19 janvier 2012

[Jean Mercier - Jean-Luc Brunin, évêque du Havre - La Vie] Exigeant - « Se réconcilier mais pas à n’importe quel prix »

SOURCE - Jean Mercier - Jean-Luc Brunin, évêque du Havre - La Vie - 19 janvier 2012

« Je trouve noble que Benoît XVI ne se résigne pas au schisme, qu’il cherche l’unité. Il y a des croyants qui se fourvoient dans ces communautés séparées de l’Église, qui ne leur permettent pas de vivre de façon sereine, mais plutôt en cultivant des rancœurs et des nostalgies.
La plupart de ces chrétiens se sont laissé tromper par une aventure où je ne vois pas la dynamique de l’Évangile. Ils vivent dans une suspicion perpétuelle.

Il faut les aider à retrouver cette force de liberté qui est le cœur du message du Christ. Je communie aux efforts de Benoît XVI pour résorber la fracture. Dans l’esprit du pape, il faut permettre une communion entre les catholiques de sensibilités différentes. Depuis 2007, les intégristes ne peuvent plus prendre la liturgie comme prétexte pour ne pas revenir dans l’Église, le pape ayant levé l’hypothèque avec son motu proprio Summorum Pontificum. Mais la réconciliation ne peut pas se faire à n’importe quel prix. Le pape a multiplié les gestes. Il a levé les excommunications au risque d’être incompris. Les lefebvristes doivent désormais faire le signe qu’ils ont envie de rejoindre l’Église du Christ. On attend d’eux une conversion, qu’ils quittent l’imaginaire dans lequel ils se sont enfermés, qu’ils cessent de se braquer sur des postures idéologiques de fermeture aux autres et au monde. L’ouverture à l’autre a toujours été un risque qui implique une vigilance, certes, mais il faut le prendre. On ne peut pas se blinder indéfiniment dans des forteresses assiégées. Je fais une totale confiance au pape. Quand on voit les références constantes de Benoît XVI au Concile, et sa décision de lancer une Année de la foi pour en fêter les 50 ans, il est clair qu’il ne bradera pas Vatican II. Le pape est rigoureux, il connaît les intégristes, il ne transigera pas sur le fond.