6 mars 2010

[Mgr Bernard Fellay, fsspx - Angelus - DICI] Entretien avec Mgr Bernard Fellay sur la croisade du rosaire, paru dans The Angelus

SOURCE - Mgr Bernard Fellay, fsspx - Angelus - DICI - 6 mars 2010
The Angelus est la revue du district des Etats-Unis de la Fraternité Saint-Pie X.

The Angelus : Monseigneur, vous avez appelé à une croisade du Rosaire du 1er mai 2009 au 25 mars 2010. Quelle est la raison d’un effort aussi important ?

Mgr Bernard Fellay
: Il est évident que nous ne vivons pas des temps normaux, et aussi que nous sommes encore dans la période couverte par le message de Fatima. En 1917, la Sainte Vierge Marie est apparue à trois petits enfants et leur a promis qu’à la fin son Cœur immaculé triompherait. En l’an 2000, apparemment quelque chose de ce que l’on appelait le « troisième secret » de Fatima a été publié par le Vatican, à la grande insatisfaction de presque tout le monde. Et, franchement, ce n’est pas fini. Le triomphe, sous quelque forme que ce soit, du Cœur immaculé ne s’est pas réalisé. Cela veut dire que quelque chose doit encore venir. Et nous escomptons, qu’avec un tel triomphe, une partie ou toute la crise actuelle de l’Eglise sera aussi terminée. Aussi nous essayons d’obtenir que le Ciel fasse les deux à la fois, en demandant et en désirant ce magnifique triomphe de notre Mère du Ciel, la Mère de Dieu.

Quels sont les exemples historiques qui vous ont incité à prendre la décision de lancer une croisade du rosaire ?

Mgr F.
– C’est vrai, il y a en fait plusieurs exemples dans l’histoire de l’intervention divine, une véritable intervention de Dieu ou de ses saints dans l’histoire humaine, et particulièrement après la prière du chapelet.

L’une des plus célèbre est la victoire de Lépante. Saint Pie V, devant les dangers encourus par la Chrétienté dans sa défense contre la menace des Turcs, avait en effet appelé toute l’Europe à une croisade spirituelle de chapelets. A ce combat spirituel était uni celui de la flotte chrétienne qui rencontrait les forces navales de l’Islam, au large de Lépante. Bien qu’en nombre inférieur, les chrétiens avaient à la fin de la journée remporté une victoire tellement signalée, que pendant des années, les chrétiens ont été laissés en paix.

La grande bataille de Vienne, remportée par Sobiesky, de nouveau contre les Turcs, est aussi attribuée à la prière du chapelet. De même, en Autriche, la délivrance de l’occupation par la Russie communiste en 1955 est aussi considérée comme une victoire due à la prière du saint rosaire.

Certains insinuent que l’Eglise catholique est si violemment attaquée par ses ennemis que la prière ne semble pas suffisante pour soutenir sa cause. Que pensez-vous de tels doutes ?

Mgr F.
– Quand nous prions, nous comptons sur l’aide du Dieu Tout-puissant et de ses saints. Cette puissance ne souffre aucune comparaison avec des forces humaines, quelque vigoureuses qu’elles puissent être. Dieu seul est infini, infini en puissance – nous l’appelons le Dieu Tout-puissant – et ce mot doit être pris sans aucune atténuation. Car Dieu peut vraiment faire tout ce qu’Il veut. La prière, et plus encore les prières que Lui-même nous a données peuvent en toute vérité obtenir ce que les ressources humaines ne pourraient jamais accomplir. Il est vrai qu’une des conditions pour qu’une prière soit efficace, c’est la confiance que nous avons d’être exaucés. Si nous-mêmes nous ne considérons pas réaliste que Dieu puisse nous écouter et faire ce que nous demandons, nous n’obtiendrons rien. Nous devons toujours nous souvenir de ces paroles : « Si vous aviez de la foi gros comme un grain de moutarde, vous diriez à cette montagne : ‘Transporte-toi d’ici là’, et elle se transporterait » (Mat. 17, 21). Au contraire, nous devons dire que la prière est le seul moyen proportionné pour résoudre le problème que rencontre l’Eglise. Bien sûr, cela n’exclut pas de notre part toutes les autres actions nécessaires.

Il est évidemment difficile de parler de croisade du rosaire sans parler de Fatima, et en particulier du 3ème secret. Quelle est l’importance de ce 3ème secret ?

Mgr F.
– Nous pourrions dire que l’importance de ce secret est proportionnée à l’importance des moyens employés par certains pour empêcher sa publication intégrale. Très vraisemblablement, nous devons accepter que le 3ème secret parle des épreuves actuelles et peut-être de quelques événements futurs dans l’Eglise. Et comme il ne comprend pas uniquement la description des désastres, mais aussi la promesse de la victoire de Notre-Dame, cette partie-là nous la connaissons déjà. Il semblerait que nous puissions également y trouver la clé pour sortir de la crise actuelle, ainsi que des précisions au sujet de cette crise.

Pensez-vous que la consécration de la Russie au Cœur immaculé de Marie a été faite ?

Mgr F.
– Nous pouvons dire qu’une certaine consécration au Cœur immaculé a été faite, et même une certaine consécration de la Russie, bien qu’imparfaitement et sans respecter toutes les conditions indiquées par la Très Sainte Vierge Marie. Pie XII déjà avait consacré le monde, Jean-Paul II a mentionné le pays où l’Icône de Marie est vénérée… Mais tous les évêques n’étaient pas unis pour faire cette consécration de la Russie.

Pourquoi, à votre avis, Pie XII a-t-il fait une consécration du monde au Cœur immaculé de Marie, et non pas la consécration de la Russie, selon la demande de Notre Dame qu’il connaissait certainement ?

Mgr F.
– Il pourrait y avoir au moins deux explications : la première est que sous Pie XII il y avait une forte opposition à une telle consécration ; et la deuxième est que vers la même époque une autre révélation est venue d’Espagne demandant la consécration du monde. Aussi Pie XII a pu essayer de combiner les deux dans une seule consécration… De toute façon, quand il l’a faite, certains des miracles de Fatima se sont répétés pour lui au Vatican : une pluie de roses et le miracle du soleil.

D’après vous, de quelle manière la consécration de la Russie pourrait-elle influencer la situation de l’Eglise ?

Mgr F.
– Dans l’histoire de l’humanité, les choses sont beaucoup plus reliées les unes aux autres que nous ne le pensons, mais très souvent nous ne pouvons pas voir ce lien ni le comprendre. Ainsi, la consécration de la Russie libérerait ce pays de ses erreurs : il se convertira, comme Marie l’a dit. Comment cela peut-il affecter la crise dans l’Eglise ? De beaucoup de façons, mais ici nous sommes vraiment dans le domaine des spéculations. Je préfère laisser les mains libres à la Mère de Dieu pour faire ce qu’elle veut. Elle parle de triomphe, et cela veut définitivement dire une grande victoire contre les forces du mal… une telle victoire spirituelle ne serait pas spectaculaire, si elle n’était accompagnée d’un véritable redressement de l’Eglise. Mais, ne me demandez pas comment.

Pensez-vous que les effets de la consécration de la Russie seront entièrement surnaturels ? Certains semblent imaginer des résultats immédiats d’ordre politique ou naturel.

Mgr F.
– Point n’est besoin de limiter la puissance de Dieu ou de Marie. Les deux effets sont facilement possibles. Une conversion de la Russie serait-elle uniquement surnaturelle et n’inclurait-elle pas quelques éléments humains ? La crise actuelle a aussi des aspects humains, par exemple les églises vides, les couvents vides… Aussi Dieu pourrait-il les remplir de nouveau, et avec des personnes de bonne foi, des convertis.

Quelle est l’importance de la croisade du rosaire pour l’influence de la Tradition dans l’Eglise catholique ?

Mgr F.
– Tout simplement ceci : comment pourrions-nous prétendre faire du bien à l’Eglise si ce n’est par des moyens surnaturels ? Donc, si nous utilisons des moyens surnaturels comme la prière, et la prière du chapelet, la croisade du rosaire peut être d’une importance cruciale.

Pour vous, sont-ce seulement les fidèles de la Fraternité qui doivent s’impliquer dans cette croisade du rosaire ou bien également les autres catholiques ?

Mgr F.
– Il n’y a aucune restriction à notre croisade. Toute âme de prière est la bienvenue ! Nous ne prétendons pas avoir l’exclusivité d’une prière qui a été donnée à l’Eglise tout entière. Il est vrai cependant que peu de fidèles continuent de la dire, en comparaison avec ce qui devrait être. Mais, à cause des circonstances présentes, il était assez difficile de dépasser nos frontières pour cet appel à la prière.

Avez-vous reçu en dehors de la Fraternité des réactions positives au sujet de cette croisade, au cours de l’année écoulée ?

Mgr F.
– Très peu. Je me souviens d’un prêtre italien présent aux ordinations à Ecône, qui avait promis de se joindre à nous pour un million de chapelets. De plus, l’abbé Gruner (*) a aussi lancé quelque chose de semblable… Ce n’est pas beaucoup. Lors des dernières croisades, le cardinal Castrillón Hoyos avait été impressionné par le nombre de chapelets. Il m’a dit être certain qu’ils avaient joué leur rôle pour obtenir de nous faire arriver là où nous en sommes aujourd’hui. (Source : The Angelus. Traduction : DICI n°211 du 06/03/10)

(*) Le P. Nicholas Gruner est un prêtre américain de tendance traditionnelle, rédacteur en chef de The Fatima Crusader. Il a lancé une croisade du rosaire ainsi qu’une campagne de pétitions à adresser au pape pour obtenir la consécration de la Russie.

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