1 janvier 1970

30 avril 1957 [Cardinal Joseph-Charles Lefebvre] Rapport doctrinal devant l'assemblée plénière de l'épiscopat français (Extrait)

SOURCE - Cardinal Joseph-Charles Lefebvre - 30 avril 1957

En même temps que nous constatons l'oeuvre divine dans les âmes, nous avons le souci de les préserver des périls auxquels leur ardeur même les expose. À ceux qui ont grâce d'état pour sauvegarder la pureté doctrinale, jamais ne s'est imposée plus qu'aujourd'hui la recommandation que saint Paul adressait dans sa vieillesse à son disciple Timothée : « Tu vero, vigila, in omnibus labora, opus face evaglistae, ministerium tuum imple ». En vérité, elle est indispensable cette vigilance qui, sauvegardant l'authenticité du message, prépare le travail d'évangélisation qui le répand et garantit sa valeur au ministère qui lui fait porter des fruits dans les âmes.

Il est d'autant plus nécessaire d'affirmer l'autorité des évêques sur ce point, que des interventions inadmissibles viennent, assez souvent, la gêner. Nous pensons à ces prêtres et à ces fidèles qui s'érigent en docteurs pour donner à tous - même à la hiérarchie - des leçons d'orthodoxie et qui portent imprudemment contre leurs frères de dures, et souvent injustes condamnations.

Cette façon d'agir est déplorable. Elle compromet l'exercice de l'autorité légitime, que l'on accuse facilement  e s'être laissée influencer. Elle risque de rendre inopérantes de discrètes démarches pastorales, qui n'ont de chances d'aboutir que dans un climat exempt de passion et non vicié par les déclarations retentissantes de personnes sans mandat.

Certes, des chrétiens ont le droit de discuter entre eux, mais il ne leur appartient pas de se jeter des anathèmes. De même, il faut que chacun ait le souci de garder l'intégrité de la foi. mais l'intégrisme est à rejeter fermement ; incapable de distinguer, à l'aide des diverses notes théologiques, ce qui, dans la doctrine, est définitivement fixé, susceptible de progrès, ou laissé encore à la libre discussion des théologiens, il en arrive à vouloir arrêter tout progrès et semble se complaire en condamnations sommaires. ceux qui sont atteints de ce mal sont souvent enclins, par ailleurs, aux généralisations hâtives.