17 mars 2009

Le cardinal Hoyos donne sa version des faits de l'affaire Williamson
17/03/2009 - la-croix.com
Dans une interview publiée mardi 17 mars par le quotidien colombien "El Tiempo", le cardinal en charge des relations avec les lefebvristes s'en prend au porte-parole du Vatican, le P. Lombardi

Le cardinal Darío Castrillon Hoyos, président de la Commission "Ecclesia Dei", s'en est pris vertement au porte-parole du Vatican. Dans une interview publiée mardi 17 mars par le quotidien colombien El Tiempo, le prélat, qui avait été épinglé par le P. Lombardi à propos de l'affaire Williamson, donne sa version des faits et il le fait sans mettre de gants.

Le mois dernier, le porte-parole du Vatican reconnaissait les insuffisances qui ont marqué l’annonce de la levée des excommunications. Il mettait en cause le cardinal Castrillon Hoyos, principal négociateur avec les fidèles de Mgr Lefebvre.

S’il expliquait que les négociations avaient été menées avec Mgr Fellay, le supérieur de la Fraternité St-Pie-X, le P. Lombardi soulignait aussi dans La Croix que les positions des autres évêques n’ont pas été suffisamment prises en compte et "ce qui est sûr, c’est que le pape l’ignorait", mais "s’il y en a un qui devait le savoir, c’est le cardinal Castrillon Hoyos", le président de la Commission pontificale Ecclesia Dei…  "Une absurdité" 
Dans l'interview accordée à El Tiempo, le cardinal Castrillon Hoyos répond que le P. Lombardi n'a pas dit exactement cela, "et s'il l'a dit, c'est une absurdité, une idiotie, parce qu'il ne s'agissait pas d'étudier la vie de ces évêques. L'unique chose qu'il fallait savoir est qu'il fut ordonné par (Marcel) Lefebvre sans autorisation". Et de poursuivre : "Les lefebvristes n'ont pas été excommuniés pour des motifs de doctrine, mais parce qu'ils avaient été ordonnés sans autorisation".

Le cardinal Lehmann avait également reproché à la Commission "Ecclesia Dei" de ne pas s’être assez renseignée sur l’évêque Williamson. Selon le prélat allemand, l’évêque négationniste s'était déjà fait connaître par des propos problématiques sur d’autres thèmes, avant de développer ses propos négationnistes sur l’extermination des juifs par les nazis. Lui aussi estimait que la Commission aurait dû avoir connaissance de ces faits.

Le cardinal Castrillon Hoyos assure pour sa part qu'il a eu connaissance des propos de Mgr Williamson seulement quand il y a eu une vive réaction du monde juif et d'évêques d'Allemagne, de Suisse et d'Autriche. "Un problème historique, pas moral"
A propos du dialogue avec les évêques intégristes excommuniés, le cardinal Castrillon Hoyos souligne qu'il n'était pas tout seul à négocier avec l'évêque Bernard Fellay, supérieur général de Fraternité sacerdotale St-Pie-X. "J'avais toujours à mes côtés tout le groupe au sein du Saint-Siège nécessaire pour chacun des pas. Quand nous avons parlé des excommunications, ce ne fut pas un dialogue de Castrillon avec Fellay..., non, non, non. Je n'ai négocié avec personne. Ce fut la Commission de cardinaux, y compris Ratzinger (le pape Benoît XVI), parce que nous avons commencé à en parler quand il n'était pas encore pape. Il n'y a pas eu un seul acte qui ne s'est pas fait collégialement".

Rome aurait-elle demandé la rétractation de Mgr Williamson à propos de la négation de l'holocauste, si l'on avait su sa position avant la levée de l'excommunication ? Le cardinal Castrillon Hoyos répond qu'il pense que non. "Parce que c'est un problème historique, pas moral".

Le prélat colombien était interrogé par téléphone à propos de son livre De frente y sin miedo - Dialogos con el cardenal Dario Castrillon, réalisé par le journaliste César Mauricio Velasquez. L'ouvrage était présenté le même jour au Museo El Chico, de Bogota. Le livre parle de thèmes comme la politique, la pauvreté et le terrorisme à la lumière de la foi catholique.

On y trouve des révélations comme une demande de médiation qui lui a été faite concernant l'offre du roi de Thaïlande d'accueillir le dictateur déchu Saddam Hussein et un groupe de ses affidés. "Si je me souviens bien, il s'agissait d'environ 500 personnes". "J'ai parlé de cette offre au Saint-Père, et il m'a dit que cela se ferait par le biais de la nonciature (…) Le but était d'éviter la guerre, mais je ne sais pas jusqu'où a été la médiation de l'Eglise".

Avec Apic