30 juin 2016

[Pierre Wolf-Mandroux - La Croix] Mort de Maurice Cantor, ancien prêtre dissident de Vatican II

SOURCE - Pierre Wolf-Mandroux - La Croix - 30 juin 2016

Ancien prêtre catholique, Maurice Cantor avait quitté l’Église après Vatican II. Fondateur d’une Église chrétienne « autocéphale » en Normandie, il est mort à 94 ans.

Maurice Cantor, fondateur de l’Église « autocéphale » Sainte-Marie du Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime), près de Rouen, est mort à 94 ans, a précisé le site de son Église. Sa messe d’inhumation sera célébrée le 1er juillet à l’église Sainte-Marie.

Né au Havre en 1921, il étudie à l’Institution Saint-Joseph du Havre. Il entre chez les moines bénédictins de Saint-Wandrille en 1940 et est ordonné prêtre en 1948. Il se retrouve ensuite dans diverses paroisses de la région de Dieppe.
« Guérisseur charismatique »
Il se fait alors connaître par ses dons de guérisseur charismatique, selon le P. Bernard Vignot, auteur de plusieurs livres sur les Églises parallèles.

Mécontent des orientations du concile Vatican II, Maurice Cantor démissionne de l’Église catholique en mai 1964, dans une lettre à Mgr Joseph-Marie Martin, archevêque de Rouen : « Je désire fonder une communauté de tradition catholique ouverte à tous sans exclusion et fidèle à la messe catholique traditionnelle en latin. »

Grâce aux soutiens de ses fidèles, il construit la chapelle Sainte-Marie au Mont-Saint-Aignan, où il célèbre la messe selon le rite de saint Pie V. En 1964, il est excommunié, ainsi que les prêtres qui l’ont suivi.
Prêtres mariés
Le site de l’Église Sainte-Marie précise que cette Église gallicane « de tradition catholique » ordonne prêtres des hommes mariés, « selon la tradition apostolique ». Elle donne aussi aux divorcés remariés la possibilité d’accéder aux sacrements. Des guérisons spirituelles y sont aussi pratiquées, et le culte de sainte Rita développé.

Cette église attire un nombre de fidèles substantiels, selon le P. Bernard Vignot. En 2011, dans son livre sur Le phénomène des Églises parallèles, celui-ci rappelait que les baptêmes célébrés par l’Église Sainte-Marie sont valides. Mais ces personnes baptisées ne peuvent avoir accès aux autres sacrements sans avoir posé un acte de pleine communion avec l’Église catholique, consécutif à un temps de catéchèse.
Mariages nuls et invalides
En 1999, le P. Pierre Choquet, vicaire général du diocèse de Rouen, précisait aussi que « les sacrements célébrés à la Chapelle Sainte-Marie le sont dans des conditions irrégulières aux yeux de l’Église catholique. En particulier, les mariages sont nuls et invalides ».

Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen s’est déclaré attristé par la mort de Maurice Cantor, rapporte Normandie-Actu. « C’est pour nous un chrétien. Devant la mort, nous ne pouvons que le confier à la miséricorde de Dieu, en toute amitié ».
Pierre Wolf-Mandroux