelle. Pour dire vrai, le cardinal lui reprochait surtout son insupportable succès auprès des jeunes. Devant les dénégations respectueuses de l’abbé, qui lui affirma célébrer la nouvelle messe, le cardinal s’emporta et – nous le tenons de l’abbé Guérin lui-même – lui rétorqua avec son accent rocailleux : « Ne me prenez pas pour un couillon, je sais que vous célébrez l’ancienne messe ! » L’abbé Guérin dut cesser son apostolat parisien fécond. On sait la suite. Grand directeur spirituel et éveilleur de vocations, il fonda en 1976 la Communauté Saint-Martin, accueillie par le cardinal Siri dans le diocèse de Gènes. La Communauté se verra confier des ministères en France à partir des années 80. Ses prêtres, toujours en soutane, pratiquent en paroisse une liturgie non latine, mais délibérément classique.
Quelle fut votre réaction?
Il est paradoxal que ce cher abbé qui était un homme d’ordre, peu préparé à la résistance, se soit vu admonesté par le cardinal Marty pour ne pas avoir obéi, alors qu’il obéissait, mais pas dans l’esprit nouveau. Eh bien, c’est parce qu’il a été persécuté pour une messe moderne qui n’était pas assez moderne, que nous nous sommes tournés vers la messe ancienne. En effet, la persécution contre l’abbé Guérin nous montrait que l’intention des novateurs ne voulaient pas changer la forme, tout en gardant le fond, mais qu’ils voulaient bien changer le fond. Il s’agissait bien d’une tentative de subversion de la foi de la part de pasteurs. Voilà comment obéissant à en mourir, Jean-François Guérin nous amena à refuser d’obéir pour vivre pleinement note foi catholique.

A désobéir apparemment. Mgr Guérin est mort deux ans trop tôt, en 2005, pour savoir, par le motu proprio Summorum Pontificum de 2007, que la messe ancienne n’avait jamais été abolie. Il avait donc  obéi à une obligation inexistante. Mais il avait trop souffert de s’être ainsi contraint pour revenir à la messe traditionnelle. Avant même le texte de Benoît XVI, lorsque l’interdiction de célébrer la messe traditionnelle avait été partiellement levée, en 1984 et 1988, Jean-François Guérin n’avait pas voulu se dédire et en profiter…
C’est donc à ce moment que Le MJCF s’orienta et évolua vers une adhésion claire et nette en faveur de la liturgie traditionnelle?
Tout à fait. Pour nous, et sans doute pour d’autres, cet épisode fut fondateur d’une décision claire en faveur de la messe traditionnelle. En effet, si pour les autorités, lorsque l’on obéissait en célébrant le Nouvel Ordo, mais d’une manière conforme à la foi de toujours, on devenait « désobéissant », c’était donc bien cette foi de toujours qui était contestée. Ainsi l’avaient compris les cardinaux Bacci et Ottaviani, comme ils l’expliquaient dans leur Bref examen critique du nouvel Ordo Missæ, de 1969.

C’est donc à ce moment que le MJCF s’orienta vers une nette adhésion à la liturgie traditionnelle. Si bien qu’à Noel 1974, lorsque décédèrent dramatiquement deux animatrices nationales du MJCF, ce fut la liturgie traditionnelle que nous choisîmes pour leurs funérailles, au risque d’attirer sur nous les foudres du cardinal Marty . Il ne nous fut d’ailleurs pas facile de trouver un prêtre qui acceptât de célébrer cette liturgie en public dans une église paroissiale et en présence du curé du lieu. Cependant les temps étaient en train de changer, notamment par le fait qu’en 1970, Mgr Lefebvre avait fondé son séminaire d’Ecône, où il allait commencer à ordonner ses premiers prêtres, ce qui allait modifier profondément le paysage sacerdotale français
Cette orientation fut-elle suivie par tout le MJCF ?
On peut dire que oui. Ensuite, la plupart des nombreuses vocations sacerdotales et religieuses qui émergèrent au sein du mouvement s’orientèrent vers les communautés traditionnelles naissantes, il y eut cependant quelques garçons qui crurent que – même dans les années de plomb – il était encore possible d’agir à l’intérieur au sein des églises diocésaines. Ils sont restés nos amis, même si leur choix ne permit pas le rétablissement liturgique et doctrinal qu’ils avaient souhaité.
Et maintenant ?
La semence a germé. Cette orientation prise dans les années 70 enracina des générations de militants comme défenseurs de la liturgie traditionnelle, qui se retrouvent encore aujourd’hui dans les combats et les œuvres structurés par cette liturgie, le pèlerinage de Chrétienté à Chartres, Renaissance Catholique, Paix Liturgique et bien sûr dans la toutes ces maisons sacerdotales et religieuses traditionnelle féminines et masculines  qui se sont développées depuis 50 ans
Que diriez-vous pour conclure ?
Je dirais qu’on peut affirmer que le MJCF n’a pas adopté la messe traditionnelle par nostalgie, ni pour des motifs esthétiques, ni par amour du latin, mais simplement parce qu’elle nous est apparue, au fur et à mesure que nous la découvrions et que nous assistions aux attaques dont elle était l’objet, comme le vecteur de notre foi Catholique

[FSSPX Actualités] Revue de presse: Quo vadis Ecclesia Dei ?

SOURCE - FSSPX Actualités - 19 février 2019

Le 19 janvier 2019, un Motu proprio du pape François a supprimé la Commission Ecclesia Dei. Comme l’indique l’agence Zenit, le document romain donne quatre raisons à cette suppression : 1) « le changement des circonstances » qui avaient conduit Jean-Paul II à l’instituer ; 2) la « stabilité » trouvée aujourd’hui par les communautés ayant fait le choix de célébrer selon le rite de 1962 et que la Commission avait pour mission de soutenir ; 3) le fait que les questions dont la Commission était chargée sont « principalement doctrinales » ; 4) le souhait du pape que les communautés ecclésiales prennent davantage « conscience » de ces finalités doctrinales, – la transformation de la Commission en une section de la Congrégation pour la doctrine de la foi en serait le signe.

Le jour même, 19 janvier, lors du Congrès du Courrier de Rome à Paris, l’abbé Davide Pagliarani, Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, donnait une première réaction à chaud : « la raison pour laquelle on a pris la décision, de supprimer l’Ecclesia Dei qui est transformée en une section de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, c’est qu’aujourd’hui les conditions ne sont plus les mêmes. “Les instituts et les communautés religieuses qui célèbrent habituellement dans la forme extraordinaire ont trouvé aujourd’hui une vraie stabilité de nombre et de vie”. Ainsi, tous les instituts Ecclesia Deiont trouvé aujourd’hui leur paix, leur stabilité dans l’Eglise ! Surtout maintenant, sous le pontificat du pape François ! Je pense que ce n’est pas la peine de commenter cela. » – Le texte intégral de l’intervention de l’abbé Pagliarani au congrès du Courrier de Rome est publié dans le dernier numéro de Nouvelles de Chrétienté (n°175, janvier-février 2019). 

Le 29 janvier, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Commission doctrinale de la Conférence des évêques de France (CEF), publiait un commentaire sur le site de la CEF. Rappelant « la nécessité de discussions doctrinales approfondies avec la Fraternité Saint-Pie X », il indiquait ce qui – selon lui – devrait être au cœur de ces discussions doctrinales : « Les points en jeu ne sont pas des détails. Il ne suffit pas d’insister sur la réalité sacrificielle de l’Eucharistie, encore faut-il préciser ce qu’est ce sacrifice qui, en régime chrétien, ne saurait être une prolongation des sacrifices païens ni même des sacrifices du Temple ; il ne suffit pas de se réclamer de la Tradition, encore faut-il rendre clair ce qu’est la Tradition du Christ à ses Apôtres qui ne saurait n’être (sic) que le poids du passé s’imposant à toutes les générations ; il ne suffit pas d’affirmer que la religion catholique est la seule vraie, encore faut-il expliquer en quoi cette vérité exclusive honore la puissance salvifique du Christ qui a acquis le pouvoir de répandre son Esprit-Saint en tous les hommes pour attirer tous les hommes ».

Sur son blogue, le 31 janvier, Jeanne Smits relevait les expressions étranges contenues dans la déclaration de Mgr de Moulins-Beaufort : « Voilà des mots bien lapidaires, et finalement bien courts, qui semblent considérer la Fraternité Saint-Pie X dans l’ensemble attachée au fixisme. Ils révèlent une gêne certaine à l’égard de la messe en tant que sacrifice, non sanglant certes, mais réel, du Fils unique de Dieu à son Père, sacrifice propitiatoire qui détourne des hommes la condamnation pour leurs péchés : la “colère de Dieu”, en somme, notion volontiers considérée aujourd’hui comme inconvenante. (…) Le sacrifice d’Abraham plaît à Dieu qui, de fait, va substituer à Isaac l’Agneau véritable, son propre “Premier-né”. Et si les sacrifices du Temple ne pouvaient être le sacrifice parfait, parfaitement expiatoire, ils étaient voulus par Dieu et lui étaient agréables. En ce sens, il est difficile de dire que le sacrifice toujours renouvelé de Notre Seigneur n’en est pas, d’une certaine manière, le prolongement : il les dépasse, et accomplit pleinement le sacrifice voulu par le Père ».

Le 7 février, sur le blogue Le Rouge & le Noir, l’abbé Claude Barthe, directeur de la lettre d’information et d’analyse Res Novæ, accordait un entretien où il indiquait le contexte dans lequel a été décidée la suppression de la Commission Ecclesia Dei : « le pape François n’a pas le même intérêt que Benoît XVI pour la liturgie traditionnelle, c’est le moins qu’on puisse dire ; il a dit à deux ou trois reprises que les personnes attachées à la messe traditionnelle lui paraissaient des nostalgiques qui suivaient une “mode”. Pour autant, il n’a pas, pour sa part, la moindre intention de revenir sur les dispositions de Summorum Pontificum. Je n’en dirais pas autant des personnes de son entourage qui s’intéressent au problème et pour lesquelles la situation créée par Summorum Pontificumest intolérable. (…)

Et de rappeler également que le pape « n’attache que très peu d’importance aux débats doctrinaux : que la Fraternité Saint-Pie X et d’autres ne reconnaissent pas l’autorité du magistère du Concile, au moins comme magistère “authentique”, le laisse indifférent. En revanche, le motif politique, à savoir que la Commission Pozzo s’est révélée incapable de mener à bien le rapprochement, a été déterminant. Le motif doctrinal invoqué permet en même temps de faire une bonne manière à la Fraternité Saint-Pie X (qui, lors de l’entretien de son Supérieur général avec le cardinal Luis Ladaria, le 22 octobre 2018, a rappelé que « la question doctrinale reste absolument primordiale », voir DICI n°379, décembre 2018. NDLR). Et Mgr Pozzo se retrouve affecté au redressement des comptes du Chœur de la Sixtine… »

Selon l’abbé Barthe, « l’affaiblissement de la liturgie traditionnelle (circonscrite, en outre, s’il était possible, à la Fraternité Saint-Pie X), est en effet le projet, non du pape, mais de nombreux bergogliens. Ainsi, Andrea Grillo, professeur à l’Université Saint-Anselme, l’université liturgique de Rome, écrit dans un article du 21 janvier 2019 sur le blogue Come se non : “Le péché d’Ecclesia Dei s’appelle Summorum Pontificum : Rome, par Summorum Pontificum, avait indûment mis la liturgie traditionnelle et la nouvelle sur un pied d’égalité, alors que la liturgie traditionnelle est la traduction dans la lex orandi de la doctrine antérieure au Concile.” La Commission Ecclesia Dei, protectrice de la liturgie ancienne, consacrait cette situation, selon lui, aberrante. Sa disparition remet l’usage de la liturgie tridentine à sa vraie place, celle d’une miséricorde que chaque évêque peut ou non exercer.

« C’est bien comme cela que l’entend Mgr Fernández, grand ami du pape, récemment nommé évêque de La Plata, en Argentine, qui a pris, le 24 décembre dernier (alors que le texte concernant la disparition d’Ecclesia Dei était prêt) un décret qui annule concrètement les dispositions de Summorum Pontificum : toutes les messes dans son diocèse doivent être célébrées selon le Novus Ordo, en langue vernaculaire, et face au peuple. Désormais, même pour célébrer de manière privée la messe traditionnelle, il faudra demander la permission à l’évêque. Décret clairement contra legem, mais dont personne ne s’avisera de demander au Saint-Siège l’annulation : la cause serait par avance entendue ».


La suppression de la commission Ecclesia Dei à la lumière de la Plata

Sur les mesures très restrictives prises par l’archevêque de La Plata, concernant la messe traditionnelle, FSSPX.Actualités écrivait le 6 février : « Mgr Victor Manuel Fernández, chantre de la théologie du peuple, est considéré comme suffisamment proche de l’actuel pontife romain, pour lui avoir inspiré l’exhortation apostolique Amoris lætitia. 

« Par deux décrets successifs datés des 17 et 24 décembre 2018, ce prélat argentin est revenu sur les principales dispositions du Motu proprio Summorum Pontificum, par lequel le pape Benoît XVI libéralisait, en 2007, l’usage du rite traditionnel. 

« Depuis lors, la messe de toujours – célébrée jusque-là par une dizaine de prêtres dans le diocèse – a vu sa place se réduire comme peau de chagrin : le dimanche à 12h dans l’église du Sacré-Cœur, et le mercredi à 7h10 dans l’église Saint-Louis-de-Gonzague, toute célébration supplémentaire demeurant soumise à un improbable placet épiscopal.

« De plus, la célébration ad orientem – encouragée pourtant par l’actuel préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, le cardinal Robert Sarah – se trouve elle-même remise en cause. 

« Ces récentes dispositions diocésaines prises par un proche du pape actuel, au mépris du droit rappelé par le pape Benoît XVI, font-elles exception, ou sont-elles à rapprocher – comme le fait Anne Le Pape dans le journal Présent du 9 janvier 2019 – des débats ayant agité en novembre 2018 l’assemblée plénière la Conférence des évêques d’Italie, autour du statut juridique du Motu proprio Summorum Pontificum?».

Pour conclure, l’abbé Barthe donne son point de vue sur les conséquences pratiques de cette suppression pour les communautés Ecclesia Dei : « (hormis la Fraternité Saint-Pie X) la disparition d’Ecclesia Dei représente pour le reste du monde traditionnel, les célébrations paroissiales et les communautés Ecclesia Dei, un acte symbolique très négatif. C’est aussi la disparition d’une protection, pas toujours très efficace, mais qui valait mieux que pas de protection du tout. Certes, d’aucuns se veulent rassurants en faisant remarquer : 
  • que le Motu proprio constate comme un fait sur lequel on ne revient pas “que les instituts et les communautés religieuses qui célèbrent habituellement dans la forme liturgique extraordinaire ont retrouvé aujourd’hui leur propre stabilité en nombre et en vitalité” ;
  • que le personnel du bureau de la Congrégation sera le même (sauf Mgr Pozzo) que celui de la Commission ;
  • et enfin que toutes les compétences de la Commission sont transférées à un bureau spécial de la Congrégation. Ainsi, les instituts Ecclesia Dei ne dépendront pas de la Congrégation pour les religieux, ce qui eût été pour eux un désastre.
« Ils en concluent que rien ne sera vraiment changé : c’est à voir. D’abord, à l’heure où je réponds à vos questions, on ne sait toujours pas qui sera désigné comme capo ufficio, chef de cette section, de l’esprit duquel la ligne du bureau va dépendre.

« Ensuite, rien ne dit que la Congrégation pour la doctrine de la foi – et notamment son Secrétaire, Mgr Morandi, par lequel vont passer toutes les décisions à prendre – aura les mêmes bonnes dispositions que Mgr Pozzo vis-à-vis du monde traditionnel. Or ce sera la Congrégation qui désignera les visiteurs canoniques, et non plus la Commission, qui les choisissait parmi des prélats d’esprit traditionnel. C’est la Congrégation, et non plus la Commission, qui confirmera les élections de supérieurs, qui interviendra pour régler des problèmes internes, qui recevra les plaintes contre tel ou tel institut (ces “recours à Rome”, qui sont généralement le grand moyen par lequel on lance le torpillage d’une communauté). Attendons de voir. Mais on peut dire, à tout le moins, que la nouvelle situation est beaucoup moins favorable que la précédente ».