30 septembre 2016

[DICI] Rupture ou Fidélité, 1948-1975 : une congrégation religieuse dans l’Eglise ébranlée

SOURCE - DICI - 30 septembre 2016

Les éditions Clovis viennent de publier le second ouvrage de Sœur Alice-Marie, dominicaine enseignante, où elle raconte l’histoire et les tribulations de la congrégation des religieuses du Saint-Nom-de-Jésus dans la tourmente conciliaire. Le professeur Jean de Viguerie décrit le livre comme « une contribution majeure à l’histoire contemporaine de l’Eglise ». Nous citons ici quelques extraits de la présentation qu’en fait l’historien dans sa préface.

« L’auteur divise la période en trois temps qui sont ses trois parties.

« La première est intitulée ‘Les nouvelles constitutions’. La Congrégation opère sa réforme. Les anciennes constitutions avaient été approuvées en 1873. A cette date, la moitié des Français faisaient encore leurs Pâques. En 1950, un quart seulement. La Congrégation se réforme en 1953 en vue d’un apostolat plus vigoureux et d’un enseignement plus chrétien. La supérieure générale, mère Hélène Jamet, dirige les opérations. Le père Calmel, dominicain, est son conseiller approuvé par le Saint-Siège. (…) Cependant les difficultés commencent : quinze sœurs font opposition et, le Saint-Nom étant de droit pontifical, recourent à Rome. La Sacrée Congrégation des religieux ajourne le chapitre général prévu en juin 1954 et ajoute à la formule des vœux la promesse d’observer la règle de saint Augustin. Rien de grave mais ce n’est pas tout : il est mis fin au ministère du père Calmel auprès de la Congrégation. Aucun reproche ne lui est adressé, mais on estime son départ nécessaire pour la ‘paix’ intérieure. En fait, ce départ au moment où commence la crise conciliaire est une cause d’affaiblissement.

« La deuxième partie du livre est intitulée ‘La Congrégation de 1954 à 1971 : dans la tourmente conciliaire’. L’ère des tribulations a commencé. Le décret de Paul VI, Perfectæ Caritatis (1965), et l’obligation faite à l’Eglise entière d’un aggiornamento engendrent des perturbations incalculables. Le décret Perfectæ Caritatisimpose à tous les instituts religieux de revoir leurs constitutions afin de rénover leur vie religieuse. (…) L’élection au généralat de mère Anne-Marie Simoulin (1967) met fin à cette remise en question. (…) Elle engage tout de suite la défense. Elle se bat pour les constitutions de 1953. Elle se bat pour garder la messe de saint Pie V. Elle se bat contre le fonds obligatoire (le nouveau catéchisme). (…) Cependant, le combat est trop inégal, et la tension est telle qu’elle aboutit à la rupture. C’est le titre de la troisième partie : ‘Des tensions à la rupture’ (1971-1974). (…)

« Tout a été vérifié. Il n’y a dans ce livre rien qui ne soit prouvé. L’auteur a rassemblé une documentation considérable. Elle ne s’est pas contentée des archives de sa Congrégation. Elle a aussi consulté celles des évêchés. Cependant, sa source principale est le fonds Simoulin. La mère Anne-Marie avait archivé tout son courrier, recopié elle-même ses propres lettres. Retirée à la maison de Romagne, elle voyait tous les jours la sœur Alice-Marie et travaillait avec elle à la reconstitution de cette histoire. Aux documents écrits, elle ajoutait ses souvenirs personnels. (…) Nous avons ici pour la première fois le récit continu et détaillé d’un quart de siècle de persécutions infligées à un institut religieux. Dans l’historiographie de la crise, l’ouvrage fera date.

« Il fera date par les très nombreux faits qu’il rapporte, mais aussi par les textes produits, textes officiels des autorités et lettres ouvertes ou privées. Pour la plupart de ces documents, l’auteur a jugé nécessaire de les insérer entièrement dans son texte. Les autres sont donnés en annexe. Tous sont à lire de la première à la dernière ligne. L’ensemble forme un recueil sans égal, illustrant le courage des Sœurs et la cruauté ou l’hypocrisie des persécuteurs. »


(Source : clovis – DICI n°341 du 30/09/16)