6 octobre 2019

[Le Monde - Zineb Dryef] Un lieu dans l’actu : l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

SOURCE - Le Monde - Zineb Dryef - 5 octobre 2019

Fondé en 1970, ce monastère du Vaucluse est un haut lieu du catholicisme traditionaliste. Des opposants à la PMA pour toutes s’y sont réunis avant leur mobilisation du 6 octobre.
Un haut lieu traditionaliste
C’est dans cette abbaye bénédictine entourée de vignes et d’oliviers, au pied du mont Ventoux, que de nombreux jeunes catholiques traditionalistes se sont retrouvés le week-end du 28 septembre pour préparer leur rentrée et leur participation à la mobilisation du 6 octobre contre la PMA pour toutes. Fondé en 1970, ce lieu reçoit régulièrement des jeunes pour des moments de «formation» et compte une école catholique mixte et hors contrat qui accueille des élèves de la maternelle au CM2 – jupe obligatoire pour les fillettes, legging autorisé en cas de grand froid. Le collège de garçons est aujourd’hui fermé par manque de moyens.
Un refuge de l’extrême droite
Cette abbaye a vu son calme troublé par la visite de la police, au mois d’avril 2011, espérant y trouver Xavier Dupont de Ligonnès. Le fugitif y a séjourné, mais trente ans plus tôt. À l’époque, les moines sont proches de Mgr Lefebvre. Au milieu des années 1990, Le Monde révèle qu’ils accueillent régulièrement Jacques Bompard, Jean-Marie Le Pen et Chrétienté-Solidarité, le mouvement intégriste de Bernard Antony. L’abbaye demeure un fief de l’extrême droite. En 2013, le père Dom Louis-Marie prononçait l’homélie de Jean Madiran, journaliste maurassien, antisémite et admirateur de Robert Brasillach. L’hommage s’achevait ainsi : «Que ce qu’il a semé puisse porter beaucoup de fruits.»
Le repaire des parents Lambert
Installés dans le sud de la France, Viviane et Pierre Lambert fréquentaient régulièrement l’abbaye. Leur fille, la demi-sœur de Vincent, dénonçait l’influence de certains moines sur ses parents. «Ce monastère traditionaliste gère de très près la vie de Viviane Lambert et de mon père, expliquait-elle en mai sur Francetvinfo. C’est d’ailleurs au retour d’un voyage au Barroux qu’ils ont décidé d’attaquer en justice la décision de l’hôpital de Reims, en mai 2013.» L’un des frères de Vincent, Frédéric, devenu moine au Barroux à l’âge de 17 ans, a quitté les ordres en 2009.
Une PME florissante
Les produits d’abbaye ayant le vent en poupe, ceux du Barroux ne font pas exception : huile d’olive, nougats, savon… Ces derniers mois, les médias se sont enthousiasmés pour le succès de leurs sandales – 1.200 paires vendues chaque année, jusqu’au Japon – et pour leur vignoble. Depuis peu, les moines se sont associés aux vignerons de la cave coopérative locale et à un œnologue pour développer leur propre vin. Leur production est vendue sur Internet ainsi que sur leur application mobile qui diffuse quotidiennement en direct les offices en latin.