SOURCE - Diocèse de Bordeaux - 2       février 2007
Mgr Ricard présente le sens       et la portée de la convention signée avec l'Institut du Bon Pasteur
UNE CONVENTION AVEC L’INSTITUT DU BON PASTEUR
Le jeudi 1° février ont été       signés un décret érigeant sur Bordeaux une paroisse personnelle et une       convention confiant la charge pastorale de cette paroisse à l’Institut       du Bon Pasteur.
  
Le Code de Droit canonique       parle de la paroisse personnelle en ces termes : « En règle       générale, la paroisse sera territoriale, c’est-à-dire qu’elle       comprendra tous les fidèles du territoire donné ; mais là où c’est       utile, seront constituées des paroisses personnelles, déterminées par       le rite, la langue, la nationalité de fidèles d’un territoire, et       encore pour tout autre motif. » (canon. 518)
  
Cette paroisse personnelle, qui       n’est donc pas territoriale, réunit des fidèles qui souhaitent       célébrer la liturgie avec les livres liturgiques en vigueur en 1962.       Elle prend sa place parmi les autres communautés, où cette liturgie est       célébrée en accord avec l’archevêque: chapelles du Christ       Rédempteur (à Talence) et de Saint Germain (à Auros), église Saint       Bruno (à Bordeaux). Cette paroisse a son siège en l’église Saint Eloi       qui est mise à sa disposition par le diocèse. Elle est confiée à l’Institut       du Bon Pasteur, société de vie apostolique de Droit pontifical, érigé       officiellement par Rome le 8 septembre dernier.
Le temps est venu
Cette décision, évoquée dans       mon éditorial paru dans L’Aquitaine du 6 octobre 2006, a été       précédée d’une consultation du Conseil presbytéral et du Conseil       pastoral diocésain. Des questions ont été posées et des réticences       exprimées. Les contacts pris, les rencontres avec les membres de l’Institut       et son Supérieur général, les difficultés surmontées, une lettre       personnelle que m’a adressée l’abbé Laguérie, souhaitant, après       des années de polémique, nouer avec le diocèse des relations plus       fraternelles, m’ont convaincu que le temps était venu de signer avec l’Institut       une convention. Celle-ci, comme d’ailleurs la reconnaissance par Rome de       l’Institut, est ad experimentum. Elle sera revue dans cinq ans et le       point sera fait chaque année entre les deux parties.
Pour une communion fraternelle
La signature de cette       convention n’est pas un pur acte administratif ni une décision prise à       contrecœur. Elle est l’expression d’une volonté d’accueil et de       communion dans le diocèse de Bordeaux de ces prêtres et de ces fidèles       qui ont souhaité retrouver la pleine communion avec le Siège de Rome. Il       faut nous rappeler que nous sommes de la même famille, tous appelés par       grâce à prendre place comme des pauvres à la table du Seigneur. Lors de       la célébration de l’Eucharistie, j’adresse souvent au Père cette       prière : « Humblement, nous te demandons qu’en ayant part au       corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit Saint       en un seul corps. » Personne n’est propriétaire de l’Eglise.       Dans une réconciliation selon l’Evangile, il n’y a ni vainqueur ni       vaincu, ni concession ni condition, il y a communion fraternelle, c’est-à-dire       accueil de l’amour du Christ, tout en tous.
Une tâche à réaliser
Certes, cette communion a, par       la convention signée, une dimension institutionnelle : cette       paroisse personnelle a les mêmes droits et devoirs que les autres       paroisses du diocèse, tels qu’ils sont définis par nos statuts       diocésains et le droit universel de l’Eglise. Mais cette communion doit       être aussi vécue par des liens fraternels, car, si elle est un fruit de       l’Esprit, elle est aussi une tâche à réaliser, avec ce que cela       comporte de connaissance mutuelle, de communication, d’échange et de       dialogue. Sur la suggestion du Conseil presbytéral, j’ai décidé la       création d’une commission de dialogue (de 5 à 7 personnes) qui sera en       relation habituelle avec cette paroisse confiée à l’Institut du Bon       Pasteur et aidera à une meilleure connaissance réciproque.
Dans l’approfondissement du Concile Vatican II
Nous savons bien que ce n’est       pas seulement la question liturgique qui a été précédemment la cause       de divisions dans l’Eglise mais plus largement une divergence sur l’autorité       doctrinale et pastorale du Concile Vatican II et sur la réception de ses       textes. L’accueil fait par Rome aux prêtres de l’Institut n’a pas       fait l’économie de cette question. Celle-ci reste encore présente. Il       ne faut pas se le cacher. La communion fraternelle ne l’efface pas. La       difficulté n’est pourtant pas insurmontable. Lors de la création à       Rome de l’Institut du Bon Pasteur, le 8 septembre dernier, les prêtres       de cet Institut ont déclaré « accepter la doctrine, contenue dans       le n°25 de la Constitution dogmatique « Lumen Gentium » du       Concile Vatican II sur le Magistère de l’Eglise et l’adhésion qui       lui est due. » Ils ont accepté aussi de       préciser : « A propos de certains points enseignés par       le Concile Vatican II ou concernant les réformes postérieures de la       liturgie et du droit, et qui nous paraissent difficilement conciliables       avec la Tradition, nous nous engageons à avoir une attitude positive d’étude       et de communication avec le Siège Apostolique, en évitant toute       polémique. » (Acte d’adhésion) Il est donc possible, en       fidélité au Magistère actuel, de pouvoir parler avec les membres de l’Institut       et avec les fidèles qui les rejoignent, des différents points qui leur       font difficulté dans le Concile Vatican II. La vérité de la communion       est à ce prix.
  
Le Concile Vatican II, situé       dans toute la Tradition de l’Eglise, est pour nous, comme l’ont dit       les papes Jean-Paul II et Benoît XVI, une « boussole » pour       notre marche ecclésiale. L’année prochaine, j’ai proposé à tout le       diocèse quatre grandes catéchèses pour adultes sur les grandes       intuitions de ce Concile. Je souhaite qu’elles soient également l’occasion,       sans faire l’économie de nos différences, d’une réflexion sereine       et d’un échange respectueux entre tous.
Une communion pour la mission
N’oublions pas enfin que       notre communion est au service de notre mission. Nous sommes confrontés       à des défis terribles : comment annoncer l’Evangile aujourd’hui       à ceux qui ne le connaissent pas ? Comment transmettre la foi       chrétienne aux générations qui viennent dans une société largement       sécularisée ? Comme je l’ai déjà dit en octobre dernier :       « Nous avons besoin d’unir nos forces, toutes nos forces, et de       partager nos expériences. Nous sommes appelés à vivre la même aventure       apostolique. Certains jours, la mer peut paraître forte. La barque       ecclésiale en est secouée. Mais n’ayons pas peur ! Entendons le       Christ nous dire : Hommes de peu de foi, pourquoi avez-vous       douté ? Ne savez vous pas que je suis avec vous dans la barque jusqu’à       la fin des siècles ? »
  
C’est bien sur cet horizon de       la communion et de la mission qu’il nous faut situer l’enjeu de la       convention qui vient d’être signée.
  
Bordeaux, le 2 février 2007
En la Fête de la Présentation       de Jésus au Temple
Jean-Pierre cardinal RICARD
Archevêque de Bordeaux
Evêque de Bazas