SOURCE -        mise en ligne par La Porte Latine - Abbé Philippe        François - Texte extrait du Bulletin du Prieuré Marie-Reine  - Mai 2008
1988 - 2008 : XXe Anniversaire des Sacres
«Le lien officiel à  la Rome moderniste n'est rien à côté de la       préservation de la foi» - Mgr Lefebvre
  
On lira ci-après un extrait de la Vie de Monseigneur       Lefebvre par Mgr. Tissier de Mallerais (Clovis, 2002, p. 587-590)       relatant le « petit concile de la tradition » que notre       fondateur réunit le 30 mai 1988 à Notre-Dame-du-Pointet. Il voulut faire       cette ultime consultation avant de décider, avec toute la prudence nécessaire,       le sacre des quatre évêques de la Tradition.
L’auteur fait ressortir le principe lumineux qui guida        Monseigneur dans sa décision : « Le lien officiel à la Rome        moderniste n’est rien à côté de la préservation de la foi ».
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Vingt ans après, dans sa Lettre aux Amis et Bienfaiteurs n° 72 du 14 avril 2008, Mgr. Fellay affirme le même principe en analysant la situation de l’Eglise après le Motu Proprio du 7 juillet 2007 sur la messe : « (…) quelques évènements indiquent bien clairement qu’à part l’ouverture liturgique du Motu Proprio, rien n’a vraiment changé (…) ».
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« Le principe fondamental qui dicte notre action est la conservation de la foi, sans laquelle nul ne peut être sauvé, nul ne peut recevoir la grâce, nul ne peut être agréable à Dieu, comme le dit le concile Vatican I. La question liturgique n’est pas première, elle ne le devient que comme expression d’une altération de la foi et, corrélativement, du culte dû à Dieu ». (…)
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« Tous les changements introduits au concile et dans les réformes post-conciliaires que nous dénonçons, parce que l’Eglise les a précisément déjà condamnés, sont confirmés. (…) il faut conclure que rien n’a changé dans la volonté de Rome de poursuivre les orientations conciliaires, malgré quarante années de crise (…).
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« Voici pourquoi la Fraternité Saint-Pie X ne peut pas "signer d’accord". (…) Sans désespérer, sans impatience, nous constatons que le temps d’un accord n’est pas encore venu. (…) Il serait très imprudent et précipité de se lancer inconsidérément dans la poursuite d’un accord pratique qui ne serait pas fondé sur les principes fondamentaux de l’Eglise, tout spécialement sur la foi ».
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Vingt ans après, dans sa Lettre aux Amis et Bienfaiteurs n° 72 du 14 avril 2008, Mgr. Fellay affirme le même principe en analysant la situation de l’Eglise après le Motu Proprio du 7 juillet 2007 sur la messe : « (…) quelques évènements indiquent bien clairement qu’à part l’ouverture liturgique du Motu Proprio, rien n’a vraiment changé (…) ».
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« Le principe fondamental qui dicte notre action est la conservation de la foi, sans laquelle nul ne peut être sauvé, nul ne peut recevoir la grâce, nul ne peut être agréable à Dieu, comme le dit le concile Vatican I. La question liturgique n’est pas première, elle ne le devient que comme expression d’une altération de la foi et, corrélativement, du culte dû à Dieu ». (…)
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« Tous les changements introduits au concile et dans les réformes post-conciliaires que nous dénonçons, parce que l’Eglise les a précisément déjà condamnés, sont confirmés. (…) il faut conclure que rien n’a changé dans la volonté de Rome de poursuivre les orientations conciliaires, malgré quarante années de crise (…).
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« Voici pourquoi la Fraternité Saint-Pie X ne peut pas "signer d’accord". (…) Sans désespérer, sans impatience, nous constatons que le temps d’un accord n’est pas encore venu. (…) Il serait très imprudent et précipité de se lancer inconsidérément dans la poursuite d’un accord pratique qui ne serait pas fondé sur les principes fondamentaux de l’Eglise, tout spécialement sur la foi ».
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Le 2 juin 1988, au lendemain de la réunion du Pointet,        Mgr. Lefebvre écrivait à Jean-Paul II : « Étant donné le refus de        considérer nos requêtes et étant évident que le but de cette réconciliation        n'est pas du tout le même pour le Saint-Siège que pour nous, nous        croyons préférable d'attendre des temps plus propices au retour de Rome        à la Tradition »  (…)
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« Nous continuerons de prier pour que la Rome moderne, infestée de modernisme, redevienne la Rome catholique et retrouve sa Tradition bimillénaire. »
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« Nous continuerons de prier pour que la Rome moderne, infestée de modernisme, redevienne la Rome catholique et retrouve sa Tradition bimillénaire. »
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C’est bien à la même intention que notre Supérieur Général        nous invite à prier Notre-Dame, en conclusion de sa lettre du 14 avril :        « La nouvelle croisade du Rosaire à laquelle nous vous appelons,        pour que l’Eglise retrouve et reprenne sa Tradition bimillénaire        appelle aussi quelques précisions »
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« Voici comment nous la concevons : que chacun        s’engage à réciter un chapelet à une heure assez régulière du jour.        Vu le nombre de nos fidèles et leur répartition dans le monde entier,        nous pouvons être assurés que toutes les heures du jour et de la nuit        auront leurs voix vigilantes et orantes, de ces voix qui veulent        le triomphe de leur Mère céleste, l’avènement du règne de Notre        Seigneur, « sur la terre comme au Ciel ».
En ce mois de Marie, pour l’amour de la Rome éternelle, ayons à cœur de répondre généreusement à l’appel de Mgr. Fellay ! Cette croisade de prière nous prépare à la persévérance pour un combat qui doit durer.
En ce mois de Marie, pour l’amour de la Rome éternelle, ayons à cœur de répondre généreusement à l’appel de Mgr. Fellay ! Cette croisade de prière nous prépare à la persévérance pour un combat qui doit durer.
Abbé Philippe François.
LA REUNION HISTORIQUE DU 30 MAI       1988 AU POINTET (1)
De même que le prélat a consulté en 1984 au sujet de       la « messe de l'induIt » les « chefs de file » de la résistance       ecclésiastique : Mgr Ducaud-Bourget, le père André, l'abbé Coache, le       père Vinson, dom Guillou, etc., de même il décide de convoquer au       prieuré NotreDame-du-Pointet, le 30 mai, les prêtres grands défenseurs       de la foi et les supérieurs des communautés amies de religieux et       religieuses.
« J'incline, leur déclare-t-il alors, à sacrer de        toute façon quatre évêques le 30 juin. Mon âge, ma santé défaillante        me poussent à assurer la sauvegarde non de "mon œuvre", mais        de cette petite entreprise de restauration du sacerdoce et de préservation        de la foi catholique avant que le bon Dieu ne me rappelle à lui, en transmettant        l'épiscopat à "des évêques libres de faire revivre la foi",        "dans un milieu entièrement dégagé des erreurs modernes",        comme je l'ai écrit à Jean-Paul II le 20 mai. Je vous demande votre        avis. »
Chacun est touché de cette marque d'attention, de ce       souci de communication, de ce désir de dégager un consensus des vétérans       comme des jeunes responsables religieux. Tous comprennent l'importance       de cette consultation qui doit assurer qu'après les sacres, lorsque les       sanctions et les vocables infamants tomberont, le front commun de la       Tradition tiendra bon.
L'abbé du Chalard, d'Albano, transmet par téléphone le       texte de la lettre du cardinal Ratzinger du jour même : les candidats       proposés par Mgr Lefebvre ne plaisent pas. Ils n'ont pas « le profil».       Rome va-t-elle trouver dans la Fraternité un épiscopable ayant le       profil, c'est-à-dire conciliant, faible, libéral à souhait ? La       menace n'est pas illusoire, Monsignore Perl s'est soigneusement informé       à ce sujet lors de la visite apostolique. 
DES AVIS DIVERGENTS
Alors, chacun des participants de ce petit concile de la       Tradition livre franchement son opinion.
L'abbé Lecareux, les capucins, l'abbé Coache et l'abbé        Tissier de Mallerais se prononcent pour l’accord. Dom Gérard également        :
– « Si une rupture intervenait, dit-il, nous        deviendrions sociologiquement une secte, comme les "petites Eglises",        dont on ne revient jamais à la grande Eglise. »
Quant aux dangers évoqués par Monseigneur :
– « A nous de nous défendre ! Ne sous-estimons pas        notre force, qui est doctrinale ; et concluons entre nous une charte de        charité, un pacte catholique de ne rien faire qui crève le front commun        et mette nos frères en désaccord. »
En sens inverse parle le père André:
– « Maintenons nos exigences, sinon gardons notre        liberté et supportons les accusations et étiquettes d'excommunication.        »
L'abbé Aulagnier, pour sa part, parle le langage de la       prudence :
– « A Rome, on a une pensée théologique et        philosophique contraire à la pensée de l'Eglise. J'ai peur de cet accord        ; je crains la ruse du démon, de l'ennemi. Je ne me vois pas discuter        avec Lustiger, Decourtray, le pape d'Assise. L'évêque sacré n'aura pas        l'autorité morale. Je crains le Bureau romain. "J'adhère à la Rome        catholique, je refuse la Rome moderniste", qui risque d'être le Léviathan        qui nous dévore. »
Les sœurs, à leur tour, sont quasi unanimement catégoriques        : « Nous ne pouvons plus traiter avec des évêques qui ont perdu la foi        », estiment les dominicaines de Fanjeaux ; et celles de Brignoles considèrent        que la dépendance à l'égard du Bureau les forcerait « à des contacts        avec leurs anciennes congrégations devenues modernistes» et que « c'est        impossible ». Les sœurs de la Fraternité évoquent le « risque pour la        foi et la cohésion de la Tradition ». Enfin les carmélites jugent que        « c'est un cheval de Troie dans la Tradition ». 
UN PRINCIPE LUMINEUX
Mgr Lefebvre, qui a objectivement exposé les avantages       et inconvénients de l'accord, montre pour finir où penche la balance.       Le principe est lumineux : 
« Le lien officiel à la Rome moderniste n'est rien       à côté de la préservation de la foi ! »
La réunion se clôt sur l'assurance de tous : –        Nous nous en remettrons à la décision de Monseigneur. »
Mais, déjà, dom Gérard prend à part l'archevêque       :
– « La condition du monastère est particulière, allègue-t-il,        tenter sa normalisation ne crée pas les mêmes dangers que pour la        Fraternité. »
Le prélat concède :
– « Vous, ce n'est pas pareil, vous avez vos moines        autour de vous, moi j'ai quatre-vingts maisons et cinq cents chapelles, ce        serait la division. »
Mais la division, sous-entend l'archevêque, elle sera       entre vous et nous. Dom Gérard ne le saisit pas ; oublieux de son propos       de pacte et front commun, il va négocier avec les autorités romaines, dès       le 21 juin, un accord séparé.
Ayant consulté, Mgr Lefebvre doit maintenant décider.       Ainsi le veut la vertu de prudence : être lent dans le conseil et prompt       dans la décision. Cette décision, il la prendra seul. Le Vatican va le       croire « prisonnier de son entourage » et lui enverra exprès, la veille       des sacres, une grande Mercedès à Ecône pour le soustraire à ses prétendus       geôliers.
– « C'est étonnant, dira-t-il, que l'on invoque        toujours mon entourage, alors que c'est moi qui ai soutenu mon entourage        pour aller jusqu'aux sacres. »
C'est vrai : ni le tenace Schmidberger, ni le bouillant       Aulagnier n'ont poussé à la roue. 
SEUL A POUVOIR DECIDER
La décision des sacres, Mgr Lefebvre est seul à pouvoir        la prendre : imbibé du sens de l'Église dès son séminaire romain, puis        en Afrique comme délégué et confident de Pie XII, héraut de la foi        durant le concile, qui mieux que lui peut juger de la trahison de la vérité        de l’Eglise par l’Autorité ? Évêque catholique, successeur des Apôtres        depuis quarante ans, il ressent fortement la responsabilité formidable        qui repose sur ses épaules. Il se sent seul en place pour pouvoir estimer        que le moyen exceptionnel de salut public qu'il envisage, loin d'être        illicite, est légitime et catholique, que l'action, au lieu d'être un péché,        sera un acte bon et vertueux, lui qui dira après le sacre :
– « Si j'avais eu conscience de commettre un péché,        je ne l'aurais pas fait. »
Aussi, le jour de la Fête-Dieu, 2 juin 1988, écrit-il       au pape sa résolution :
« Étant donné le refus de considérer nos requêtes et       étant évident que le but de cette réconciliation n'est pas du tout le même       pour le Saint-Siège que pour nous, nous croyons préférable d'attendre       des temps plus propices au retour de Rome à la Tradition.
« C'est pourquoi nous nous donnerons nous-même les        moyens de poursuivre l'œuvre que la Providence nous a confiée, assuré        par la lettre de Son Eminence le cardinal Ratzinger datée du 30 mai, que        la consécration épiscopale n'est pas contraire à la volonté du        Saint-Siège, puisqu'elle est accordée pour le 15 août.
« Nous continuerons de prier pour que la Rome moderne,       infestée de modernisme, redevienne la Rome catholique et retrouve sa       Tradition bimillénaire. Alors le problème de la réconciliation n'aura       plus de raison d'être et l'Eglise retrouvera une nouvelle jeunesse. »
(1) Marcel Lefebvre, une vie par       Mgr. Tissier de Mallerais (Clovis, 2002, p. 587-590)
Texte extrait du Bulletin du Prieuré       Marie-Reine, 195, rue de Bâle, 68100 Mulhouse - Mai 2008 
