12 novembre 2012

[Père Alain Hocquemiller - Riaumont] Il n’y a pas de "guerre des cloches"…

SOURCE - Père Alain Hocquemiller - Riaumont - novembre 2012

Il n’y a évidemment pas de "guerre" entre Riaumont et l’Archevêché de Paris… Il y a par contre un vrai combat pour sauver de la destruction les cloches de Notre Dame.
Le prieur de la Sainte Croix de Riaumont communique :
Un article du Figaro rend compte de l’action que j’ai entreprise au nom de la Communauté Sainte-Croix de Riaumont et des enfants défavorisés dont elle s’occupe pour sauver de la destruction quatre cloches prestigieuses de la cathédrale Notre Dame de Paris.

J’aurais mauvaise grâce à critiquer un article qui présente de façon sympathique la démarche de ma Communauté.

Toutefois je tiens à me démarquer de l’analyse très sévère qu’il fait de l’opération de restauration des cloches de Notre Dame. Il est incontestable que ces cloches étaient mal accordées au grand Bourdon. A mon avis, cette magnifique entreprise et les frais qu’elle entraîne sont pleinement justifiés et je ne m’associe pas à ceux qui la dénigrent.

L’article dénonce à bon droit le traitement réservé aux anciennes cloches. Quels que soit les considérants administratifs de l’affaire, il est inconcevable de s’en débarrasser comme des objets encombrants de consommation courante qu’on jette quand on n’en a plus l’utilité. Je ne peux pas croire qu’il n’existe pas une solution juridique pour sauver ces cloches. Quelle que soit leur valeur musicologique, elles sont des témoins des grandes heures de la capitale : elles ont sonné l’armistice de 1918, la libération de Paris et la visite de Jean Paul II en 1980 !

Plus encore, ces cloches sont des objets consacrés par une bénédiction spéciale qui les retire de l’usage profane pour pour leur conférer une mission sacrée qui est d’appeler à la prière. Par là même, elles ont une vocation à la pérennité et ne peuvent être détruites qu’en dernière extrémité, pour éviter par exemple qu’une extrême vétusté ne finisse par les profaner, ce qui est évidemment très loin d’être le cas des cloches de Notre Dame.

Pour éviter ce gâchis et parce que nous en avions l’utilité à Riaumont, dans le clocher en construction de notre future église, j’ai effectivement demandé que ces cloches en déshérence nous soient attribuées et cette solution heureuse a été facilement agréée en juillet dernier par le responsable des Monuments historiques. Je ne comprends pas que cette procédure ait été interrompue sans explication.

Je tiens absolument à souligner qu’avant d’en venir aux moyens légaux que détaille l’article et de répondre aux questions des journalistes, j’ai multiplié pendant trois semaines des démarches amiables auprès de l’archevêché. Je suis peiné qu’elles n’aient rencontré que le silence. Les courriers sont restés sans réponse écrite. Les visites n’ont amené aucune réaction. L’une d’entre elles a été tout simplement éconduite. A l’heure du dialogue et de la communication, je le regrette vivement. Il n’y a eu de ce fait même aucune "violence" dans nos échanges ; sur ce point, le récit de la journaliste du Figaro a été au-delà de mes propos.

De tous ces échecs, j’ai bien sûr informé mes supérieurs religieux.

J’ai alors, sans "colère" mais sans faiblesse non plus, employé les moyens que me donne la loi. J’ai mené et continuerai de mener deux actions bien distinctes :

En tant que Président de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Religieux et Liturgique, j’ai dans l’urgence fait mettre les cloches sous protection judiciaire. C’est une action civile qui n’a rien d’une agression. Si malgré cette démarche, les cloches venaient à être détruites, j’entamerais la procédure prévue par mon avocat.

En tant que Président de l’Association Sainte-Croix de Riaumont, je continue à demander que ces cloches soient dévolues au chantier de l’église Saint Jean Baptiste à Riaumont, puisqu’à ce jour aucune raison ne m’a été donnée de ne pas conclure la procédure entérinée en juillet dernier par la DRAC.

Il est évident que si, après mûre réflexion, l’Archevêché désignait une autre destination à ces cloches, pour qu’elles continuent de chanter la gloire de Dieu et d’appeler à la prière, je serais déçu mais rassuré.

A l’heure où tous les chrétiens se retrouvent derrière leurs évêques pour défendre dans la société des sujets essentiels, il serait malhonnête d’interpréter comme un signe de division dans l’Eglise une affaire administrative qui peut trouver très facilement une solution convenable pour toutes les parties.

Mais puisque les cloches, comme le répète l’archevêché, appartiennent à l’Etat, pourquoi donc celui-ci n’attribuerait-il pas ces cloches à un chantier-école, qui a pour mission la formation d’enfants en grande difficulté scolaire et parfois familiale et sociale ?

Père Alain HOCQUEMILLER, prieur.