10 juillet 2008

[ARCHIVES 2008] [Ennemond - Fecit] I have a nightmare, I have a dream

SOURCE - Ennemond - 10 juillet 2008

Juillet 2012, I have a nightmare 

Le temps semble très lourd sur Rome, l’air presque étouffant. Jean-Paul III n’a de cesse de faire le ménage de la Curie établie par son prédécesseur. Son maître des cérémonies, Mgr Benito Marini, le poulain de Piero Marini, a retrouvé les planches de l’ère woytilienne. Il a également fait sculpter à l’identique la croix de Jean-Paul II que son prédécesseur, Guido Marini, avait pris le soin de faire fondre. 

Le pape reçoit ce soir son successeur sur le siège parisien, le cardinal Patrick Chauvet. Il doivent organiser le premier déplacement du pape en France pour l’inauguration du CIPDL, le Centre international pour la pastorale du Dialogue à Lourdes. Dans un élan d’ouverture et de fraternité, les autorités ont décidé de confier la grotte des apparitions à nos frères aînés dans la Foi. C'est ça le dialogue et la charité. A ceux qui auraient des objections à avancer, il est déjà prévu de leur dire que la grotte est surplombée par la basilique majeure. Il n’y a donc pas lieu de voir là la perte d’une soit-disante supériorité de notre Foi ! 

L’un des premiers textes du pontificat fut – il y a quelques semaines – la lettre pastorale « Temporalis Motu Proprio » [ndr : un Motu Proprio temporaire]. Le texte insistait sur la concession extraordinaire d’un rite qui devait l’être également. Désormais, après un temps de maturité, il était temps de rendre la liturgie aux fidèles et aux équipes qui n’attendaient qu’une chose, c’est qu’on leur rende rapidement, pour leur plus grand bonheur ! C’est pourquoi l’ancien rite était gracieusement concédé – en privé – aux prêtres âgés. 

Sur le Forum catholique, pendant que le liseur Pellicanus fanfaronne en disant : « Je vous l’avais bien dit qu’il fallait rester prudent », de leur côté, Caius et quelques autres tentent vainement de s’interroger sur ce que peut représenter, dans la pratique, un « prêtre âgé ». Les uns disent quatre-vingt, les plus optimistes parlent de quarante. Quant à Athanasios, il essaye tant bien que mal de prouver l’amour du Saint Père pour la Tradition catholique. 

Il est vrai que le nouvel archevêque de Paris tente bien de montrer le sien. Il s’est inspiré du modèle de regroupement des paroisses pour fédérer toutes les bonnes initiatives traditionalistes de la capitale en un lieu unique : la chapelle Saint-Paul, dans le quatorzième arrondissement. Point noir de la situation, le kyste chardonnetiste qu’il faut éradiquer et qui ne semble plus dégorger. 

Juillet 2012, I have a dream 

Un vent frais souffle sur le lac d’Albano. Ce matin, le pape Benoît XVI semble en pleine forte malgré ses 85 ans et il enfile les audiences privées en son palais de Castel Gandolfo. Le nonce à Riyad, Mgr Vingt-Trois, croise dans la porte du bureau papal le cardinal Albert Ranjith, président de la commission pontificale Ecclesia Dei Gaudeta, l’homme qui a su régler le « problème doctrinal ». Certains disent qu’il est l’inspirateur de l’encyclique de 2010, un texte rédigé en français « La récréation est finie » et qui paraissait destiné à un épiscopat gallicanisant. D’autres maintiennent que le texte est sorti tout droit de l’esprit du souverain pontife. Nul ne s’y était attendu. Pas même Tornielli. 

Ce jour là, les lacs italiens paraissaient aussi frais que ceux de Suisse. A Menzingen, devant le portrait du pape qui se trouve sur son bureau, Mgr Fellay, archevêque in partibus de Synada en Phrygie depuis le décret « Venerabilem Dominum Marcellum », reçoit son supérieur de district du Mexique, l’abbé Philippe Laguérie. Les deux hommes sabrent le champagne pour célébrer l’ouverture de la quarantième église dans le pays en trois ans. 

Pendant ce temps, à Paris, le nouvel archevêque, le cardinal Brouwet, célèbre désormais la messe à Notre-Dame chaque dimanche matin, et, à la différence de ses prédécesseurs, dans le rite tridentin. L’anecdote de la journée sur le Forum catholique, c’est le prix exorbitant (17 euros !) auquel est parti sur e-bay, un exemplaire du tout dernier numéro de La Croix, paru en septembre 2009 et tiré à l’époque à 300 exemplaires. Il faut dire que c'était un hors série consacré par Nicolas Senèze à l'oeuvre du grand Henri Tincq ! Ah, le bon vieux temps !