15 septembre 2015

[Abbé Christian Bouchacourt, fsspx - La Lettre à nos frères prêtres] Notre inquiétude à propos du mariage

SOURCE - La Lettre nos frères prêtres N° 67 - septembre 2015


La situation du mariage, aussi bien naturel que chrétien, est aujourd’hui assez dramatique. Les « unions libres », les naissances hors mariage, les adultères, les divorces ne cessent d’augmenter, au grand dam des enfants, qui en sont les premières victimes, au détriment de la société, qui a besoin de familles unies, au préjudice des personnes qui s’engagent inconsidérément dans ces pratiques.

Nous avons pleinement conscience qu’entrer dans le mariage, fonder une famille, représente un engagement complexe et durable, et que les personnes mariées peuvent rencontrer au cours de leur existence des difficultés réelles et variées : ce sont ces « tribulations dans leur chair » dont parlait saint Paul avec un grand réalisme (1 Co 7, 28). Le péché originel, qui a, sans la détruire, altéré la nature humaine, a particulièrement atteint les puissances génératives de l’homme : d’où la fréquence et la violence des tentations en ce qui concerne les relations entre les hommes et les femmes. De plus, les conditions de la vie moderne favorisent malheureusement les tentations, les infidélités et les ruptures. Il est donc évidemment nécessaire que la pastorale tienne compte de ces difficultés, aussi bien celles qui sont universelles et permanentes que celles qui découlent de la vie moderne.

Mais on ne peut qu’être effrayé en voyant comment cette question du mariage, qui demande sans doute aujourd’hui des nuances et des approfondissements, mais dont la substance doctrinale, sacramentelle et pastorale est clairement définie, a été traitée dans les derniers mois.

Certaines déclarations venant de personnes constituées en dignité ecclésiastique ont prétendu remettre en cause « à la hussarde » des certitudes fermement enracinées dans la Révélation divine. Des propositions ont été faites, qui n’auraient d’autre effet que de ruiner à la base la notion même du mariage monogame, stable et indissoluble.

Il faut le dire également : les deux Motu proprio du Pape régnant nous semblent gros de dangers immenses. Rendre plus simples, plus rapides, moins coûteuses les procédures devant les officialités ne pose en soi aucun problème. Mais supprimer le très sage garde-fou que constitue la double sentence conforme en matière de reconnaissance de nullité, alors que ces procès sont souvent complexes, que de fortes passions y sont engagées, et que les preuves sont parfois difficiles à apprécier, nous paraît une erreur qui risque d’entraîner la dissolution de mariages pleinement valides, sans respect pour le sacrement.

Prions pour que le Saint-Esprit éclaire sur ce point le Pape et les évêques afin que, fortifiés dans la foi, ils aient le courage de défendre le mariage naturel et chrétien.

Abbé Christian BOUCHACOURT